L antre de la drogue
74 pages
Français

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Description

L’agent du Deuxième Bureau Daniel MARSANT continue de traquer le terrible Grand Maître, un génie du crime à la tête d’une tortueuse organisation internationale.


Lors de sa chasse aux États-Unis, Daniel MARSANT a appris que son ennemi s’apprêtait à mettre en place un trafic d’opium à grande échelle en faisant venir la drogue de Shanghai par voie maritime. Le port de Marseille est une des premières escales.


Aussi se rend-il dans la Cité phocéenne pensant y retrouver la trace du Grand Maître.


Aux alentours du Vieux-Port, un établissement sinistre retient son attention, le restaurant chinois le « Paravent Brodé »...


Daniel MARSANT décide d’infiltrer le milieu interlope du quartier dans l’espoir de découvrir une piste intéressante...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9791070034507
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 4 -

L'ANTRE DE LA DROGUE
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
SUR LE QUAI, À MARSEILLE

Daniel Marsant offrait toutes les apparences d'un flâneur curieux de connaître les endroits pittoresques de Marseille. Cigarette aux lèvres, les mains dans les poches de son pardessus, chapeau incliné de côté, il déambulait du côté de la Madrague.
Nul ne pouvait se douter que cet homme avait un but précis. Il s'arrêtait fréquemment, consultait un guide orné de photographies qu'il tirait de son vêtement, regardait de-ci, de-là, avec intérêt, continuait sa route...
Il prit une ruelle qu'il suivit jusqu'au bout et parut découvrir que ce n'était qu'un cul-de-sac. Il revint lentement sur ses pas.
L'enseigne du Paravent Brodé retint son regard. Il examina la façade de ce restaurant chinois et, comme une ombre semblait se mouvoir derrière une vitre, il eut recours, une fois de plus, à son petit livre. Puis il reprit son chemin.
Finalement, il disparut dans le crépuscule hâtif de novembre. Les lumières commençaient à luire un peu partout.
Il avait eu le temps d'inspecter soigneusement l'endroit qui l'intéressait.
La ruelle était barrée par un mur assez haut, de quatre mètres environ, un grand mur de pierre dans lequel il y avait un portail formé de deux battants de bois très épais. Au-delà, une cour pavée et un bâtiment gris à plusieurs étages, dont l'entrée véritable se trouvait dans une autre rue, beaucoup plus loin.
Une heure plus tard, Daniel Marsant se trouva dans le cabinet de travail du chef de la Sûreté Marseillaise, M. Ledru. Ce dernier arborait un sourire où se mêlaient l'affabilité et l'estime. Il n'ignorait pas que son visiteur était l'un des hommes les plus habiles du contre-espionnage.
— Eh bien, monsieur Marsant, vous avez vu, comme vous le désiriez ?
— Oui, monsieur Ledru... J'ai maintenant la topographie des lieux dans la mémoire. C'était ce qui m'importait, pour commencer.
— Selon ce que vous avez bien voulu me signaler, je ne manquerai pas de faire exercer une surveillance aussi discrète qu'efficace.
— Oh ! murmura Marsant, je doute qu'on puisse découvrir quelque chose tout de suite...
M. Ledru se mordilla les lèvres. Il crut à une allusion cachée. Son interlocuteur reprit avec courtoisie :
— Ne croyez pas, monsieur Ledru, que je blâme vos services en aucune façon. Non, telle n'est pas ma pensée. J'ai voulu dire que les gredins sont extrêmement habiles et...
— Très chic de votre part, monsieur Marsant, interrompit le chef de la Sûreté. Aussi, croyez-moi, je ferai l'impossible pour réussir.
Les yeux de Marsant lancèrent un éclair.
— Réussir !... marmonna-t-il. Prendre enfin cet insaisissable...
Il releva la tête et reprit à voix haute :
— Je l'ai traqué à Paris... Je l'ai poursuivi à Londres... Il ne m'a échappé que de justesse aux États-Unis... Le chef occulte de cette immense association qui compte des affiliés dans tous les pays m'a glissé entre les doigts, à chaque fois, comme une anguille... Je ne connais pas son identité, son nom véritable... On l'appelle le Grand Maître... C'est tout ce que je sais. Mais il y a quelque chose qui me remet infailliblement sur sa piste... Son regard !... Je connais ses yeux, comprenez-vous... Il le sait. Aussi, a-t-il toujours des lunettes... Mais, peu importe... Je le retrouverai.
— Comment savez-vous qu'il est en France ?
— Mais, je n'en suis pas certain du tout ! s'exclama Marsant. C'est une hypothèse. J'avais appris à New York qu'il s'apprêtait à se livrer à un trafic intensif de contrebande d'opium asiatique, mais que pour dérouter la police, il comptait l'importer par l'Atlantique, au lieu d'utiliser San Francisco. L'un de ses relais, si je puis dire, était désigné : notre port de Marseille.
Il haussa les épaules et reprit :
— Vous n'avez jamais rien relevé de suspect contre le Paravent Brodé ? Depuis combien de temps cet établissement existe-t-il ?
— Depuis environ cinq ans... C'est un Chinois, bien entendu, qui l'exploite. Un nommé Si-Feng. Cauteleux, sournois et très poli. Comme tous ceux de sa race qui font commerce avec les Blancs. Suspect ? Il l'a été tout de suite !... Nous pensons qu'il doit dissimuler une fumerie clandestine d'opium, chez lui... Mais, après quelques descentes de police, nous y avons renoncé, provisoirement... Le vieux coquin est sur ses gardes...
— Il tient restaurant et hôtel aussi ?
— Oui. La plupart de ses clients sont des oiseaux de passage, des matelots... De temps à autre, il y a des touristes, menés par des guides, qui se donnent l'illusion d'une soirée en Chine — qu'ils disent ! Tout cela est assez inoffensif en apparence.
La conversation continua entre les deux hommes.

* * *

Cette même nuit. Le froid était sec au début, puis un brouillard s'était répandu sur le port et l'atmosphère se chargeait d'humidité.
L'agent de service qui se trouvait de faction sur le quai, le long du Bassin National, achevait furtivement une cigarette qu'il tenait cachée de son mieux dans la paume arrondie de sa main droite. Il jeta le bout consumé dans l'eau et soupira de regret.
Il aurait préféré être dans son lit. Non pas qu'il eût peur. L'homme en uniforme, pour jeune qu'il fût, savait qu'il n'y avait rien de spécialement redoutable dans sa faction. Mais il avait froid aux pieds, il avait l'onglée, il se sentait malheureux...
Le brouillard était devenu incroyablement épais. Chose rare à Marseille... L'agent de police grommela entre ses dents :
— Comme à Londres, quoi !... Bien ma chance... Pour une fois qu'on n'y voit pas à cinq mètres, c'est justement ma soirée de faction.
Il avait commencé un long monologue quand, soudain, il s'interrompit et pivota sur ses talons.
Des pas résonnaient sur le pavé. Les pas d'un homme pressé. Ou bien n'était-ce pas plutôt les pas des deux hommes, martelés ensemble ?
Le silence à présent. Instinctivement, l'agent de police n'avait pas bougé. Il cherchait à deviner ce qui se passait non loin de lui, à cinq mètres, peut-être, à l'entrée d'une ruelle dont il connaissait l'existence et dont un coin lui masquait la vue, même s'il n'y avait pas eu de brouillard.
Une voix murmura, étouffée :
— Nom d'un chien !... Jamais nous ne la retrouverons !... Avec ce brouillard d'enfer !... Où est-elle ?
— Dites, patron, répondit un second personnage, et... et si elle allait parler ?
— Mais non, idiot... Elle est folle, tu sais bien !
— Oui... Mais tout de même... Je...
— Suffit... Ne perdons plus de temps. Il faut la retrouver. Pour le reste, je m'en charge...
L'agent Tisson fit quelques pas dans la direction des voix. Il s'arrêta. Elles étaient plus éloignées qu'il l'avait cru.
— On ne voit rien... Et je n'entends plus rien !
De nouveau les pas dans le brouillard. Deux hommes ou un homme ? Il lui semblait bien que ce n'était plus tout à fait la même chose...
— Et puis après ? grogna-t-il. Ça ne me regarde pas. Ces gars-là y cherchent quelqu'un... Eh ben, quand ils l'auront trouvé, y n'chercheront plus, voilà tout...
Le représentant de la police s'accota dans une encoignure et se mit à penser à autre chose. Par exemple, à fumer une autre cigarette. Hein... S'il en grillait une... Le brigadier ne passerait sûrement pas avant qu'il eût eu le temps de la terminer.
Il plongea ses mains dans ses poches. À ce moment, une silhouette surgit hors du brouillard et faillit heurter l'agent qui était quasi invisible dans son coin. L'homme eut un sursaut et bondit en arrière.
Il était grand. Un pardessus lui tombait jusqu'aux mollets. Le collet relevé et le chapeau mou abaissé sur les yeux abritaient le visage. L'inconnu s'excusa, puis sans transition :
— Quelle sale nuit, hein... Vous n'avez pas un peu de feu ? Plus d'allumettes sur moi...
L'agent tira son briquet et offrit la flamme. Tous deux clignotèrent des yeux, puis l'homme alluma la cigarette qu'il avait tirée hors d'un bel étui plat d'argent. Tisson vit un nez en forme de bec d'oiseau de proie, un menton proéminent et un monocle.
— Vous en voulez une ? offrit l'inconnu en tendant l'étui.
— Non, merci... Interdit de fumer en service... r

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