De l arthrite et un colt
151 pages
Français

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De l'arthrite et un colt , livre ebook

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Description

Goatown, Dakota du sud, année 1876…
Dans l’obscurité qui entourait le Serpent, d’effrayantes griffes apparurent, puis une fine main aux longs doigts s’approcha. Un avant-bras à l’ossature saillante permit au poignet de se mouvoir librement et à la main de prendre de l’élan. Un violent coup de la paume étourdit Davy, un second lui rendit ses pensées et un troisième finit d’établir les connexions entre l’âme et sa nouvelle enveloppe charnelle. Les paupières s’ouvrirent enfin…

Informations

Publié par
Date de parution 25 septembre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312069227
Langue Français

Extrait

De l’arthrite et un colt
Clément Cahagne
De l’arthrite et un colt
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06922-7
Chapitre I
Année 1876, dans les Black Hills, territoire du peuple Lakota depuis le traité de Fort Laramie huit ans auparavant. Moins de deux années s’étaient écoulées depuis que le Général George Armstrong Custer avait apporté la nouvelle de l’existence de gisements aurifères dans la région et, déjà, une armée de colons était venue s’y installer. Ces derniers s’étaient vite organisés : les orpailleurs, qu’ils fussent fortunés ou malheureux, et leur famille avaient bâti leur nid. Les hommes ou femmes d’affaires avaient, dès les premiers jours, convoité les pépites d’or fraîchement trouvées faisant ainsi naître de nombreux établissements destinés aux divers plaisirs. Les politiciens quant à eux avaient très vite cherché à instaurer ordre, justice et taxes pour cette masse de population à la richesse grandissante.
La ville de Deadwood était ainsi née, au milieu d’arbres morts et de buissons secs qui illustraient fidèlement la dureté de la vie des habitants dans ce décor. Deadwood était malgré tout promesse de fortune et attirait donc chaque jour nombre de nouveaux orpailleurs, de nouveaux colons et beaucoup de miséreux. Bandits et autres vermines s’y trouvaient bien eux-aussi, car l’or récolté se jouait ou se dérobait sans réel contrôle ni répression malgré les bonnes volontés du gouvernement à y instaurer un ordre public. La justice était impuissante et la masse était soumise à la loi du plus fort.
Octobre 1876. La défaite du Général George Armstrong Custer lors de la célèbre bataille de Little Big Horn était encore dans tous les esprits, et le mythe de Wild Bill Hickok se racontait toujours malgré le récent trépas de son héros dans la ville de Deadwood. L’insécurité qui régnait au sein de la ville et les fréquentes attaques indiennes n’avaient pas suffi à entamer la motivation des chercheurs d’or qui entretenaient chaque jour, par leurs heureuses trouvailles, l’attractivité de la région. Cependant, certains colons avaient fait le choix de s’installer ailleurs dans les collines. Peu s’en souviennent, mais une autre petite ville s’était créée dans la région des Black Hills, en marge du quotidien violent de Deadwood : la ville de Goatown.
Goatown a aujourd’hui disparu et sa modeste histoire n’a pas traversé les âges. Elle comptait à peine plus de trois cents habitants. Ces derniers étaient peu nombreux comparés aux trois mille occupants de la riche et inoubliable ville voisine située à deux longues journées de cheval de là. Pourtant, une comédie singulière y prit place cette année-là, quand le légendaire Davy Regard de Serpent y fit une halte pour la nuit.
Chapitre II
Le salon poussiéreux était encombré de riches meubles en bois d’acajou, dont la plupart avait été fabriqués dans les Caraïbes trois décennies plus tôt. Les murs étaient ornementés de peintures à huile rappelant pour certaines les paysages verdoyants du vieux continent, pour d’autres les tenues agrestes de sa population du siècle passé. Dans un coin de la pièce, un large pot en terre cuite emprisonnait les racines d’un jeune arbuste haut d’un mètre et demi. Cet arbuste était en bonne santé. Ses feuilles vertes et dentelées étaient nombreuses, ses branches étaient presque aussi robustes que son tronc, et ses grappes de fleurs aux longs pétales dorés s’épanouissaient. Il s’agissait d’un hamamélis comme il en poussait partout en Amérique du Nord , et également dans les Black Hills . Son propriétaire avait voulu avoir le sien, chez lui, dans son salon. On disait que les Indiens en utilisaient les feuilles pour stopper les hémorragies et les fleurs pour soigner les problèmes inflammatoires, ou peut-être était-ce l’inverse… Quoi qu’il en fût, son propriétaire aimait le savoir à ses côtés pour ces vertus ; car sa santé à lui n’était pas aussi bonne que celle de l’arbuste.
Il n’y avait aucun autre bruit que le grincement d’une vieille chaise à bascule en bois sur le parquet abîmé du salon. Elle berçait son occupant, protégé de la bruine qui humidifiait la ville et mouillait le carreau d’une fenêtre qui donnait sur la rue principale de Goatown. L’assise du fauteuil accueillait un séant affaissé par les nombreuses heures passées à se reposer, immobile, et un bassin endolori par une affreuse tenue.
La chaise à bascule soulageait les jambes fatiguées et fragiles d’un vieil homme. Sa barbe fournie contrastait avec son insuffisance capillaire. Il avait le ventre replet, les doigts potelés et les cuisses charnues. Mais ce physique peu engageant était largement compensé par une personnalité jugée avenante par ses voisins, aimante par sa famille, et séduisante par celle qui partageait sa vie. L’âge, bien qu’il ne l’embellît pas, avait cependant eut la bonté de le doter d’un charme de plus en plus remarquable, et remarqué.
Le nom que portait le propriétaire de cette longue et épaisse barbe blanche était aussi ordinaire que les diverses péripéties des dernières soixante-huit années de sa vie. « Vieux Jack », comme on le surnommait dans toute la ville, avait deux fils et quatre petits-enfants. Il n’aimait pas qu’on le lui fît remarquer, car il avait à cœur de ne vexer personne, mais la plus jeune de ces derniers était sa préférée : elle avait cinq ans et était la seconde dame de sa vie. Tom et Charles, ses deux fils qu’il avait transformés en hommes avec l’aide de son épouse, n’habitaient plus Goatown. Ils avaient tous deux quitté la dureté de la vie dans les Black Hills pour aspirer à une routine moins pénible sur la côte est. Tous les deux ans, quand se terminait le mois d’octobre, la famille se retrouvait au grand complet dans la modeste demeure familiale. La durée du voyage comme le prix élevé des billets du train à vapeur qui reliait la côte est à la ville de Bismarck empêchaient des retrouvailles plus fréquentes.
Si Tom, l’aîné, et Charles, le cadet, avaient, l’un comme l’autre, d’excellentes compétences en comptabilité du fait de leurs études dans l’immense Nouvelle-York, la mauvaise conjoncture du marché du travail dans ce domaine ne leur avait pas permis de faire fortune. Ils gagnaient tout juste de quoi loger et nourrir leur famille. Le prochain départ pour les Black Hills représentait donc un coût, mais était néanmoins un heureux événement que tous attendaient avec beaucoup d’impatience.
– Jack ?
– Mmh ? fit la barbe sans prendre la peine d’ouvrir les yeux.
– Es-tu passé chez le blanchisseur ?
– Le blanchisseur ?… Oh oui ! Le blanchisseur, toussa le vieux Jack en s’éveillant soudainement.
Il se hâta de quitter son Rocking-Chair. Il avait promis à sa femme de passer chercher les vêtements lavés à la blanchisserie avant le dîner. L’heure qu’indiquait sa montre à gousset lui imposait de se hâter s’il voulait honorer sa promesse.
– Ne te presse pas tant, conseilla sa femme. Tu sais bien que tes vieux os ne le supporteraient pas.
– J’ai l’habitude de mes vieux os, mon amour. Ils me font grand mal, mais si je ne compose pas avec eux autant considérer que ma vie s’achève ici, maintenant… lui répondit-il, un sourire aux lèvres.
– Je suis heureuse de t’entendre dire ça ! À te voir flâner dans ton fauteuil toute la journée, je finis par douter de ta bipédie !
– Ce n’est pas très aimable de te moquer de mon état, grogna le vieillard d’un ton amusé.
– La prochaine fois, j’ose espérer que nous sortirons ensemble, tous les deux, pour une promenade.
– Nous verrons bien, dit Jack l’air absent.
– Mmh, douta la femme. Faut-il encore que je te fasse promettre ?
– Mais non, mais non, ricana le vieux. Bon, je suis prêt, il faut que j’y aille !
– Ne te casse rien, ajouta-t-elle avant son départ.
Jack rassura sa dame d’un signe de tête et sortit.
Mary était une femme de cinq années moins âgée que son homme, au tempérament toujours pétillant et d’allure coquette. Depuis toujours (car, à leur âge, Mary pensait qu’on pouvait se permettre d’omettre les quinze premières années de leur existence) elle partageait la vie de Jack. Elle aimait son lendore de

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