De la poussière sur les talons
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De la poussière sur les talons , livre ebook

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Description

Le monde n’allait déjà plus très bien depuis que le soleil avait décidé de ne plus se lever. À présent qu’il se désintègre, ce sont tous les repères des hommes qui s’effondrent... ceux qui, du moins, survivent pour en parler.


J. fait partie de ceux-là. Jeté hors de chez lui par le morbide phénomène, il entreprend une croisade sans fin pour sa survie, emportant dans son sillage celles et ceux qui se décident à le croire. Youssouf, l’imprévisible géant, Ruault le faiseur de clefs, Zlieiliana la mendiante... Ensemble, ils avancent, la poussière sur leurs talons, à la recherche d’un moyen de mettre un terme à cette implacable apocalypse. Peut-être le trouveront-ils au cœur du mythique Palais des rêves assombris, oublié de tous...


À moins que la clef ne réside dans ces musiciens que tous rencontrent tôt ou tard, et qui ont entrepris de suivre le petit groupe ?



De la poussière sur les talons est une première incursion de Sylvain Lamur dans la fantasy. Il nous propose une course trépidante dans un univers atypique, captivant et dramatiquement absurde.


Son premier roman Quaillou, (Rivière Blanche, 2017) a été finaliste du prix Rosny aîné.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2019
Nombre de lectures 6
EAN13 9782374537061
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Le monde n’allait déjà plus très bien depuis que le soleil avait décidé de ne plus se lever. À présent qu’il se désintègre, ce sont tous les repères des hommes qui s’effondrent… ceux qui, du moins, survivent pour en parler.
J. fait partie de ceux-là. Jeté hors de chez lui par le morbide phénomène, il entreprend une croisade sans fin pour sa survie, emportant dans son sillage celles et ceux qui se décident à le croire. Youssouf, l’imprévisible géant, Ruault le faiseur de clefs, Zlieiliana la mendiante… Ensemble, ils avancent, la poussière sur leurs talons, à la recherche d’un moyen de mettre un terme à cette implacable apocalypse. Peut-être le trouveront-ils au cœur du mythique Palais des rêves assombris, oublié de tous…
À moins que la clef ne réside dans ces musiciens que tous rencontrent tôt ou tard, et qui ont entrepris de suivre le petit groupe ?

De la poussière sur les talons est une première incursion de Sylvain Lamur dans la fantasy. Il nous propose une course trépidante dans un univers atypique, captivant et dramatiquement absurde.
Son premier roman Quaillou , (Rivière Blanche, 2017) a été finaliste du prix Rosny aîné.
DE LA POUSSIÈRE SUR LES TALONS
Sylvain LAMUR
Collection du Fou
« Le soleil ne se lèvera pas demain » n’est pas une proposition moins intelligible que l’affirmation « il se lèvera. » David Hume, Enquête sur l’entendement humain .
Je remarquai aussi le singulier phénomène d’histoire naturelle que produisit le navire naufragé. Il avait donné, comme il me semblait, sur la pointe d’un rocher qui ne se trouvait qu’à trois brasses au-dessous de l’eau, et avait été jeté sur le côté en coulant à fond. Il descendit sur un immense arbre à homards dont il abattit un grand nombre, lesquels tombèrent sur un arbre à écrevisses qui était moins haut. Comme l’événement arriva précisément au printemps et que les homards étaient encore fort jeunes, ils s’accouplèrent avec les écrevisses et produisirent un fruit nouveau qui ressemblait aux deux espèces à la fois. Je voulus, à cause de la rareté du fait, en emporter un exemplaire ; mais la chose m’était d’une part trop difficile, et de l’autre mon Pégase ne voulait s’arrêter ni se tenir tranquille. Du reste, j’avais déjà fait la moitié de mon chemin et je me trouvais dans une vallée située au moins à cinq cents toises au-dessous de la surface de la mer où je me sentis horriblement incommodé, n’ayant pas d’air à respirer. Münchausen, Mes Aventures.
1
Cela faisait des mois que la pendule ne marchait plus. L’essence qui alimentait le frigo ne donnait rien non plus, et l’eau de la douche restait sale et froide.
Il y eut comme un plop , claquement mollasse distordant l’air – puis tout se remit en marche. La pendule d’abord ; la radio, ensuite, qui se mit à balancer une musique vieillotte et triste aux sonorités crachotantes. Peu à peu, tous les appareils de la baraque en ruine repartirent, plus ou moins correctement. L’odeur même de la pièce se fit plus intense, révélant les senteurs endormies depuis des lustres et qui se teintaient à présent d’aigreur.
Les rats et les blattes reprirent leur danse joyeuse dans les creux secrets des murs de la maison. La table rectangulaire, la seule de toute l’habitation, s’effondra en un nuage de poussière.
J. ne fut pas vraiment surpris. Impressionné, oui ; s’habituer au phénomène était raisonnablement impossible. Mais il n’était certainement pas surpris. En vérité, cela faisait des jours qu’il guettait ce moment, se demandant juste combien de temps il pourrait encore attendre avant de s’en aller enfin. Et s’il aurait, alors, le temps de sortir – mais il savait que oui. S’il devait se fier à ce qu’il avait pu observer jusqu’alors, il avait quelques heures devant lui. Il y avait des signes annonciateurs, il suffisait de les reconnaître. Ses voisins s’étaient laissés piéger, comme la plupart des villageois, mais lui ne commettrait pas cette erreur.
J. était le dernier ici ; le seul à avoir voulu rester jusqu’à la fin. À moitié par défi, à moitié pour honorer jusqu’au bout cette vie qu’il avait aimée et qui touchait à son terme. Les autres avaient soit quitté le village avant l’effondrement silencieux de leur demeure, dès les premiers arrêts mécaniques, soit péri à l’intérieur.
Aujourd’hui, c’était son tour. Il avait d’ailleurs tout préparé, déjà… Tout : c’est-à-dire, pas grand-chose en vérité.
Dehors, la pluie se remit à tomber. Elle s’infiltrait à l’intérieur, par les gouttières du toit percé, ruisselant le long des murs qui semblaient n’attendre que ce prétexte pour s’effriter un peu plus.
Ça n’était pas dérangeant. Cette pluie-là était chaude. J. se versa un verre de vin, d’un vieux vin de lilas qui n’aurait pas dû se racornir de la sorte. Cependant, dans le fond, il l’aimait mieux ainsi, moins sucré. Une fenêtre s’ouvrit, grinçant lentement. Le vent. Un oiseau ne tarderait pas à s’engouffrer également dans la demeure du jeune homme.
Il était temps que cela se termine : l’isolement provoquait chez J. des réactions étranges, comme ces espèces d’anticipations fugaces dont il était victime.
Il se rendit dans le coin de la pièce où se trouvait la douche – au nord-est, exactement. Le précédent propriétaire avait peint sur le sol un plan fléché des quatre points cardinaux, de près de trois mètres d’envergure, orné de décorations complexes, mêlant enluminures médiévales et symboles runiques, le tout en blanc sur fond noir clair. Sorte de boussole domestique sur laquelle les pas du jeune homme laissaient des traces floues dans la poussière.
Il se déshabilla, entra sous la douche. Il n’avait à vrai dire pas de salle de bains : son logis était constitué d’une seule pièce où se trouvaient, éparpillés dans les coins, les toilettes, la cuisine, la douche et son lit, ainsi qu’un petit bar en bois qu’il avait fabriqué autrefois, quand les gens venaient lui rendre visite. À l’époque où les gens se rendaient encore visite.
Il fit couler l’eau. Elle était… vieille, comme moisie. Et froide.
Un oiseau entra par la fenêtre ouverte : blanc, assez grand, des yeux ronds. Il se posa sur le dossier de l’une de ses chaises en métal. Curieux, il observait J., qui lui adressa une grimace. Le volatile ne bougea pas une plume.
Sous la douche, le temps semblait ralentir, couler de façon presque aléatoire. À moins que ce ne soit l’eau elle-même qui n’en fasse qu’à sa tête. Dehors, la tempête avait succédé à la pluie. La maison s’était assombrie, s’accordant spontanément à la lumière extérieure. Le vent fit claquer la fenêtre – l’un des carreaux se brisa. L’oiseau, apeuré, s’en fut jouer avec les rats et les blattes à l’autre bout de la pièce.
Le jeune homme sortit de la douche et, sans prendre le soin de se sécher entièrement, il enfila ses vêtements.
Au loin, rendue presque inaudible par les violences de la tempête, s’éleva une douce musique. J’arrive.

*

Il ne prit qu’à peine la peine de se sécher avant d’enfiler ses vêtements. Ensuite, il mit son long manteau de velours vert fade, dans les poches duquel il enfouit son harmonica, un jeu de cartes, et sa blague à tabac. Des allumettes, aussi. La musique, comme si elle se rapprochait, gagna en volume. Tendant l’oreille, il parvint à distinguer un violon, un tambourin et… quoi d’autre ?
Par la fenêtre du mur sud-est, J. observa la plaine avant de sortir. La tempête se déchaînait, furieuse. La lune, rouge sang virant sur l’orange, était énorme. Depuis que le soleil était passé de l’autre côté de la Terre – et y était resté – elle était devenue le dernier repère des hommes. Leur ultime témoin de l’existence du soleil, par la lumière qu’elle leur transmettait, plus fort que jamais, et de leur place de l’univers.
Il passa devant le miroir avant de sortir, entr’apercevant sans y prendre garde son reflet d’homme maigre, ses cheveux noirs mal coiffés.

*

Dehors…
L’air était rouge, et la tempête toujours plus violente soulevait des nuages entiers de terre et de sable, qu’elle écrasait aussitôt sous le poids de ses eaux. Quelques gouttes ricochaient jusqu’à l’intérieur pour venir mourir en roulant aux pieds de J. Le regard de ce dernier se porta au loin, sur l’une des dernières maisons encore debout. Il n’en restait plus qu’une dizaine, et elles continuaient de disparaître, s’effondrant en poussière sans raison apparente, mais avec une méthodique obstination. La ville avait fait place, peu à peu, au désert. À l’immense désert… Qu’y avait-il, au-delà ? J. n’en avait pas la moindre idée. Il ne s’était même jamais posé la question. Mais, l’un dans l’autre, c’était un mal pour un bien : il le saurait bientôt.
Il voulait malgré tout attendre encore un peu, que la tempête se calme.
Il s’assit. Se roula une cigarette, qu’il alluma aussitôt.
Sa cigarette terminée, J. attrapa la bouteille de vin et se servit un verre. Il le but d’un trait, ou presque. Puis il se fit cuire un morceau de steak qu’il avait trouvé au fond du frigo, au nord.
À table.
La viande prenait dans sa bouche une consistance caoutchouteuse, sans goût. Écœuré, il décida de mettre un terme au supplice en repoussant son assiette.
Il attendit. Les jambes croisées, il lut un livre – le seul qu’il lui restait, celui d’Edgar Hings, Le Palais des Rêves Assombris . Comme d’habitude, il se laissa porter par le rythme des mots jusqu’à ce que la tempête se calme, prenant régulièrement conscience de ce qu’il s’était échappé de sa lecture, comme flottant dans une bulle, hors du temps. Cela lui faisait toujours cet effet avec ce livre : il ne comptait plus les fois où il l’avait repris, sans jamais parvenir à la fin. Comme si l’auteur avait voulu, sans jamais réellement l’endormir, ne déclencher qu’une vaine rêverie dans laquelle son lecteur se fût égaré.
Il s’aperçut de l’état de la maison en revenant au monde. Cela avait empiré. Certains meubles s’étaient effondrés, sans même qu’il les entende, et la pendule s’était à nouveau arrêtée. Pris de panique, J. attrapa son chapeau, s’empara du petit sac de nourriture qu

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