Apostasie , livre ebook

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Anthelme croit en la magie des livres qu'il dévore. Étudiant désabusé et sans attaches, il décide de vivre en ermite et de s'offrir un destin à la mesure de ses rêves. Sur son chemin, il découvre une étrange forêt d'arbres écarlates, qu'il ne quitte plus que pour se ravitailler en romans dans la bibliothèque la plus proche.
Un jour, au hasard des étagères, il tombe sur un ouvrage qui semble décrire les particularités du lieu où il s'est installé. Il comprend alors que le moment est venu pour lui de percer les secrets de son refuge.
Mais lorsque le maître de la Sylve Rouge, beau comme la mort et avide de sang, l'invite dans son donjon pour lui conter l'ensorcelante légende de la princesse Apostasie, comment différencier le rêve du cauchemar ?

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Nombre de lectures

34

EAN13

9782375680063

Langue

Français

Vincent Tassy
Apostasie
Editions du Chat Noir
Préface
À peine avais-je entrouvertApostasie que je m’attachais aussitôt aux pas d’Anthelme, le héros solitaire de Vincent Tassy, da ns sa quête pour découvrir un refuge, loin du monde civilisé. Suivant ses errance s dans des campagnes inconnues, une impression me saisit : le rappel de lieux grand ioses, une odeur de terre, un étrange goût me revenait en bouche et faisait écho à mes recherches surDracula. J’avais voulu voir l’Écosse et Cruden Bay où Bram S toker rédigea en partie l’histoire de son Vampire. Empruntant ensuite des petites rout es en direction du Loch Ness, au hasard, j’avais vu s’étendre une vallée à flanc de colline, des terres recouvertes de mousse et de racines noueuses où le petit peuple ch éri par Anthelme aurait pu s’embusquer. Avançant dans l’histoire d’Apostasie, l’atmosphère du cimetière londonien d’Highgate s’imposa à mon esprit et me ra ppela la beauté de ses allées escarpées, sa multitude d’arbres, de buissons foiso nnants, ses anges de pierre, ses statues animales recouvertes de mousse, ses sépultu res gothiques et ses mausolées victoriens – émergeant au milieu d’une nature indom ptée – et il y avait cette odeur de terre, de fleurs fanées, presque de mort, qui m’ava it mise mal à l’aise. Les paroles d’Anthelme avaient cette étrange saveur : « je resp irai un parfum frais, lumineusement nocturne, quelque chose des morts et de l’éternité ».
Aux premières pages d’Apostasie, le lecteur va savourer cette impression de paysages sauvages et magiques comme s’il dégustait un plaisir interdit. La forêt, qui s’ouvre à Anthelme, nourrit ce besoin de rêverie et d’émerveillement, tout en subvenant à ses besoins terrestres. Le personnage a ime s’y perdre à la façon des héroïnes d’Ann Radcliffe – refoulant le danger pres senti. Sous la plume de Vincent Tassy, par la richesse des mots et des images qu’il distille, on s’enfonce dans la forêt des Contes de notre enfance, à travers un écheveau de ronces entrelacées, de feuillages rappelant toutefois la couleur du sang à verser. La végétation est luxuriante, presque étouffante, et en même temps si attirante par sa beauté et ses mystères, avec ses fleurs trapues, poussant à l’omb re d’une ramification d’arbres, étendant leurs branches rougeoyantes. Cette végétat ion vampirisante se distingue toutefois de la nature envahissante de David H. Kel ler (« La guerre du lierre ») ou des orchidées vampires de H.G Wells (« L’étrange orchid ée ») et entretient une liaison charnelle avec les personnages. Si cette forêt abri te des roses blanches, leurs épines sont aussi dangereuses que le rouet deLa Belle au bois dormant et leurs pétales immaculés peuvent se gorger de sang pour nourrir l’ être qui vit dans une tour, à l’abri de ces lieux enracinés dans une terreur aussi macab re qu’angélique. Se tisse alors autour d’Anthelme et du lecteur une toile où chaque nouveau mot de l’auteur rend avide de découvrir le secret de cette étrange forêt, la Sylve Rouge.
Serions-nous arrivés proche de la demeure de la Bêt e, entourée de ses roses ? Les références de l’auteur à la féérie et aux roman s gothiques s’entrelacent et se métamorphosent sous sa plume : les visions du refug e d’Anthelme se reflètent alors comme dans autant de miroirs que nous ne pouvons no us empêcher de traverser à sa suite, pour passer de l’Autre Côté. Son unique l ien avec l’humanité réside dans son amour des livres et Vincent Tassy nous offre l’ image merveilleuse d’une Alice bibliothécaire. Anthelme est profondément épris des ouvrages qu’il qualifie de « romans fantaisistes » : mêlant terreur, tristesse et beauté. Son Alice ne s’enfonce pas dans la forêt, toutefois, elle approvisionne le s rayonnages de sa bibliothèque de livres « qui racontaient des vies fabuleuses et sol itaires et qui peignaient des lieux
enchantés ». À l’abri du regard des simples mortels , ce paradis peut pourtant se muer en paradis perdu et nous immerger dans l’enfer sadi en. Pas de poison dissimulé dans un fruit empourpré, mais les paroles du Maître de l a Sylve Rouge dans son donjon. Son aura hypnotisante, ses récits empreints de souv enirs rêvés s’insinuent dans l’esprit d’Anthelme, s’enchevêtrent et répandent un e nouvelle mythologie du Prince de la nuit.
Vincent nous conduit alors à ses visions enivrantes du Vampire.
Ici pas de vampire au long passé transylvanien (com me chez Stoker), ni d’aristocrates issus des plantations de la Nouvelle Orléans (comme dans la tradition d’Anne Rice),Apostasie nous l’unerévèle deux personnalités fortes du vampire : s’entoure de magie, de charmes et d’envoûtements, l ’autre s’enracine dans le passé médiéval et aristocratique de nos campagnes. Les Im mortels, flamboyants ou plus brutaux, de Vincent Tassy fascinent par leur comple xité et leurs passions, tout en nous laissant entrevoir quelques failles. Leurs tou rments sont à la hauteur des rêves qu’ils exhalent. Capables du baiser de sang, ces va mpires pourraient-ils combler leur victime ? Au lecteur de le découvrir avant que Vinc ent Tassy ne les laisse affamés.
Voici, trois jours que j’ai terminéApostasie et je n’ai pu ouvrir un nouveau livre. Sans doute ce soir, je me plongerai dans l’« Eleono ra » de Poe, avec ses fleurs d’asphodèle si chères à Anthelme, dans sa quête de réveiller la Belle endormie de la Sylve Rouge, si elle existe...
Barbara Sadoul.
Non, il ne m'arrive plus rien que de tracer ces lig nes dans la retraite, dans la solitude la plus profonde, espèce de soulagement à la mélancolie qui me déborde, qui m'enveloppe de ces tristesses qui ne sont pas u n charme comme certaines rêveries, et qui au contraire de cela ressemblent a ssez à du sang qui, ayant besoin et ne pouvant s'épancher au dehors, étouffe par une co mpression progressive etfade, celui qui le porte au dedans. Rejetons donc un peu de ce sang à l'aide d'un peu d 'encre, avant de le laisser faire entièrement à l'aide de la mort. Xavier Forneret,Caressa
Mon ombre. Ma pauvre ombre. Depuis le coucher du soleil, elle saigne. Et ça ne s’arrêtera plus. Mais d’où vient-il, tout ce sang ? De nulle part, sans doute. Des e aux noires d’une malédiction. Je ne pourrai plus sortir de chez moi, maintenant. Je m’en moque. Je vais peut-être me laisser mourir de faim. Me noyer. Est-ce qu e mon ombre saignera encore quand je serai mort ? Est-ce qu’elle pourra englout ir le monde ? Oui. Je crois bien. Je l’ai lu. On trouvera mon corps, la source de ce mal inconnu. On l’enterrera quelque part. On priera pour que des funérailles mettent fin à l’ inondation. Mais le sang se répandra encore et encore ; partout dans la terre, depuis la racine poreuse de mon cercueil. Même dans l’obscurité de la tombe j’aurai toujours une ombre. Alors on étudiera les arcanes de ma dépouille pour neutraliser son fléau, on voudra me réduire en cendres, mais leurs ombres invisibles, même celles de mes ch airs désintégrées, saigneront en averses éternelles. Dans des siècles, ou plus tôt, ou plus tard, mes ombres auront tout noyé. Je n’ignore plus les raisons de cette blessure indo lore qui ne cicatrisera jamais. Ce sang, ce sang qui ne tarit pas, mon ombre ne l’a urait jamais versé si je n’avais pas été la proie des fleurs de la Sylve Rouge. À l’heure noire où mon ombre ruisselle je voudrais dire l’histoire des fleurs maudites, des amours maudites, des splendeurs maudi tes qui m’ont mené ici. Reclus dans mon taudis, à la lueur grise et fatiguée d’une ampoule nue, je voudrais une dernière fantaisie, raconter l’histoire d’Apostasie . Mon encre n’est pas enchantée. Mes mots n’auront pa s d’énergie ; il n’y aura pas de miracle. Lorsqu’à la surface du monde il n’y aur a plus que du sang, mes feuillets se ramolliront, et les souvenirs qu’ils renferment disparaîtront bêtement. C’est tout. Mais je dois faire vite. Bientôt, on frappera à ma porte ; ce sera quelqu’un qui passe près d’ici, et qui s’inquiète du liquide qui se faufile dans l’interstice.
Livre Premier Le Roman de la Forêt
Quelqu’un qui s’enfuit C’était il y a dix ans, à peu de chose près. Comme je n’avais aucune attache dans le monde, j’avais naïvement décidé d’expérimen ter la vie d’ermite. J’étais un garçon un peu fade, pas très intéressant , lamentable dans les conversations. J’allais à l’université sans grande conviction, et je rentrais chez moi sans grande conviction non plus. Ma famille n’avait pas particulièrement tenu à main tenir des liens avec moi, et je n’avais jamais connu d’amitié bien sérieuse. D’amou r encore moins – j’en rêvais souvent, mais comme d’une image diffuse et imprécis e, une beauté sans visage qui me sauverait un jour de la nuit. Seuls les livres m’accompagnaient. J’aimais ceux qu i racontaient des vies fabuleuses et solitaires et qui peignaient des lieu x enchantés. J’avais une disposition d’esprit particulière ; une foi magnifique habitait mon cœur. Si ma vie telle qu’elle était ne m’inspirait rien d’autre que du désespoir, je se ntais que la joie existait quelque part. Je pris très simplement la décision d’aller l a chercher. J’emportai le strict nécessaire et, de jour comme d e nuit, j’arpentai des sentiers perdus. Un but précis, pas de destination précise. La joie revenait, déjà. C’était bon d’être là. De voir ma propre image ; celle de quelq u’un qui s’enfuit. Dans les campagnes inconnues j’entendais toujours p lus distinctement l’appel d’un refuge. Mon errance m’exaltait, mais je voulai s m’établir quelque part, dans un endroit tranquille où je trouverais la magie en laq uelle je croyais tant. J’y parvins. Après avoir traversé un petit village perché sur un belvédère ensoleillé, je m’enfonçai dans une route forestière qui sillonnait les montagnes, et qui aboutissait à l’orée d’un bois formidablement touff u. La frontière entre le monde que je quittais et celui qui m’accueillait n’eût pu êtr e plus précisément marquée, car les arbres de la lisière se paraient d’un feuillage rou ge sombre, couleur vineuse de rêve et de désir. Au seuil de ce lieu, que je baptisai immédiatement Forêt des Arbres Rouges avec une spontanéité enfantine, plus aucun appel ne réso nnait dans ma tête. Mon refuge s’étalait devant moi comme un infini lacis de veine s. Là je devais être. La Sylve Rouge, car tel était le véritable nom de m on nouvel ermitage – je l’appris dans des circonstances que je ne manquerai pas de r apporter –, vibrait d’une force difficilement descriptible, sans commune mesure ave c ce que Lord Dunsany appelle nos contrées familières. Dans ses allées d’alabandine tortueuses comme des éclairs de sang, je respirai un parfum frais, lumineusement nocturne, quelque chose des morts et de l’éternité. Au premier pas vous auriez su une magie, une puissance secrète, un gouffre, et vous n’auriez même pas osé dire qu’il y avait là de l’irréel. Vous auriez pu croire en tout. Au premier pas vous auriez su qu’ici le jour n’exis tait pas. Peut-être parce que le soleil ne pouvait atteindre l’écrin secret de la Sy lve, ou parce que le voile enchanté des feuillages ne laissait passer des rayons du jou r que ce qu’ils avaient de lunaire au plus profond de leur clarté. Au premier pas vous auriez distingué, dans l’impénétrable silence qui perçait le chœur murmura nt des branches, un autre chœur, celui des existences inconnues qui se nichaient dan s les bosquets et les grottes, dans les clairières et les cataractes. Vous auriez compris que votre vie entière ne suffir ait pas à tout comprendre de cette nuit rougeoyante ; un effroi, fugace, vous au rait dit que le temps était trop court. Et puis il se serait enfui, il n’y aurait plus eu q u’un ravissement.
Les morsures de l’hiver ne dépouilleraient pas les arbres rouges de leurs rubis, des lueurs diamantées que la nuit déposait sur eux. La nature, ici, n’avait jamais exercé son empire. Immuable, inaltérable, la Sylve me regarderait vieillir dans ses bras vermeils, pourtant sa magie rendrait plus beau le long chemin vers la mort, et prendrait dans les rets de ses ombres le moindre de mes soupirs. Pendant des heures je déambulai entre les arbres. L eurs troncs raides, d’un noir dont la lumière pâle révélait des nuances pourpres, grimpaient jusque dans des hauteurs improbables où ils s’éparpillaient en bran ches luxuriantes. Je savais que leurs voûtes hérissées étaient désormais mon nouvea u toit, les cimes lointaines et protectrices du sanctuaire que j’avais toujours che rché. Au fil de ma flânerie, au hasard de chemins qui n’e n étaient pas, je vis des fleurs énormes ou minuscules qui brillaient doucement dans l’ombre, comme des vers luisants ; des étincelles que les feuilles tombante s emportaient dans leur chute ; des ruisseaux plus effilés que des serpents, caressés p ar les lueurs opalines d’un astre singulier. Des couleurs précieuses et voilées, des bleu nuit, des nacres vaporeuses, des abyssines et des fuligineuses, tissaient un lie n charnel avec la chevelure cinabrine de la Sylve, offrant un nouveau sens à ce mot,féérie, que je croyais si bien connaître. Alors c’était cela, la vraie magie, les contrées en chantées. Insondables. Oppressantes, aussi, mais dans ce climat trop calme , trop retenu, dans cette nuit secrète, je n’arrivais pas à avoir peur, non. Ce qu i sourdait en moi comme une salve d’amour, c’était l’excitation. L’appel tentaculaire du mystère. Alors que la forêt m’aspirait, il ne se dessinait p lus dans mon cœur le chemin d’un retour. Sans attendre je lui offris ma vie et mon sang. Pour nourrir les nervures de ses feuilles.
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