Le fantôme des Terreaux
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Le fantôme des Terreaux , livre ebook

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Description

Quatre toiles prestigieuses prêtées au musée des Beaux-Arts de Lyon sont dérobées par un “fantôme”, en pleine nuit, sans déclencher les alarmes ni alerter les vigiles. L’enquête est confiée au patron de la brigade criminelle, le commissaire Abel Séverac.


La traque du suspect sera jalonnée de surprises, affaires connexes et fausses pistes. S'il compte sur sa fidèle équipe, les trois “bras cassés”, Annie la lieutenante, Nicolas, dit Le Hérisson, le commissaire doit cependant composer avec son supérieur, Duroc-Mallet, et la juge Malardin...


Il n’en oublie pas son fiston, Paul, venu étudier à Lyon, avec qui il partage son penchant immodéré pour les bonnes choses de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 15
EAN13 9782913897700
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jacques Morize
LE FANTÔME DES TERREAUX
Les enquêtes du commissaire Séverac (3)
ISBN EBOOK : 978-2-913897-70-0 ISBN PAPIER : 978-2-913897-41-0
ÉDITIONS AO
Abel Séverac, un personnage !
Du physique d’Abel Séverac, on en sait peu. Il est grand et baraqué, ses yeux sont bleus. Manifestement, ses cheveux ne voient pa s souvent la main du coiffeur, une mèche rebelle retombe obstinément sur son front . Il est dans la cinquantaine, marié à Isabelle, qu’il a connue à la fac de droit, et avec qui il a eu trois enfants, Julie, Céline et Paul. Ce n’est pas un « flic-costard », plutôt un flic de terrain, qui privilégie les fringues pratiques – baskets,docksideses, pantalons de toile et blouson – souvent défraîchi car l’homme n’aime pas fréquenter les boutiques. «vêtu comme l’as deComme à l’accoutumée, le commissaire Séverac était pique. Le cheveu en bataille, les joues mal rasées, une veste informe sur une chemise kaki froissée, ouverte sur un torse délicat ement poilu. Le pantalon de laine [ 1 ] grise faisait des poches aux genoux. Le pli n’était plus qu’un lointain souvenir» . Sur le plan humain, c’est un bourru sentimental, un macho qui aime les femmes avec une légère tendance au don-juanisme. Il parle des « bonnes femmes » et de leurs intuitions, de leur goût pour l’introspection : « Les bonnes femmes sont trop compliquées. Tout le problème est là ! » décrète-t- il volontiers. Mais lui-même fonctionne à l’intuition, au feeling, et s’introspe cte avec régularité. Son amour des femmes le conduit à être dans la sédu ction perpétuelle : «Quand cesserait-il de s’amouracher au moindre sourire ? À quoi correspondait ce perpétuel besoin de séduire, de conquérir ?» se demande-t-il dansLe Diable de Montchat. Il multiplie les aventures féminines, mais à force de considérer « que le cœur et le cul sont des organes distincts chez l’homme », il finit par prendre un carton rouge par sa femme, qui le fout à la porte et entame une procédu re de divorce. Comme souvent, ce malheureux événement survient au moment où sa vi e professionnelle subit un méchant revers : chef de groupe de la prestigieuse brigade criminelle du 36, quai des Orfèvres, il conteste la position prise par le parquet dans l’une de ses enquêtes et a des mots avec un substitut, un soir qu’il a un peu forcé sur la boisson. Il met un terme abrupt à l’entretien par une paire de baffes, après que le parquetier l’a traité de minable. Ses états de service étant ce qu’ils sont, et les p ropos du substitut étant ce qu’ils ont été, on lui épargne le « tourniquet », mais il doit accepter une mutation à la PJ de Lyon. Séverac s’installe donc à Lyon, la mort dans l’âme. Grâce à un héritage, il acquiert un appartement au dernier étage d’un immeuble ancie n, quai Saint-Antoine, sur les bords de Saône. Un duplex avec une mezzanine éclairée par une grande verrière qui donne sur la colline de Fourvière et sa basilique i lluminée. «La tanière était meublée d’un vaste lit ancien, de deux fauteuils crapaud disposés autour d’une petite table, d’un bureau équ ipé d’unPCet d’étagères chargées de bouquins et deBD. Des kilims couvraient une partie du parquet, le plafond était lambrissé tout comme le seul mur libr e. Un lambris au vernis sombre qui donnait la sensation d’être dans une cabane de trappeur, sensation renforcée par l’odeur mêlée de tabac froid, de feu de bois (la ch eminée du bas qui devait [ 2 ] refouler…), de ménagerie et d’estomac surmené . »
Il va occuper ses premiers week-ends à retaper l’ap part, aidé par quelques potes de passage. Au SRPJ, il prend en main une équipe disparate form ée de trois « bras cassés » qui attendent la retraite, Javelas dit Culbuto (en référence à son rapport taille/tour de taille), Blayeux et Pochet, deux êtres gris à la tr ogne rougie par l’abus de côte du Rhône, et deux jeunots, Annie Sensibon, la trentain e sexy, qui a fait ses armes à l’antiterrorisme, et Nicolas Lesteban, qui débute s a carrière. Ils seront renforcés plus tard par Philippe Corot et Marc Lavenel, des quadra s plutôt insignifiants. Abel va prendre cette équipe comme elle est, et il entreprend de la fédérer. C’est un chef d’équipe exigeant, parfois féroce dans ses jugements, mais qui sait encourager et féliciter. Il développe rapidement un e sorte de tendresse bourrue pour chacun de ses équipiers, avec cependant, une préfér ence pour les deux « jeunots ». Petit à petit, la mayonnaise prend, donnant un grou pe où chacun joue sa partition au bénéfice de la communauté, malgré l’opposition des générations. Pour ce faire, Abel a mis en place quelques rites : la cafetière et les viennoiseries pour les réunions du matin, les repas d’équipe pour fêter les victoires ; repas pris dans un « bouchon », spécificité lyonnaise, où les menus sont très éloig nés des canons actuels de la diététique : cochonnaille, plats en sauce, fromages coulants, le tout arrosé de produits du terroir : saint-jo, mâcon, poire et marc… Car Séverac est un épicurien, il aime le plaisir et la bonne chère. Adepte des « 3 B », en quelque sorte. Avec lui, on visite les tabl es lyonnaises – pas les grandes, il n’en a pas les moyens ni, probablement, l’envie, ma is les tables où il fait bon déguster saladier de museau et gratin d’andouillett e à la crème, pied de porc et tablier de sapeur, saint-marcellin crémeux et cerve lle de Canut. Quoiqu’il fasse des exceptions, lorsqu’il invite son amie, la jeune jug e Malardin, ou qu’il dîne avec l’une de ses conquêtes (mais qui a conquis l’autre ?). Abel a donc rapidement fait son trou à Lyon, intron isé « chevalier de la confrérie des amateurs de beaujolais de la Guillotière ». Cer taines de ses affaires l’amenant à mettre en cause des membres du gratin lyonnais, il noue des liens avec la presse locale. C’est ainsi qu’après des débuts difficiles, il est devenu très ami avec Élodie Pirelli, qui exerce son talent dans un mensuel lyon nais,Lyon Actu, magazine poil-à-gratter. Élodie est une très belle blonde d’une tre ntaine d’années, au caractère affirmé. Elle a des goûts éclectiques et prétend qu e l’homme idéal n’existe pas. Aussi a-t-elle autant d’amants que de qualités rech erchées chez un mâle. Après s’être payée sa tronche dans les grandes largeurs, elle a mis Abel dans son lit, qui ressort de chacune de leurs étreintes « essoré comp let ». Mais pour lui, « Élodie a cette merveilleuse qualité de le faire redevenir un jeune homme ». Au fil de ses enquêtes, il lui refile des tuyaux et elle concocte des articles « dynamite » qui empêchent la hiérarchie judiciaire d’enterrer certa ins dossiers sulfureux. Plus tard, et dans un autre genre, il deviendra pote avec un journaliste duProgrès. Dans le réseau d’Abel, il y a deux autres femmes, q ui l’aident, chacune à leur façon, dans ses enquêtes. Il y a d’abord la juge d’ instruction Justine Malardin, une très jolie jeune femme aux yeux gris, lilloise d’or igine. C’est elle qui instruit les affaires du Diable de Montchat et du Fantôme des Te rreaux. Abel et elle vont devenir une paire d’amis et, même lorsqu’ils ne sont pas as sociés sur un dossier, le commissaire échange avec Justine dont il apprécie l a finesse et la justesse
d’analyse. La juge est surchargée de travail, ne co mpte pas ses heures. Aussi l’invite-t-il à déjeuner ou à dîner aussi souvent q u’il peut, pour lui changer les idées. Il lui fait une cour discrète mais sans espoir : el le sait le tenir à distance avec une fermeté teinté d’amusement. «N’en parlons plus, Abel. Je reste avec mon ingénieu r baladeur et vous restez mon ami, c’est dans ce rôle que je vous préfère. Vous êtes bien trop volage pour moi», lui dit-elle dansLe Fantôme des Terreaux. La seconde femme est commissaire, patronne de la po lice technique et scientifique. Elle est décrite d’une manière défini tive dans le Diable de Montchat : «Le Commissaire Corchristi était une femme brune éne rgique, qui approchait la quarantaine avec aisance. Pas vraiment belle, mais un certain charme. Rien cependant qui soit en mesure de déclencher la fring ale et l’envie subite de la culbuter sur un coin de bureau.» Abel et elle s’estiment, et elle l’aide aussi so uvent qu’elle le peut. Une dernière femme doit être évoquée, qui apparaît dansRouge Vaise et devient la maîtresse de Séverac. Il s’agit de Catherine Lim preur. Cet extrait duFantôme résume bien le personnage : «Divorcée, mère de deux filles dont elle avait la ga rde alternée, elle avait franchit le cap de la quarantaine sans en avoir à rougir, be lle femme brune au caractère ardent. C’est elle qui avait mis Séverac dans son l it, profitant honteusement d’un moment de faiblesse de sa part. Depuis, ils se voya ient irrégulièrement, toujours à sa demande à elle, se fit-il la réflexion. Ce qui n e le dérangeait pas, n’ayant pas l’envie d’engager une relation suivie.» Voilà pour sa vie lyonnaise. Malgré son exil qui le fait vivre loin de sa famille, celle-ci n’en reste pas moins un élément important pour lui. Il récupère son fiston pendant les vacances scolaires, chargé par l’épouse de le recadrer et le faire bosser. A partir duFantôme des Terreaux, le gamin, un grand adolescent qui approche du bac, est placé en internat dans un établissement ca tholique de Lyon et il passe tous ses week-ends chez son père. Ils partagent des mome nts de complicité, notamment autour de bons petits plats concoctés par Abel, éch angent sur tout et, parfois, se frictionnent. Peu de choses sur les filles d’Abel, plus âgées que Paulo, si ce n’est qu’elles adorent leur père qui le leur rend bien. E nfin, il y a Isabelle, l’épouse. Caractère bien affirmé, comme on peut s’en apercevo ir lorsqu’elle l’invite à passer Noël en famille, à la fin duDiable« : Et qui veux-tu que ce soit ! J’espère que tu es encore capable de faire des efforts pour tes enfant s ? J’en fais bien, moi, en acceptant de t’accueillir.» Après avoir envisagé le divorce, elle y renonce, en partie pour les enfants, aussi sans doute parce qu’elle l’ aime toujours et qu’elle sait que lui l’aime, malgré ses incartades. Mais elle refuse de s’installer à Lyon, trouve un boulot de juriste dans une ONG. Un certain équilibre s’ins talle ainsi, Abel remontant à Paris pour les évènements familiaux, anniversaires, fêtes de fin d’année… Par ailleurs, ils passent une partie des vacances scolaires ensemble, avec leurs enfants, moments de partage et de complicité. Enfin, ils se retrouve nt autour de leur sujet de préoccupation grandissant, le fiston, déconneur, do nt les études ont pris un tour cahotique. Il reste à évoquer la passion d’Abel pour la moto, enfin, pour une moto, une Ducati 750 rouge datant des années 80, qu’il a fait retape r par un fondu de la marque. C’est à son guidon qu’il va découvrir, mollo sur la poign ée (enfin, pas toujours !), les
charmes de Lyon et de sa région…
[ 1 ] Le Diable de Monchat. [ 2 ] Le Diable de Monchat.
Avertissement
Les enquêtes du commissaire Séverac sont bien entendu de pures fictions. Elles s’ancrent cependant dans le paysage lyonnais, au point que non seulement des lieux, mais aussi des institutions de toutes sortes y jouent un rôle : police, justice, médias, culture… Il est néanmoins évident que les personnalités et événements qui interagissent dans ce contexte sont, eux, de pure invention. Toute ressemblance avec des personnes réelles ne pourrait donc être que le fruit du hasard.
Adieu corot, Matisse, Piçasso, Modigliani…
Skizo et sa bande de cloportes aux cheveux hérissés éclusaient des bières sur les marches du porche du musée des Beaux-Arts, aux Terr eaux. La nuit était belle, la place n’était plus occupée que par quelques groupes de zonards, tout aussi allumés que Skizo et ses potes. Sous la lumière crue de la pleine lune, les chevaux de la fontaine Bartholdi prenaient un aspect fantomatique . Le silence était minéral, parfois troublé par un rire hébété. Skizo tira sur un joint de fort calibre. Il aspira la bouffée, la laissa imprégner ses poumons avant de la recracher lentement. Il fit pas ser à son voisin, un être improbable surnommé Crapaud, rapport à sa physionom ie de batracien anémié. Crapaud était tellement shooté qu’il laissa tomber le pétard, lequel fut prestement récupéré par un certain Skunk qui, comme l’indiquai t son surnom, puait terriblement [ 1 ] et appréciait les produits en provenance de Holland e . Il restait à la bande quelques litres de bière, ass ez pour tenir jusqu’au petit matin qui les verrait rentrer dans leurs tanières. Tout a u moins ceux qui tiendraient encore sur leurs jambes. Skizo s’apprêtait à avaler une gorgée tiède lorsque le vantail contre lequel il était appuyé s’ouvrit brusquement. Il bascula sur le dos, la bouteille se vida sur lui et il éructa un juron tout aussi épouvantable qu’incompré hensible. Un homme tout de noir vêtu le surplombait. Il le poussa du pied comme on repousse un chien du jeu de quilles. Outré, Skizo voulut saisir la jambe du fan tôme noir. Mal lui en prit. Un talon vigoureux lui écrasa la main sur la pierre souillée . Il n’eut pas la force de hurler, resta affalé sur le dos, la bouche ouverte sur un cri ina bouti. — Pourquoi tant de haine ? expira-t-il. L’homme avait refermé la porte et s’éloignait d’un pas tranquille. Un sursaut d’héroïsme poussa Skunk à se lever. Il s ’élança d’une course chancelante, maugréant des invectives. Il avait sor ti de ses hardes un cutter dont il fit jaillir la lame d’un coup de pouce expert. L’ho mme se tourna d’un bloc, alors que Skunk l’avait rejoint. Celui-ci ne vit pas partir l e poing qui le percuta avec une violence effroyable à la racine du nez. Il tournoya , ses yeux accrochèrent la fontaine Bartholdi, il lui sembla qu’il la voyait pour la première fois… et puis tout devint noir. Définitivement noir. Skizo avait mis du temps à chercher du secours. Il avait commencé par secouer son pote, mais celui-ci ne réagissait pas, les yeux ouverts, révulsés, ne montrant qu’un blanc strié de rouge. Un peu de sang s’écoula it de ses narines et de ses oreilles. De son corps totalement mou émanait une o deur beaucoup plus épouvantable qu’à l’accoutumée. Ses sphincters s’étaient relâchés et il s’était vidé. Skizo avait fini par comprendre que c’était grave. Un fond de conscience morale mêlé d’un zeste de sentiment amical l’avait sorti d e son enfer artificiel et poussé à faire un acte contre nature : il était parti à la r echerche de flics. Il en avait trouvé devant l’hôtel de ville. D’abord tentés d’embarquer cet emmerdeur nocturne autant que shooté, ils avaient renoncé à cette idée à caus e de l’odeur et de l’état du gars : il empestait la bière rance dont étaient imbibées ses frusques. Devant son insistance,
ils avaient appelé une patrouille : de faction deva nt le palais républicain, ils n’avaient pas le droit de quitter leur poste. Ils renvoyèrent Skizo aux Terreaux, ricanant sous cape du mauvais tour qu’ils venaient de jouer à leu rs collègues. Ils étaient persuadés que le lascar avait fait un mauvais trip et que son histoire sortait tout droit de son imagination de drogué. Ils plaignaient par a vance celui qui aurait à embarquer la loque…
*
L’officier de permanence était d’une humeur de chio tte. Il était ulcéré qu’une histoire comme celle-ci lui tombe dessus, alors qu’ il avait presque achevé sa nuit de garde. Il contemplait Skizo et ses potes, tassés da ns son bureau tout neuf, comme il eût regardé un étron de doberman posé sur la moquet te de son salon. Il aspira précautionneusement une bouffée d’air, eut un spasm e nauséeux tant ça empestait. Il avait relevé l’identité des trois zonards et ess ayait à présent d’y voir clair. Selon les premières constatations, le cadavre de la place des Terreaux avait reçu un coup en pleine face qui l’avait projeté violemment en arrière. Son crâne avait heurté le sol, provoquant une fracture avec enfoncement de l’os oc cipital. L’homme était-il mort de cette fracture ou du coup initial ? Il fallait atte ndre les résultats de l’autopsie pour le savoir. Quoiqu’il en fût, il voyait mal l’une de ce s larves avoir la force de porter un tel coup. Il s’adressa à Skizo : — Reprenons, soupira-t-il. Tu affirmes que ton pote a été frappé par un type qui sortait du musée des Beaux-Arts. — Ben oui. Un type tout en noir. Il portait un drôl e de truc en bandoulière, un truc rond et long, tu vois ? Il décrivait l’objet de ses mains qui tremblaient. — Un cylindre, si je comprends bien, soupira le fli c qui se nommait Bruno Coquelin et que ses collègues surnommaient Coquette Triste, on ne savait plus trop pourquoi. À propos de truc, y’en a un qui ne va pas , dans ton histoire. Le type ne pouvait pas sortir du musée des Beaux-Arts, c’est fermé à cette heure-ci. Skizo eut un hoquet d’indignation. Il prit ses pote s à témoin : — Pas vrai, les gars, qu’on était sur les marches d u musée et que c’est de là qu’il est sorti, le fils de pute qu’a tapé Skunk ? Crapaud eut un rire improbable. Il ne s’était rendu compte de rien et planait sur son nuage. Le dernier de la bande, Minou parce qu’i l aimait les chats et qu’il avait encore la grâce d’un éphèbe, hocha la tête avec fré nésie. — Il était grand, plus grand que moi, costaud, il a vait un pantalon noir, un pull noir, un bonnet de laine noir et des gants, affirma-t-il d’une voix fluette mais nette. Il portait une housse verte à l’épaule, du type de cel les qu’utilisent les pêcheurs pour ranger leur matériel. Coquelin lui décocha un regard surpris. — Tu m’as l’air en meilleur état que les deux autre s, marmonna-t-il. — Normal, je n’ai fait que fumer et le cannabis aig uise mes facultés intellectuelles, rétorqua l’autre de sa voix flûtée. Je prépare un m aster de sociologie et c’est la raison pour laquelle je fréquente ces garçons, afin de mieux comprendre leurs ressorts.
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