Journal d une rêveuse
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Journal d'une rêveuse , livre ebook

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Description

« J’aimerais me concentrer sur ce qui cause actuellement mon étonnement : il s’agit de mon manque d’étonnement, à présent, sur ce qui s’est produit. Je ne sais trop d’où cela vient, et ce journal va peut-être m’aider à éclaircir cet état. » Et si nos rêves pouvaient transformer la réalité ? Une jeune employée de musée tient le journal d'une étrange expérience. Un récit fantastique suivi de deux autres nouvelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 novembre 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782379799327
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0224€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Journal d une rêveuse
suivi de Déraillement et D une lettre

Caroline Charlet

2022
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Journal d'une rêveuse
Déraillement
D'une lettre
Journal d’une rêveuse
 

 
 
22/08/22
Aujourd’hui, nous avons fêté mes trente-trois ans. Maman est venue et elle m’a offert ce joli carnet ainsi qu’un pendentif, moins joli ! Elle se met à croire aux pouvoirs des pierres maintenant. C’est son amie, qui se dit sorcière, qui lui a recommandé pour moi ce caillou bleu dont j’ai oublié le nom. Il est censé favoriser la créativité. Je vais l’accrocher au-dessus de mon lit, de toute façon il est tellement gros et lourd que je ne peux pas le porter à mon cou !
Trente-trois ans… Je vois bien que maman regrette que je n’aie personne à lui présenter comme petit-ami officiel depuis Maxime. Je n’en ai ni d’officiel, ni d’officieux d’ailleurs : je n’ai pas vraiment le temps pour ça. Peut-être que je devrais payer un acteur pour jouer le rôle, je crois que cela se fait au Japon ! On dirait qu’elle ne peut pas croire que je suis heureuse toute seule, alors que je ne me suis jamais sentie aussi bien. J’ai ma vie autonome, et ma carrière s’en trouve confortée. Elle-même paraît plus sereine depuis qu’elle a quitté mon père, alors je ne comprends pas ce qui la pousse à vouloir me voir en couple ! Nous sommes allées boire un verre près du canal, j’aime regarder les reflets sur l’eau quand le ciel est clair comme aujourd’hui. Il faut que je trouve des activités pour les visites des scolaires autour de notre exposition Füssli, je vais peut-être me servir de ce carnet pour noter quelques idées. La douceur du papier me donne envie d’y écrire.
 
27/08/22
J’ai été interrompue dans mon écriture la semaine dernière par un coup de téléphone de maman. A peine rentrée chez elle, elle m’appelait déjà ! Je prends finalement mes notes pour le boulot au musée sur mon ordinateur, mais je ne renonce pas à utiliser ce beau carnet. J’espère avoir le temps de le faire bientôt, il faut dire que mon poste à Jacquemart-André est accaparant.
 
01/09/22
Je consigne ici une chose drôle qui m’est arrivée en début de semaine. J’ai encore pris sur mes jours de repos, lundi et mardi, pour réfléchir à des projets et passer des coups de fil pour le musée. Je pense qu’on ne pourra pas me refuser une augmentation, cette fois !
Je me suis donc couchée tard mardi. Une fois au lit, je me suis rendu compte que je n’avais pas mangé depuis le midi, mais j’étais trop bien dans mon lit pour me relever et je savais que mon réfrigérateur était vide. La nuit, j’ai rêvé que je faisais la visite de l’expo avec un groupe d’élèves. Tout à coup, j’ai vu que l’incube du tableau Le Cauchemar, une espèce de gnome, s’était glissé parmi les enfants ! Le groupe est passé au tableau suivant sans moi : je suis restée, un peu hébétée, face à ce petit être gris qui me regardait très sérieusement. Il ne me faisait pas peur mais j’étais presque fâchée qu’il soit sorti du tableau en pleine exposition. Je voulais lui dire que ce n’était pas raisonnable et que les choses devaient rester à leur place, mais alors il a sorti de derrière son dos une grosse boîte rouge pailletée et me l’a remise. Elle était très légère. Je l’ai ouverte, elle était vide. Quand j’ai relevé la tête, l’incube avait disparu. J’ai rejoint le groupe d’enfants pour poursuivre la visite, mais ils étaient tous sortis ! Je les ai retrouvés dans la cour de l’hôtel Jacquemart-André. Un marchand de glaces ambulant y avait installé son échoppe et les enfants étaient occupés à commander des glaces. Comme j’avais très faim, j’ai moi-même pris un hot-dog. J’étais sur le point de l’avaler quand le directeur du musée est arrivé, alors j’ai dissimulé mon encas dans la boîte rouge que j’avais conservée sous le bras, en me promettant de le manger plus tard. J’ai oublié ce que m’a dit le directeur. Les enfants ont regagné leur car. Mon réveil a sonné. Comme je tendais le bras pour attraper mon téléphone sur la table de chevet, j’ai senti sous ma main quelque chose de chaud et de mou. Il y avait un hot-dog posé sur ma table de nuit ! C’était sidérant, mais j’avais tellement faim que je l’ai avalé aussitôt, même si la saucisse salée baignée de moutarde et de cheddar fondu n’est pas vraiment un repas habituel pour moi au réveil. Comme d’habitude, j’ai ensuite pris un bol de céréales et j’ai filé au boulot.
C’est étrange, je croyais encore sentir sur mon palais le goût de la moutarde une fois dans le tram. L’imagination a des pouvoirs de suggestion étonnants…
 
04/09/22
Cette fois, impossible de croire que je suis seulement victime de mon imagination. Je suis tellement bouleversée que je ne sais pas où commencer mon histoire. Si, évidemment, un autre rêve. J’étais dans des gradins, sur le bord d’une patinoire couverte, sillonnée de patineurs habiles en vêtements d’hiver parmi lesquels je crus distinguer la figure grise de mon gnome de cauchemar. La boîte rouge pailletée était comme en lévitation au milieu de la glace. Je chaussai une paire de beaux patins blancs et m’élançai en direction de la boîte, mais le tourbillon serré des hommes et des femmes qui glissaient à toute allure sans se soucier de moi manqua plusieurs fois de me faire tomber. Je crois même que je me suis retrouvée sur les fesses, dépitée et confuse. Je me relevai cependant et je repartis en scrutant attentivement le passage des patineurs, dont il m’apparut alors qu’ils avançaient en nuages un peu détachés les uns des autres. Enfin, j’atteignis le milieu de la patinoire et pus me saisir de la boîte. Elle était vide, toujours aussi légère, rayonnante d’un discret éclat rougeoyant. Les patineurs circulaient en cercles et, maintenant que j’étais au centre de leurs déplacements, personne ne venait plus me heurter. Tous paraissaient à la fois affairés et ravis de l’aisance avec laquelle ils virevoltaient sur la glace. Nul ne faisait attention à moi. De mon côté, j’étais bien décidée à réessayer le pouvoir de la boîte rouge. Mais je n’avais rien sur moi à y glisser. Je m’assis alors sur la glace et j’enlevai les lacets de mes beaux patins blancs. Le froid me mordit les orteils au moment où je les glissai, un par un, à l’intérieur de la boîte. Celle-ci garda sa légèreté et, à la facilité que j’eus à y introduire le second patin, je me fis la réflexion qu’elle paraissait une boîte sans fond. Une pluie matinale se mit à tambouriner à ma fenêtre et je me retournai dans mon lit. À travers la pénombre grise de ma chambre, je voulus attraper mon téléphone pour voir l’heure et le bruit sourd d’une chose tombant lourdement sur le sol me fit sursauter. Je vis qu’il était six heures du matin et je renfonçai ma tête dans mon oreiller. A sept heures, le réveil de mon téléphone sonna et je me redressai brusquement, curieuse tout à coup de découvrir si je verrais les patins sur ma table de nuit. Mais celle-ci était seulement couverte par ma lampe de chevet et les revues d’art que j’ai pris l’habitude irrémédiable d’emporter au lit pour me documenter. Je me levai enfin, et quelle ne fut pas alors ma surprise de voir, sur le plancher à côté de mon lit, la paire de beaux patins blancs que j’avais, à l’évidence, fait tomber une heure plus tôt ! Complètement déconcertée par ce qui m’arrivait, je fis trois ou quatre fois le tour de ma chambre à grandes enjambées avant d’oser les toucher. De très beaux patins blancs, semblables à ceux que j’admirais quand, plus jeune, je m’adonnais au patinage artistique. C’était ma pointure, je les enfilai et je revis mon rêve avec plus de détails.
Je les ai laissés sur une étagère en partant au musée. Grave erreur : je n’ai fait qu’y penser toute la journée, me demandant s’ils seraient encore là à mon retour, si je n’avais pas été victime d’hallucinations. Je pensais que peut-être j’étais atteinte du trouble de la rêverie compulsive, dont j’ai déjà entendu parler, et qui conduit à rêver tout éveillé. C’était bien ma chance, une maladie pareille ! Qu’allais-je devenir ? Bien sûr, je n’en ai parlé à personne. Je ne tiens pas à ce que l’on sache que je deviens folle, avec tous les efforts que je fais pour me faire bien voir au musée ! D’autant que les rumeurs néfastes circulent bien vite, j’en ai déjà fait les frais ! Après une attente interminable, de retour chez moi, je constatai que les patins étaient toujours là, flambant neufs, bien réels. Mais je ne parvins pas à trouver le nom de la marque. Je vis sur internet des paires très ressemblantes, mais rien de parfaitement similaire. Je les ai portés le lendemain après le travail à un magasin de patins et le gérant m’a dit qu’il ne connaissait pas ce modèle. J’ai fini par appeler maman et j’ai raconté mon histoire à son répondeur. J’ai regretté ensuite d’avoir laissé ainsi une trace de cette histoire folle. Mais, quand elle m’a rappelée, maman a eu l’air de trouver que c’était une chose très bien, comme si je lui avais appris une bonne nouvelle tout à fait vraisemblable ! Elle m’agace, je crois que la fréquentation de ses amis soi-disant shamans et sorcières la fait basculer dans une perception bien irrationnelle de la réalité ! Je me suis mise en colère contre elle au téléphone. Ce que, comme d’habitude, j’ai regretté aussitôt après avoir raccroché.
De façon étonnante, le fait que maman m’ait dit : « Tu as beaucoup de chance, ma chérie, c’est extraordinaire » me fait plaisir et me rassure. Elle ne m’a pas prise pour une folle. Je ne peux me lasser de contempler mes nouveaux patins. Pour la première fois depuis trois ans que j’habite en banlieue, j’ai recherché les patinoires à proximité de chez moi. Il faudra que j’aille les essayer !
 
06/09/22
Je suis allée patiner. Les patins ne m’ont pas rendue meilleure patineuse, mais quel plaisir de retrouver la glace ! Après avoir passé un peu de temps à chercher l’équilibre et mes points d’appui, j’ai senti à nouveau la légèreté et l

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