Kratera - 1. Le Puits des Étoiles
189 pages
Français

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Kratera - 1. Le Puits des Étoiles , livre ebook

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Description

Sous la direction d’un riche homme d’affaires américain, une expédition part à la recherche d’un site mystérieux, appelé « Puits des Étoiles ». Cette dénomination fait référence à un passage vers une planète lointaine à laquelle des hommes ont déjà accédé, à l’époque d’Alexandre le Grand, sans pouvoir retourner sur Terre.


Les membres de l’expédition empruntent à leur tour ce Puits des Étoiles et se retrouvent piégés à l’intérieur d’une gigantesque caldeira, entourée par une Grande Muraille naturelle infranchissable. Ici s’est développée, depuis l’arrivée des premiers voyageurs de l’Antiquité, une originale civilisation gréco-perse où la magie et les rites ont une place éminente.


La survenue brutale de Charles Taylor et de ses compagnons, dans ce monde baptisé Kratera, va bouleverser la vie de ses habitants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 décembre 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782490630943
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Auteur
Né en 1958, Jean-Marc Reboul partage son temps entre la Côte Basque où vit sa compagne, et le Béarn où il aime randonner en montagne. Grand collectionneur de bandes dessinées, il pratique aussi les jeux vidéo et la peinture. Chez lui, l’art comme la littérature ont toujours été une passion. Les voyages en sont une autre et il aime y entraîner ses lecteurs, à la découverte de mondes créés de toutes pièces.
Ses études universitaires d’Histoire et de Géographie lui ont donné le goût des récits et de la cartographie, support rêvé pour l’imagination. Au départ, en effet, Kratera n’était qu’un simple dessin. La carte d’un monde fabuleux qui a servi de base à une histoire.
Mais son métier de professeur des écoles étant très prenant, il ne pouvait accorder à l’écriture que peu de temps. Ce n’est que depuis sa récente retraite qu’il a enfin pu s’y consacrer à fond et terminer les deux tomes de Kratera.


Jean-Marc Reboul
 
 
KRATERA
Tome 1 Le Puits des Étoiles
 
 
 
INCEPTIO
 
 


 
 
 
 
Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
 
© Inceptio Éditions, 2022
 
ISBN : 978-2-490630-94-3
 
Inceptio Éditions
13 rue de l’Espérance
La Pouëze
49370 ERDRE EN ANJOU
 
www.inceptioeditions.com


 
 
 
 
À mes parents,
tous deux partis avant d’avoir pu lire ce livre.
 
Et à Flo ,
ma compagne et ma première lectrice.
 
 


 
 
 
 
 
 
Conscient que le bestiaire et la flore de Kratera sont assurément étrangers au lecteur de ce livre, l’auteur a pris le parti d’expliquer en annexe certains termes.
Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur le « Dictionnaire élémentaire d’histoire naturelle de Kratera  », écrit par Alec Boswell.
Le lecteur est ainsi invité à consulter quelques extraits de cet ouvrage référence.


//>
Première partie
 


 
1
La forêt de Djangalanos s’étend sur une surface de quarante parasanges d’est en ouest, et quinze parasanges du nord au sud, entre le lac Châm et la Grande Muraille. C’est l’une des régions les plus luxuriantes de Kratera, à la flore et la faune particulièrement variées.
C’est aussi l’une des plus dangereuses.
Ysandre Likkador
« Atlas de Kratera, Tome   2 »

 
Le baladon 1 se déplaçait maladroitement sur le sol spongieux où s’imprimaient les sabots de ses pattes trapues. Comme il approchait du trou d’eau, il se figea soudain et se mit à renifler bruyamment, la tête levée. Puis il secoua sa queue écailleuse qui battit violemment les fougères géantes, projetant un nuage de spores brillantes sur les calices pourpres d’une grappe de farinelles 2 .
Xâl cessa de respirer et le sang reflua dans ses veines. Il se tapit davantage encore sur le tapis de mousse bleue qui collait à sa peau. Il crut un instant que l’animal venait de déceler sa présence et adressa une rapide prière à Phalia, la déesse de l’Air, qui présidait aussi à la Chasse. Mais les battements de son cœur se calmèrent vite et il remercia intérieurement la déesse. Le baladon n’avait fait que manifester sa joie de pouvoir bientôt étancher sa soif ; il plongeait déjà sa courte trompe dans l’eau qu’il se mit à aspirer goulûment. Une odeur de vase et de végétation en décomposition monta autour du point d’eau tandis que des grenouilles porcelaine sautaient, affolées, sur les nénuphars roses.
Xâl respira de nouveau. Le bel éphèbe, les muscles tendus, gardait le regard rivé sur la bête redoutable. Et ses yeux d’un bleu marin révélaient une ténacité saisissante. Il avait les cheveux d’un blond de paille, un visage aux traits réguliers, qui avait cessé d’être enfantin sans devenir encore tout à fait adulte.
Au bout d’un moment, il se décida à agir. Il se souleva légèrement et son dos nu, luisant de sueur, s’éclaira des taches de lumière que la végétation distribuait au hasard.
Seulement vêtu de son pagne d’éphèbe, blanc avec un liseré rouge, l’adolescent rampa secrètement parmi les herbes aromatiques, dans l’air tout bourdonnant d’insectes. Il lui fallait contourner le point d’eau par la gauche pour que sa proie lui présente la tête de face. Au-dessus de la trompe, entre les deux yeux jaunes, ronds comme des billes d’ambre, se trouvait la tache claire et dépourvue d’écailles qui marquait le point faible du baladon, juste sous la corne d’un bleu nacré.
Xâl était maintenant assez près pour pouvoir contempler distinctement cette proéminence dure et spiralée, d’un pied de long, et qui lançait des éclats vermeils. Mais le jeune chasseur devait trouver le poste de tir parfait. Il progressa encore dans la végétation complice, toute vibrante de vie, attentif à ne pas faire craquer la moindre brindille ni déranger le ballet des papillons lanterne aux ailes luminescentes.
 
Les paroles de Maître Episteles résonnèrent à ses oreilles :
— Quand tu te déplaces à la chasse, tu dois te fondre dans le décor, être insecte avec les insectes, plante parmi les plantes, caillou au milieu des cailloux. Renie ce que tu es, pour mieux le faire oublier. Et deviens vraiment ce que tu n’es pas, pour qu’on croie vraiment que tu l’es.
Il sourit. Le vieux maître avait des formules tellement sibyllines. Pourtant, ce qu’il enseignait lui parlait toujours de façon intime, presque subliminale. Et pour rien au monde, Xâl n’aurait voulu le décevoir. Mais il n’était encore qu’un éphèbe ignorant qui avait tant de choses à apprendre. Pour l’heure, il enviait les initiés qui venaient de terminer leur formation et dont certains, une élite, pourraient bientôt participer aux épreuves de l’Envol, si tel était leur choix. Il songea à Philippos qui était digne d’être parmi eux, mais qu’il savait réticent à s’engager dans cette voie. Philippos qui l’honorait de son amitié. Comme Xâl aurait souhaité que cet ami qu’il admirait si fort devienne le nouvel Élu ! Cependant, la gloire était une chose ; l’appétit de la vie en était une autre. Philippos était sans doute sage de préférer une existence heureuse à une apothéose funèbre. Car l’Envol était un rêve qui avait fracassé tant d’Élus héroïques.
 
Xâl marqua une pause dans sa progression. Un gros champignon cendreux crevait le tapis de feuilles mortes, près de son coude. C’était un limavaros 3 dont on tirait une encre indigo foncé qui servait à l’écriture, ainsi qu’à la teinture des draps. L’éphèbe pressa dans ses doigts le chapeau vernissé qui laissa transpirer quelques gouttes de colorant d’un bleu noirâtre. Il s’en badigeonna le visage et le torse pour parfaire son camouflage, puis s’essuya les mains dans les feuilles humides. Il avait déjà sali de terre et d’herbes ses cheveux blonds trop voyants, mais à présent, il se sentait bien plus difficile à repérer.
Satisfait, il reprit son approche lente et clandestine, entrecoupée d’arrêts silencieux, attentif à la moindre vibration de l’air. Se fondre dans le décor. Oublier jusqu’à respirer. Faire taire jusqu’aux battements de son cœur. Enfin, il s’immobilisa à distance idéale de sa cible, retenant précautionneusement son souffle.
À plat ventre dans l’humus odorant, Xâl chercha à contrôler chacun de ses muscles, chacun de ses nerfs. Il ne broncha pas quand un onobolo 4 surgit d’une touffe d’herbes grasses, juste devant son nez. Il observa avec amusement le petit animal qui s’enfuyait lentement, balançant à peine sa carapace décorée de motifs délicats.
Tout autour de lui, les frondaisons bruissaient de chants d’oiseaux : roucoulement feutré des silges 5 au bec recourbé et multicolore, appel grinçant des mandaras 6 gonflés de plumes or et turquoise, romance flûtée des zaranges 7 qui paradaient devant leur femelle. À proximité du point d’eau, quelques gamous 8 hurleurs au pelage de feu se balançaient dans les arbres, suspendus par leur queue, les yeux exorbités, comme s’ils attendaient d’assister à une scène inimaginable.
 
Tout en tirant une flèche du petit carquois qu’il portait autour du cou, l’adolescent pensa à la joie qu’éprouverait Azaline lorsqu’il lui offrirait la précieuse corne du baladon.
Elle serait si fière de lui ! Son rire cristallin résonnait déjà aux oreilles de Xâl tandis qu’il imaginait la jeune fille le serrant tendrement contre elle. Déjà, il effleurait l’onde noire de sa chevelure, il respirait le parfum de son cou, il savourait le goût de ses lèvres épicées, il se noyait dans l’eau verte de ses yeux.
Il repensa à la première fois où il la vit, lors de la fête de Neera, la déesse de l’Eau. Ce fut une véritable apparition qui le bouleversa à jamais. Au milieu de la foule des participants, il n’y eut dès lors qu’une seule personne. Son envoûtante et fraîche beauté avait éclipsé tout le reste.
Ce soir-là, elle portait une tunique diaphane qui dévoilait ses longues jambes aux chevilles délicates, ornées d’un bracelet d’argent. Elle était accompagnée d’une jeune fille aux cheveux platine et toutes deux passaient d’un groupe à l’autre, comme deux papillons qui musardaient. Azaline paraissait rêveuse, presque triste. Mais sa beauté faisait se retourner vers elle les yeux de tous les hommes. Et Xâl, quoique jaloux de ces regards, se sentait indigne de seulement l’approcher. Mais Zanéra dut œuvrer sans qu’il en eût conscience. À croire que la déesse de l’Amour le prit par la main pour l’entraîner vers la belle Azaline. Et lui qui s’était toujours senti timide et emprunté devant les femmes, osa pourtant l’aborder avec la formule traditionnelle de la déesse de l’Eau :
— Que Neera te désaltère ! énonça-t-il en lui tendant une coupe de charbât glacé.
Elle l’accepta sans hésiter et avala une gorgée de la boisson acidulée avant de lui rendre la coupe.
— Toi aussi, lui dit-elle, que Neera te désaltère !
Il but à son tour, se demandant si en partageant la même coupe, i

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