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Description
Sujets
Informations
Publié par | Mahô Editions |
Date de parution | 25 février 2022 |
Nombre de lectures | 67 |
EAN13 | 9782491806224 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 3 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Table des matières
Page de titre
Chapitre 1 - Nulle nostalgie pour ce pays-là
Chapitre 2 - Rencontre fortuite avec le passé
Chapitre 3 - Un village figé dans le temps
Chapitre 4 - La récolte de la faux noire
Chapitre 5 - Le poids du poing
Chapitre 6 - Une fille en colère
Chapitre 7 - Une ville bien administrée
Chapitre 8 - Le désert de l'extinction
Chapitre 9 - Impacts successifs
Chapitre 10 - L'œil de la tempête de sable
Chapitre 11 - Tonnerre écarlate
Chapitre 12 - Le guerrier Macabre
Chapitre 13 - Un saint chevalier bien grossier
Chapitre 14 - Gloutonnerie et colère
Chapitre 15 - Un vieux chevalier au crépuscule de sa vie
Chapitre 16 - Les arcanes de la sainte épée
Chapitre 17 - Le combat tant attendu
Chapitre 18 - La cité gouvernée par la mort
Chapitre 19 - La puissance du maître et du disciple
Chapitre 20 - Lumière purificatrice
Chapitre 21 - Nouvelles possibilités
Chapitre 22 - Dignité retrouvée
Chapitre 23 - La requête de Myne
Chapitre 24 - Les peaux vertes
Chapitre 25 - La danse de la hache noire
Chapitre 26 - Le village de l'oubli
Chapitre 27 - L'invincible chimère
Chapitre 28 - Puissance libérée
Chapitre 29 - Le troisième rang
Chapitre 30 - Sur les terres de Gallia
Chapitre bonus - L'expédition de Roxy
Page de copyright
Chapitre 1
Nulle nostalgie pour ce pays-là
Je posai ma main sur cette porte décatie que j’avais toujours connue, depuis ma plus tendre enfance. J’entrai dans un grincement aigu et découvris mon père assis sur une chaise. Contre le mur, juste à côté de lui, reposait sa vieille lance usée, dont la pointe maculée de sang indiquait qu’il avait certainement affronté des monstres en rentrant à la maison. Troublé par la pâleur de son visage, je m’approchai, avant de lui découvrir une profonde entaille au bras.
« Papa, tu vas bien ?
— Ouais… Ce n’est qu’une égratignure », dit-il en riant pour donner le change.
J’avais beau être un enfant, je n’étais pas dupe. Sa blessure était vilaine.
Je sortis précipitamment chercher de l’eau fraîche au puits. Elle était si glaciale que j’en eus les mains engourdies. Je revins nettoyer la plaie et compris à ses grimaces qu’elle n’avait rien de superficielle.
Notre village cultivait une plante médicinale efficace contre les blessures, de sorte que chaque foyer en avait toujours en stock. Le nôtre ne faisait pas exception. J’en cherchai sur l’étagère de la pièce du fond, la pilai et la réduit en pâte avant de l’appliquer sur son bras que je bandai ensuite. Mon père m’observa à l’œuvre sans mot dire et, quand j’en eus fini, ouvrit enfin la bouche.
« C’est que tu es devenu doué, Fate.
— Évidemment, papa ! Tu n’arrêtes pas de te blesser.
— Oui, c’est vrai… J’en suis désolé. »
Il me caressa la tête de sa main valide, l’air de ne savoir quoi dire. Puis il se leva, comme s’il venait de se souvenir de quelque chose.
« Si nous allions rendre visite à ta mère ?
— D’accord. »
Sa tombe se trouvait juste derrière la maison. Elle était morte peu après ma naissance et c’était elle apparemment qui avait demandé à être enterrée là. À défaut de me voir grandir, elle pourrait au moins rester près de moi. Ainsi, mon père et moi tâchions, dans la mesure du possible, de lui rendre visite au moins une fois par jour.
Nous nous agenouillâmes devant la sépulture, toujours bien entretenue et débarrassée des herbes folles, avant de joindre les mains pour prier. Du coin de l’œil, je regardai mon père dont je venais à peine de panser les plaies, et constatai qu’il serrait les lèvres pour mieux supporter la douleur.
« Je doute que maman se fâche si tu ne joins pas les mains.
— Je sais bien. Mais moi, j’y tiens. »
Mon père avait sans doute décidé en son for intérieur de rester digne. Il me caressa la tête en souriant. Ce jour-là, et malgré mon jeune âge, je crus percevoir la force de sa détermination.
* * *
« Quel nigaud tu fais à marmonner dans ton sommeil ! Hahahaha ! »
La carriole percuta un caillou, et la secousse me tira de mon rêve nostalgique. Greed ricanait par [Télépathie].
« Pourquoi tu te marres, toi ?
— “Papa… Papa… Tu es encore un gamin, Fate.
— Argh… »
Quelle grave erreur de ma part que de laisser Greed m’entendre parler ainsi ! Celle-là, il ne manquera pas de me la ressortir à la moindre occasion… Surpris dans ce moment de faiblesse, je poussai un profond soupir. Voilà deux jours que, dans le bringuebalement de la voiture, je me remémorais ces instants de bonheur de mon enfance.
J’arrivai enfin à Tetra, une ville de taille moyenne, à peine un dixième de Seyfert, mais très animée. Il s’agissait du carrefour méridional du négoce vers la capitale. On y trouvait les spécialités de chaque région du sud, et nombre de marchands de Seyfert venaient s’en approvisionner. En d’autres termes, c’était la capitale du commerce.
Mais pour rejoindre Gallia, je devais descendre encore bien plus loin au sud. Je cherchai un nouvel attelage qui voulût bien m’y conduire, mais la nuit n’allait pas tarder à tomber. Les attaques de bêtes féroces se révélaient plus fréquentes sur les routes plongées dans l’obscurité.
Je tentai ma chance auprès de quelque diligence, mais je me vis opposer un refus catégorique. Peu importait, la nécessité ne m’imposait pas la précipitation. En effet, j’en avais profité pour chercher une trace de la présence de de moiselle Roxy, mais n’en avais trouvé aucune – elle n’était pas encore arrivée à Tetra, semblait-il. Il faut dire qu’elle menait une armée d’envergure vers le sud. Cela lui prendrait du temps, contrairement à moi qui voyageais seul.
Je décidai donc de passer la nuit ici. Après tout, mieux valait que je profitasse de mon avance pour devenir un peu plus fort d’ici à mon arrivée à Gallia. Avant de dormir, j’irais chasser le monstre aux abords de la ville et, demain matin, je n’aurais plus qu’à revenir à cet endroit pour chercher un moyen de locomotion.
Quant à l’argent, j’en avais reçu une belle somme de la part de la gouvernante générale du manoir des Hart. Cela devrait me suffire jusqu’au terme de mon périple, pourvu que je ne dépensasse pas tout à tort et à travers. J’étais sûr qu’elle avait compris que j’allais suivre Roxy Hart jusqu’à Gallia, et c’est pour ça qu’elle avait tenté si fort de me retenir.
« Je dois m’en servir avec parcimonie », murmurai-je.
Je serrai fort la bourse dans ma main, afin de n’en faire tomber aucune pièce, et commençai à marcher dans Tetra, la capitale des marchands. Je n’étais venu ici qu’une seule fois auparavant, quand j’avais quitté mon village natal pour rejoindre la capitale royale. À l’époque, j’en avais été chassé car je ne possédais presque aucun sou. Je me rappelais avoir cherché une allée peu fréquentée avant de me blottir dans un coin pour dormir. J’avais ensuite dépensé mes dernières pièces pour acheter trois bouts de pain rassis et avais filé directement vers ma destination. Avec le recul, j’avais du mal à croire que je fusse parvenu jusqu’à elle vivant. Toutefois, la vie à Seyfert n’avait pas été facile non plus…
Tandis que ces souvenirs peu plaisants me traversaient l’esprit, j’observais la ville. C’est alors que mon estomac me rappela à l’ordre, dans un gargouillement sonore. Il réclamait de la pitance.
Je pouvais consommer les provisions que j’avais achetées avant mon départ, mais autant profiter de la gastronomie locale, comme je n’avais pu le faire la fois précédente. Et ça tombait bien : une enseigne à ma droite indiquait une taverne. La journée avait été bien remplie et j’étais d’humeur à boire de l’alcool. Je jetai donc mon dévolu sur cet endroit.
Je poussai la porte en bois, vieillie par les ans, et entrai. La taverne, plus vaste que celle où j’avais mes habitudes à la capitale, comptait une trentaine de places assises, et sa décoration lui conférait une certaine allure. Je parcourus l’ensemble du regard avant de prendre place à l’angle du comptoir. Quelle que fût la taverne, c’était là que je me sentais le mieux. Immédiatement, un employé affairé à essuyer des verres me héla.
« Que désirez-vous ?
— Voyons voir… Que me recommandez-vous ?
— En boisson, le vin du domaine des Hart. Pour le dîner, la soupe de lapin avec des tartines grillées au beurre. En tout, ça vous fera vingt pièces de cuivre. Qu’en dites-vous ?
— Que ça fait cher. Vous salez la facture uniquement parce que je ne suis pas du coin. Quinze pièces de cuivre et je suis votre hôte ! »
Le serveur ricana un peu jaune et transmit la commande en cuisine. Je payai ma note en avance et observai l’intérieur de la taverne un moment. La clientèle était constituée à parts égales de marchands et de guerriers, tous très bien vêtus. Je comprenais mieux : tous ces gens semblaient à l’abri du besoin, ce qui expliquait la cherté du service.
Je me léchai les babines à l’arrivée de mon dîner et, tout en me régalant, établis mes plans pour le lendemain. J’allais devoir emprunter une carriole et continuer de descendre vers le sud en effectuant une halte dans une autre ville, la plus grande possible, afin de me réapprovisionner et de me reposer. Arriver à Gallia épuisé n’aurait aucun sens. L’enjeu était d’autant plus important que je me savais avoir rapidement l’estomac vide à cause de ma compétence de Gloutonnerie.
En attendant, je fis un sort à mon assiette, en ne laissant rien et, alors que je portai mon verre de vin à la bouche, j’entendis du tapage au fond de la taverne. Je me retournai pour voir quelle en était la cause.
Six guerriers attablés regardaient dédaigneusement un homme à genoux devant eux. Ce dernier ne cessait d’incliner la tête pendant qu’ils dînaient, et en retour ceux-là le malmenaient. La scène était si écœurante qu’elle gâcha ma dégustation et me souleva le cœur.
En temps normal, je ne me serais pas mêlé à ce genre d’embrouilles, mais je reconnaissais le visage de l’homme. C’était lui… Que pouvait-il bien demander à ces mercenaires ? J’écoutai leurs échanges sans qu’ils fussent conscients de mon regard.
« Tu sais que ça grouil