Vacances syriennes
60 pages
Français

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Description

Don Francesco est à la fois commissaire et jésuite, en charge des affaires criminelles internes à l’Église. Il est en voyage en Syrie pour les vacances et séjourne au monastère Saint Paul du désert. Rapidement des évènements vont perturber son repos et ses compétences d’enquêteur seront sollicitées. D’un tempérament fantasque et poétique, les intuitions et perceptions oniriques du jeune prêtre lui permettront de résoudre cette enquête, au cœur d’une Syrie un peu désuète, telle qu’elle était juste avant la guerre.
 
« Ce roman raconte une Syrie qui n'existe plus. La Syrie telle qu'elle était juste avant de sombrer dans la terreur. Ce moment fatidique où tout a basculé. Cet instant poétique, hors du temps, ce passage de l'équilibre au chaos, le héros et l'intrigue de cette histoire l'incarnent symboliquement. Mais cette Syrie n'existe plus. Et c'est un sentiment amer. Ce roman lui rend hommage. »

Informations

Publié par
Date de parution 27 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304045154
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vacances syriennes


François Lesage

2016
ISBN:978-2-304-04515-4
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
 
Du même auteur
Arthur et Camille au Pays du Fleuve d’Or Éditions Le Manuscrit, 2016
 
 
 
1
 

 
Le vieux taxi blanc et noir qui emmenait don Francesco au monastère Saint Paul du désert venait de quitter la grande route qui relie Damas à Alep pour une départementale de plus en plus incertaine. À vive allure, il franchissait maintenant les premiers contreforts du vaste désert syrien.
De part et d’autre de la voiture, quelques collines de sable et de rocaille grise et ocre se succédaient de manière monotone et les nuages de plus en plus nombreux y projetaient leurs ombres mouvantes qui semblaient glisser sur le sol en suivant les courbes du terrain telles de grandes raies sur leurs fonds marins.
Au loin le ciel s’obscurcissait, gonflé de gros nuages noirs qui débordaient sur l’horizon, si bien qu’il paraissait prendre de plus en plus de place par rapport au désert.
Pendu au rétroviseur, un chapelet musulman balançait indolemment au rythme des secousses du véhicule et hypnotisait don Francesco, alors que dans un crépitement désagréable, la radio diffusait par intermittence une chanson populaire en arabe qui paraissait terriblement monocorde aux oreilles novices de l’Italien.
Sur le point de s’assoupir, il s’affaissait de plus en plus sur sa banquette, légèrement écœuré par son aspect crasseux, et tentait de maintenir son attention sur le paysage qui défilait par la fenêtre.
Il avait chaud, et l’odeur âcre de la cigarette qui pendait aux lèvres du chauffeur lui piquait les narines.
La barbe poivre et sel et d’une corpulence peu ordinaire, il avait l’air d’un gros chat fumant, calé sur son fauteuil recouvert de perles de bois, une main baguée et jaunie sur le boîtier de vitesse, et l’autre négligemment posée sur le volant.
Don Francesco regardait fixement les volutes de fumées bleutées qui montaient en ondulant jusqu’au plafond marronnasse de l’habitacle, avant d’être aspirées par l’appel d’air de la fenêtre entrouverte.
Sur la plage avant, une écharpe rouge, blanche et noire, brodée de trois étoiles vertes et d’une inscription en arabe, le Takbir, rappelait la proximité irakienne.
Le taxi franchit alors un col et déboucha soudain sur une immense plaine qui déroulait en contrebas son grand tapis de désolation.
Le chauffeur désigna la direction de Bagdad, qu’on pouvait rejoindre après quelque deux cents kilomètres de piste en plein désert.
Don Francesco fut saisi d’un haut-le-cœur, tant la descente vers le fond de la vallée depuis le plateau sur lequel ils se trouvaient fut brutale.
Ils roulaient désormais plein nord, la falaise à leur gauche, et le prêtre italien se crispait de plus en plus sur sa banquette en s’agrippant aux deux portières latérales de la voiture, les yeux rivés sur le compteur du taxi dont l’aiguille progressait furieusement.
Ils bifurquèrent ensuite brusquement sur une piste ensablée qui montait perpendiculairement à la route principale en direction d’un étroit défilé entre deux pans de la falaise.
Don Francesco découvrit alors un cirque abrupt de rocaille brune et, perché sur un piton rocheux, comme accroché à la montagne, le monastère Saint Paul qui surplombait le désert.
Le taxi s’arrêta dans un nuage de poussière et lorsqu’il sortit de la voiture, don Francesco fut saisi par le silence qui régnait en ce lieu.
Seul un grand rapace qui planait indolemment au-dessus de la falaise semblait animer cet espace minéral et sans vie.
Sa valise à la main, une fois le taxi disparu derrière l’entrée du défilé, le jeune prêtre se tint quelques instants immobile, les yeux plissés par la lumière dure et le vent du désert, le regard tourné vers l’imposante bâtisse qui le dominait deux bonnes centaines de mètres au-dessus de lui.
Il était un peu inquiet à l’idée de gravir les interminables marches qui le séparaient de l’entrée du monastère et qui avaient été taillées dans la paroi de la falaise très raides et très hautes, comme pour inviter à la pénitence.
Il regrettait amèrement de ne pas avoir annoncé sa venue, car on aurait sans doute pu lui éviter la peine de monter lui-même ses affaires, en utilisant l’impressionnant monte-charge qui reliait le bas de la vallée au bâtiment principal par un filin de plus de deux cents mètres.
Sur les flancs abrupts de la falaise poussaient quelques oliviers, plantés dans de petites terrasses de pierres amoncelées et qui constituaient l’unique exception au règne absolu du minéral dans le paysage.
Plié sous son fardeau et en nage dans sa soutane romaine, don Francesco atteignit péniblement le haut des marches, le souffle court. Il fut accueilli par les aboiements hostiles d’un gros chien de montagne qui entreprit de lui renifler sauvagement les mollets.
 
— Hello ! Il y a quelqu’un ? cria l’Italien en tournant sur lui-même.
Sans un mot, un grand seau à la main, un moine à la barbe épaisse et au regard broussailleux referma avec précaution la grille d’un poulailler, se tourna lentement vers lui, et lui désigna du doigt la direction de l’accueil des visiteurs.
Don Francesco était en train de tenter de pénétrer dans l’enceinte du bâtiment central par une toute petite porte, empêtré par sa valise, lorsqu’un second moine s’avança à sa rencontre et lui proposa son aide.
Il étouffa un soupir de soulagement, alors qu’il parvenait difficilement à éviter un imposant tas de bûches qui obstruait en partie le porche du monastère, et déboucha sur une cour carrée, construite au-dessus de la falaise, où il put enfin redresser son corps endolori.
 
— Sois le bienvenu à Saint Paul du désert ! lui lança jovialement frère Moussa, le plus jeune des quatre moines de l’abbaye, encore en noviciat, et à qui la charge d’accueillir les visiteurs était réservée. Tu as l’air bien en peine ! D’où nous arrives-tu donc ?
Don Francesco reprenait péniblement son souffle et s’épongeait le front du revers de la manche de sa soutane.
 
— Rome m’a accordé quelques vacances et je suis venu découvrir vos belles églises d’Orient, répondit-il hors d’haleine.
— Ahlan wa sahlan  ! Sois le bienvenu ! répéta le frère tourier en secouant chaleureusement les mains du jeune prêtre. Assieds-toi sur la terrasse, je t’apporte du thé.
 
L’orage venait d’éclater sur le désert et la poussière, fixée au sol par la pluie, laissait apparaître une immense plaine aux contours et aux reliefs finement dessinés qu’une douce lumière permettait de distinguer avec une admirable netteté. L’air s’était considérablement allégé et il faisait désormais très agréablement frais.
 
— Dieu est bon ! s’exclama frère Moussa en revenant, un plateau à la main. La pluie a lavé le ciel et réconforté la terre ! Nous en avions tellement besoin ! Le désert gagne du terrain d’année en année tu sais, et il y a plus de six mois qu’il n’avait pas plu !
 
L’Italien, qui savait, opina de la tête tout en savourant le breuvage sucré que le moine venait de lui servir à boire.
 
— La nuit ne va pas tarder à tomber, reprit frère Moussa, laisse-moi te faire découvrir les lieux avant qu’il ne fasse trop noir.
 
Don Francesco acquiesça et entreprit de suivre le petit bonhomme à travers les différents bâtiments.
Une fois le tour du propriétaire achevé, frère Moussa accompagna don Francesco jusqu’à ses appartements, qui consistaient en une petite chambre adossée à la montagne, assortie d’une large verrière panoramique.
 
— N’est-ce pas une vue magnifique ! s’extasia le frère novice. D’ici tu vois tout le désert !
 
La couche, en revanche, était sommaire, faite d’un fin matelas déposé à même le sol dans une petite cavité de la roche et d’une simple couverture.
Face à la baie vitrée, une table rustique et une frêle chaise en bois constituait le seul ameublement de la pièce, à l’exception d’un lourd poêle en fonte qui trônait au centre de la chambre et qui

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