L Enfant qui ne pleurait jamais
100 pages
Français

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L'Enfant qui ne pleurait jamais , livre ebook

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Description

A quoi peut bien ressembler un gamin dans le Paris de l'après-guerre? Pas à Antoine Petibonjean, car lui est unique dans son malheur. Gavroche à ses heures, son enfance est loin du vert paradis des joies enfantines comme l'écrivain Proust. Dernier de classe, des mauvais coups plein les poches, Antoine est battu et humilié tous les jours par ses parents, ses professeurs, les grands de la cour de récréation. Par chance, il s'est trouvé une échappatoire : rêver de l'Amérique avec ses cowboys et ses Indiens.
Pourtant, de sa naissance à ses 21 ans, son parcours est celui du combattant. Foetus sauvé in extremis des aiguilles à tricoter de la faiseuse d'ange jusqu'au tribunal militaire, Antoine a le malheur qui lui colle à la peau, cette peau couverte d'ecchymoses qui cache une âme d'explorateur du Nouveau Monde. Si ce n'était de ses lectures sur le Grand Nord lorsqu'il souffre et récupère entre deux séances de violence, Antoine serait mort.
La plume de Gilles Dubois ne perd le nord à aucun moment dans ce roman autobiographique. Elle mord dans le papier comme les coups de fouet dans la chair du jeune Antoine. L'auteur a le don d'aller droit au but, droit au chaos, au sang. On a mal pour son héros, on souhaiterait le protéger, mais il nous échappe telle la vie, et il suit son cours vers l'effroyable et plus tard, espérons-le vers la poésie des grandes étendues nordiques de l'Amérique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2016
Nombre de lectures 10
EAN13 9782896990153
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Du même auteur
Page titre
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Crédits - Achevé d'imprimer
L’enfant qui ne pleurait jamais
Du même auteur

Chez le même éditeur
Akuna-Aki, meneur de chiens, roman, Ottawa, Les Éditions L’Interligne, 2007 (lauréat du Prix des lecteurs Radio-Canada 2008).
Aurélie Waterspoon, roman, Ottawa, Les Éditions L’Interligne, 2008 (finaliste du Prix des lecteurs 15-18 ans Radio-Canada Centre FORA 2009, finaliste du Prix du Journal LeDroit 2010).
La piste sanglante, roman, Ottawa, Les Éditions L’Interligne, 2009 (lauréat du Prix Françoise-Lepage 2011 et finaliste au Prix du livre d’enfant Trillium 2010).

Chez d’autres éditeurs
Hokshenah, l’esprit du loup blanc, Paris, Les Éditions Les 3 Orangers, 2003 (finaliste du Prix littéraire 30 Millions d’Amis).
L’homme aux yeux de loup, Ottawa, Les Éditions David, 2006 (finaliste du Prix des lecteurs Radio-Canada, du Prix Trillium et du Prix littéraire 30 Millions d’Amis).

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Dubois, Gilles, 1945
L’enfant qui ne pleurait jamais [ressource électronique] : roman / Gilles Dubois.

(Collection Vertiges)
Monographie électronique en format PDF.
Publ. aussi en format imprimé et dans un autre format électronique.
ISBN 978-2-89699-014-6

I. Titre. II. Collection: Collection Vertiges (En ligne)

PS8557.U23476E64 2011a C843’.6 C2011904664-4

Les Éditions L’Interligne 261, chemin de Montréal, bureau 310 Ottawa (Ontario) K1L 8C7 Tél. : 613-748-0850 / Téléc. : 613-748-0852 Adresse courriel : communication@interligne.ca www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.

Papier ISBN 978-2-923274-81-2 PDF ISBN 978-2-89699-014-6 ePub ISBN 978-2-89699-015-3

© Gilles Dubois et Les Éditions L’Interligne Dépôt légal : troisième trimestre 2011 Bibliothèque nationale du Canada Tous droits réservés pour tous pays
« Écrire, voilà qui rapproche le plus l’homme de Dieu. Parler des bêtes… Les bêtes sont merveilleuses. Elles vous choisissent ou vous fuient, mais jamais elles ne vous jugent. Une nuit, j’ai lu dans les yeux d’un hibou. C’était deux beaux livres rouges avec, de-ci de-là, des taches de malheur. »

James Dean
À ces enfants qui ne pleurent jamais.
1

Début des années 50, Issy-les-Moulineaux, banlieue parisienne.
Le décor : une ruelle étroite, sombre, délimitée par les murs en briques grises d’une manufacture de biscuits en faillite et d’une ancienne entreprise de produits d’entretien. Le sol était couvert d’immondices. Une odeur tenace d’urine et d’excréments stagnait dans l’air immobile. Quelques sans-abri vivaient là à longueur d’année, dans des boîtes en carton. Il était 15 heures 30. En ce jour de mai, le soleil était éblouissant. Arrêté par les hauts murs délabrés, il ne s’infiltrait jamais dans cette venelle nauséabonde où se déroulait en cet instant une scène familière aux sorties d’école. Des enfants se battaient.
— Vas-y Louis ! Mets-lui-en plein la fgure à c’bâtard d’Espagnol, criait un grand gars nommé Robert, apparemment le meneur de la bande. Par derrière, Marcel, aux cheveux ! hurla de nouveau Robert.
— C’gros merdeux va y goûter ! ricana Sylvain.
La bagarre qui se déroulait entre quatre écoliers était sérieuse. À y regarder de plus près, il s’agissait d’une agression caractérisée, hors de proportions. Trois garnements d’une huitaine d’années s’en prenaient à un garçonnet un peu gros qui ne devait pas avoir plus de six ans.
Au milieu du cercle menaçant de poings et de pieds qui l’assaillaient de toutes parts, la petite victime se défendait âprement, avec une détermination farouche née de sa situation désespérée. Une rage folle l’habitait. Et soudain, insolite, sur son visage volontaire s’afcha un sourire moqueur, comme indiférent.
C’était un fait. En l’espace d’un court instant, l’enfant n’éprouva plus que mépris pour ses adversaires ! Il avait en efet remarqué que depuis quelque temps, dès que les événements de son existence échappaient à son contrôle, que sa vie évoluait dans une grisaille navrante, pénible à supporter, que ce soit à l’école ou à la maison, se produisait en lui un étrange phénomène. Son esprit pénétrait dans une forêt fantasmagorique. Les arbres y revêtaient des formes élancées, légères, comme s’ils fottaient, immatériels. Le décor au complet s’enrichissait d’innombrables couleurs le temps d’un soupir, des tons qui en se mêlant créaient mille autres nuances, dégradées à l’infini.
Et là, dans ce refuge hors de l’espace et du temps, lui était donnée la faculté magnifque de pouvoir observer, en simple spectateur, l’évolution de ce qui se déroulait autour de lui. Dès lors qu’il s’imprégnait de ce monde imaginaire fait de lumières éclatantes, aucune adversité ne semblait plus l’atteindre.
En fait, son conscient se mettait en sommeil. L’enfant n’était plus qu’instinct animal. Il envoyait ses coups avec automatisme, se protégeant des attaques sans même avoir à y songer. Ses mouvements étaient fuides, d’une rare efcacité.
Son sac d’école tournoyait d’un mouvement ample au bout de ses bras un peu longs, comparativement à sa taille. Malgré le désavantage du nombre et son jeune âge, il parvenait à maintenir ses antagonistes à distance, se rapprochant ainsi, « à la force des poignets », de la rue principale où les autres n’oseraient jamais le poursuivre. Il y aurait toujours un passant compréhensif pour secourir Antoine, el bastardo, le bâtard espagnol, soufre-douleur du groupe de garnements qui le guettaient souvent à la fin des classes, guidés par une hostilité incompréhensible à ses yeux. Pour l’heure, il regrettait amèrement être passé par ce chemin afin de gagner du temps.
Ah ! s’il avait pu naître français à 100 % !
Son père disait que les gens qui n’aimaient pas les Espagnols étaient des racistes. Son père n’était pas raciste. Il l’afrmait d’ailleurs avec force.
— Les racistes me dégoûtent. Tiens, moi, des nègres, j’en connais deux ou trois. Je leur dis bonjour. Ils ont le droit de vivre comme tout le monde. Sûr que si ma fille nous en ramenait un à la maison, je gueulerais un coup, mais je n’ai rien contre eux en tant que citoyens.
La mère de l’enfant se nommait Carmencita et son père Vincent Petibonjean. Lui, c’était Antoine. Petibonjean, un nom pas facile à porter. Il lui en avait valu des moqueries ! Le père d’Antoine, Parisien pure laine, se prénommait comme son père. Antoine échappa miraculeusement au Vincent ancestral. Il en frémit. À chaque coup de téléphone adressé à Vincent, ils auraient été trois à se précipiter sur l’appareil, quatre, lorsque serait né le fils d’Antoine. L’absence d’originalité et d’imagination chez certains parents était parfois surprenante.
Antoine avait 6 ans. Il était grand pour son âge, un peu gros aussi. Ses parents pour cela l’appelaient Gros Bill, ou Billy-Boy. Un air populaire de l’époque en était cause.
Et voilà l’gros Bill qui part au p’tit trot,
Tout le long de l’île le long de l’eau...
On avait sufsamment ridiculisé l’enfant en le fredonnant. Il détestait ce nom inventé. Était-ce sa faute à lui s’il rafolait des bonbons à n’en plus pouvoir s’arrêter ? Depuis que les Petibonjean avaient acquis cette épicerie de produits bretons, Antoine, dix fois par jour, puisait à pleines mains dans les bocaux tentants aux essences variées qui garnissaient les tablettes et s’en bourrait les poches. Antoine vivait un peu le rêve de tous les enfants : se gaver de sucreries !
Antoine échappait parfois à la bande lorsque l’instituteur avait rendez-vous avec sa copine, une grande rousse qui louchait, et que la classe sortait un peu en avance. Longtemps avant la cloche annonçant la fin des activités scolaires — s’il n’était pas en retenue, ce qui lui arrivait deux ou trois fois par semaine —, Antoine se préparait mentalement à l’inévitable épreuve qui l’attendait dehors. Son cœur se mettait alors à battre plus vite. L’enfant allait probablement devoir se frayer un passage en force jusqu’à la maison. L’angoisse démolissait ses nerfs, s’accrochait à lui, jour après jour. Ce n’était pas que la bagarre l’efrayait. Il aurait même eu tendance à aimer ces afrontements dans lesquels il avait l’occasion de se mettre en valeur, car Antoine était un combattant redoutable ; par contre, il comprenait mal ceux qui les recherchaient uniquement par mali

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