À quelques secondes près…
120 pages
Français

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À quelques secondes près… , livre ebook

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Description

Au mauvais endroit, au mauvais moment.
En cette funeste fin d’après-midi, ces femmes et ces hommes franchissaient un viaduc routier au cœur de l’hexagone lorsque qu’il s’est effondré. Quarante-cinq mètres plus bas, les sauveteurs retrouveront dans les carcasses disloquées les corps des victimes qui se sont trouvées au mauvais endroit, au mauvais moment. À quelques secondes près. Quelques minutes perdues dans un bouchon… une halte pour envoyer un SMS « J’arrive ! »… Un café pris à la station-service… Un non-respect des limitations de vitesse… Un arrêt pipi… Un stoppeur récupéré…
Vingt-neuf morts. Douze femmes, seize hommes et un ado. Plus deux chiens.
Comme le Chanteur Calogero, inspirée d’une histoire vraie chante « Un jour au mauvais endroit » , Bruno Masure, dans ce livre, raconte des histoires dans lesquelles vous auriez pu vous retrouver à quelques secondes près.
Et pourtant vous êtes toujours là, en train lire cet ouvrage. Vous avez de la chance, remerciez votre bonne étoile et reprenez votre lecture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 février 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782875912220
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À quelques secondes près…
Bruno Masure
À quelques secondes près…
Funeste fiction
Fortuna Editions Chaussée de Lille 327/0.4 B-7500 TOURNAI Belgique
© Fortuna Editions, 2020 ISBN : 978-2-87591-222-0
11 Septembre 2001, New York.
Une magnifique lumière matinale baigne Manhattan. Réveillé tôt, un touriste australien propose à sa femme et ses deux enfants, enthousiastes, d’aller admirer la Big Apple du haut de l’une des Twin Towers du World Trade Center . La petite famille sera là dès l’ouverture à neuf heures, pour éviter la queue au guichet…
11 décembre 2018, Strasbourg.
Un garagiste afghan, réfugié en France pour fuir la guerre menée par des Talibans fous de Dieu et le terrorisme aveugle ensanglantant sa patrie, est abattu en pleine rue, à deux pas de la cathédrale, par un cinglé se réclamant de l’islamisme radical…
Au mauvais endroit, au mauvais moment…
En cette funeste fin d’après-midi, ces femmes et ces hommes étaient en train de franchir un viaduc routier au cœur de l’hexagone, l’un des deux cents onze que compte le réseau routier français, lorsque celui-ci, vétuste et mal entretenu, s’est effondré. Quarante-cinq mètres plus bas, les sauveteurs retrouveront vingt neufs corps dans les carcasses disloquées de leurs véhicules. À 17 heures et 48 minutes, elles et ils se sont trouvés au mauvais endroit et au mauvais moment, à quelques secondes près. Un bouchon qui leur a fait perdre quelques minutes… Un café pris à la station-service… Un itinéraire « plus rapide » proposé par le GPS … Une crevaison… Un non-respect des limitations de vitesse pour arriver plus vite… Un arrêt pipi… Un auto-stoppeur récupéré sur le bord de la route… Une courte halte pour envoyer le SMS : « j’arrive ! »…
29 morts. Douze femmes, dix-sept hommes dont un ado. Et deux chiens.
Une grand’ mère si contente d’embrasser son premier petit-fils… Un écrivain snobinard en route pour un énième salon du livre… Un couple bancal en partance pour Roissy et « quatre jours de vacances inoubliables à Rio », gagnées grâce à un concours… Un vieil homme accablé parti visiter son épouse malade d’Alzheimer… Une jeune masseuse inscrite à un stage de sophrologie… Une amoureuse des chats si fière de faire admirer son Tabby lors d’un concours réputé… Un jeune prêtre défroqué, miné par ses doutes… Une femme en route pour l’enterrement de son frère resté pour elle un inconnu… Un motard américain sillonnant la France profonde à la recherche de jolis paysages et de bons restaurants… Un député lassé de la médiocrité du monde politique… Une camionneuse prête à lâcher le métier… Une directrice de rédaction de télé nymphomane… Un couple fauché partant en voyage de noces… Une inspectrice de police désabusée, appelée à remplacer au pied levé un collègue pour une commission rogatoire en province… Une « desesperate house wife » venant de se dégoter un amant potentiel sur Meetic… Un notable, professeur de médecine, subitement confronté à son passé de pédophile… Un éternel ronchon qui saoule l’auto-stoppeur qu’il a recueilli… Un coiffeur qui va rendre une dernière visite à son père mourant avec qui il n’a jamais su échanger… Un retraité parti visiter dans un « village de caractère » une maison où finir ses jours… Une chroniqueuse mondaine invitée à un festival de théâtre avec une copine persifleuse. Et quelques autres…
29 existences brisées dans un fracas de tôles.
« La vie est une grande surprise. Pourquoi la mort n’en serait-elle pas une plus grande ? »
Vladimir Nabokov
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. »
Paul Éluard
Le chef d’œuvre littéraire que vous tenez entre vos mains tremblantes d’émotion et d’impatience est une fiction, comme il est précisé au début de certains films à l’attention des spectateurs un peu neuneus.
Les personnages envoyés dans le ravin ne sont que le fruit de l’imagination de l’auteur, aussi délurée que perverse. À son image…
Comment imaginer en effet un chef scout pédophile, un responsable politique envisageant de mettre un terme à sa carrière, une jeune flic essorée au bord de la démission, un prêtre ne croyant plus en la Miséricorde Divine, un écrivain détestant les salons du livre, un chauffeur de taxi râleur ou une directrice de rédaction draguant un stagiaire ?
« On sait tous que l’on va mourir, mais personne ne saura jamais qu’il est mort ! »
Sénèque
Solange et Nicole
– Vivement qu’on arrive, j’ai tellement hâte de serrer mon petit Hugo sur mon cœur !
Nicole regarde une nouvelle fois sa montre. Dans moins de deux heures, elle va embrasser son premier petit fils né il y a quatre jours qu’elle n’a vu qu’en photo sur son téléphone et ne peut masquer son impatience. Concentrée sur la conduite, Solange lui jette un coup d’œil attendri. Elle a, pour sa part, au contraire rendez-vous avec la tristesse, l’enterrement de son « petit » frère qui avait fui depuis des années ce qu’il appelait « l’enfer parisien » pour la quiétude d’une petite ville de province. Crise cardiaque à 55 ans. Redoutant ce long périple cafardeux au volant de sa Citroën C1, elle a, pour la première fois, passé une annonce sur BlablaCar . La pension de retraite de son mari étant ce qu’elle est, ça paiera au moins les péages. De nature sauvage, modérément adepte du « blabla » superficiel, Solange appréhendait ce covoiturage sur près de 500 kilomètres. Dieu merci, elle n’a pas vu débouler au pied de son immeuble un hippy mal lavé encombré d’une guitare ni un un fan de Mélenchon aussi rageur que son idole ou pire, un Frontiste xénophobe décomplexé qui l’aurait saoulé sur le « grand remplacement » de la France , voire une féministe aussi exaltée que gonflante. Mais une jeune grand’ mère qui respire le bonheur de vivre et qui lui explique en toute simplicité qu’elle n’a pas trop les moyens de se payer un billet de train, « surtout qu’avec la SNCF , plus on s’y prend au dernier moment, plus le billet est hors de prix ». Nicole , sincèrement touchée en entendant Solange lui expliquer sobrement la raison de son déplacement, balbutie quelques formules maladroites de condoléances auxquelles Solange répond par un triste sourire. Afin de chasser la gêne silencieuse qui s’est installée, elle allume la radio pour ne pas rater son émissions favorite, consacrée à la cuisine, l’une de ses rares passions. Le générique de fin lancé, Nicole , restée poliment silencieuse durant cinquante minutes, lui confie en riant qu’elle est nulle aux fourneaux et que « la cuisine qui retient les petits maris qui s’débinent » comme le chantait Gréco , c’est pas franchement son point fort. Mais que son époux gastronome n’en a pas pour autant déserté le domicile conjugal, se consolant au restaurant avec ses collègues. Solange a préféré ne pas embrayer sur les aléas de la vie conjugale, sujet hautement inflammable. Son couple se fissure lentement mais sûrement. Pas plus tard qu’hier soir, une nouvelle discussion aussi épuisante que stérile l’a encore opposée à Michel , son mari. Elle se sent de moins en moins complice avec cet homme aigri par la vie, qu’elle surnomme fielleusement « l’amer Michel » ou « mon con joint ». Ce matin, elle est partie tôt, sans un mot sans l’embrasser et s’en veut confusément. La sagesse populaire énonce qu’il faut toujours se quitter comme si c’était le dernier jour car en cas de malheur, le conjoint survivant trainerait jusqu’à sa propre mort un sentiment de culpabilité pour s’être quittés fâchés. Promis , elle appellera son schtroumpf grognon pour faire la paix, sitôt arrivée au domicile de son pauvre frère.
Après les infos, la radio a enchainé avec l’un de ces « débats de société » dont les médias ont le secret pour meubler des heures d’antenne à peu de frais grâce au concours gracieux de « spécialistes » plus ou moins incompétents, trop contents de venir faire la promotion de leurs derniers bouquins. Le thème du jour reprenait la fameuse apostrophe d’André Gide « Familles, je vous hais ! ».
– Mais comment peut-on dire des trucs pareils

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