L'Atelier

Florence Albouy-Hamitri

Description

À l’abordage de vos rêves fabuleux !
Trésors enfouis, cachés en chacun de vous...
Encrez vos plumes et préparez votre voyage :
Libérez vos inhibitions, vos pires démons,
Insufflez de la joie, de l’amour, du désir,
Ensemble voguons vers des horizons radieux,
Royaumes inexplorés, sublimes et prodigieux.

Six personnages qui ne se connaissent pas s’inscrivent dans un atelier d’écriture. Ali, Aminata, Diana, Jean, Yves et Zélie s’y rencontrent : ils vont apprendre à se connaître, eux-mêmes et les uns les autres, accompagnés par la bienveillante Myriam.

Sujets

• Women
• Woman
• The Women
• Fiction
• Urban fiction
• Street Lit
• Urban Lit

Informations

• Publié par: editions-kelach
• Date de parution: 03 mai 2018
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782490647330
• Langue: Français

Extrait

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5 (2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L.122-4).
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ISBN 978-2-490647-33-0
EAN 9782490647330
Éditions Kelach
Collection Orée des Indépendants

 
Octobre 2018
 
 
Florence Albouy-Hamitri
L’Atelier
Éditions Kelach
 
 
 
À Laetitia Macé qui m’a embarquée dans Toi Moi Nous, voyage initiatique vers l’épanouissement personnel. Grâce à cet équipage, j’ai bravé les flots, gardé le cap dans la tempête et fixé l’horizon de mes Rêves. Sans ça, où aurais-je dérivé ?
À Zino et Félie, mes Trésors, qui m’ont soutenue et encouragée par leur amour et leur insouciance à réaliser mon rêve d’enfance.
À mes parents, sans qui ce livre ni moi-même n’aurions vu le jour !
À tous ceux, trop nombreux à citer, qui m’ont inspirée…
Et à vous qui lisez aussi, car c’est pour vous que j’ai écrit.
 
 
Prologue  
Assogora, rentrée 2015.
Il y a foule sur le cours Mirabeau. Le public flâne, déambule de stand en stand, se documente sur les activités proposées pour cette année scolaire qui débute. Parmi celles-ci se présente L’Atelier, animé par Myriam. La cinquantaine dépassée et voluptueuse, c’est une femme hors norme, rayonnante et pétillante. De mère malgache et de père irlandais, elle est née dans un avion entre Rio et Santiago. Ses parents saltimbanques l’ont emmenée à travers le monde, de l’Amazonie à l’Alaska en passant par le Sri Lanka… Elle a suivi leurs traces, elle est devenue une artiste touche-à-tout : danseuse, peintre, conteuse, elle puise son inspiration dans toutes les disciplines et toutes les cultures.
Depuis cette enfance globe-trotter et au long de son parcours créatif, elle a bien « roulé sa bosse » comme on dit. Elle s’est aussi forgé une philosophie de vie sur mesure, empreinte de spiritualité asiatique et d’hédonisme méditerranéen. Cette année, elle se consacre à la préparation d’un nouveau spectacle théâtral et lance aussi un projet inédit : chaque lundi soir, elle proposera un atelier d’écriture un peu particulier.
Ce samedi, sur le cours Mirabeau, le public passe à côté de son stand ; certaines personnes s’arrêtent, prennent le prospectus, lui posent des questions…
Rendez-vous lundi 15 septembre : combien seront-ils ?
 
 
Chapitre 1 : Souvenirs d’enfance 15 septembre 2015
C’est son tour ! Le cœur battant, elle lit :
Je me souviens des jours de marché quand j’étais petite. C’était une fête pour moi. Je pouvais sortir avec Maman. Il y avait beaucoup de monde. Il y avait beaucoup de bruit aussi.
C’était comme un spectacle. Je regardais toutes les couleurs des fruits et des légumes. C’était très beau. J’aimais surtout sentir les odeurs des épices. Je m’amusais à toucher les tissus doux et brillants.
Des fois, un marchand m’offrait un gâteau ou une orange. Je m’en mettais partout. Maman me grondait un peu mais je me régalais.
Elle a détaché chaque mot, bien articulé, lu lentement. Sa voix a tremblé légèrement, mais elle est allée au bout. Elle peut se rasseoir. À 48 ans, Aminata ressent une fierté nouvelle, étrange… Elle, si réservée et complexée, a relevé le défi ! Elle sait qu’ici, c’est la règle : on vient pour écrire, et partager son texte avec les autres participants. Elle sait que la confidentialité et le non jugement sont la règle. Elle se sent rassurée par le silence bienveillant des autres participants.
Tous viennent chercher quelque chose de spécial à l’Atelier, et chacun se doit de respecter les motivations particulières des autres.
Zélie prend la suite. Jeune, enjouée, elle est plus assurée, elle aime avoir un auditoire. Elle dit son texte en y mettant son âme d’enfant :
Comme elle était belle, ma grande sœur, ce jour-là ! Elle ressemblait à une princesse dans sa robe blanche. Moi, je pensais que je serais comme elle, un jour…
Ça a pris toute la matinée pour la préparer. Elle est allée chez la coiffeuse. Son chignon était incroyable, plein de boucles. Ça sentait la laque et le monoï. Drôle de mélange !
La maquilleuse aussi s’est occupée d’elle. Elle a utilisé plein de poudres de toutes les couleurs. Ma sœur ressemblait à une top model dans les magazines ! J’étais éblouie.
Et puis elle s’est habillée. Il fallait enfiler les sous-vêtements, le bustier, le jupon… Il faisait chaud, elle était stressée, elle n’arrêtait pas de râler. Pourtant, on aurait dit qu’elle sortait d’un conte de fées. J’étais tellement fière d’être sa demoiselle d’honneur ! Moi aussi, je m’étais pomponnée, mais j’étais beaucoup moins jolie.
Quand elle est entrée dans l’église au bras de Papa, Maman a pleuré. Je l’ai vue. J’étais heureuse et triste en même temps, parce que je savais qu’elle allait partir pour toujours.
En se rasseyant, Zélie croise le regard d’Ali, un bel homme âgé, majestueux. Il a lu le premier. Il a les yeux pétillants et le sourire confiant. C’est la première séance de l’Atelier. Ils ne se connaissent pas encore. Quand ils sont arrivés à 19h, Myriam les a accueillis. C’est une femme qui dégage une aura extraordinaire. Elle a un pouvoir d’attraction violent, qui vous happe et vous sentez que vous ne pouvez pas résister. Elle donne envie de faire sa connaissance, et elle invite à faire connaissance avec soi-même. Qui peut faire ça ? A-t-elle un don particulier ?
Absorbée par ses pensées, Zélie n’a pas écouté le texte d’Yves. Il se rassoit déjà. Personne ne fait de commentaire. C’est spécial quand même, cet atelier d’écriture. On commence par une visualisation. On dirait une pratique mystique. Il faut entrer dans un état de relaxation profonde, en se laissant guider par la voix de Myriam. Et peu à peu, on voyage à l’intérieur de soi, juste par l’imagination. « Pourquoi le mariage de Sabrina ? » s’interroge Zélie. Ça aurait pu être n’importe quel autre souvenir d’enfance ! Une forte émotion est venue, et les mots se sont posés sur le papier, comme si elle était reliée à son stylo mais qu’elle n’était pas aux commandes. C’est presque flippant. C’est la séance d’essai aujourd’hui… Elle ferait peut-être mieux de ne pas revenir la semaine prochaine.
Entretemps, Diana s’est levée : la quarantaine, élégante, un peu hautaine... Malgré son aplomb, elle semble troublée tandis qu’elle raconte son souvenir :
(…) Un grand chien m’a sauté dessus ! Je me suis retrouvée étalée sur le sable, et ce gros berger m’empêchait de me relever !
Comme j’ai ri. C’était une belle émotion. J’ai pensé que c’était exactement comme Belle et Sébastien, sauf que le chien était noir. Il avait l’air d’un nounours géant. J’ai regardé tout autour de moi. Il n’avait pas de maître apparemment. Alors je lui ai parlé, comme si c’était une vraie personne. Je l’ai appelé Sébastien. J’ai passé plusieurs heures à jouer avec lui.
Quand je suis retournée à la maison de mes cousins, je me sentais heureuse, comme si j’avais un nouvel ami. C’est un des meilleurs après-midis de ces vacances. Dommage, je n’ai pas revu Sébastien.
Elle est mal à l’aise. Elle n’a pas l’habitude de se dévoiler. Formatrice depuis des années, elle sait garder son sang-froid et ne rien laisser paraître. Elle se sent impudique de livrer ainsi ses émotions. Pourtant, elle est là. Elle s’est pliée à la consigne. Myriam l’a embarquée avec sa voix et ses mots choisis. Elle s’est alors retrouvée dans une part enfouie d’elle-même, un endroit qu’elle n’a pas visité depuis bien longtemps. L’enfance… Elle pensait en avoir jeté la clé ! Enfin, s’inscrire à cet atelier, c’est le challenge qu’elle s’est donné pour cette année. Comme tout s’est écroulé dans sa vie, il faut peut-être aller faire le tour du propriétaire, visiter les ruines, en espérant y trouver un peu de matériaux à réemployer.
C’est Jean maintenant qui prend la parole. Il a une forte présence, un certain charme avec sa barbe de cinq jours poivre et sel. Sa voix porte. Il aime se mettre en avant et sait se faire entendre.
Mon plus beau souvenir, c’est les représentations de cirque. J’y suis allé souvent pendant mon enfance. Dès que les forains passaient en ville, et qu’ils annonçaient la prochaine représentation en passant dans les rues avec leur haut-parleur, je ne tenais plus en place. Je soûlais mes parents pour qu’on y aille.
J’ai vu des numéros extras. J’aimais bien les dompteurs, ils m’impressionnaient parce que je croyais qu’ils n’avaient peur de rien. C’était...