Une vie meilleure
128 pages
Français

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Une vie meilleure , livre ebook

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Description

Mentor alcoolique et dépravé d’un célèbre Institut de développement personnel, Yanis Blum croit avoir touché le fond lorsque l’étrange disparition d’une jeune femme de son entourage amène la police à sa porte. Ballotté entre une femme dominatrice, un chargé de comm’ aux dents longues, une barmaid sexy et un flic plutôt collant,Yanis devra faire face à ses vieux démons et déterrer quelques secrets pour pouvoir espérer rester en liberté.... et, qui sait, peut-être enfin, vivre une vie meilleure ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782954816838
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0010€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une Vie Meilleure


Laure Lapègue

Booknseries 2016
ISBN:978-2-9548-1683-8
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Prologue.
 

 
   Au bout de quelques minutes, le flot jaillissant d’elle finit par se transformer en un filet de bave. Les coups de tambour dans son estomac se calmèrent, laissant place à des secousses aléatoires, plus espacées. Elle essuya ses lèvres gluantes sur un coin de matelas, ramena doucement la tête en arrière. « Merde ! Mais pourquoi ?! » Elle avait cru hurler. Mais sa voix n’était plus qu’un râle. Épuisé, mourant de soif, son corps n’était que douleur et puanteur. La jeune femme se tortilla pour tenter de décoller le slip humide collant à sa peau, à sa robe. Ce salaud l’avait laissée se pisser dessus comme un chien. Un fou, un vicieux ! Il allait la garder là, l’avilir, se venger… Mais de quoi ? Et pendant combien de temps ? 
1. 
 

 
   Yanis fit coulisser la porte de la large baie vitrée. A l’horizon, le soleil entre mer démontée et ciel barbouillé de nuages anthracite, se frayait un passage.
 
   « Un jour de plus au milieu de nulle part… » Il passa une main dans ses cheveux, sentit ses doigts s’accrocher aux mèches poisseuses, emmêlées. Depuis quand ne les avait-il pas lavés ? Une semaine ? Peut-être plus… Quelle importance ! Il ne voyait personne, il ne voulait plus voir personne. Chaque jour, Madame Etchemachin lui livrait un panier de vivres, rangeait, autant qu’elle le pouvait, ses cent mètres carrés. Souvent, au bout d’un quart d’heure, Yanis l’envoyait paître, exaspéré par ses va-et-vient feutrés sur le carrelage. Assis face à l’écran de l’ordinateur, oreille tendue, il guettait chaque mouvement de l’intruse avec une appréhension proche de l’angoisse. Claquement d’un placard, souffle léger de l’aspirateur ultra-moderne, chuintement de l’eau du robinet dans la salle de bain… Chaque bruit ? Une agression ! Parfois, la seule odeur de son eau de toilette et de son maquillage bon marché lorsqu’elle passait la porte d’entrée, suffisait à mettre ses nerfs à fleur de peau.
 
   Pouvait-on devenir misanthrope en quelques mois ? Apparemment oui. En tous cas, une chose était sûre : Yanis ne supportait plus la vision de cette quadra au physique consanguin  vaquant, swiffer au poing, dans les recoins de son appartement. Et plus les semaines passaient, plus il se sentait dans cette incapacité physique de côtoyer ses semblables. Parfois, Yanis se demandait s’il n’avait pas, tout simplement, utilisé son quota. Il imaginait une jauge comme dans les jeux électroniques. En dix ans, il avait cramé toutes ses vies, ayant donné toute son énergie à la horde de ses patients et à ses fans, tout son amour… parfois son corps aussi ! A sa femme, il avait donné son âme… Condamné à vivre seul, que lui restait-il à présent ?
 
   Dépression. Mot aussi banal que terrifiant. Mal si répandu qu’il mériterait d’être érigé au statut d’épidémie. Il avait beau l’avoir croisée toute sa vie, elle ne l’avait contaminé qu’à la fin de l’Instruction. Enfin, c’est seulement là qu’il l’avait vraiment vue s’installer. Artillerie lourde : stress, angoisses, insomnies, apathie… Mais peut-être était-elle là bien avant ? Peut-être, cachée déjà, au fond des verres de whisky, dans les regards aguicheurs des filles, lancés depuis le fond de l’amphithéâtre ? Peut-être camouflée dans le luxe, la frénésie de sa vie d’avant ? Peut-être même semée en germes il y a bien longtemps, lors de la mort de son père ? Sûrement… Il paraît que l’on ne sort pas indemne du suicide de l’un de ses parents… 
 
   Yanis avança sur le balcon. Le contact du carrelage glacial sous ses pieds lui fit du bien. Il s’attarda un instant sur cette sensation. Tenter de revenir aux sources. Sophrologie, méditation,  énergétique… Toutes ces pratiques auxquelles il avait cru et sur lesquelles il avait fondé son Institution. Yanis sourit face à la baie. Dix ans à enseigner le bien-être pour finir là. Dans cet état. Il se remémora le passé, comme à chaque fois, une bouffée d’angoisse le submergea. Palpitations. Chaud. Froid. Panique. Peur de mourir. Oubliant ses voûtes plantaires, Yanis fonça vers l’un des immenses placards de la cuisine ouverte sur le salon. Le seul toujours plein, Yanis y veillait. Vite. Attraper un fond de bière abandonné dans l’évier, laisser le cachet filer le long de sa gorge nouée « Quelle merde, putain ! » ; se laisser glisser le long du mobilier high-tech recouvert d’aluminium et de marbre gris ; sur le sol, se sentir déjà mieux… Reprendre une gorgée de houblon tiède, fermer les yeux, laisser le coton s’immiscer dans les brèches de son cerveau…
 
   Ginger. Son image apparut derrière ses paupières clauses. Nettement, comme si elle avait été devant lui. Cheveux roux. Yeux brun vert. Fossette sur le menton. Son cerveau élargit le champ de vision jusqu’à son décolleté… Magique ! Flash sur son cul de déesse. Mon Dieu ! Yanis était bien incapable de bander mais l’intention y était !  Sourire aux anges… Elle l’avait bien eu ! L’accuser de harcèlement. Lui ! Quinze ans de plus qu’elle, oui, mais il connaissait encore son pouvoir de séduction ! Comme toutes les autres, Ginger avait succombé à son physique de quadra bobo plutôt bien entretenu. Exactement comme les autres,  elle avait été hypnotisée par ses paroles. Il lui avait donné du temps, beaucoup d’attentions, une forme d’amour. Pendant quelques jours. Quelques heures volées à son agenda de ministre. Pas assez longtemps, selon elle. Et son oncle était avocat. Pas de bol…
 
   Sur le bureau encombré de paperasse et de boîtes de Pizza vides — depuis une semaine, Yanis boycottait les paniers de piperade jambon du pays de Madame Etchemachin —  l’iPhone se mit à cracher le mythique «  Fuck you I won’t do what you told me ! » de Rage Against the Machine. Comme chaque jour, Patricia le rappelait à l’ordre. Restée à Paris pour continuer à suivre leurs affaires, la femme de Yanis pilotait son époux expatrié à distance. Il lui devait un article blog quotidien. Une série de billets d’humeur dont elle avait établi la liste avec la précision du stratège en marketing qu’elle était. Chaque sujet devait inciter à l’achat d’un produit, d’un livre ou à l’inscription à un cours, à un stage. Yanis lui avait demandé — il l’avait même suppliée pour être exact — de faire écrire ces articles à sa place. Parler bonheur et réalisation de soi,  alors qu’il naviguait depuis des mois entre alcoolisme et dépression, relevait de la schizophrénie ! «  Impossible ! » avait répondu Patricia, tout en lui soufflant la fumée de sa vogue menthol dans le combiné du téléphone. « Tu es la voix du blog. Personne n’arrive à recréer cette intimité avec les lecteurs comme tu le fais. J’en ai parlé à Pierre-Jean, il est d’accord avec moi ». Pierre-Jean. Le directeur de la communication de la boîte. Le nom de l’Institution, « Une Vie Meilleure », c’était lui. L’idée des goodies et des coffrets de Noël, c’était lui. Communiquer sur la rédemption de Yanis depuis le lieu paumé de sa retraite, c’était lui aussi.
   Yanis se leva, attendit que le vertige se soit dissipé. Xanax et alcool faisaient leur chemin… Il ne fallait pas les brusquer … Lentement, il avança vers la table en verre, le smartphone le rappelait à l’ordre à coups de buzz réguliers, insupportables. Yanis le saisit, fit glisser le doigt sur l’écran. Un appel manqué. Un SMS. Les deux de Patricia. D’une main encore tremblante, il remua le foutoir de son bureau, mit la main sur ses lunettes. Lorsque les Gucci serties d’acier furent sur son nez, il ouvrit le texto et découvrit son ordre du jour :
 
« Se lever chaque matin avec une nouvelle envie »  1000 mots max – avant midi 

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