Dévorance
185 pages
Français

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Description

En cette douce nuit d’été, alors qu’un léger vent venait caresser les joues d’Eluna, la mort courrait vers elle, ouvrant sa gueule ténébreuse et insatiable. Ses pas n’arrivaient pas à la semer, bientôt elle fut rattrapée, déchirée et dévorée jusqu’à l’âme. La bête savourait ce délicat festin avant d’être interrompue, puis chassée. Les mois s’effeuillaient lentement au sein de l’école où elle avait été recueillie et soignée. Malgré les efforts de ses hôtes pour l’aider à renaître, Eluna n’aspirait qu’à une mort plus salvatrice que l’attente du retour de la bête… Être la proie du plus sanguinaire de tous les vampires n’avait rien d’anodin. Pourquoi elle ? Qu’avait-elle donc de si particulier ? La vie semblait s’acharner contre elle, l’obligeant à faire face à son destin. Partagée entre cette peur qui la rongeait et le désir naissant de pouvoir aider les hommes à lutter contre ces monstres, Eluna allait devoir choisir. Laissez-vous dévorer par cette lente descente aux enfers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2014
Nombre de lectures 6
EAN13 9782312021461
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dévorance

Filiz Le Chantoux
Dévorance
















LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-02146-1
Chapitre I : Enfer
« Mieux vaut allumer une petite lumière, que de maudire l’obscurité »
Confucius
F UREUR
Audren se leva d’un bond, courut vers la fenêtre et fouilla le paysage sombre de cette nuit d’été. Elle se retourna, et sonda du regard les moindres recoins de la pièce. Se plongeant de nouveau vers l’horizon, ses traits se durcirent et ses mains plaquées contre la vitre se crispèrent.
Elle sursauta au contact de la main de sa fille sur son épaule. Faisant volte face, elle se dégagea avec douceur et se rua vers le bar qu’elle enjamba d’un bond. Elle poussa une lampe encastrée dans le mur et écrasa un petit bouton noir. Le mur coulissa dans un léger cliquetis de verres et de bouteilles. Elle bourra ses poches, ses chaussettes et son chemisier de couteaux, de dagues et d’étoiles. Eluna, médusée, fixait un petit bracelet métallique que sa mère attachait à son poignet.
« Caolan ! Fais la sortir ! »
Eluna recula. Son père déboula, claquant la porte de son laboratoire contre le mur et blêmit en découvrant l’extrême pâleur de sa femme. Se ruant vers sa fille, il l’entraina au centre du salon avant de la lâcher pour écarter une lourde table basse en verre. Sous l’épais tapis que Caolan souleva, apparut une trappe qu’Eluna vit pour la première fois. Dans un râle d’effort, il l’ouvrit et se pencha prudemment au-dessus de l’ouverture. Il descendit l’escalier en pierres, raide et escarpé et tira sur le bras de sa fille qui ne se décidait pas à le suivre. Il se retourna furtivement vers Audren avant de refermer la trappe, le cœur éteint.
Un fracas monumental déchira l’atmosphère, ou se mêlèrent des bruits de vitres brisées et des hurlements stridents.
« Maman !
– Nous ne pouvons plus remonter ! Viens. »
Caolan refoula ses larmes, empoigna la main d’Eluna et continua sa descente.
Courant sur les traces de son père, Eluna s’essoufflait et peinait à s’orienter dans ces allées faiblement éclairées. Son cœur explosait chaque fois qu’elle se retournait et son corps bien trop rigide obligeait Caolan à la tirer régulièrement par le bras. Ce dernier se faufilait à travers les différents chemins avec une facilité déconcertante. Les relents de moisi ne semblaient pas l’affecter tandis qu’Eluna était au bord du malaise. Il s’arrêta brusquement et sentit le visage de sa fille s’écraser contre son épaule. D’un geste excédé, elle se frottait le nez en râlant. Il leva la main avec autorité, lui intimant de se taire. Face à eux se dessinait l’esquisse d’une issue dont les lumières de la lune perçaient l’obscurité de la nuit. Un grognement sourd ricocha sur les parois, réveillant dans la chair d’Eluna cette peur si familière qui la rongeait dans ses cauchemars.
Les doigts fébriles de Caolan cherchaient sur le mur un levier qu’il abaissa d’un geste brusque lorsqu’il le trouva. Les parois se mirent à trembler, un grondement résonna de plus en plus fort à mesure que l’onde s’approchait d’eux. Une lourde grille en fer s’abattit dans un crissement métallique, entre eux et la sortie, enfonçant ses larges pointes dans la terre sèche. Un épais nuage de poussière se souleva et Eluna se mit à tousser. Caolan était de marbre, fixant l’horizon avec la certitude que quelque chose allait se produire. Il n’attendit pas longtemps, un cri strident provenant d’une contre allée déchira leurs tympans. Caolan brandit son arme, la pointa vers sa fille et tira.
Eluna écarquilla les yeux, une mèche de ses cheveux se souleva au passage d’un courant d’air furtif. Elle fit volte face mais ne vit rien. Les cris avaient disparu. Emportée par son père, elle le suivit dans une direction opposée, une main enfoncée dans son ventre sans réussir à faire passer son point de côté. Avec la même expertise, Caolan condamna une nouvelle issue, faisant tomber une énorme grille devant la sortie. Cette fois, des ombres bondirent en piaillant leur mécontentement, s’agitant comme des bêtes informes. Les mains posées fièrement sur ses hanches, Caolan les toisait. Alerté par le cri d’Eluna, il se retourna et se rua vers elle. Dans sa précipitation, il glissa et perdit son arme. Un monstre enveloppa Eluna, enfonçant ses griffes dans ses épaules. Il la fit tomber par terre l’écrasant de tout son poids. Son visage s’approcha d’elle, sa main osseuse et difforme harponna son menton. Eluna n’eut pas le temps de voir qui l’attaquait, la chose explosa dans une flopée de confettis grisâtres.
Son père se pencha vers elle, son arme encore fumante à la main, et examina ses blessures. Elle ne bougeait pas, apathique. Elle se contentait de le regarder arracher la manche de sa chemise et envelopper ses plaies méticuleusement. Il l’aida à se relever et tous deux errèrent inlassablement parmi les galeries souterraines, condamnant chaque sortie qui se présentait devant eux jusqu’au moment ou Caolan renonça. Les épaules renfrognées, il retourna sous la trappe d’accès de la maison. Il étreignit Eluna, glissa ses doigts dans ses cheveux et déposa un tendre baiser sur son front avant de lui faire signe de monter l’escalier. D’un mouvement de tête elle refusa mais le regard assassin de Caolan la fit changer d’avis. Elle grimpa les marches et s’acharna pour ouvrir la lourde trappe. A peine l’eut-elle soulevée qu’elle la lâcha.
« Monte Eluna ! »
Les piaillements, plus intenses, crissaient de toute part, transperçant la tête d’Eluna. Elle tremblait en repoussant la trappe et fut si violemment alpaguée qu’elle crut que son bras allait s’arracher de son corps. Sa mère la tira vers elle, pendant que son pied refermait le passage. Les yeux d’Audren perdirent tout leur éclat quand elle condamna cet accès ; resteraient à jamais gravés en elle les cris de Caolan et les tirs frénétiques qui sonnèrent le glas. Elle resserra son étreinte autour de sa fille qui s’effondrait par terre.
Les ricanements de ces hyènes sortirent Eluna de sa torpeur, l’obligeant à faire face à cette étrange réalité. Les lieux étaient dévastés, des éclats de verre scintillaient comme un tapis de paillettes, les rideaux déchiquetés flottaient au vent, tels les voiles d’un bateau fantôme. La plupart des meubles avaient subi les frasques d’un ouragan et plus étrange encore, Audren savait se battre. Elle ne se contentait pas de se défendre, elle maitrisait parfaitement ses gestes, son espace et sa force : jamais elle ne manquait sa cible, faisant exploser ces bêtes dans une myriade de cendres volatiles, ses sauts légers et graciles lui donnaient une impression d’apesanteur et ses coups d’une force peu commune, étaient portés à leur juste mesure, sans gaspillage. Eluna fixait sa mère de ses grands calots verts quand des aiguilles déchirèrent son bras et l’obligèrent à participer à cette fête. Elle tenta de se dégager mais le monstre l’étouffa. Dans son regard aux lueurs rougeâtres se décelaient des intentions démoniaques. Ses traits étaient grossiers, mais ce serait presqu’un homme si on y regardait bien… Il lui griffa le cou, ouvrant sa gueule démentielle avant de voleter en poussières. L’étoile qu’Audren lui avait lancée continua sa course pour s’encastrer dans un mur.
Au même moment, une sordide fumée blanchâtre s’engouffra dans chaque recoin de la pièce, glaçant l’atmosphère. Chacun eut un mouvement de recul, et dans une parfaite synchronie, tous se mirent à genoux, le poing tendu vers le sol, en s’inclinant révérencieusement. Même Audren rendit les armes, fixant ce qui restait de la porte d’entrée. Ses jambes se mirent à trembler quand arriva une ombre longiligne. L’homme arborait un chapeau borsalino¸ une longue gabardine cintrée, et des chaussures en crocodile, faites main. Seule sa bouche était visible, sous les larges bords du feutre, affichant un croissant de lune montant vers le ciel. Il s’arrêta sur le perron et leva la tête.
« Bonsoir Audren. Tu ne m’invites pas à entrer ? »
Sa voix mielleuse contrastait avec le respect qu’il imposait de sa simple présence.
« J’aurai du me douter que c’était toi !
– Qui d’autre… voyons. Tu me déçois ce soir, quel manque de discer

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