Au cœur du Loch
95 pages
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Au cœur du Loch , livre ebook

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Description

L'Écosse, ses îles et ses histoires.


Dans un pays encore marqué par les rébellions jacobites, Andrew, ancien Highlander, tente d'élever seul ses deux filles : Iseabail et Moira. Au travail de la terre se succèdent les escapades secrètes au bord des Lochs. La famille s'y retrouve autour d'un air de cornemuse, savourant les contes de leur lande.


Sous la surface ondulent les mythes.


Cependant, l'apparition d'un être de légende bouleverse l'une des sorties de la famille McAndie. Craignant pour la vie de sa jeune sœur, Iseabail s'élance vers l'esprit aquatique et se fait engloutir avec lui au fond des eaux sombres.


Un sacrifice peut-il changer tout un destin ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782375743218
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Marine Gautier
Au coeur du loch
La légende d'Iseabail & Keir - T.1







Collection Infinity
Mentions légales
Le piratage prive l'auteur ainsi que les personnes ayant travaillé sur ce livre de leur droit.
Collection Infinity © 2017, Tous droits réservés
Relecture © Laure-Anne Michel
Correction © Emmanuelle Lefray
Couverture © MxM Créations


ISBN : 9782375743218
Existe en livre

Prologue
Tandis que les flocons hivernaux tourbillonnaient dans le ciel et que l’hiver s’abattait durement sur les terres d’Écosse, un homme ne quittait plus le chevet de sa bien-aimée. Avec douceur, il bordait son épouse avec d’épaisses couvertures en tweed alors que le tartan familial recouvrait ses jambes tremblantes. Les yeux embués, il gravait dans sa mémoire chaque moment partagé avec sa tendre compagne. Difficilement, il se faisait à l’idée qu’il serait désormais seul pour élever leurs deux filles, lui, le Highlander sauvage que seule sa femme avait su apprivoiser. La rage lui serrait les poings, tandis qu’il contemplait le visage encore trop jeune de la mourante.
D’une voix affaiblie par la maladie, elle lui confia ses dernières volontés. Les yeux plongés dans ceux de sa moitié, il lui fit une promesse qu’il comptait bien honorer. Quoi qu’il en coûte, il inculquerait à ses filles l’histoire et les traditions qui rythmaient la vie des anciens clans. Le boucher Cumberland, comme on l’appelait, avait beau avoir lancé une traque sans précédent contre les rites et coutumes des Highlanders, rien ne pourrait l’empêcher d’honorer sa parole. Peu importait que cela fasse de lui un hors-la-loi, la mémoire de leur peuple vivrait dans leur descendance.
Il y veillerait.
 
1. Le croft des MacAndie
Au cœur des Hébrides, l’île de Lewis subissait les affronts perpétuels des courants d’air de l’Atlantique. À quelques miles de Stornoway, de gros nuages noirs menaçaient la ferme des MacAndie. La couleur du ciel ne laissait aucun doute ; la pluie ne tarderait pas à inonder le croft familial. Pourtant, rien ne pouvait entacher la gaieté de Moira. Iseabail, sa grande sœur, venait enfin de lui confirmer ce qu’elle attendait depuis une semaine. La prochaine escapade aux Lochs s’annonçait pour le lendemain.
La perspective de cette nouvelle expédition en famille ravit la pétillante demoiselle. D’humeur joyeuse, la jeune blonde virevoltait dans ses jupons rapiécés, évitant les chardons qui jonchaient la terre. À tout moment, les œufs dans son panier d’osier manquaient de se déverser sur le sol. Tout en longeant le muret de pierre qui délimitait le croft, elle se mit à chantonner un air ancestral des Highlands. Une mélodie qu’Andrew apprenait à ses filles dans le plus grand secret.
— Tais-toi donc ! Tu vas finir par attirer l’attention. Il ne fait pas bon être aussi « enthousiaste » par les temps qui courent ! s’irrita Iseabail.
— Détends-toi ! Pas un sassenach à l’horizon, t’as rien à craindre !
— Y a pas que des Anglais dont j’me méfie, vois-tu. On ne sait jamais qui serait prêt à dénoncer quelques Highlanders récalcitrants. N’importe quoi pour quelques pièces… chuchota-t-elle.
Moira jeta un coup d’œil suspicieux autour d’elle. Personne sur le petit chemin terreux. Même les crofts alentour semblaient endormis. Comme leur père, les hommes se trouvaient certainement au pâturage avec leurs troupeaux tandis que les femmes s’affairaient à la laine, à l’abri de l’averse à venir. La jeune femme se pencha à l’oreille de sa sœur.
— Y en a pas un qui se doute de ce qu’on mijote chaque semaine ! Sont tellement occupés qu’ils ne s’intéressent pas à de pauvres gens comme nous.
— Peu importe, sois un peu plus discrète !
L’Écosse demeurait marquée par l’échec des soulèvements jacobites. La vague de répression des emblèmes nationaux avait déferlé sur le pays depuis quelques années déjà. Désormais, l’interdiction de jouer de la cornemuse retentissait au travers des Highlands. Les tartans, eux, n’avaient pas tardé à être proscrits comme tous les symboles représentatifs du nationalisme écossais. Iseabail se souvenait encore du vieux Heckie, déporté hors de l’île. Ce dernier refusait obstinément de se dévêtir de son précieux kilt à carreaux bleus, luttant à sa manière contre la prohibition de ses origines.
Moira avait beau être insouciante, elle savait pertinemment que l’inquiétude de sa sœur était justifiée. Le vent balayait la lande, comme les Anglais opprimaient les Écossais. La prudence était de mise.
Un demi-sourire sur les lèvres, la jeune fille s’engouffra dans la petite maison de pierre et s’affaira aux corvées ménagères. L’aînée, quant à elle, partit rejoindre son père au terrain communal à quelques kilomètres du village. L’Écossaise faisait son possible pour soulager l’homme de ses lourdes tâches. Chaque jour, elle venait le retrouver, ramenant le troupeau à ses côtés, courant après les bêtes égarées.
Là-bas, Andrew se plaisait à surveiller le bétail en train de paître. Il s’asseyait sur les rochers, le regard perdu dans la lande, oubliant parfois l’absence de sa femme. On devinait, malgré son dos courbé par le labeur, le guerrier d’antan. Par moments, une lueur se rallumait dans ses yeux fatigués. La passion, la fougue et la puissance de l’homme se percevaient pendant quelques secondes avant de s’éteindre à nouveau. Iseabail regrettait de ne pas avoir connu cet homme qu’elle devinait un bref instant, avant qu’il ne devienne le Highlander abattu par des années de guerre et de misère.
Les pas d’Iseabail foulèrent la bruyère avec rapidité, tentant de battre de vitesse la pluie qui s’annonçait. Andrew aperçut sa fille de loin, ses longs cheveux roux lâchés au vent. Elle slalomait entre les moutons paresseux, trop occupés à brouter l’herbe fraîche pour la laisser passer. Ses mains caressaient la laine des petits ovins sur son passage puis s’attardaient entre les cornes des quelques bœufs de leur cheptel.
Le visage du vieux crofter s’illumina tandis qu’elle parvenait à sa hauteur. Elle lui rappelait tant son épouse. Même regard rieur, même caractère de mulet. Cette pensée lui décrocha un sourire lorsque son regard s’attardait sur la chevelure de son aînée. Des années durant, il s’était évertué à lui enseigner quelques manières de femme respectable, palliant du mieux qu’il le pouvait l’absence de sa douce. Malheureusement, il n’y avait rien à faire.
Contrairement à sa cadette, Iseabail éclatait de rire à l’idée de devenir une lady . Chaque fois, elle plantait son regard noisette dans celui de son père et répétait qu’elle n’avait que faire des conventions. Sa vie se trouvait sur le croft, au plus proche de la terre, et elle n’avait besoin de personne, surtout pas d’un mari.
Derrière son air bourru et ses faibles réprimandes, elle connaissait la fierté que ressentait son père pour Moira et elle. Il regrettait seulement que sa chère Fenella ne soit plus parmi eux pour admirer les beautés qu’elles étaient devenues. Pourtant, Andrew le savait bien, il devrait ramener ses filles à la raison, en particulier son aînée. La vieillesse le rapprochait inlassablement de la tombe, il leur faudrait prendre époux pour espérer garder le croft. L’homme secoua la tête pour chasser ces pensées, il lui restait encore un peu de temps.
Iseabail attrapa une outre d’eau fraîche et la tendit au vieil homme. Chaque jour, elle s’employait à veiller sur lui, ne manquant jamais de lui apporter à boire ou à manger. Les filles n’étaient plus des enfants, à présent elles s’occupaient de lui comme deux mères poules. S’il ne faisait pas attention, elles auraient tôt fait de prendre le commandement de la maison, répétait-il, un sourire au coin des lèvres.
— À quel Loch allons-nous demain, père ?
La question le tira du fil de ses pensées. Il réfléchit un instant, passant sa main ridée dans ses cheveux aussi roux que ceux de sa fille. Le ciel ne se montrait guère clément en cette saison et il serait préférable de ne pas trop s’éloigner du croft.
— Nous irons au Loch Briodag ! s’exclama-t-il joyeusement.
À quelques mètres de là, le jeune fils des MacKenzie ne perdait pas une miette de leur échange. Curiosité ? Intérêt pour la belle rousse qui venait d’arriver ? Dans le doute, Andrew se tourna vers sa fille et d’une voix forte s’écria :
— Paraît que le poisson y est abondant en ce moment !
— Bien, rentrons préparer les nasses, répondit-elle, en lui faisant un clin d’œil.
2. Un air de cornemuse
Le lendemain matin, Andrew et ses filles se levèrent avec les premières lueurs de l’aurore. Après un frugal petit déjeuner, Moira s’affaira à réunir le matériel de pêche. Iseabail, quant à elle, s’occupa de nourrir la basse-cour. Les volatiles accueillirent son arrivée à grand renfort de caquètements, s’empressant de picorer les grains jetés à leur intention.
Un dernier tour d’inspection du troupeau et elle partit rejoindre son père dans la petite habitation. Celui-ci finissait de dissimuler dans leur chargement les précieux trésors pour lesquels ils se réunissaient réellement chaque semaine. Une fois sa tâche achevée, il sonna le départ, imitant dans les airs les contours d’une trompette.
Le soleil éclairait faiblement les plaines lorsque le trio quitta le croft. Stornoway disparaissait lentement derrière eux, accrochant les dernières nappes de brume matinale. D’un pas rapide, ils entamèrent leur escapade en direction du Loch Briodag, une étendue d’eau située à quelques miles seulement du village.
Ce n’était pas la première fois que la famille MacAndie se rendait sur ces rives. Ce Loch demeurait parmi leurs lieux d’expédition préférés. Jamais ils n’y avaient croisé âme qui vive, qu’elle soit écossaise ou non. Seuls au milieu de la nature, ils pouvaient s’adonner sans crainte à leurs activités traditionnelles. Musique, chants et cris de joie n’attiraient pas les regards dans cet endroit isolé. Cerise sur le gâteau, une habitation en ruine leur fournissait un refuge à l’abri des gouttes de pluie. Les averses rythmaient la région à cette époque de l’année et Iseabail

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