Anthologie Arts et Fantastique
192 pages
Français

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Description

S'inspirant des oeuvres du XIXème siècle comme "La Vénus d'Ille" ou "Le Portrait de Dorian Gray", les auteurs de cette anthologie vous proposent de plonger dans des récits fantastiques où l'Art tient une place essentielle. Peinture, sculpture, musique, mais aussi art des masques, art culinaire ou des mosaïques, chaque texte vous permet de découvrir une histoire originale et extraordinaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782364754485
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A NTHOLOGIE – A RTS & F ANTASTIQUE




© Éditions Voy’el 2020


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P RÉFACE


Dans la tradition des nouvellistes du XIXe siècle, les auteurs de cette anthologie ont pris leur plume afin de vous proposer des récits fantastiques s’appuyant sur différents arts : peinture, sculpture, écriture, musique… Les univers que vous allez découvrir ont retenu l’attention des anthologistes de par leur qualité et leur richesse. On y plonge avec plaisir et même délectation, comme avec ce récit intitulé Le fruit défendu qui devrait vous donner l’eau à la bouche. Dans un tout autre genre, Le mur des Je t’aime s’intéresse au street art, une idée qui m’aura donné envie de faire travailler mes élèves sur l’histoire d’Émilie Riger. Dans l’avenir, j’espère avoir le temps d’imaginer d’autres séquences en Français, à destination des collègues.
Mais en dehors du caractère pédagogique que j’ai pu voir dans ce projet, c’est l’unité de cette anthologie que j’apprécie particulièrement. Je remercie Pénélope Labruyère et Nathalie Dau qui ont mis leur expérience au service de la conception de cet ouvrage pour le choix des nouvelles (et au vu du nombre, notamment, la tâche ne fut pas simple). Leur aide fut aussi précieuse dans les corrections des différents textes et les conseils donnés aux auteurs.
Merci aussi à Céline Simoni pour sa magnifique couverture.
J’ai décidé de faire court dans cette préface afin de ne pas vous priver plus longtemps du plaisir de découvrir toutes ces nouvelles, d’autant qu’il aura fallu, hélas ! un délai considérable pour la réaliser, mais j’espère sincèrement que l’attente en vaudra la peine.

Bonne lecture

C. Guitteaud
L A MORT N ’ A QU ’ UN VISAGE
Audrey Salles
 
 
J’ai commencé à porter des masques quand j’ai compris que j’étais trop transparent.
Incapable de cacher mes émotions. Incapable de jouer un rôle. Dès que je souhaitais feindre, dissimuler, rien à faire : tout finissait par remonter à la surface. J’étais moi partout, toujours. Comment vivre dans une société d’apparences quand on ne peut s’en façonner une ? Lorsqu’on est enfant, ce n’est pas bien grave. Mais en grandissant, les choses se compliquent : il faut être professionnel, ami, parent… Tout autant de personae à revêtir.
Alors, ces masques que je ne pouvais mimer, je les créais de mes mains.
Je ne mets pas un masque pour me cacher. Je mets un masque pour m’exprimer. Et pour contrôler cette expression. Maintenant, je peux laisser voir ce que j’ai décidé de laisser voir, montrer aux gens le visage que JE choisis. Les forcer à regarder le masque, c’est en quelque sorte détourner leur attention de ce qu’ils pourraient découvrir s’ils plongeaient un peu plus dans l’eau de mes prunelles.
 
***
 
Le premier qu’il avait revêtu, c’était un masque de lapin. Pour aller chez sa grand-mère. Elle l’appelait tout le temps son petit lapin. Alors il avait fabriqué ce masque pour lui montrer ce qu’elle voulait voir. Son petit lapin. Ce n’était pas une œuvre d’art, juste un bout de carton ridicule, taillé en long, avec de grandes oreilles de feutrine et des quenottes en crépon. « Mais elle est où, ta jolie petite tête ? lui avait dit sa grand-mère. C’est si dommage de la cacher ! » Malgré les supplications, l’enfant avait refusé de retirer le masque. « Laisse-le tranquille, avait grommelé le grand-père. Si ça l’amuse. » Puis plus tard : « Ça lui passera. »
Mais ça ne lui était jamais passé. Le lendemain, il portait toujours le masque de lapin.
 
***
 
Avant d’avoir l’idée de créer des masques, j’ai eu ma première rencontre avec l’un d’eux.
C’était chez ma tante, et nous étions invités à un déjeuner familial. Après manger, les enfants avaient le droit de sortir de table pendant que les adultes discutaient. Mes cousins et moi avions décidé de jouer à cache-cache. J’aimais bien ce jeu : il s’agissait de se faire tout petit pour que personne ne vous remarque. Mes cousins l’appréciaient aussi : ils pouvaient s’amuser tranquillement de leur côté en prétendant qu’ils me cherchaient. Au final, tout le monde y trouvait son compte.
J’avais choisi comme cachette la chambre africaine. On l’appelait ainsi à cause des masques pendus aux murs et du couvre-lit en peau de léopard. Comme je savais que personne ne viendrait me chercher ici, je m’étais assis sur le lit pour admirer les masques. Même loin de leur ethnie d’origine, ces derniers possédaient une aura particulière, comme une vibration. Je n’y avais jamais vraiment prêté attention auparavant. À présent, je me demandais ce que cela ferait si j’en mettais un sur mon visage.
J’avais repéré un masque en forme de tête de zèbre, suspendu au-dessus de la table de nuit. À ma portée, donc. Je l’avais décroché et fait tourner dans mes mains.
C’était un masque d’une vingtaine de centimètres, prévu avant tout pour la décoration. Il n’avait pas beaucoup de valeur donc je ne risquais rien si je jouais un peu avec. Alors que l’endroit était lisse, l’envers comportait une multitude de petites entailles. Les rayures noires semblaient avoir été dessinées au feutre et le museau était recouvert d’un vernis plus sombre que le reste du bois.
J’avais alors posé le masque sur mon visage.
Immédiatement, des senteurs épicées parvinrent à mes narines. Une odeur sauvage, africaine, une odeur de la brousse. Enfin, de ce que je m’imaginais de la brousse – car le bidule venait sans doute d’un quelconque magasin art déco. Mais cela, je m’en moquais éperdument. Tout ce qui comptait, c’était ce que ce masque de rien du tout m’évoquait. Il était magique, il m’avait fait voyager et connaître la grandeur de la savane.
L’arrivée de ma tante avait coupé court à ma rêverie africaine. Scandalisée, elle m’avait arraché le masque des mains en m’inondant de reproches. « Petit inconscient ! Qui t’a permis de décrocher ça ? C’est pas fait pour jouer ! C’est fragile ! » Moi, j’avais laissé faire, patiemment ; toute tentative de rébellion m’aurait valu une belle raclée. Mes cousins, attirés par les cris, avaient passé leur tête dans l’encadrement de la porte. Leur expression se voulait méprisante, mais je comprenais bien qu’au fond, ils m’admiraient.
Depuis cet épisode, je suis retourné chez ma tante, mais plus jamais dans la chambre africaine. Ce n’est qu’une fois devenu étudiant en art que je me suis permis une petite incursion dans cette pièce, histoire d’observer les masques à l’aune de mon savoir nouveau. J’ai pu revoir le modèle zèbre made in Nature et Découverte, accroché juste à côté d’un authentique masque bram.
Ma tante n’avait sans doute aucune idée de la valeur des masques qu’elle avait acquis. Elle les mettait là parce que ça faisait « chic », « à la mode », que c’était so design d’avoir sa propre collection de masques africains. Même si ladite collection en comportait un vietnamien.
Presque personne ne venait les admirer, et personne ne leur rendait hommage ; ils croupissaient dans cette chambre inoccupée, regardant les années passer à travers les fentes de leurs yeux et sentant leur pouvoir se diluer à mesure que la poussière les recouvrait.
 
***
 
Chaque matin, le garçon était réveillé par des éclats de lumière. Ils venaient du masque-poisson, dont les écailles diffractaient les rayons du soleil en des milliers de gouttelettes irisées. Ce masque était l’un de ses préférés, un des derniers qu’il avait fabriqués. Entièrement fait de coquillages et d’écailles. Le support avait été taillé dans la coque d’un bateau échoué sur la plage, frêle esquif éventré qui finissait ses jours dans le sable fin, à quelques pas de la mer. À marée haute, l’eau salée venait de temps en temps lécher les planches qui l’avaient si bien connue.
Il avait découvert ce bateau quelques années auparavant, au cours d’une sortie avec ses parents. Au début, il n’était pas très partant pour cette excursion, mais son père savait être convaincant. Lorsque Nemo avait aperçu l’embarcation, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que ce serait le matériau idéal pour un futur masque. Taillé dans du bois usé, du bois qui avait servi, du bois qui avait vécu. Les planches de la coque, imbibées d’eau de mer, pourrissaient avec une odeur caractéristique. Mais, aux endroits où elles avaient séché, enduites de sel et d’air marin, on pouvait les découper et les travailler. Le garçon avait ensuite patiemment récolté des écailles sur les poissons que lui ou ses parents évidaient pour le repas. Une fois nettoyées et vernies, elles étaient du plus bel effet et scintillaient d’un éclat diapré, unique.
Ce masque, il le mettait rarement, seulement pour de grandes occasions. Ou tout simplement pour s’admirer en train de le porter. Il laissait alors son regard glisser le long des écailles, plonger depuis la pointe des coquillages et voguer au coin des lèvres de bois ; une merveille taillée dans le navire à bord duquel il rêvait de partir, loin, très loin, à la conquête de mondes imaginaires.
 
***
 
Il portait un masque aussi, le cambrioleur.
Ce soir-là, il était entré en douce dans l’appartement, sans faire de bruit. Une cagoule en laine lui recouvrait tout le crâne, laissant seulement deux trous pour les yeux et un pour la bouche. Quand je l’ai entendu fouiller dans le salon, j’ai cru que c’était mon père. Je me suis levé sur la pointe des pieds pour aller voir. Mais lorsque j’ai aperçu la cagoule, je suis vite parti me cacher dans ma chambre. Mes parents dormai

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