Donoma
81 pages
Français

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Description

Dans un futur plus ou moins lointain, après une de ces guerres spatiales absurdes qui a vu la Terre triompher de Mars où vivaient des Terriens sécessionnistes, les hommes partent explorer d’autres galaxies. Les expéditions, voyages sans retour puisqu’il s’agit de coloniser des exoplanètes très lointaines, sont à chaque fois composées de trois types de population : des colons, des militaires et des scientifiques.




Après la lutte pour la survie que le colon Marko a vécu dans Esmeralda, le tome 1 des Voyages sans retour, c’est autour de Rand Duncan - militaire de profession -, d’assurer la sécurité des colons sur Donoma, une planète désertique du système de Gamma Serpentis, où apparemment rien ne vit.



​Apparemment.



L’exploration des déserts de la planète est menée de main de maître, l’ambiance militaire bien rendue, style, écriture et suspense font partie intégrante d’un récit qui tire le lecteur en avant. Et surtout, il y a cette empathie que Bernard Fischli sait si bien rendre et qui suscite l’émotion chez le lecteur, surpris tant par les révélations qui concernent la planète que les protagonistes.






Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782940700394
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Bernard Fischli, 2019 pour le texte
© Krum, 2019 pour le dessin de couverture
© Hélice Hélas Editeur, 2019
Maquette graphique : Mary&Jo - Studio
ISBN Numérique : 9782940700394
www.helicehelas.org

C OLLECTION C AVORITE ET CALABI-YAU
dirigée par Jean-François Thomas
Introduction

Il y avait eu la guerre.
Enfin, une guerre de plus. Mais celle-là avait été interplanétaire. Et les deux planètes en question avaient dégusté.
L’une, c’était Mars. Enfin, la colonie martienne. Des gens qui vivaient sous verre. Des tas de gens qui étaient partis là-bas pour essayer de commencer une nouvelle vie, et qui trimaient pour survivre. On les avait appelés les Martiens, assez vite. Mais c’étaient juste des humains qui crevaient là-bas, parce que Mars, ce n’est pas vraiment un endroit accueillant. C’est froid, sec, irrespirable.
L’autre, c’était la Terre. Un endroit à peine plus vivable que Mars, à vrai dire : chaud, sec et presque irrespirable. Et grouillante d’hommes. Près de douze milliards, avant qu’on ait arrêté de compter. Crevant de faim, de soif, de maladies. Des cités énormes, des conflits partout. Il y a toujours des bruits de flingues. De la fumée noire qui obscurcit le ciel.
Je ne sais pas comment cette guerre a commencé, ni quand, ni pourquoi. Une histoire d’emba rgo, à ce qu’on m’a dit. On a su que c’était la guerre quand on a commencé à prendre des bombes atomiques sur la gueule.
La Terre a gagné, faute de combattants. Les Martiens ont été exterminés. Nous, ici, on l’a senti passer aussi. Il y a eu des millions de morts. Certains disent des milliards, mais je ne crois pas. La Terre et Mars se sont balancé des missiles nucléaires, mais les Martiens étaient meilleurs à ce jeu. D’accord, la cible était plus grande, mais ils avaient un truc qui les rendait indétectables. Ça s’appelle le Saut. Un machin va d’un point à un autre sans passer par le milieu. C’est ça qu’ils utilisent maintenant sur les vaisseaux qui partent pour les colonies.
Les colonies, c’est ces planètes que l’armée prétend avoir découvertes, là-bas, très loin dans l’espace. En tout cas, c’est un aller simple. Si tu t’embarques, tu ne reviendras pas ici, ou alors dans des siècles, quand il n’y aura plus personne sur Terre. Il y en a des tas qui partent. Ceux qui n’ont plus rien à perdre, c’est-à-dire la pl upart des gens.
Je n’en suis pas encore là. Je préfère un enfer connu à un paradis inconnu. Et puis je n’y crois pas, qu’il y ait des Terres toutes neuves là-haut. Mars, c’est la porte à côté et c’est déjà invivable. Alors plus loin…
Et ici, c’est encore chez nous. Moche, irrespirable, dangereux, mais chez nous. Et même sacrément chez nous : nous sommes une des dernières espèces vivantes, à ce qu’il paraît.
En tout cas, les bêtes, il ne reste que des petits machins qui piquent, vous filent des maladies et vous bouffent vivant. Mais les bêtes les plus dangereuses, c’est nous.
On verra. Quand tout s’effondrera, que tout le monde commencera à bouffer son voisin, je m’en irai aussi. Pour le moment, ça tient encore. Il y a l’armée, les milices du quartier.
L’usine de bouffe synthétique tourne toujours. On a de l’électricité, quelques heures par jour.
Ça tient encore.
1 : Esperança

Mars . Ce fut la première pensée de Rand lorsque la rampe de la navette s’abaissa. Mais presque aussitôt cette impression s’évanouit.
Ce fut d’abord l’air chaud, qu’il respirait sans l’aide d’un scaphandre. Son odeur était particulière, elle lui fit penser à de la cire froide, puis à cette senteur âcre asso-ciée aux courts-circuits : l’ozone. En quelques inhalations, son nez et sa gorge furent desséchés et irrités, puis ce fut le tour des yeux. Il hésita sur le seuil du sas, pris d’une envie irrationnelle de faire demi-tour et de retrouver l’intérieur frais et rassurant de la navette. Mais le soldat devant lui commençait déjà à descendre, et celui qui le suivait le heurta. Il avança donc.
Ce qui le frappa ensuite, ce fut la couleur du ciel. Il était jaunâtre, presque verdâtre en fait. Le soleil blessait son regard, malgré ses lunettes de protection. Gamma Serpentis avait beau être deux fois plus loin que le soleil l’était de la Terre, il était trois fois plus violent.
Puis son regard s’abaissa sur le paysage : s’évanouissant au loin dans une brume ocre, les montagnes de Donoma, de hautes collines plutôt, dont l’altitude ne dépassait pas mille cinq cents mètres, entouraient une plaine qui déclinait toute une gamme de couleurs allant d’un brun rouille au blanc le plus éblouissant. Comme perdus dans cette étendue, les bâtiments préfabriqués de la base Esperança, baignant dans la lumière crue, semblaient loin. Et la perspective de franchir l’espace qui l’en séparait n’était guère réjouissante...
Une fois la rampe descendue, il foula le sol recuit. Le sable crissait sous ses semelles épaisses, après qu’une croûte mince eut cédé. C’est comme marcher sur des coquilles d’œufs.
Le temps que la section rejoigne Esperança, Rand était en nage. L’entrée était protégée par un sas, dans lequel quatre hommes seulement pouvaient tenir. Ils durent passer par groupes. A l’intérieur régnait une agréable fraîcheur, les murs étaient peints de vert pomme, un choix étrange pour un endroit étrange.
– Section, gaaarde… à vous !
L’ordre avait claqué aux oreilles de Rand. Celui-ci se raidit dans la position règlementaire, le regard fixé sur un point dénué d’intérêt en face de lui. Vert pomme. Drôle d’idée .
– Mon capitaine, section 124, compagnie 3, 22 e régiment d’infanterie de la V e Flotte. Effectif dix-huit, tous présents.
Le sergent Forbes braillait un peu plus fort que d’habitude. Ce n’était pas peu dire.
– Merci, sergent, mettez votre section au repos. Ensuite que vos hommes prennent place à ces tables.
– A vos ordres ! Section… repos ! Vous avez entendu le capitaine, asseyez-vous ici !
Rand détacha son regard du point vide de sens et regarda le capitaine. Enfin, la capitaine, comme sa voix l’avait laissé supposer. Il vit une femme d’une trentaine d’années, de taille moyenne, plutôt carrée, les cheveux bruns coupés court, le regard clair… verts, les yeux ? Un peu loin pour le dire. Pas jolie, en tout cas, les sourcils trop épais et trop bas, le nez trop large, la bouche trop fine… mais bon, il n’allait pas coucher avec le commandant de compagnie. Ça n’avait donc pas d’importance.
– Sous-officiers et soldats de la section 124, soyez les bienvenus sur Donoma ! Je suis le capitaine Sarah Weiss. Le voyage a été long et pénible, nous vous laisserons vous détendre une bonne heure. Avant cela, vous ne couperez pas au discours d’accueil réglementaire. Je me donne dix minutes.
Weiss s’empara de la commande de l’écran qui s’alluma, présentant une vue schématique du système de Gamma Serpentis.
– Nous sommes ici, sur la quatrième planète de HD 142860, une étoile nettement plus musclée que le Soleil. Le nom de Donoma lui a été donné par son premier explorateur, Frank Rinolta. C’était le prénom de sa femme. Il signifie « le soleil est là »  dans une ancienne langue de Terra. En effet, il est là. Et il va l’être de plus en plus dans les mois qui viennent. Donoma suit une trajectoire assez excentrique autour de son soleil, ce qui provoque de forts contrastes saisonniers durant l’année qui dure près de trois annéesT. Nous sommes au printemps, c’est-à-dire que la température qu’il fait dehors doit être considérée comme clémente. Mais ne vous inquiétez pas, vous aurez tout le temps de vous habituer. Et en hiver, vous serez partis. Tout le monde sera parti. Les températures descendent jusqu’à moins quatre-vingts degrés Celsius… La gravité est de 1.12 et le jour dure 45 heures. Durant la nuit, vous aurez l’occasion d’admirer Morgane, notre satellite, même si elle est deux fois plus petite que la Lune. L’atmosphère contient seize pour cent d’oxygène, mais la pression partielle est supérieure à celle de Terra. Elle est parfaitement respirable, toutefois elle est très sèche. N’oubliez pas de boire vos cinq litres d’eau par jour ! L’eau se trouve dans le sous-sol sous forme de glace. A l’approche de l’été, celle-ci fond près de la surface et forme des étendues de boue, qui finissent par se dessécher quelques mois plus tard. En automne, théoriquement, il peut pleuvoir, mais en trois années locales cela n’a été signalé nulle part… Ne comptez pas là-dessus pour vous rafraîchir ! En hiver, la glace se reforme, mais comme je vous l’ai dit nous ne serons plus là pour voir cela. Les plus curieux d’entre vous doivent se demander : « Est-ce qu’il y a de la vie ici ? » Eh bien, nous ne savons pas. C’est justement le travail de l’équipe scientifique de le déterminer. Votre mission, une sinécure, consiste à accompagner les savants et leur fournir assistance, transport et logistique. Et à veiller qu’ils ne fassent pas de bêtises. Pour ma part, j’en ai terminé, quelqu’un a des questions ?
Il n’y en avait pas. Les soldats aspiraient juste à poser leur paquetage quelque part et se remettre des onze Sauts qu’ils venaient de subir.
Les cantonnements se situaient au sous-sol, où il régnait une température agréable. Ils étaient étonnamment spacieux. Les odeurs qui avaient assailli Rand à la sortie de la navette avaient disparu, ou peut-être qu’il ne les sentait plus.
– Engagez-vous, vous verrez du pays, grommela le voisin de Rand en lorgnant vers les murs aveugles.
– T’inquiète, Nicolas, rétorqua Rand en déballant ses affaires. On peux compter sur le sergent pour nous faire visiter les environs. Et au pas de course. En attendant, je vais pisser un coup et ensuite dodo. Ces Sauts, c’est vraiment de la merde.
– Ouais, mais ça fait visiter l’avenir !
Rand aimait bien Nicolas. Ce gars et lui avaient vécu un peu les mêmes choses avant de s’enrôler. Délinquance, centre de rééducation, bagarres, prostituées, pas mal de bons souvenirs quand même, mais comme de timides éclaircies dans un ciel souvent pluvieux. Il aimait à s’y raccrocher, pour se dire que sa vie n’avait pas été un désastr

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