128
pages
Français
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2012
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Ebook
2012
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Publié par
Date de parution
02 avril 2012
Nombre de lectures
15
EAN13
9782894358610
Langue
Français
Publié par
Date de parution
02 avril 2012
Nombre de lectures
15
EAN13
9782894358610
Langue
Français
Titre
ÉLODIE TIREL
L'INVASION DES HOMMES-RATS
Crédits
Illustration de la page couverture : Boris Stoilov
Illustration de la carte : Élodie Tirel
Infographie : Marie-Ève Boisvert, Éd. Michel Quintin
Conversion au format ePub : Studio C1C4
La publication de cet ouvrage a été réalisée grâce au soutien financier du Conseil des Arts du Canada et de la SODEC.
De plus, les Éditions Michel Quintin reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par procédé mécanique ou électronique, y compris la microreproduction, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
ISBN 978-2-89435-861-0 (version ePub)
ISBN 978-2-89435-587-9 (version imprimée)
© Copyright 2012
Éditions Michel Quintin
4770, rue Foster, Waterloo (Québec)
Canada J0E 2N0
Tél. : 450 539-3774
Téléc. : 450 539-4905
editionsmichelquintin.ca
Carte
Prologue
PROLOGUE
Dehors, il pleuvait des cordes, mais qu’importait, à l’intérieur de la maisonnette, il faisait bon. La nuit était tombée et dans l’âtre crépitaient de belles flammes qui réchauffaient l’unique pièce. Dans son lit douillet, la petite Alba ne parvenait toutefois pas à s’endormir. Les trombes d’eau qui s’abattaient sur le chaume noirci l’empêchaient de trouver le sommeil.
La fillette repoussa sa couverture et regarda sa grand-mère et sa grand-tante qui, tranquillement installées devant la cheminée, tricotaient en silence.
— Gran’ma, j’arrive pas à dormir. Tu me racontes une histoire, dis ?
La vieille elfe sylvestre se retourna, surprise.
— Tu ne dors pas encore, toi ? Il est tard, tu sais.
— Justement, pour pouvoir m’endormir, j’ai besoin d’une histoire.
— À ton âge ? Alba, tu es bien trop grande pour ça.
L’autre femme, un peu plus âgée, posa délicatement son ouvrage sur sa chaise et mit une main sur l’épaule de sa sœur.
— Laisse, je vais y aller.
— Oh merci, Gran’ta, tu es trop gentille ! s’exclama aussitôt l’enfant.
La petite se cala contre ses oreillers, prête à savourer l’histoire qui allait l’entraîner loin de là. L’elfe approcha une chaise du lit et sourit.
— Laquelle veux-tu que je te raconte ? chuchota-t-elle pour ne pas déranger sa sœur qui avait repris son tricot.
Alba n’hésita qu’une seconde.
— L’histoire du prince Djem !
— Tu la connais par cœur.
— Je sais, mais c’est ma préférée…
Gran’ta hocha la tête, vaincue par le sourire mutin de sa petite nièce.
— On raconte que le dernier roi qui vécut là-haut, dans la citadelle, n’arrivait pas à avoir d’enfant, car sa femme adorée était stérile. Or, quel plus grand malheur pour un souverain que de n’avoir pas de descendance ? Résolu à avoir un fils coûte que coûte, il fit quérir dans la région de jolies jeunes femmes et promit d’épouser celle qui lui donnerait un héritier. Nombreuses furent les damoiselles qui accoururent au château. Le roi honora chacune d’entre elles, mais pas une ne se trouva enceinte. Désespéré, le souverain fit appel à une sorcière. Il pactisa avec les forces du mal, répudia sa tendre épouse et épousa la maléfique harpie, scellant ainsi son destin au sien. Pourtant, il ne regretta pas son geste, car il s’avéra que la sorcière tomba tout de suite enceinte. Neuf mois plus tard naissaient des jumeaux, un garçon et une fille, aussi beaux et éveillés l’un que l’autre. Le monarque était comblé. Pourtant, son bonheur fut de courte durée. La sorcière lui avait volontairement caché que toute magie avait un prix. « Un de ces deux enfants par ta main périra, augura-t-elle. Le jour de ta mort, il te faudra choisir qui d’entre eux te survivra. » Horrifié, le bon roi refusa de croire à cette sombre prophétie et chassa la sorcière de son domaine.
— S’il avait su quel vilain tour elle lui jouerait plus tard, il l’aurait plutôt fait étrangler ! fit Alba en mettant ses mains autour de son cou pour mimer la scène.
— Ah ça oui ! Mais le roi n’était pas aussi cruel, et puis il croyait certainement que cela suffirait à écarter la malédiction. Il éleva donc tout seul ses deux enfants. Les jumeaux, qu’il chérissait plus que tout, étaient fort différents. Djem, l’enfant aux cheveux blonds, était calme et posé. Il passait des heures dans la bibliothèque à étudier et à écrire. Rêveur, il aimait se poster en haut du donjon pour admirer la mer qui lui inspirait de doux vers, qu’il accompagnait à la harpe. La brune Aldriel, au contraire, ne tenait pas en place. Elle avait appris à monter, à tirer, à chasser, et elle suivait régulièrement son père lorsqu’il visitait ses terres. Ils passaient énormément de temps ensemble. Au fil des années, leur tendre complicité se mua en une profonde admiration mutuelle. Le bon roi dut se rendre à l’évidence, Aldriel avait la trempe d’une reine, Djem, celle d’un troubadour.
— Et après ? Raconte quand le roi est rentré blessé.
La vieille elfe soupira devant tant d’impatience, mais se plia de bonne grâce à la volonté de l’enfant.
— Ce que le roi ignorait, c’était que la vilaine sorcière attendait dans l’ombre le jour de sa vengeance. Un jour qu’il chassait, elle en profita pour lui tendre un piège. Elle tua ses hommes, le blessa grièvement et le captura. « Tu croyais qu’en me bannissant tu reculerais l’accomplissement de la prophétie ? lui fit-elle. Tu as eu tort, car dans quelques heures tu succomberas à tes blessures et, si tu ne choisis pas ton héritier avant de rendre l’âme, tes deux enfants périront ! » Le roi moribond fut trouvé par des villageois et ramené au château. Sur son lit de mort, le souverain, rongé par le désespoir, fit appeler ses sept gardes les plus fidèles. Il leur demanda de conduire le prince Djem dans les souterrains qui couraient sous la citadelle et de l’emmurer vivant. Afin qu’il ne s’échappe jamais de sa prison de pierre, les sept hommes garderaient cet endroit jusque dans la mort. Ils acceptèrent de se sacrifier sans une hésitation. Ensuite de quoi le roi fit quérir sa fille chérie et la désigna comme héritière du trône. Il mourut juste après. La nouvelle reine fit mander son frère pour lui apprendre le décès de leur père, mais nul ne le trouva. Malgré les recherches qui furent effectuées, personne ne sut jamais où était passé le prince Djem. Le roi était mort en emportant avec lui son horrible secret.
— Mais comment tu le sais, toi, alors ? demanda Alba.
— Ceux qui se sont aventurés dans les ruines de la citadelle disent que le fantôme de Djem hante toujours les lieux. C’est lui qui leur a raconté sa tragique histoire.
— Tu l’as déjà rencontré, toi ?
— Moi, non, mais ta grand-mère, une fois, je crois.
À ces paroles, Gran’ma se retourna, indignée.
— Tais-toi, Viurna ! Ne lui raconte pas ça ! Tu vas lui faire faire des cauchemars !
— Mais j’aime bien les histoires de fantôme, moi ! se récria la fillette. Allez, continue, Gran’ta. Qu’est-ce qu’elle est devenue, Aldriel ?
— Aldriel fut une reine droite et juste. Adorée de ses sujets et respectée des rois des contrées voisines, elle fit prospérer son royaume dans la paix jusqu’au jour où un mal inconnu frappa le château. Les uns après les autres, ses gens moururent dans d’atroces souffrances. Sans qu’on en connaisse l’origine, la mortelle épidémie se répandit, n’épargnant personne, pas même Aldriel. La citadelle sombra dans le chaos.
— Moi, je suis sûre que c’est la sorcière qui leur a lancé cette malédiction, chuchota Alba.
Gran’ta hésita, puis se pencha pour répondre sur le même ton :
— Ou bien c’est le prince Djem qui s’est vengé de sa mort atroce.
— Bon, ça suffit, maintenant ! gronda Gran’ma en dressant sa maigre silhouette près du lit. Je pense que cette petite est suffisamment traumatisée pour ce soir. Inutile d’en rajouter !
Viurna s’éloigna d’Alba en maugréant et retourna près de l’âtre reprendre son ouvrage là où elle l’avait laissé. Gran’ma embrassa sa petite-fille sur le front.
— Tu sais, ma chérie, toutes ces histoires ne sont que des légendes. Elles remontent à tellement longtemps qu’on n’est même pas sûrs qu’elles ont réellement eu lieu !
— Mais Gran’ta, elle, dit que tu as déjà vu le fantôme du prince Djem !
— La pauvre Gran’ta n’a plus toute sa tête, murmura l’elfe sylvestre. Parfois, elle ne sait plus ce qu’elle dit. Allez, oublie toutes ces histoires, ferme tes petits yeux et dors vite, ma pistounette. Demain, nous irons cueillir des herbes médicinales.
— Et tu m’apprendras à faire des décoctions ?
— Promis.
La vieille elfe caressa tendrement la joue de l’enfant de sa main parcheminée et, dès qu’elle fut certaine qu’elle dormait, elle retourna près du feu. Avant de reprendre son tricot, elle adressa un regard noir à sa sœur.
— Je ne comprends pas pourquoi tu m’en veux, marmonna Viurna. J’ai pourtant enjolivé l’histoire.
— Pas assez à mon goût ! D’ailleurs, tu aurais dû en choisir une autre !
— Mais Alba adore cette légende, c’est elle qui…
— Ce n’est pas une légende, Viurna, et tu le sais très bien. Ce qui s’est passé là-haut était l’œuvre de forces démoniaques qui nous dépassent tous et je refuse que mon unique petite-fille soit mêlée à ça d’une manière ou d’une autre. C’est bien simple, je ne veux plus jamais t’entendre prononcer le nom de Djem devant Alba. Plus jamais !
La vieille baissa les yeux, dépitée et vexée. Pourtant, elle ne s’avoua pas vaincue.
— C’est vrai que tu as vu son fantôme ?
Gran’ma soupira longuement avant de lâcher, radoucie :
— Je m’en serais bien passée, crois-moi. Cette nuit-là, j’ai eu la peur de ma vie ! Cette citadelle est maudite, Viurna, et je n’y retournerai pour rien au monde. Pour rien au monde…
1
L’automne, maussade et pluvieux, avait définitivement chassé le soleil estival. Le ciel anthracite déversait régulièrement ses lourdes larmes sur l’océan couleur de plomb. Même le lagon semblait