AVS
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Description

J’ai dormi comme un bébé ! C’est étonnant comme la somme des contraintes peut vous laisser de marbre, tant il est impossible dans mon cas de satisfaire l’ensemble des objectifs: Une opération de surveillance partagée entre l’état et une organisation dissidente. Un engrais qui peut changer le cours de l’histoire et mettre à mal toute l’économie mondiale, et enfin, une aide scolaire au passé trouble qui suinte la modification génétique inconnue. Oh ! J’oubliais ! Un délai d’une semaine pour déstabiliser le monde. Je peux l’avouer, mes cours et mon année scolaire passaient forcément au second plan.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 septembre 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312061122
Langue Français

Extrait

AVS
P. Laguerre
AVS
Première partie
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06112-2
Avant-propos
Je n’arrive pas à retrouver son visage dans mes plus proches souvenirs. Celle qui m’a prêtée sa plume, fait aujourd’hui partie d’un passé proche que je ne cesse de ressasser. Aujourd’hui est la remise des diplômes, et je ne manquerai cela pour rien au monde. Tous mes profs seront là. Tous ? Pas certain que Kevin Richard puisse se libérer. Il m’a tellement porté à bouts de bras ; Il a aussi payé le prix fort de son honnêteté. Vivre à Baltimore et s’adapter à cette nouvelle aventure, sans une aide de proximité, m’a valu pas mal de déconvenues. Le Lycée Saint-Michaël est une institution de renom. Avant d’en faire partie, il fallut que je me livre corps et âme à la traditionnelle entrevue avec le directeur, M. Kensington. Même s’il rechigna à me prendre dans son école, il avait comme tout le monde lu tout ce qui avait été raconté dans les médias, dans les journaux. Un an de procès, une année à me justifier devant les autorités et la justice pour obtenir gain de cause, et notre très chère légitime défense qui nous donne ce droit de répliquer. J’ai dû faire avec ma conscience, mais avais-je le choix ? Laisser cette femme continuer à occuper les moindres espaces de ma vie jusqu’au point de non-retour ? En signant pour Saint-Michaël, je remettais ma vie dans le droit chemin. Je n’avais que quinze ans à l’orée des faits, et je ne maitrisais ni la langue, ni l’attention en classe, ni le pourquoi de tout ce périple qui fait qu’un jour, nous aboutissons scrupuleusement vers les voies de l’université. Le droit sans doute à Princeton ? Le New Jersey m’accueillerait et la bourse que j’avais décrochée suffira sans doute à soulager mes parents qui s’étaient tant sacrifiés pour mon avenir. Ma tante avait émis le vœu que je quitte le Vermont pour ses terres. J’y passerai trois ans peut-être. Je ne sais par quel miracle je me retrouve aujourd’hui devant ce choix que je n’espérais plus. Le miroir de la salle de bain est grisonnant. Mon teint est maussade, comme ce cœur qui penche désormais vers cette nouvelle vie.
– Shel ! Il faut que tu descendes ! Corrie t’attends. Elle est en tenue. Tu te sens bien mon chéri ?
Je revois encore ma mère trépignant sur le seuil. Un bouquet d’hortensias dans les mains, et les quelques interpellations soutenues envers cette chère et tendre. La voisine. La jeune femme que j’avais séduite pour la toute première fois. Je me revois encore dans cette cuisine. Celle de ses parents. Resplendissante. C’était mon garde-fou cette fille. Je l’aimais pour ne pas avoir à me soucier de l’autre. Cette béquille pédagogique. Fort heureusement, je n’aurai pas à subir sa présence. Même mes amis proches furent soulagés d’apprendre que mes greffes de peaux sur la jambe commencent à croûter. Je garderai ces marques toute la vie, mais qu’importe. Elle ne viendra plus m’attendre en bas de la rue. Ne m’accompagnera plus jusqu’au lycée. Tous les matins, je craignais qu’elle puisse gagner plus encore du terrain sur mon existence. À la dernière séance du procès, le juge avait senti qu’il n’en faudrait peu pour qu’elle raconte l’entière vérité. Cette femme a volé des moments clés de ma courte existence. Je ne lui permettrai plus de s’installer. Vais-je garder ce vieux journal perso ou le brûler ? Pas le temps à cette heure de sonner son sort.
– Shel, Regarde comme elle est belle ta camarade !
Si ma mère savait ! La veille, sur le bord de sa fenêtre, j’avais enfin connu ce qu’embrasser voulait dire. Corrie, ma sœur, mon amie, ma coéquipière de sport. Shelley dans ses mémoires distinguait l’amourette de l’amour par ces mots : « c’est une personne qui transmet en une seconde, le sentiment qu’il ne peut exister qu’une seule et même pensée dirigée vers un seul et unique objectif ». La voir devant moi ce matin me procurait en un instant, le bonheur d’avoir partagé ses confidences, ses lèvres, ses songes. Désormais, la fête qui s’annonce au lycée, le bal, restera pour nous un merveilleux souvenir. Dans quelques mois, lorsque Corrie sera en Angleterre et moi, chez ma tante, nous pourrons nous dire que le plus dur commence, sans doute, le meilleur. Elle me promit de me lire lorsque j’aurais décidé de coucher par écrit des mots libérateurs. Raconter cette histoire ne sera pas une mince affaire. Elle ne m’avait pas seulement touché au corps. Elle avait aussi éveillé cette étrange sensation de devoir à chaque fois me retourner dans la rue dès qu’un cri strident inonde l’espace. L’immonde voulait que je lui résiste. J’ai fait bien plus. Je l’ai terrassé.
09/09/200?
Le directeur m’attendait. Un bloc de feuilles blanches sous le bras, il remettait visiblement en place un de ses élèves peu scrupuleux de la ponctualité. Un certain Mike, jeans troués de parts en parts, une chemise assez mal repassée, et des cheveux en pétard. Il essuyait sans doute la énième remontrance. Au-delà du couloir, le calme, des murs patinés du regard et les sourires administratifs de convenances de la part des deux secrétaires, dont le tapotement des touches sur le clavier préparait sans doute des notes obscures à l’encontre des élèves. J’avais appris le règlement intérieur comme une poésie que l’on n’oublie plus. Je m’étais dit qu’il fallait que je sache ce qui m’attendait dans cette école. Mon père nous avait quitté depuis bientôt trois ans. La décision avait été entérinée par ma mère. Pour un vendeur de bateau dans le New Jersey , peu d’opportunités ne s’offraient à lui. Seagul swim sa boite, lui avait proposé de rejoindre Miami. Il viendrait nous voir, c’est sûr à Noël ou à Thanks giving peut-être ? Qui sait ? Il s’était engagé à me suivre dans toutes nos démarches, et à m’assurer ce qu’il avait coutume d’appeler : un avenir doré.
Derrière la porte dont l’isolation phonique semblait laisser à désirer, le directeur portait l’exemple d’une belle attitude, par charité chrétienne sans doute, face à celui pour qui, il s’était engagé à donner une dernière chance.
– Mike, tu as compris ce que j’attendais de toi cette année ? Soixante-quatre jours d’absences et toujours pas le moindre justificatif à l’horizon ? Je veux bien faire l’impasse. Aujourd’hui, il est temps de se reprendre en main ! Peut-être que Mary ta tante, croit tout ce que tu lui racontes, mais moi, je ne veux pas en entendre parler. Bientôt dix-huit ans, il faut que tu te reprennes ok ? À commencer par ton look de rebelle du dimanche !
– M’sieur, je vois pas de quoi vous parler. Mes cheveux ? Mes jeans ?
– Parlons-en, tu veux que je te montre un élève courageux ?
Des pas se rapprochent de la porte et son ombre à travers la vitre se précise. Le loquet rend grâce et libère l’ouverture.
– Sheldon ? Rentre s’il te plait.
Une personne intimement énervée, dans le costume gris perle de circonstance me demande de m’asseoir à côté du jeune garçon affalé sur sa chaise. Il dénie ma présence et porte sa main sur le front comme pour éviter ma présence. C’est vrai que ses cheveux sont mêlés, rien de choquant au premier regard. Les bottines en cuir noir nécessitaient tout de même un sérieux coup de chiffon, et l’odeur âcre de sa chemise me parvenait jusqu’à mes narines.
Le directeur se rassied. Joint ses mains et commence son laïus.
– J’ai demandé à cet élève fraîchement arrivé de te montrer les règles de vies normalement appliquées dans cet établissement.
Mike se détourne, se lève.
– C’est quoi ces conneries ?
– Mike, rassied-toi et écoute un peu ! Ce n’est pas de moi dont tout le monde parle dans la salle des professeurs. Tu veux pas un petit peu arrêter de jouer les « James Dean » ?
– Ouais, on l’a déjà eu cette discussion ! Je vous ai dit que j’avais des problèmes. Vous m’avez même pas écouté ! La dernière fois, je vous avais parlé de mon frère qui n’arrête pas de regarder la télé jusqu’à pas d’heures, et que c’est pour ça que le matin, j’arrive pas à me lever.
– Alors tu veux que je convoque encore ta tante ? Je pourrais lu

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