Zooclock

Philippe Porée-Kurrer

Description

Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev a été assassiné en juin 1989, l’Histoire n’est plus la même

D’un coin à l’autre de la planète, nous suivons aussi bien des gens ordinaires que des chefs d’État. Une neurologue soviétique et un aviateur canadien sur une île déserte en Sibérie, une religieuse polonaise et un moudjahid dans les montagnes d’Afghanistan, une fillette des favélas à Rio, deux adolescents en Suède qui espèrent sauver le monde, le secrétaire général du PCUS retranché dans l’Oural, le président des États-Unis à bord du Doomsday plane. Et d’autres encore, en Afrique australe, à Bornéo et ailleurs, tous liés sans le savoir par un fil qui va les faire traverser un cataclysme engendré par l’irrationalité humaine.

Une tragédie propre à renvoyer l’Histoire dans les limbes de l’oubli.

Sans aucun doute le roman le plus somptueux, le mieux documenté et le plus palpitant sur ce qui risque toujours de nous arriver si l’on s’entête à encourager l’ignorance.

Sujets

• Policier & Thriller
• Thriller
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Informations

• Publié par: Perdido
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782982072237
• Langue: Français

Extrait

TABLE DES MATIÈRES COLORADO SPRINGS, COLORADO, U.S.A :
PPK

(Philippe Porée-Kurrer)

ZOOCLOCK

Tome second
Perdido

PO Box 89 Pender Island PO
Pender Island, BC, V0N 2M0
Canada
[e-mail]
www.perdido.ca /www.perdido.fr

ISBN : 978-2-9820722-3-7
ISBN (imprimé) : 978-2-9820722-2-0
Tous droits réservés
Zooclock est une œuvre de fiction, par conséquent tous les personnages ou évènements ne sont que le produit de l’imagination de l’auteur. Toute ressemblance avec des personnes ou des faits existants ou ayant existé ne serait donc que pure coïncidence.

Dépôt légal : mars 2022

© Philippe Porée-Kurrer, février 2022
« L'humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l'humanité. »

John Fitzgerald Kennedy (25 septembre 1961)


« Maman ! Maman ! Aidez-moi, je vous en prie ! Si je deviens aveugle et si je perds la raison comme mon père, que va-t-il advenir de mon fils ? Oh ! je vous en supplie, dites-moi comment survivre tous à notre folie ! »

Kenzaburo Oe (1982)
.
Lillian Velvet King inspecte, dans le miroir de sa loge, sa longue robe de lamé blanc. Satisfaite, elle quitte la pièce et se dirige vers la petite scène du Mississippi Bar. L’auditoire est le même que d’habitude : toujours le même gros pourcentage de Noirs, principalement de l’USAF Academy, et aussi quelques Blancs qui, pour diverses raisons, se sont ralliés à la musique afro-américaine, issue du gospel, lequel a vu le jour, au début du XIX e siècle, dans les plantations du Sud et s’est développé durant les cinquante dernières années d’esclavage.
Dans une lumière bleue tamisée par la fumée des cigares et cigarettes, au milieu des applaudissements de ceux qui l’ont déjà entendue, Lillian entame son tour de chant par Dont cry Motherland. D’abord un vibrato appuyé, soutenu par le saxo ténor. Le rythme lent et profond, qui ne peut laisser indifférent, brusquement devient swing alors que les synthétiseurs accompagnent le refrain. Le rythme lent et massif du début appelle d’abord les sentiments les plus nobles, avant d’atteindre tous les muscles du corps et de leur imprimer les mouvements propres au swing. Le morceau parvient à toucher autant l’esprit que les tripes. Au pouvoir émotionnel d’une Mahalia Jackson, Lillian allie le style plus enlevé d’une Sister Rosetta Tharpe. Bien sûr, les sonorités ont changé depuis l’époque de ces grandes dames du soul mais l’esprit reste toujours identique.
Elle attaque maintenant When the Saints, un autre spiritual, surtout connu dans le répertoire du jazz. Bientôt, toute l’assistance est debout, chante et frappe des mains.
Installé près de la scène, Karl Heidegger, qui tient un cabaret non loin de la base américaine de Mutlagen en RFA, la trouve tout simplement merveilleuse.
« Ça, c’est du vrai jazz ! » fait-il à l’adresse d’un lieutenant installé à la table voisine.
— Ce n’est pas du jazz ».
L’Allemand regarde le militaire comme si ce dernier se moquait de lui :
« Qu’est ce que c’est ?
— Du soul.
— Quelle différence ?
— Le jazz, d’abord lié aux endroits louches, est issu d’un mélange de blues, qui est une version profane et plus désenchantée du gospel où s’expriment les misères du peuple noir américain et du gospel lui-même. Certains grands jazzmen ont beaucoup puisé dans le répertoire spiritual . Le soul aujourd’hui est une transposition plus profane du gospel. Il a ses grands noms comme Charlie Mingus, Donald Silver ou, plus récemment, Ray Charles ou Aretha Franklin, qui sont souvent associés au jazz ».
Heidegger, qui n’est pas sûr d’avoir tout compris des explications, incline la tête :
« Quoi qu’il en soit, c’est très bon ».
Lillian, qui sait comment réchauffer un auditoire, interprète une version bien personnelle de What I say, où le public doit pousser des « hein » et des « ho ».
Elle termine la première partie de son spectacle et s’apprête à rejoindre sa loge, quand elle est interceptée par Heidegger, qui lui demande de venir à sa table.
« Vous êtes formidable ! lui dit-il dans un anglais un peu cassé. Je voudrais vous engager.
Quel genre d’établissement dirigez-vous ?
Mon cabaret est le lieu de prédilection des militaires de la base de Mutlagen.
— Intéressant ! fait Lillian dont le regard vient de s’allumer.
— Vous connaissez l’Allemagne ? »
Elle secoue la tête en riant :
« Non, juste Beethoven et Herbert von Karajan. En fait, je n’ai jamais quitté le territoire des États-Unis, sinon une fin de semaine pour un récital à Acapulco.
— Eh bien, si cela vous tente, vous pouvez être avec moi demain dans l’avion de la Lufthansa . ...