Chroniques Verticales - Saison 1 épisode 5
28 pages
Français

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Chroniques Verticales - Saison 1 épisode 5 , livre ebook

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Description

Pour Vol Parfait, une nouvelle saison d'ascension commence, celle de l'amertume et des illusions perdues. En effet, les dieux semblent jouer avec lui : en lui faisant un immense honneur, le chef ouvreur ruine ses projets d'avenir...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791095442295
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chroniques Verticales Laurent Copet Saison 1Épisode 5
1 La bête gronda et Vol Parfait se retrouva couvert d e ce liquide froid et visqueux ; il se recroquevilla pour se cacher derrière la roche. L’iguane souffla, attendit un court instant, fit le tour de la colonne et se dirigea d’un pas lo urd vers sa proie. À quatre pattes sur le sol, Vol Parfait sentit une énorme masse le surplom ber. Il attendit encore un peu, laissa ses mains s’activer avec frénésie et pria les dieux du Sommet. Soudain, il se retourna et passa l’extrémité de sa corde autour du cou de l’iguane. La gueule de la bête claqua en se refermant sur le vide tandis qu’il roulait entre se s pattes, tenant la corde de toutes ses forces dans ses deux mains. Il se jeta sur le côté, tira autant qu’il le put et la corde se resserra autour de la gorge de l’animal. Pendant un court instant, il pensa être en mesure de l’étrangler, mais l’iguane se débattit avec une telle violence que Vol Parfait fut projeté contre la paroi. Sonné, il eut toutes les peines du monde à resserrer son étreinte. L’iguane rua de plus belle. Sans réfléchir, Vol Parfait prit son élan et fit le tour de la colonne ; la corde se tendit, s’enroula autour de la pierre et ses doigts firent un nœud avec une rapidité foudroyante. Il recula, regarda la bête, la corde s errée autour du cou, se débattre en poussant des cris de colère. Vol Parfait réalisa qu ’il ne maintiendrait pas l’iguane longtemps attaché ainsi ; quelques ruades de plus, mu par sa terrible force, et il se déferait de ses liens, pour fondre sur lui et l’éventrer du tranchant de ses sabres. Un nouveau rugissement dévastateur le fit vaciller. Autour de lui, l’air saturé par l’odeur de sang et de bile se chargea d’une impress ion de mort imminente, et lorsqu’il réalisa que l’iguane s’était presque libéré, il regarda la minuscule tache de lumière qui l’aveuglait à l’entrée de la grotte et se rua dans sa direction. Pendant sa course, ses mains vérifièrent que l’autre extrémité de la corde était toujours attachée au sherpa. D’un bond, il se retrouva en pleine lumière ; une brève pensée lui vint, comme un espoir, une prière, l’image de la corde toujours passée autour du cou d e l’iguane, et il se retrouva aspiré par le Néant, dans une chute qui sembla ne jamais voulo ir finir. La corde se déplia, il l’imagina en train de se tendre, de se resserrer, d ’étrangler la bête. Son corps rebondit contre la paroi et il encaissa le choc, reçut une nouvelle fois la Falaise en pleine face, puis, soudain, la chute cessa et l’élasticité de la corde le fit remonter, son corps se remit à l’endroit et il s’immobilisa, sonné, meurtri. Il resta ainsi un moment, dans la confusion la plus totale. Quelque part dans son champ de vision, une forme approcha et il se couvri t la tête de ses bras écorchés, incapable de bouger davantage. Il entendit la bête l’appeler et ne comprit pas tout de suite. « Vol Parfait ! Dis-moi quelque chose, espèce de cinglé ! » Sans se défaire de la protection ridicule de ses br as, Vol Parfait tourna la tête vers la voix. Il aperçut Salto Angel, qui descendait vers lui en rappel. « Ça va ? Dis-moi que ça va ! C’était quoi, ce vol ? — Je… je crois que je l’ai eu. » Salto le regarda, entre admiration et incrédulité. « Tu crois ? — Ouais. Il faut remonter pour vérifier. Et pour prendre la… dent. — Je viens avec toi », fit Salto Angel d’un ton qui ne prêtait pas à discussion. Vol Parfait ne répondit rien et s’efforça de déplier son corps douloureux. Lentement, il remonta vers l’entrée de la grotte, conscient que le vol qu’il venait de vivre s’étalait sur quelques clous seulement, alors qu’il avait eu l’im pression de dévaler la Falaise tout entière. Salto Angel se hissa sur la vire et sortit une autre torche de son sac. Il l’embrasa, saisit son épieu, avant de sourire pour mieux masquer son angoisse. « Je sais pas ce que t’as fichu là-dedans, mais j’étais à deux doigts de te rejoindre pour lui botter les fesses moi-même, à ton iguane. » Vol Parfait ne répondit rien et entra de nouveau dans la grotte. Il ramassa sa torche sur
le sol et se dirigea directement vers le fond. Déso rmais, la peur avait disparu, laissant place à l’impatience. Si la bête avait survécu, elle l’égorgerait et aurait bien mérité sa victoire. Dans le cas contraire… Il avança, conscient du silence environnant, et soudain, au détour d’un recoin, l’image apparut. « Par le Néant destructeur », souffla Salto Angel en le rejoignant. Devant eux, prisonnier de la colo nne rocheuse, entravé, étranglé par la corde, se tenait l’iguane à dents de sabre, les yeu x exorbités, la langue gonflée et sortie. Mort. Sa crête était retombée, plus aucune goutte d e sang ne s’écoulait de sa blessure à la gorge. Sans hésiter, Vol Parfait approcha la flamme de sa cuirasse. Il tendit le bras, toucha ses écailles froides d’un geste respectueux. « Tu l’as eu, murmura Salto Angel. Tu l’as vraiment eu. Mince, t’es un homme maintenant. » La remarque cueillit Vol Parfait. Il pensa à Petit Chat et à la cordée qu’il allait pouvoir fonder. Une joie soudaine parcourut son corps tout entier et ne demanda qu’à éclater, mais il s’efforça de la contenir. « Une pierre, dit-il. Il me faut une pierre. — Voilà », répondit aussitôt Salto Angel. Vol Parfait fit un pas en direction de la gueule de la bête. Il regarda les deux crocs gigantesques.Le droit, pensa-t-il.Le gauche est ébréché. Un sourire prudent illumina son visage. Il abattit la pierre de toutes ses forces à la racine de la dent et la retira dans un cri triomphal. Salto Angel se joignit à lui et pendant ce qui leur sembla un long moment, ils restèrent là, à hurler leur joie, leur soulagement, leur fierté d’avoir passé l’épreuve.
2
Lorsque Vol Parfait posa le pied sur la cassure, il ressentit une curieuse impression. Tout autour de lui, le clan vaquait à ses occupatio ns et personne n’avait fait attention à eux. Habitués aux allées et venues des uns et des autres pour s’approvisionner en bois ou en nourriture, les gens ne s’attardaient pas sur les retours d’expéditions. Trop loin, trop pris pour réaliser l’importance de l’expédition en question, ils ne témoignèrent aucune joie, comme se l’était imaginé Vol Parfait lors de sa descente. Alors, Salto Angel, bouillonnant d’envie, remplit avec joie son rôle de témoin. Il prit une profonde inspiration, écarta les bras dans un geste théâtral, et se mit à crier le signal de ralliement. « Hôm ! Hôm ! Hôôôôm ! » Aussitôt, les personnes les plus proches, interloqu ées, se redressèrent, cherchèrent la source du signal et vinrent enfin poser leur regard sur la cordée, un instant auparavant insignifiante. Les cris se mirent à jaillir dans un brouhaha d’abord sauvage qui s’organisa pour résonner bientôt à l’unisson. « Hôm ! Hôm ! » Vol Parfait vit les corps s’agiter, accourir dans leur direction. Deux lignes humaines se formèrent sur le plateau, leur laissèrent un étroit passage jusqu’au campement. Le chemin se dessina, bordé d’hommes, de femmes, d’anciens, d e jeunes, de tanneurs, de tisseurs et autres outilleurs. Ils étaient tous là. Vol Parfait, gonflé de fierté, mais aussi terriblement timide, tétanisé à l’idée de marcher au milieu de cette foule, n’osa pas avancer. Ce fut Salto Angel qui le poussa. Docile, il se laissa faire, mit un pied devant l’autre. Alors qu’il connaissait le visage de tout le monde, il lui sembla ne pas en reconnaître la majorité, s’en inquiéta un instant avant de réaliser que l’émotion , l’adrénaline qui affluait et refluait en lui rendait le monde flou sur une bonne centaine de clous à la ronde. Il avança au milieu des cris scandés en son honneur, distingua des sourires, des visages graves, attentifs, respectueux. À un moment, il releva la tête et aperçut Fantomastic. Il faillit trébucher, son visage se tendit, mais il se rendit compte que celui qui lui avait fait tant de misères dans sa jeunesse le félicitait. Ses yeux semblaient voilés, éteints, et il
hurlait avec un enthousiasme non dissimulé. Mal à l ’aise, Vol Parfait pressa le pas. Comme le voulait la tradition, les cris le portèrent jusqu’à son campement, qu’il...
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