L Abzac
292 pages
Français

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L'Abzac , livre ebook

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Description

Tassée en une mégalopole du nom de Wavrill, la population vit sous la couette d’un système politique géré par du silicium: le Cybergime. La vie y est évidemment douce, en paix et uniforme.
Portée comme une ceinture, une zone industrielle du nom de l’Abzac est dans la transition de ce nouveau régime. Une aile où se sont regroupés tous les rebuts et les désabusés de Wavrill. Un territoire qui est encore soufflé par la violence et l’entropie. Dans ce tas de gravats, un collectif dirigé par Ghjuvan tente d’empêcher le déploiement de cette entité. Ils se tapissent sur la toile pour garder leur mode de vie et lutter contre la propagation du réseau.
En Parallèle, un homme, simple habitant de Wavrill, dénommé Ellyott, n’a plus d’autres choix que de sortir des tentacules du Cybergime. Résolu, il part seul à la recherche d’une hypothétique installation dans le territoire extérieur de Xertigny. Il va y vivre une aventure aux frontières du réel. À la recherche de lui, des autres, et d’ailleurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782379792540
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L Abzac


Sam Hoyt

2021
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Prologue
 

 
C’était dans la frénésie épileptique de Wavrill que j’avançais en obéissant au chemin indiqué par mes Lunenets. Suivant ma voie piétonne, les jambes en ciseaux, je serpentais dans les allées des magasins et restaurants que le passage, imprimé de flèches aux verres, obligeait à traverser. J’avais trois stations de transport à prendre. L’appli m’avait calculé un parcours, dans le labyrinthe de la cité allumée, d’une heure seize. La pluie tombait en trombe ce jour-là. Une averse qui ruisselait sur les auvents et suintait sur les parois dans le bruit monotone des gouttes qui frappaient les nanogénérateurs qui rechargeaient la métropole. L’atmosphère était morose malgré la gaieté des écrans de publicités qui dégobillaient des absurdités aux quatre coins des immeubles. Lorsque je m’installais dans les sièges ergonomiques des blocs communs qui glissaient par la magie du magnétisme et de façon élégante sur les rails, je suivais l’actualité de mon monde technologique. De ce que je connais et ce qui me caresse. Le moindre accrochage d’informations faisait péter les synapses à n’importe qui ici. Les Lunenets, quand ça vous connaît, ça sait censurer et flouter ce qu’il faut. Ce mode, je l’avais laissé pendant des années. Je glissais ainsi aveuglément à travers Wavrill, passant dans les échangeurs en tours babyloniennes, comme des phares en cathédrale qui aiguillaient les vers aérodynamiques, métalliques, lustrés et vernis.
 
Passant au-dessus des quartiers élitistes suspendus grâce à d’énormes arches avec une grande vitesse et dominant les allées populaires au ralenti le temps de recharger au solaire, je me laissais porter. J’étais semblable à tant de gens. J’étais amorphe et le fait de vivre pleinement avait toujours un pas d’avance sur moi. Je subissais ma routine et m’angoissais de quelques travaux imposés par le Cybergime. Je ne fréquentais que très peu de personnes, juste ce qu’il fallait. Avant, mon quotidien était tout autre. J’étais là dans le présent, en harmonie symbiotique avec cette société de spectacle. Je me distrayais de tout ce qu’elle apportait, c’est vrai. Du cinéma, aux séries, d’arts modernes en passant par les musiques et les jeux vidéos, tout ce dont un être humain avait besoin, Wavrill l’offrait gracieusement. Et ce, dans le confort et la sécurité. Tout nous était accessible et nos potentiels étaient illimités.
 
Il me restait une vingtaine de minutes avant d’arriver à destination, je lançais une musique qui me confortait dans mon désespoir et me plongeait dans les abysses qu’offraient les réseaux des Lunenets. À chaque fois que je faisais ce trajet, c’était à contrecœur. Une boule à l’estomac où se cuisinait la tristesse, la colère et le déni. Le bloc commun sonna de son alarme intuitive pour signaler son arrivée et je sortis à l’air humide. Un pont aux garde-corps en carbone menait droit vers un bâtiment d’une architecture si simpliste et frontale qu’elle semblait indestructible. Un parpaing percé de centaines de vitres carrées et homogènes. Une croix rouge s’illuminait dans une animation schématique sur une structure luminescente. Je passais le sas d’entrée et pénétrais dans une lumière acerbe pour la rejoindre.
 
L’intérieur était, comme l’extérieur, très imposant et paraissait tout aussi indestructible. On pouvait voir les poudres d’aciers entremêler ça et là, des murs en onyx parfaitement lissés qui faisaient office de plafond, et des lumières blanches aveuglantes pendues qui stérilisa ient la spacieuse entrée . Devant moi , trois portiques bardés de détecteurs et lumières rouges diverses étaient alignés avec des a ppareils de sécurité qui m’accueillaient austèrement. Je passais dans le scanner, tandis que des patients assis m’ observa ient d’un œil méfiant. Une fois les sécurités passées, les appareils reprenaient leurs postes docilement tandis que j’entrais dans le hall principal. D’ici, on devinait entièrement les entrailles du bâtiment qui était tout aussi immaculé, d’une brillance éclatante. Malgré sa taille imposante, on se sentait oppressé par ce manque d’ombre et cette couleur de laboratoire qui était omniprésente. Un peu perdu comme toujours, un androïde sur roue se dirigea vers moi et me demanda la nature de ma visite. Je lui dictais distinctement puis il me pria de le suivre. J’étais le seul humain à déambuler dans les couloirs. Je croisais d’autres androïdes avec un écran à la place de la tête qui diffusait la tête d’un médecin qui buvait son café, blasé, travaillant sûrement à des kilomètres d’ici . L’androïde d’accueil me guida jusqu’à la porte 87 et repartit poliment. J e me plaçais comme à mon habitude devant la caméra pour que le petit écran sur la porte s’allum e . Le message automatique afficha un :
 
« Bonjour, que souhaitez-vous ? ».
 
J’appuyai sur la demande de visite et un écran de chargement pris le relais avant d’afficher :
« 
Vérification de santé… OK
Vérification d’identité… OK
Droit de visite… OK
Autorisation accordée… 
 »
Un compteur de quinze minutes commença son compte à rebours . La porte se déverrouilla discrètement et j’entrais les mains moites et tremblantes dans la chambre .
 
Des oscilloscopes affichaient les résultats des moniteurs multiparamétriques. Tensiomètre électronique, thermomètre médical, glucomètres et autres étrangetés. Des sacoches transparentes injectaient des médicaments par perfusion. Sous son masque, une assistance respiratoire s’effectuait accompagnée d’un tuyau qui faisait office de sonde gastrique et qui débitait les nutriments indispensables. Au-dessus de son corps fragile, une coque de plastique blanche connectée de partout s’armait de petits bras mécaniques finissant en pince à trois doigts qui s’affairaient à entretenir ses paramètres vitaux. Le tout sous une rambarde de lampes d’examens médicaux qui passait d’une partie à une autre de son corps en quête d’un signe de réveil. Je m’asseyais à ses côtés. À travers tout ça, j’avais pour me consoler ses yeux fermés, ses sourcils blonds et sa chevelure de comète. Je distinguais son corps au bord de son lit aux armatures plastique, ses mollets luisants et ses pieds nus dépasser de sa blouse bleue. Je me laissais le luxe du souvenir avant que les bips ne me l’affichent là, inerte, sous le contrôle de la machine stérilisée qui l’entourait comme une pieuvre mécanique. En la voyant, les sensations abondaient successivement. Un mélange acide pomper par les tripes pour se distiller dans les commissures de mes yeux. Sa vitalité d’avant se situait juste derrière, regardant à travers les carreaux et donnant des coups d’essuie-glace pour m’éclaircir le chemin.
 
J’appuyai sur le bouton rond, rétroéclairé. L’appareil médical entreprenant se mit en pause. Les fins bras mécaniques se replièrent dans la coque. Une lumière se tamisa en fondu. Des ondes se courbèrent sur un afficheur à ma droite. Je tournais un potentiomètre pour faire correspondre les fréquences et enfilai le casque audio avant de le connecter à mes Lunenets.
 
Dans le son de flocon, je lançai un :
— Tu m’entends ?
Dans le fond brouillant, je compris un :
— … Vruich…
 
Dans la chambre 87, où seuls les veilleuses et les afficheurs indispensables s’illuminent avec respect, les deux êtres connectés sont installés. Reliés par des fils de cuivre à un amplificateur et un moniteur, nous attendions la machine. Après un long moment de stabilisation des ondes cérébrales qui traduisirent les pensées, le fond en flocon électromagnétique prit forme. Le signal retravaillé et confronté aux enregistrements passé de Lys, sa voix apparue dans le coton des coussinets du casque. Je reconnus le timbre chaud de la tessiture de sa voix. Son corps fermé apparut sous la lumière à effet de bougie. Je pouvais enfin retrouver la clé de ses pensées. Ouvrant la porte durement gondolée.
 
— Salut mon Elly. Nous sommes déjà le 15 ?
— Salut ma Lys. Comment te sens-tu ?
— Comme d’habitude… enfermée… et toi ? Tu tiens le coup là-bas ?
— Je m’en sors doucement. Ça me fait toujours bizarre d’entendre ta voix. J’ai toujours du mal à croire que c’est toi…
— Et pourtant c’est bien moi. Mais cela devient difficile. J’ai l’impression que ma discussion intérieure se désagrège et que nos conversations se cachent en trame de fond. J’ai de plus en plus de mal à la faire ressortir derrière le voile noir et les longs silences. Tu as trouvé ce que je te demandais ?
— J’ai cherché sur le réseau… ça avance… Mais, écoutes…
— Elly, il faut que tu le fasses ! Tu sais très bien que si je me réveille, je ne serais jamais plus pareil. Je ne veux pas de ça. Tu dois me débrancher Elly. J’entends quelquefois les servomoteurs de cette ignoble machine passée à côté de mes oreilles, comme une chatouille agaçante. Je sais qu’elle est là pour moi, mais j’ai l’impression d’être son pantin. Ils font finir par me mettre de l’électronique.
— Pourquoi veux-tu m’abandonner comme ça ? Attends au moins de voir. Tu me l’avais promis à l’époque.
— Je ne peux pas, chaque seconde est une souffrance, chaque minute, une éternité. Et chacune de tes visites, un amer souvenir… Tu dois aller les voir… Eux seuls ont les connaissances pour me désactiver.
— Mais comment ?
— Va à l’Abzac et laisse-toi guider par les plus allumés. Il faut te lancer. Je n’en peux plus de te rabâcher. Tu sais que j’en avais déjà contacté avant d’écrire mon article. Alors, laisse-toi porter. Je sais que tout est en place déjà. Je veux partir maintenant. Mon corps n’est plus et mon âme est en train de se diluer. Il ne reste plus que le temps qui passe et des sensations désagréables. Elly… Je suis déjà morte. C’est le Cybergime qui me tient en vie. Le temps que l’algorithme se décide à en finir et ça peut prendre des années. Je t’en prie.
— Mais qu’est ce qu’ils peuvent faire de plus eux, à l’Abzac ?
— Ils ont les moyens techniques et

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