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Le séjour de quelques mois dans les îles Hawaï fut paradisiaque, mais fort coûteux. Mister NOBODY, le gentleman cambrioleur, et son fidèle valet Jonas Cobb, alias Froggy, n’ont d’autre choix que de retourner à Londres pour se remettre à l’ouvrage afin de remplir les caisses.
À bord du paquebot les conduisant à New York, Mister NOBODY s’ennuie. Son acolyte le délaisse pour une Anglaise au physique et à l’âge indéfinissables avec laquelle il partage le goût immodéré pour l’alcool.
Aussi, quand une jeune femme est retrouvée assassinée dans sa cabine, Mister NOBODY décide-t-il de s’essayer au métier de détective afin d’identifier le meurtrier.
Son désir est d’autant plus virulent qu’il connaît l’homme suspecté et arrêté pour ce crime. Bien qu’il ne le porte pas dans son cœur, il est persuadé de son innocence et fera tout pour la démontrer...
UNE TRAVERSÉE MOUVEMENTÉE
Par
Edward BROOKER
CHAPITRE PREMIER
UNE VIEILLE CONNAISSANCE
Le « CITY OF BOSTON » venait de quitter Honolulu par une de ces merveilleuses matinées comme seules les îles Hawaï en connaissent, chaude de soleil, lumineuse de clarté, au ciel couleur de perle fine, à la mer étale comme une immense nappe d'huile, chatoyante de vifs reflets allant du vert jade jusqu'au mauve indigo. Tableau enchanteur et inoubliable que les nombreux passagers, rassemblés sur le pont et accoudés aux bastingages, contemplaient avec une extase mêlée d'émotion, s'efforçant de le fixer à jamais dans leur mémoire pour en garder toujours l'admirable souvenir. Sur le paquebot et le long du port frissonnaient des mouchoirs multicolores agités en guise d'adieu, soit par des parents et amis restés à terre, soit par les voyageurs, et bien des yeux se mouillaient de pleurs, en voyant la distance augmenter entre la côte et le bateau.
Deux hommes, resplendissants de santé, le teint hâlé par les rayons solaires et la brise maritime, se trouvaient parmi ceux qui éprouvaient un serrement de cœur en regardant disparaître les îles enchanteresses. Ils avaient séjourné près de huit mois dans ce paradis des tropiques et c'était avec un profond regret qu'ils le quittaient. Hélas ! la vie n'est pas exclusivement faite de repos et de plaisir, les vacances fussent-elles les plus magnifiques ont une fin et Mr Bellingham et Mr Henson, alias Mister Nobody et Jonas Cobb, son ombre inséparable, devaient se résigner à regagner l'Angleterre où le « travail » les appelait. Travail, certes, d'un genre tout spécial et que bien des gens, en particulier les policiers, voyaient d'un très mauvais œil et jugeaient fort mal, mais qu'importait à nos deux compagnons, il leur fallait se procurer l'argent nécessaire pour mener grande vie et Hawaï, avec sa beauté, ses parfums, ses joies enivrantes était, cependant, incapable de leur offrir une occasion propice.
Des hommes tels que le fameux gentleman-cambrioleur et son complice ne pouvaient donner la pleine mesure de leurs talents que dans une grande métropole où les bijoux somptueux s'exhibent, sont la tentation si souvent mise à portée du désir des larrons. Ensuite, le jeune homme avait pour principe de faire une stricte différence entre le business et les distractions. Il n'aurait jamais voulu qu'une « affaire » interrompe le temps réservé à son délassement. Cependant, selon la formule chère à son dévoué serviteur, leur fortune fondait trop rapidement, leur existence étant enivrante et par suite fort chère. Malgré leur désir de rester encore en Polynésie, ils avaient bien dû prendre la triste résolution de partir.
Un réel chagrin se lisait dans les prunelles de Mister Nobody lorsqu'il se tourna vers Jonas, mélancoliquement appuyé à son côté.
— C'est quand même malheureux, Froggy, de nous en aller de ce lieu enchanteur.
— Je suis tout à fait de votre avis, Monsieur, mais à quoi bon revenir là-dessus ? Le dernier bilan de notre comptabilité s'est révélé désastreux, nous sommes...
— Chut ! mon ami, venez avec moi.
L'aventurier glissa familièrement sa main sous le bras de Cobb et tous deux descendirent l'escalier qui menait aux salons.
— My dear boy, dit-il avec une nuance de reproche, je constate que le soleil d'Océanie a eu de néfastes répercussions sur votre cervelle.
— Comment cela, Monsieur ?
— Vous êtes extrêmement bavard, et cela en présence de gens que nous ne connaissons pas et dont nous ignorons toutes les accointances. Cette négligence impardonnable pourrait avoir de graves conséquences.
— Mais, tout le monde ignore notre identité à bord et puis il n'y a pas de flics.
— Détrompez-vous, il y a des détectives partout, même à bord d'un paquebot aussi luxueux que celui-ci. À l'avenir, vous me ferez plaisir en montrant plus de circonspection.
— Promis, Monsieur.
— Si nous allions au bar, old chap, j'essaierais de noyer mon ennui dans un verre de vieux scotch.
— Voilà une idée qui vous honore, mais éprouvez-vous réellement tant de chagrin ?
— Quelle stupide question ! Auriez-vous déjà oublié en quels termes je me trouvais avec cette ravissante enfant indigène à la peau dorée...
— Taira, voulez-vous dire ?
— Parfaitement. Elle m'aimait de toute son âme, cette petite, je crois que jamais encore une femme ne m'a adoré avec tant de sincérité et de simplicité...
— Ouais, ouais, mais vous l'avez vite délaissée pour miss Betty.
— Délaissée, n'est pas le mot, mon cher ; Betty était blonde et ceci explique mon fatal penchant vers elle. Elle possédait, en plus, un je ne sais quoi qui m'ensorcelait et me rendait fou.
— Bien sûr, entre une blonde et une brune, votre choix fut vite fait.
— Ah ! ne m'en parlez pas, le choix fut difficile, plus, même, cruel...
— Aussi, avez-vous préféré les garder toutes les deux, hein ?
— Comment faire autrement sans craindre de blesser l'une ou l'autre ?
— Je ne dis pas, Monsieur, seulement ces choses vont bien jusqu'au moment où la plus curieuse des bien-aimées s'aperçoit de la supercherie et, alors, c'est un beau scandale. Vous en avez eu quelques preuves.
— Oui, en effet, je n'aurais jamais supposé que Betty était jalouse à ce point. Ah ! les femmes ! Allez leur expliquer la vérité — ou un semblant — leur présenter des excuses, elles ne veulent plus rien entendre une fois le soupçon glissé dans leur cœur. Bon, n'en parlons plus. Honolulu a disparu et ces jeunes filles ne sont plus que de fuyants fantômes sur l'écran de mon souvenir. Ah ! vous êtes bien heureux. Froggy, d'être à l'abri des surprises des sens et du cœur...
— Pour vous dire vrai, j'eusse préféré qu'une Hawaïenne s'intéressât à ma personne et, ma foi, le coup a été assez dur quand j'ai vu tous leurs regards se détourner... Peu à peu, je me suis réhabitué à ma solitude et cela d'autant plus facilement...
— Que vous avez découvert un lieu magnifique où il y avait de quoi satisfaire votre inextinguible soif.
—...