Bas les Griffes - Le Cœur des Maudits 2
183 pages
Français

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Bas les Griffes - Le Cœur des Maudits 2 , livre ebook

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Description

Dans les contrées maritimes d'Aberdeen, au nord de l'Écosse, Tia multiplie les heures supplémentaires. Son poste de cheffe cuisinière lui offre l'opportunité d'occuper son esprit la journée, mais lorsque la nuit tombe, elle le sent : les ombres sont là, quelque part. Elles l'observent, et il est hors de question qu'elle les rencontre.


Un soir, alors qu'elle longe comme à son habitude l'avenue principale, deux silhouettes aux yeux écarlates se présentent pourtant. Ils sont prêts à tout pour s'emparer d'elle. L'agression est d'une violence sans pareille et elle pense mourir entre les crocs de ces créatures terrifiantes. Mais sans qu'elle ne sache comment, son corps la protège. À son réveil, la crainte de voir les ombres émerger persiste, et les interrogations se multiplient dans son esprit. Que sont ces monstres sanguinaires qui ont attenté à sa vie ? Que lui arrive-t-il ?


Mais surtout, que signifie le « Léto » gravé sur son bras ?


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 22
EAN13 9782381510422
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Ambre de Langevin, 2021
© Éditions Plumes du Web, 2021
82700 Montech
www.plumesduweb.com
ISBN : 978-2-38151-042-2

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'Auteur ou de ses ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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1. Les ombres de la rue
Les flammes, un doux spectacle dont je ne me lassais pas. De bons légumes découpés dans une poêle chaude, un peu d’alcool, et la fournaise s’élevait d’un mètre au-dessus de nos têtes.
Je bougeai l’ustensile d’un geste vif, puis le remis sur le feu, laissant à mon commis ce qui suivait. Les serveurs ne cessaient d’aller et venir dans la cuisine, de circuler dans les passages étriqués pour récupérer les plats qu’ils avaient demandés et polluer notre espace. Maudits soient ces apprentis, ils n’avaient aucun sens logique !
Lilly, Bran, la zone de service ! criai-je par-dessus le remue-ménage des cuissons. On ne dépose pas les assiettes sur les plans de travail, mais sur le passe-plat !
Chef, oui chef ! répondirent-ils en chœur avant de corriger leur erreur.
Les deux adolescents se reprirent, le visage blême et couvert de sueur. Ils devaient s’endurcir. Ils étaient encore trop à l’ouest, trop lents, mais surtout trop susceptibles. Ce n’était qu’une question de temps avant que la fille abandonne, mais le jeune homme à ses côtés semblait adopter notre rythme au fil des jours.
Je saisis la casserole d’un commis tandis qu’il prenait place à la friteuse. Ma cuillère agita le fond avant que je ne verse le contenu dans le bol qui accompagnerait le dressage. Vive, je pivotai et commençai à napper de sauce l’entremets de poisson, nuage par nuage, point par point. Lorsque la dernière goutte tomba, et que le noir du balsamique ne vibra plus, je poussai l’assiette devant moi. En moins d’une minute, elle était déjà récupérée par les employés en salle.
Chaud ! entendis-je derrière moi.
Je me plaquai contre la paillasse. Le commis à la marmite bouillante pressa le pas pour le second poste de travail.
Bien.
Pour une fois, le service se tenait sans encombre. Certes, mes deux apprentis n’étaient pas au mieux pour aider, mais l’équipe de cuisine était en pleine forme. Découpage, blanchissage, cuisson, marinage, tout suivait une dynamique fluide, sans nulle perturbation. Ce soir serait un succès.
Je laissai de côté les confirmés pour encadrer mes débutants d’un œil plus attentif. Ils paniquaient. L’intensité du service et la vitesse d’exécution faisaient trembler leurs mains encore vierges de toute blessure. Cela me rappelait cette époque où, moi aussi, plus jeune qu’eux, je m’évertuais à garder la cadence pour ne pas retarder mes collègues. Seize ans, guidée par un chef dont la douceur approximait celle d’un bûcheron muni de sa hache, et fière d’être parvenue à ne pas brûler ma première marmite sur le poste chaud. « T’as cru que tu dealais de la drogue ? Coupe-moi ça plus fin, et que ça saute ! » rugissait-il. Il ne m’avait pas fallu longtemps pour m’exécuter, c’était sûr, mais je conservais les cicatrices des entailles sur quelques-uns de mes doigts.
La fumée commençait à obstruer le champ de vision. Je me demandais quand ils allaient se rendre compte du problème. Bran remuait un confit d’un geste hésitant, preuve qu’il ne savait pas le moins du monde si ce qu’il faisait était juste. À ses côtés, Lilly incorporait les morceaux de viande grillée dans le bouillon.
Un bouillon qui était à deux doigts de se renverser sur son bras.
Je rattrapai la queue de l’instrument in extremis, poussant la cadette hors de la zone de chauffe. Une partie de la vapeur endolorit mon épiderme, mais ce n’était qu’une blessure sans danger, une énième qui rejoindrait mon panel déjà bien complet.
Désolée, bredouilla-t-elle avec empressement.
Les excuses ne servent à rien, répliquai-je en reprenant le contrôle de la préparation. Tu n’es pas concentrée. Si tu n’es pas capable de te couper du monde extérieur le temps d’un service, tu ne seras jamais capable de travailler dans la cuisine. Chaque seconde d’attention perdue, c’est une seconde de plus qui peut menacer un collègue. Le feu est dangereux, on ne le prend pas à la légère.
Les larmes aux yeux, la jeune femme acquiesça. Je retirai ma main rougie et réexpliquai toutes les directives. Deux fois me furent nécessaires à ce qu’elle daigne me porter son attention – la première, elle ne parvenait pas à se détacher de l’inflammation à mon poignet. Les mots en tête, elle se remit au travail, plus alerte. Son esprit était enfin avec nous.
Bran, qui avait tout vu, laissait le confit se carboniser. J’intervins de nouveau, empoignant sa main pour donner plus d’énergie au mouvement. Le fond de la casserole serait difficile à nettoyer, il avait intérêt à s’excuser auprès du plongeur après le service.
L’heure des desserts finit par arriver, et la cadence ralentit. Libérée de tout danger, je laissai la fin des réalisations sous la responsabilité du second commis et empruntai la porte qui menait aux vestiaires, puis l’escalier de bois sombre qui montait à l’étage. Ce dernier n’était pas des plus récents, un simple plancher aussi vieux que la bâtisse sur lequel quelques cloisons défraîchies persistaient avec le temps, mais le personnel ne nécessitait pas plus que ces quelques mètres carrés habitables et salubres.
L’année passée, nous avions pris soin de refaire la comptabilité et notre bureau, au gérant et à moi, mais les pièces adjacentes appartenaient à cet autre temps en suspens. Personne ne restait plus de quelques minutes par jour dans cet endroit. De toute façon, cela importait peu – je n’avais du moins encore perçu aucun salarié s’y attarder. Peut-être devrions-nous songer à mieux isoler les vestiaires et le débarras, au cas où. Le charme que je trouvais à ces deux époques réunies en une seule n’était sûrement pas partagé de tous.
Je franchis la porte de la salle d’eau et ouvris l’armoire à pharmacie. Le reflet de mes courtes boucles brunes disparut contre le mur. Redonner un coup de jeune au matériel de soin ne serait pas de trop non plus, visiblement : antalgiques périmés, pommades datant de notre emménagement dans le vieux restaurant, boîtes de pansements vides, il y avait de quoi se retrouver pris de court le jour où de réelles blessures nous seraient infligées.
Je me saisis de l’unique tube de crème encore efficace et fermai l’armoire. Après avoir désinfecté, puis hydraté la zone brûlée, je gagnai la direction. Notre secrétaire, une simple table de bois munie d’un ordinateur bon marché, était enseveli sous une paperasse qui, chaque jour, prenait de l’ampleur. Je m’installai sur le fauteuil, quelques feuilles en main.
Factures, commençai-je à énumérer , demande d’emploi pour la saison estivale, recommandé, que de joie !
Ce n’était heureusement pas ma partie du travail. Celle-ci était réservée à Jonas. S’il possédait cet endroit et s’occupait du bar, il n’en restait pas moins l’homme d’affaires et de bureau acharné. Je n’avais pas à lire tout ce qui se trouvait devant moi pour comprendre que la moitié ne concernait pas directement la viabilité du restaurant. Il ne cessait de chercher à droite et à gauche les opportunités de se démarquer dans Aberdeen, et même l’Écosse entière. Et qui savait lorsque nous atteindrions une renommée internationale ? Nous avions déjà fait parler de notre cuisine jusqu’à Édimbourg, toucher Londres ne serait pas bien compliqué, avec un peu d’efforts.
Tout en repassant un voile de crème sur ma blessure, je me saisis d’un bloc-notes et y enregistrai l’idée qui m’avait traversé l’esprit, en début de festivités. Jonas profita de ce moment pour entrer dans la pièce.
Je sens comme une odeur de jambon grillé, remarqua-t-il en s’emparant d’une des pochettes sous le bazar administratif.
Un

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