Des étoiles Rouges et Blanches
83 pages
Français

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Des étoiles Rouges et Blanches , livre ebook

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Description

Julien Cramey doit se marier à la fin de la semaine, mais avant ça, il a un truc à vérifier.
Un truc obsédant comme un enfant au regard étrange et sa trop charmante mère célibataire.
Un truc comme une pinède fréquentée par des terroristes trop aimables et des ravisseurs trop malins.
Un truc comme un jardin où le sable blond absorbe le sang jailli à l’ombre des pins.
Un truc qui mène là où des étoiles rouges et blanches pavent les allées du meurtre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782363156143
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des étoiles rouges et blanches


Cédric Charbonnel

Cédric Charbonnel 2015
ISBN:979-10-262-0286-8
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Images
Regards
Urgences
Ce soir là
Vide
Brèves de vie
Rencontres
Fouineurs
Kenavo
Douleurs
Combats
Épilogue
Images
 

 
Sur la photo en noir et blanc, la plage de sable clair s’étire à l’infini le long d’une barrière d’écume. Même un œil exercé ne verrait pas les surfeurs attendant la vague idéale, mais Julien sait qu’ils sont là. Au-delà, la surface irrégulière et sombre de l’océan est tachée de moutons blancs.
Sur la gauche, on aperçoit un bout de la dune aux grandes herbes agitées par le vent. Un peu plus loin sur la plage, un nuage de sable témoigne d’une exceptionnelle rafale agressive qui deviendra pourtant bientôt la règle.
 
Le ciel est sans doute l’élément le moins accueillant de la photo, bien qu’il en occupe tout le tiers supérieur. Fort bas sur l’horizon, il surplombe l’océan d’une chape de plomb menaçante. Le sable paraît curieusement clair avec ce plafond d’orage annonçant des violences infernales comme la côte Atlantique sait en rencontrer en été. C’était pourtant en octobre : c’est écrit au dos de la photo. Cette année-là, l’été a eu des longueurs.
 
Dans le coin supérieur droit, il y a petit tache blanche qui est peut-être le cerf-volant de l’enfant.
 
Enfin, comme pour confirmer l’apparence de chaleur qui règne sur le cliché, une jeune femme apparaît sur la droite. Elle est dans cette posture délicate qui consiste à enlever une culotte pour passer un maillot de bain tout en maintenant la partie inférieure de son anatomie à l’abri des regards. Un léger paréo que le vent s’efforce de lui arracher fait office de cabine de plage et découvre une de ses jambes. Très souplement penchée en avant, tenant une culotte en dentelle claire encore passée autour de sa cheville, elle dégage un érotisme sage qui contraste avec la violence de l’orage en préparation.
 
En regardant cette photo, Julien regretta les autres clichés d’elle qu’il n’avait pas pris ; celui où elle partait bravement affronter l’océan, ou celui où elle revenait, le corps ruisselant de lumière.
Mais il y eut l’enfant.
 
L’enfant d’une dizaine d’années que voilà sur une autre photographie, le visage crispé par un effort teinté de bonheur, les pieds nus plantés dans la dune, tentant de maintenir un cerf-volant en papier journal, quelques secondes avant que la ficelle ne casse et ne le fasse dégringoler sur la plage…
 
– Alors gamin, on ne tient plus sur ses jambes, lui avait-il lancé d’un air jovial ?
Le garçon le regardait piteusement et des larmes semblaient vouloir perler à ses paupières, mais Julien Cramey le fit sourire. Puis rire.
Alors, l’adulte oublia la jeune naïade pour laquelle il nourrissait des projets dont la plupart n’étaient pas artistiques et se laissa perdre dans la plénitude éclairée du sourire d’un enfant.
– Je m’appelle Julien.
– Tiens, fit le grand amusé ? Enchanté Julien, je m’appelle aussi Julien.
 
Il ne restait que cette ultime photo, prise en le raccompagnant. Cette photo avec ce sourire-là, ce foutu sourire en 20×15 qu’il allait fourrer dans une enveloppe et renvoyer là où elle avait été prise.
 
Julien mit Julien sous enveloppe, lui colla un timbre et se sentit presque mieux. Il eut envie de fumer mais se retint. Cela faisait deux ans qu’il n’avait pas touché une cigarette.
Une heure plus tard, il mettait l’enfant dans une boîte aux lettres de la place de la Bastille à Paris. Cela étant fait, il se dirigea vers un pub Irlandais de la rue de la Roquette où l’attendait une vieille amie et commença à oublier.
Regards
 

 
Deux ans plus tard.
 
Julien Cramey regarda par la fenêtre. La nuit tombait sur l’Irlande. Une nuit poisseuse d’humidité après une journée abondamment arrosée par une tiède pluie d’août. Devant ses yeux, au-delà de la rue et de la maison d’en face, les collines saturées de vert commençaient à disparaître sous la brume.
Il retourna à son lit et ouvrit la valise cabine noire posée sur le couvre-lit fleuri qui vomissait du mauve par tous ses pétales. Il hésita à se munir du petit pistolet soigneusement rangé dans le couvercle du bagage. Parfois, avoir une arme sur soi rend les choses plus dangereuses. Il finit par se contenter de prendre son passeport et sa carte de presse. Et un vieil Opinel qui tomba au fond de la poche de son pantalon. Il ne fallait tout de même pas exagérer le désarmement !
Il referma soigneusement sa valise et quitta la chambre du petit Bed and Breakfast où il venait d’élire domicile.
 
Il ne croisa pas son hôtesse en bas de l’escalier, mais l’entendit s’affairer dans la cuisine. Il sortit sous un léger crachin, à moins que ce ne fût une lourde brume. Tout était silencieux dans ce village qui ne comprenait qu’une seule rue. En fait de rue, c’était même la route touristique qui longeait la côte du Kerry. Le hameau se composait d’une vingtaine de maisons parmi lesquelles on comptait trois pubs, chacun à l’enseigne d’une bière différente.
Il se dirigea vers celui surplombé d’une pinte noire emplie de Guiness.
 
Julien poussa la porte branlante dont le vitrail vert lança quelques éclairs humides sur les boiseries de la vieille salle. Des regards se tournèrent vers lui, puis s’en désintéressèrent dès qu’ils reconnurent le client du  Bed and Breakfast de la veuve O’Flaherty. Il referma la porte qui vibra en grinçant dans le silence feutré du pub.
 
Derrière le bar en bois sombre, une accorte Irlandaise discutait avec un rouquin couperosé entre deux âges et entre deux alcools. L’homme sirotait avec la force de l’habitude et l’obstination d’un taureau de combat un liquide ambré qui pouvait être du whisky. Un peu plus loin derrière le bar, une serveuse brune au visage adolescent essuyait des verres.
 
Julien fit quelques pas en direction de la petite cheminée fort accueillante avec son feu de tourbe silencieux et quasi inodore. Il retira son bonnet de laine constellé de petites gouttes, le secoua d’un geste et prit quelques secondes pour réchauffer ses mains au sombre rougeoiement de l’âtre.
 
D’un regard circulaire, il observa la grande salle meublée de bois sombre. Sur sa gauche, une jeune femme seule – qu’il prit plaisir à regarder tant il la trouva jolie – lisait un livre, un verre vide devant elle. À sa droite, un couple donnait la becquée à un bébé joufflu assis sur la table. Contre le mur du fond, le long duquel courait une banquette en cuir rouge passé d’âge, se tenait un solide gaillard à la barbe fauve et à la chevelure folle. Couleur du poil excepté, il évoquait un pirate Normand du haut moyen âge. Assis d

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