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Publié par
Nombre de lectures
2
EAN13
9782493087225
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Il était une magie des plus puissantes...
Souffre-douleur de sa caserne, Iro, l’hybride solitaire, survit à cette ambiance malsaine en se faisant le plus petit possible, en dépit de sa carrure d’athlète et de sa peau de crapaud. Son seul réconfort, il le trouve auprès d’un arbre.
Ses tentatives pour devenir invisible échouent définitivement lorsqu’il se retrouve garde du corps d’un Maegis un poil excentrique. Et le voilà bientôt sur les routes pour une mission scientifique. Officiellement, le mage botaniste, soutenu par le roi, doit en apprendre plus sur une fleur. Mais traverser tout le royaume et s’engager sur des terres peuplées de monstres et d’ennemis de la couronne pour une simple fleur, c’est un peu gros, n’est-ce pas ? Et si son protégé ne lui avait pas tout révélé ? Si les obstacles s’avéraient un peu plus nombreux qu’escompté ?
Entre féérie et humour, Anatole Jolly nous offre un univers de fantasy aux mille facettes.
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9782493087225
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Triggers warning
À chaque chapitre concerné, la mention "TW" renvoie à une page secrète révélant les triggers warning présents dans ce chapitre en particulier. Un lien de retour vous permettra de retourner à votre lecture en un clic.
TW
Prologue
Le parfum guidait la créature au plus profond des bois, entre les racines emmêlées et les fougères humides.
Sûrement , se disait-elle, la chose qui sentait si bon devait être absolument délicieuse – et elle se sentait le devoir de ne laisser personne d’autre qu’elle la dévorer.
Elle glissait de plus en plus rapidement entre les herbes qui tapissaient le sol de la forêt. Jamais elle n’avait vu autant de végétation. Jamais elle n’avait senti aussi longtemps l’ombre glacée des sous-bois sur ses écailles. Oh, mais ce parfum ! Il était si exquis, si merveilleux, que cela valait toutes les journées de voyage loin de son désert.
Et elle en était de plus en plus proche.
La créature s’arrêta au pied d’un tronc noueux, les narines écarquillées pour mieux distinguer toutes les senteurs de la forêt. Ce qu’elle cherchait n’était plus très loin, à présent.
Mais elle n’était pas seule. Quelque part au-devant, entre elle et l’appétissante odeur, il y avait d’autres êtres. Elle n’avait aucune idée de ce qu’ils étaient, hormis qu’il n’y en avait aucun pareil dans son désert, comme il n’y avait aucune forêt ni aucun parfum si délectable.
La créature s’élança à la rencontre de ces êtres avant de s’arrêter net, tapie sous des fougères, pour les observer.
Ils étaient deux, tendus sur deux racines comme des arbres, avec deux branches mobiles qui leur servaient à tenir de petites lumières prisonnières. Et juste devant eux, à portée de leurs branches, se tenait la source du parfum.
C’était une fleur.
Cette fleur était belle, bien plus belle que toutes celles que la créature avait vues dans son désert ou pendant son long voyage. Elle flottait dans un halo de lumière bleue et ses pétales vibraient au rythme d’une musique silencieuse que la créature entendait malgré elle. L’odeur provenait de ses pistils poudreux qui dansaient sur cette même mélodie secrète.
Les deux êtres échangèrent quelques sons, et l’un d’entre eux se pencha vers la fleur. Lentement, il tendit ses branches vers le halo, comme s’il cherchait à la cueillir. Ses brindilles se refermèrent autour des pétales et soudain, la musique silencieuse changea de tempo. En quelques battements de mesure, le halo s’agrandit pour engloutir celui qui avait posé ses branches sur la fleur. Une fois le nouveau refrain terminé, la plante reprit sa mélodie initiale et l’être avait totalement disparu. Son compagnon, figé de stupeur, se ressaisit et partit à toute allure dans les bois sur ses deux grandes racines.
Désormais, il n’y avait plus que la fleur et la créature qui avait suivi son parfum.
Cette dernière glissa doucement pour lui faire face. Elle se redressa sur son corps long comme une liane, jusqu’à ce que sa tête soit au même niveau que l’objet de sa convoitise.
Et, pendant des heures, sans bouger, elle l’admira.
Cette fleur , dit-elle à haute voix dans le silence de la forêt, est bien trop belle pour être mangée.
Je ne devrais jamais rien faire d’autre que l’admirer, sans la toucher.
Et si elle m’y autorise, je la protégerai. Car elle savait que toutes les choses n’aimaient pas être protégées.
Elle attendit plusieurs jours et plusieurs nuits que la fleur se fasse entendre.
Lorsque ses pétales changèrent de rythme et que ses pistils dansèrent sur une autre mélodie, alors la créature sut que la fleur acceptait sa protection.
Et jamais, jamais, elle ne faillirait à sa tâche.
TW
1 Iro
Iro prit une grande inspiration et Rokkuko lui plongea de nouveau la tête dans le bac d’eau usée. Les paupières serrées, il essaya de ne pas faire attention aux particules brunâtres qui flottaient autour de ses narines.
Ne pas respirer. Pas bouger. Rokkuko finirait par se lasser…
Pas respirer.
Ses jambes et ses bras prirent le dessus. Il avait besoin d’air, la panique le gagnait… non !
Pas bouger ! Pas respirer !
Rokkuko lui tira de nouveau la tête à l’air libre et Iro engloutit une grande goulée d’air.
— Alors, le crapaud, tu sais pas respirer sous l’eau ?
Derrière lui, ses amis ricanaient et l’un d’eux se servit d’une pelle pour lui lancer de l’eau au visage.
S’il ne bougeait pas, ils se lasseraient.
— Tu fais le mort, le crapaud ?
Rokkuko resserra la prise sur ses vêtements. Il faisait attention à ne pas toucher sa peau directement et avait même pris la peine de mettre des gants pour ne pas se salir.
— Eh, t’as perdu ta langue ou quoi ?
— Remets-le dans l’eau, il a l’air d’avoir les oreilles bouchées ! suggéra un des amis de Rokkuko.
Il approuva avec un rire cruel avant de repousser Iro dans le bac.
Cette fois-ci, il n’eut pas le temps d’inspirer. Les poumons pleins d’eau, il sentit des picotements courir sous sa peau et se concentrer là où Rokkuko appuyait avec ses mains.
Non. Pas maintenant !
Il essaya de stopper les picotements, mais il étouffait et il avait déjà du mal à se contrôler même lorsqu’il méditait calmement. C’était peine perdue.
L’acide qui suinta de sa peau perça ses vêtements et attaqua les gants de Rokkuko qui le relâcha brusquement, puis Iro bascula en entier dans la cuve. Il sortit la tête et inspira autant qu’il put.
— T’es taré, l’hybride ? Tu vas le payer !
Rokkuko avait récupéré la pelle et la brandissait au-dessus de la cuve, prêt à frapper. Iro n’attendit pas que le coup tombe : il bondit vers le rebord, éclaboussa les complices de son tortionnaire et tenta de prendre la fuite. L’un des types l’attrapa par la jambe et tomba avec lui sur les pavés des douches communes.
— Apprentis, que faites-vous au sol ?
La voix du surveillant de caserne cinglait sans pitié. Iro se redressa assez pour voir son regard désapprobateur posé sur lui et il baissa les yeux.
— Iro causait encore problème avec son acide dans l’eau, répondit Rokkuko. On essayait juste de l’en éloigner.
Ce n’était qu’un demi-mensonge, mais Iro savait que compléter ne servirait à rien.
— Rassemblez vos affaires et sortez, Iro, ordonna le surveillant.
Iro se redressa et obéit sans discuter. Il évita le regard du surveillant et des autres apprentis, quitta les douches communes et fila vers le dortoir.
Il n’avait que vingt minutes pour se sécher, se changer et se rendre au réfectoire s’il ne voulait pas entamer sa dernière journée à la caserne sale et le ventre vide. Au moins, cela aurait été représentatif de ses années ici : un départ aussi minable que toute sa formation.
Par miracle, il réussit à trouver un coin où se rouler dans le sable, bien plus propre que la cuve à récurer, et de loin, et il lui restait une tunique propre. Il serait poussiéreux, mais sec et un peu moins répugnant. Ça, ou il s’était déjà habitué à l’odeur. Mieux valait ne pas trop y penser. S’il ne prenait pas de bains pendant quelques jours, peut-être qu’il finirait par sentir meilleur, qui sait.
Il se glissa jusqu’au réfectoire, soulagé de ne voir la silhouette élancée et les cheveux rouges de Rokkuko à aucune des tables. Soit il avait déjà fini de manger, soit…
Iro fit un bond de côté juste à temps pour éviter une tape sur la tête, mais un second coup l’envoya percuter le mur. Rokkuko ricana et passa en trombe jusqu’au-devant de la file avec ses amis. Iro roula l’épaule qu’il venait de cogner et réprima un grognement. Plus que quelques heures et il ne verrait plus jamais la tête de ce sale type.
— Tiens-toi droit, Crapaud. Tu fais honte à toute la caserne.
Judie faisait partie de la bande de Rokkuko, qu’elle suivait toujours avec une distance de sécurité. Pour éviter de trop se salir les mains, sans doute.
— Désolé, couina-t-il.
Elle s’arrêta quelques secondes pour le jauger avec mépris.
— Courbé comme ça, tu ne rejoindras jamais la garde royale. Tant mieux, parce qu’on n’aura plus à voir ta tête hideuse dès demain.
Un sourire carnassier et cruel déforma son visage, laissant voir deux rangées de dents pointues. Elle reprit sa route et Iro s’efforça de faire comme s’il ne s’était rien passé – il avait de l’entraînement en la matière.
Plus que quelques heures. Demain matin, tous les apprentis qui avaient terminé leur formation de soldats d’Aradhis recevraient leur première affectation hors caserne. La majorité, dont Iro faisait partie, serait envoyée dans les rangs des gardes de la ville. Une autre partie suivrait les caravanes des Marchants qui sillonnaient à pied les plaines d’Aradhis et le reste des mondes connus à la recherche de produits et de savoirs à échanger. Et une très maigre minorité, l’élite de la caserne, aurait l’opportunité de devenir garde royal. Ce serait sans doute le cas de Rokkuko, Judie et leurs amis.
Iro rejoignit la file pour entrer dans le réfectoire en se forçant à ajuster sa posture, malgré lui. Ce n’était pas comme s’il y pouvait vraiment quelque chose, mais certaines des plus jeunes recrues qui venaient de l’extérieur le dévisageaient après son altercation et il ne voulait pas être une mauvaise influence. Ni les voir en rajouter une couche. Il ne manquerait plus que les débutants se mettent aussi à se moquer de lui…
Il soupira et chassa l’idée de sa tête. Quoi qu’il fasse, il y aurait toujours quelqu’un pour lui rappeler son inadéquation. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de son mieux jusqu’à demain. Il serait garde. Il aurait l’armure intégrale qui les rendait tous anonymes. Personne ne ferait plus attention à lui. Personne ne verrait sa peau verte et ses cornes miniatures. Tout irait mieux.
— … la cérémonie de naissance de la princesse ! Vous savez ce que ça veut dire ? pépia une jeune recrue devant lui.
Elle avait les jambes poilues, les sabots et les cornes d’un faune, mais la face ronde et les oreilles pointues d’une gnome.
— Tous ceux qui vont bosser dans la garde royale vont participer à plein de cérémonies qui en jettent !
— Qu’on verra pas parce qu’on sera coincés ici ? proposa le nain