Cœur de Mission

Guy Jouannade

Description

Un parcours de vie exceptionnel sur trois continents, au service des plus pauvres.

Paul Guerry, 26 ans, ordonné prêtre des Missions étrangères de Paris (MEP), embarque en 1948 pour l'Indochine. Panne, escale forcée à Djibouti, transfert sur un autre bateau. Visites de Colombo et de Singapour, débarquement à Haïphong. Le train pour Hanoï saute sur une mine. Après 50 jours de voyage, le père Paul arrive dans un pays en guerre coloniale. En 1953, le missionnaire et ses paroissiens sont refoulés dans la plaine de Diên Biên Phu. Le père Paul soigne les blessés lors de la bataille. Prisonnier du Vietminh pendant trois mois, libéré, son supérieur lui demande de repartir en Asie. Il refuse. Contraint de démissionner des MEP, le père Paul part fonder une paroisse au Brésil. Pour ses oeuvres sociales, le père Paul Guerry est fait Chevalier de la légion d'Honneur et Citoyen d'Honneur de l'État de Rio de Janeiro. Il décède à l'âge de 69 ans, au terme d'une vie exceptionnelle au service des pauvres. Faut-il que le père Paul Guerry soit réintégré, à titre posthume, dans la Société des MEP ?

Sa famille s'y oppose. Des confrères pensent que c'est réparer une injustice. L'avis du supérieur général actuel de la Société peut surprendre. Dilemme.

Sujets

• Asie
• Inde
• Ði?n Biên Ph?
• Rio de Janeiro
• Fiction
• Voyage
• Dien Bien Phu

Informations

• Publié par: Nombre7 Editions
• Date de parution: 11 mai 2020
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782381530826
• Langue: Français

Extrait

Cœurde Mission
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GuyJouannade



Cœurde Mission
Dumême auteur



Anseen Beaujolais : Guide du patrimoine, archéologique,architectural, artistique, éditions IRCATEM, 2018.

Châteaudes Tours, Anse .Préface de Monique Fraisse de l’Académie deVillefranche et du Beaujolais, éditions IRCATEM, 2014.

Lestrois flèches de Saint-Pierre ,éditions IRCATEM, 2012.

Sénégal'Anse,du coup de cœur au développement concerté ,préface d'Audrey Rigault, éditions du Poutan, 2011.

Énigmesde la Libération , Anse, 3 septembre 1944 ,éditions IRCATEM, 2009.

Visuelspour exposés et présentations ,éditions IRCATEM, 1999.

Lerôle formateur de l’encadrement ,Faculté de sciences économiques et de gestion,Université Lumière Lyon 2, 1993
.

Lacommunication visuelle, Rétroprojecteur micro-ordinateur ,en collaboration avec Claire Belisle , éditionsd’Organisation, 1987.
Premièrepartie
Voyagevers la mission


Embarquementà Marseille
Lejour du départ, vendredi 12 novembre 1948, au matin,se déroule une messe à Notre-Dame-de-la-Garde. Le pèrePaul Guerry fait partie des sept missionnaires arrivés laveille à la gare Saint-Charles. Les derniers achatsindispensables, le casque et la chaise longue pour le bateau, sonteffectués. Le minibus arrive à la Joliette, puis auquai où est amarré le Cap Tourane. À11   heures, Paul embrasse son frère André,puis gagne la passerelle pour rejoindre le pont supérieur.C’est vraiment le départ. Une fois monté àbord, il est impossible de redescendre.

L’après-midi,les derniers chargements de marchandises s’achèvent.Enfin, les troupes du Corps expéditionnaire embarquent. À17 heures, un coup de sirène annonce le départ. Unquart d’heure plus tard retentit un second coup. La passerelleest enlevée, deux remorqueurs, un à la proue et l’autreà la poupe, dégagent le paquebot du quai. Le CapTourane glisse lentement sur les flots vers la haute mer. Lesmatelots chantent et quelques mouettes évoluent dans le ciel.Les missionnaires entonnent un Salve Regina .

Compagnonsde voyage
Parmiles 700 personnes à bord, voyagent en troisièmeclasse environ 400 militaires et en première classe,150 civils et officiers, dont les missionnaires. La glace estvite rompue et de plus, il s’est créé uneambiance assurément fraternelle. Les cabines accueillentchacune quatre personnes. Le père Paul côtoie les pèresCharmot, Grall et Faugère, tous trois se rendant au nord del’Indochine. Le père Claude Charmot est né sixmois plus tôt que Paul, dans le diocèse d’Annecy.Ils sont conscrits, comme célébrés chaque annéedans le Beaujolais natal du père Paul. Soumis à la loidu Service du Travail Obligatoire du fait de son appartenance àla classe 1942, le père Charmot a quitté Paris ets’est réfugié chez ses parents en Savoie, pour nepas aller en Allemagne. Ce qui explique qu’ayant étéadmis au séminaire des Missions étrangères deParis (MEP) en 1941, il ne l’intégrât que le31 octobre 1943. Le père Claude Charmot a étéordonné prêtre un an plus tôt que le pèrePaul, jour pour jour. Tous deux sont affectés à lamission de Hung Hoa en Indochine. Le père Joseph Grall est néen 1919 dans le diocèse de Quimper, puis ordonné prêtreen 1943 — le même jour que le Père Charmot —,et affecté à la mission de Hué. Quant au pèreJean Faugère, il est né en Haute-Loire en 1921, dans lediocèse du Puy, a été ordonné en avril1946 et part pour la mission d’Hanoï. Dans une autrecabine se trouve le père André Franchineau, nédans les Deux-Sèvres un an plus tard que Paul, mais ordonnédans la même promotion. Il est affecté à lamission de Thakhek au Laos.

Samedi 13 novembre,9 h 45. À bâbord, la côte de la Corse sedessine. Sa silhouette rocheuse se dégage progressivement,jusqu’au détroit de Bonifacio. À 13 h 45,la côte de la Sardaigne apparaît à tribord.À 14 h 30, le détroit est franchi et lenavire approche de Messine.

Dimanche 14 novembreest la première journée du Seigneur en mer. Dans lesalon transformé en chapelle, de nombreux civils et officierspeuvent venir s’unir au sacrifice Saint qu’offre le pèreFaugère. Atmosphère de prière et derecueillement. À 10 heures, dans la salle de jeux aussitransformée en chapelle pour les sous-officiers et les hommesde troupe, le père Paul explique la messe que célèbrele père Grall. Assistance peu nombreuse, mais attentive auxgestes et paroles du prêtre. À 15 h 30,premier exercice de sauvetage. Dès 20 heures, lespremiers phares de la côte s’allument, les premièreslueurs italiennes et siciliennes scintillent. Le détroit deMessine est proche.

Lundi 15 novembre,le navire fend la pleine mer. Jusqu’à présent,les voyageurs jouissent d’un temps splendide. Avec d’autrespères, le père Paul est initié àl’annamite. Forts de leurs longues années d’études,les missionnaires redeviennent pour quelques instants des petitsenfants   ; ilscommencent leur apprentissage par l’alphabet, comme àl’école maternelle. L’arrivée àPort-Saïd est prévue jeudi 18. L’arrivéeà Saïgon est programmée pour le 11 décembre.Le débarquement à Haïphong, port d’Hanoï,est annoncé autour de Noël. Tous les passagers qui ontdéjà fait le voyage assurent que cette saison est lameilleure pour aller en Asie.

Mardi 16 novembre,comme tous les matins, les missionnaires se lèvent à6 heures et se rendent aux salons dire leurs messes, en unionavec l’offrande de toutes les messes qui se disent dans lemonde. Les autels portatifs rendent d’immenses services, car ilspermettent de célébrer la messe en voyage ou dans deslieux sans église ou chapelle. Chaque autel représenteune considérable richesse au sens propre, et plus encore entant que symbole. La mallette de transport comprend une pierre plate,en marbre ou autre matériau, dans laquelle sont scelléesdes reliques de martyrs, consacrées par un évêque.Les vases sacrés sont le calice — symbole de la coupe devin que Jésus a pris au cours du dernier repas avec sesdisciples ( «   Ceciest mon sang   »)—, la patène, une sorte d’assiette métalliquedestinée à recevoir les hosties — ( «   Ceciest mon corps   »)—, deux burettes — flacons contenant l’un de l’eau,l’autre du vin —, enfin le ciboire — vase aveccouvercle destiné à recevoir et à transporterles hosties consacrées au cours de la messe et nondistribuées, et qui le seront lors des prochains offices.Également complètent l’autel portatif, un christen métal ou en bois, deux chandeliers, différentsornements et nappes nécessaires au prêtre ainsi qu’unepetite cloche servant à marquer le temps de la consécration les deux élévations successives,du Corps, et du Sang.

Mercredi 17 novembre,les eaux bleues de la Méditerranée se teintent de vert,troublées par la présence de limons du Nil. Ellesannoncent la proximité de l’Égypte.

Séjourimprévu à Port-Saïd
Jeudi 18 novembre,vers 9 heures, Port-Saïd est en vue. Tous les passagersaccoudés au bastingage scrutent l’horizon et peuventdistinguer, au fur et à mesure que le bateau approche, lephare de Port-Saïd, puis les maisons sur le littoral, la statuede Ferdinand de Lesseps dressée sur la jetée,enfin les palais, les buildings et les enseignes de la grande cité.À 10 h 30, le navire arrive à se frayer unpassage à travers les paquebots et autres bateaux présentsdans le port, et jette l’ancre.

Deshaut-parleurs annoncent que les passagers peuvent descendre àterre, jusqu’au soir, après avoir fait viser leurpasseport par la police locale qui doit monter à bord. Il estprécisé qu’il e