Infiniment

Louise Roullier

Description

Infiniment est à la fois un récit court et une très grande histoire, celle d’un enfant né d’une éprouvette pour traverser les âges, celle du premier immortel. Une expérience qui va rapidement montrer ses limites, au détriment d’un enfant qui, lui, n’en a aucune.

"Rien n’est stable. Tout bouge. Les nuages font la course là-haut. L’herbe pousse à vue d’œil. Les sommets des arbres virent de couleur en couleur. Des êtres cavalcadent sous les pieds d’Athan, et à côté, et au-dessus, et près et loin de lui, des grands, des petits, il ne voit pas bien, il n’entend pas non plus, tout est si vif et si aigu, et tout va vite ! tout va trop vite ! la Terre va trop vite !"

Sujets

• Immortel
• Nouvelles
• Fiction

Informations

• Publié par: Les Éditions Mille Cent Quinze
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9791097100575
• Langue: Français

Extrait

Louise Roullier Inniment Les Éditions Mille Cent Quinze Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou des ayants droit est illicite (article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle). Tous droits de traduction,d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays. ©Louise Roullier ©2019,Les Éditions Mille Cent Quinze Collection ChronoPages ISSN2610-0908 ISBN:979-10-97100-57-5 Photo de couverture:2019©Victor Yale

Dans la même collection : -Tout va bien, dormons tranquilles/ Ménéas Marphil -Visite fantôme/ Luce Basseterre -Orwell m’a tu/ Bruno Pochesci -Forestier, Chausseur/ Elisa Wild -Le roi de la clairière - Ce que l’Homme croit/ David Bry -Bob, textile futé/ Luce Basseterre -Odregan #1 & 2/ Nicolas Le Breton -Céder la place/ Emmanuel Quentin -L’Homme Chocolat/ Aurélie Mendonça -Bois Hurlants/ Frédéric Czilinder Dans la collection ChronoPages Junior : -Rémanence#1 à 4/ Danielle Martinigol -La Malédiction d’Ashkar/ Sylvie Arnoux -Mes parents sont des tueurs/ Sylvie Arnoux

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Louise Roullier Inniment Für Adriaan-Alexander (tut mir leid falls der Text wissenschaftliche Fehler enthält) Une image apparut sur l’écran de la salle de conférences, un agglomérat de cellules qui ottaient dans le liquide d’une éprouvette. « Vingt ans », se dit le professeur Montiodos. Cette soixantaine de cellules condensait vingt ans de recherches. Mais Montiodos ne le mentionnerait pas. Vingt ans, c’est tout ou ce n’est rien, un milliard de siècles pour l’inniment petit, une fraction de seconde au regard de l’Univers. Et si le projet Athanatos aboutissait, on oublierait les notions d’année ou de décennie. On compterait en éternités. Montiodos, petit, large, aux cheveux gris, venait d e fêter son soixante-quatrième anniversaire. En ces temps où l’espérance de vie déclinait, ce n’était p lus si jeune. Il considérait qu’il avait passé l’âg e de fanfaronner, même si, aujourd’hui, il présentait à la presse mondiale le projet Athanatos. Il se contenta d’indiquer aux journalistes qui levaient vers l’écran leurs puces-caméras 3D : « Ici, vous voyez l’embryon A- 33, viable et prêt à l’implantation dans notre matr ice-incubatrice, un utérus articiel entièrement automatisé. » Puis il laissa son collègue poursuivre le discours. Le docteur Waybirge, lui, avait un don pour les grandes phrases. — Qu’est-ce qu’Athanatos, mesdames et messieurs ? e ntama le jeune thaumasto-embryologiste. Athanatos est comme l’Univers. Un récit dont nous connaissons le début et dont nous ignorons la n.Car il n’y aura pas de fin.Cette éprouvette contient le Big Bang d’une nouvelle espèce humaine. Dans les lueurs vertes des diodes des puces-caméras, il planta le propre éclat de ses yeux bleus. Sa frange blonde retomba sur ses lunettes. Il l’écarta d’un léger mouvement de tête, geste aussitôt lmé, enregistré, téléversé sur l’Hypertoile et commenté dans la seconde par soixante-dix-huit hypernautes de tout sexe se déclarant « totalement sous le charme de la thaumas tobiologie », même si « rien qu’au nom, ça a l’air compliqué ». — En effet, reprit Waybirge, cet embryon, Athanatos, sera le premier immortel. Les diodes étincelèrent toutes à la fois. L’assemblée pétilla de vert. Les journalistes applaudissaien t, jetaient des commentaires aux micros incorporés dans leurs cols de chemises, trépignaient et gesticulaient ; si bien que le public ressemblait à une vague ondulante de chair et de bruit, collée aux sièges comme l’eauà la grève. En attendant que la èvre retombe, Waybirge et Montiodos souriaient (pour les caméras). Les deux scientiques formaient un duo contrasté. Waybirge, brillant et grandiloquent, avait fait sensation dès la publication de sa thèse ; ses confrères l’admiraient pour son intelligence, bien réelle, tandis que les médias adoraient sa gure de jeune premier. En revanche Montiodos, ce père de famille réservé en public, mais au caractère entier en privé, n’avait gagné l’estime du monde scientique qu’au bout d’une longue carrière. Après trente-cinq ans de recherches, il faisait figure de sommité respectée pour son expérience et sa rigueur. Quand un calme relatif fut rétabli, la voix aiguë d’une journaliste lança : — Professeur Montiodos, pourriez-vous résumer les avancées scientifiques à l’origine de cette prouesse ? Le savant résuma aussi simplement que possible l’histoire de sa discipline, depuis la naissance de la thaumastologie, outhaumaston matter physicsères, au début du siècle, lors de la création des premi particules élémentaires articielles, les bosons fabrions. À partir des fabrions, on avait pu combiner des éléments réputés instables (les quarksstrange, notamment) pour former de nouveaux types d’atomes, puis

de molécules. On aboutissait à une matière nouvelle, inédite dans l’Univers, la thaumastomatière. — Comme chacun le sait, la principale propriété de la thaumastomatière, c’est la résistance extrême des éléments. Une plaque de thaumastofer est mille fois plus résistante que la même plaque de fer conventionnel. Au niveau moléculaire, la thaumastomatière est plus étonnante encore. Quand nous avons eu le projet de créer des organismes vivants à partir de thaumastomatière… — Professeur Montiodos, cessez de parler au pluriel, l’interrompit le docteur Waybirge. Permettez-moi de mettre à mal votre modestie. C’est vous, et vous seul, qui avez créé la première cellule immortelle,...