L enfer en 11 lettres
151 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
151 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Lorsque la police arriva sur les lieux, le drame fut déjà consommé...


Ex-mannequin vedette, d'une ineffable beauté, Mona vit avec sa fille, Sarah, dans une magnifique villa sur les hauteurs d'Annecy.


Incarné par Roman, chirurgien de la clinique de la ville, un travail, l'amour... le bonheur se présente rapidement dans la vie de la jeune femme.


Une inéluctable descente aux enfers, également. L'enquête provoquée par quelque drame, menée par un lieutenant totalement hors norme, dévoilera bien des secrets, mais c'est en vase clos, entre les trois protagonistes, que se jouera le pire.



Le pire et l'indicible, pour un dénouement des plus stupéfiant, redoutable et implacable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 novembre 2017
Nombre de lectures 7
EAN13 9782376520535
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Thriller
Jean-Marie Roth
L'enfer en 11 lettres



ISBN : 978-2-37652-071-9
Titre de l'édition originale : L'enfer en 11 lettres
Copyright © Butterfly Editions 2017

Couverture © Istock + Mademoiselle-e + Butterfly Editions 2017
Tous droit réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit sous n'importe quelle forme.

Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des personnes réelles ou des lieux réels cités n'ont d'autre existence que fictive. Tous les autres noms, personnages, lieux et événements sont le produit de l'imagination de l'auteur, et toute ressemblance avec des personnes, des événements ou des lieux existants ou ayant existé, ne peut être que fortuite.
ISBN : 978-2-37652-052-8
Dépôt Légal : novembre 2017
1711172200
Internet : www.butterfly-editions.com

contact@butterfly-editions.com

- 1 -





Depuis la vitre sale de son exigu bureau altéré par les années, le Lieutenant Despand observait sans expression le va-et-vient de quelques collègues et autres civils. Cet homme sans âge songeait à sa retraite prochaine avec une forme de langueur. Alors qu’il l’appelait de ses vœux depuis tant de temps, son approche l’inquiétait plutôt. Marié par lassitude, mais célibataire de conviction, n’aimant pas davantage la pêche que les parties de scrabble entre amis – qu’il n’avait pas au demeurant – il discernait l’ennui au bout du chemin.
Despand ne laissait rien paraître, au grand jamais, de ses guerres intérieures.
Robuste, aux traits marqués par l’expérience, son air bourru lui valut souvent railleries. De mauvaises langues ironisaient en estimant que le dernier à l’avoir vu sourire devait être doté d’une sacrée mémoire pour en témoigner.
Lorsque son téléphone, un vieux filaire anthracite, tonitrua, l’homme leva à peine un sourcil fatigué, puis attendit la troisième sonnerie avant de décrocher.
– Commissariat d’Annecy.
– Au secours… Aidez-moi, je vous en supplie…
Il connaissait cette voix malgré l’effroi qu’elle dénonçait et qui la distordait. Le timbre sensuel de Mona résonnait comme nul autre. Quelles que fussent les émotions qu’il trahissait. Cette femme, d’habitude, symbolisait plutôt le calme. Si bien qu’une parcelle de tendresse et de profond respect se cultivait invariablement en l’âme du policier quand il pensait à elle.
À son parcours de top model aussi, qui à cinquante ans posait encore pour les collections de lingerie des enseignes les plus prestigieuses.
Elle a dû en croiser des colorations de la vie, et pas uniquement des chatoyantes, songeait-il parfois.
Mais sa voix, en cet instant de terreur, accusait un drame d’une autre ampleur.
– Je ne peux pas parler plus fort… Il est encore là…
Le rictus du Lieutenant accentua sa marque du lion, impeccablement tracée sur le haut de son nez.
– Gardez votre calme, Madame. Où êtes-vous ?
– Il vient de tuer ma fille et maintenant il me veut, moi.
Entendant son interlocutrice fondre en larmes, il comprit à quel point le désarroi, la panique de cette femme devaient la tenailler.
– Calmez-vous, Madame. Il faut me dire où vous êtes, persévéra-t-il.
– Je suis Mona Garner.
– Ne vous en faites surtout pas, Madame Garner. Je vous envoie des secours. Vous êtes chez vous ?
– Il a tué ma fille ! Il a tué ma Sarah !
Le Lieutenant fit signe à ses assistants de le rejoindre tout en commutant l’appel sur haut-parleurs. Les deux hommes qui arrivèrent hâtivement voulurent s’enquérir des faits, mais d’un geste, leur supérieur les fit taire. Engoncés dans leurs uniformes trop raides, ils se figèrent comme pantins au premier clignement du vétéran. Son regard bleu savait se faire perçant jusqu’à l’intimidation. Faculté dont il jouait souvent avec malice.
– C’est Mona Garner. Envoyez une patrouille chez elle ! Allez, grouillez-vous, bordel !
Despand étant d’un naturel plutôt flegmatique, ses adjoints comprirent immédiatement à son ton fébrile que le temps pressait, que la situation courrait au drame.
Le Lieutenant, en homme d’habitude, changeait d’accoutrement chaque matin. Mais pas de style. Sa dégaine punk, ridicule ou nostalgique selon les opinions, proposait en ce jour une veste de cuir cloutée, un vieux tee-shirt ACDC, le tout garni de quelque breloque en forme de tête de mort à faire pâlir Hamlet. Si l’ensemble jurait en ces lieux représentant l’ordre et la sécurité, ni ses supérieurs ni ses acolytes n’y prêtaient plus attention tant les faits avaient pris rang sur les us.
Sous la panoplie du parfait rebelle vintage, s’épanouissait un mètre quatre-vingt-dix de finesse musclée. Un soupçon d’embonpoint, signe de l’âge plus que de la gourmandise, arrondissait légèrement la virilité anguleuse du policier. Son visage, ridé par le vécu, semblait servir d’écrin à des yeux bleu clair aussi vifs que troublants.

Les sourcils blonds qui les bordaient disparaissaient parfois par la magie d’un rayon de soleil les caressant. La tignasse vénitienne de l’homme, dépassant de dix bons centimètres la longueur réglementaire, ondulait anarchiquement du sommet du crâne à la naissance des épaules.
Tout le monde se figea lorsqu’un hurlement sourd et bref gicla dans le bureau par le truchement des mini-baffles.
– Madame Garner… Madame Garner… Vous... vous êtes là ?
– J’ai été effrayée par une ombre… J’espère qu’il ne m’a pas entendue.
Le claquement d’une porte qui perça les enceintes acoustiques inquiéta le Lieutenant tandis qu’il observait deux de ses acolytes traverser le couloir au pas de charge.
– Il me cherche en bas… C’est trop haut pour que je saute par la fenêtre… Et ça ferait du bruit…
– Calmez-vous, Madame Garner. Il ne vous arrivera rien. Je vous le promets. Vous êtes bien chez vous ?
– Oui, chez moi… Il… Il remonte l’escalier… Je vais sortir et essayer de le surprendre… chuchota-t-elle de façon quasi imperceptible.
À ces mots, le policier évacua d’un geste ses subalternes restés auprès de lui. Son expression, si intense, fit comprendre à ses hommes que l’urgence prévalait. Que l’heure n’était plus à se questionner une moindre minute, mais à agir dans la seconde.
– Ne prenez pas de risque inutile ! Vous ne pouvez pas vous cacher, plutôt ?
Il y a déjà une patrouille en route pour vous secourir, assura et rassura le Lieutenant. À peine les uniformes eurent-ils quitté les lieux que deux autres de leurs collègues se présentèrent à Despand par un salut réglementaire puis investirent son bureau.
– Il a tué ma Sarah ! Il a tué ma Sarah ! Il a tué ma Sarah !
– Qui ça, Madame Garner ? Qui l’a tuée ?
Un grand bruit venu des haut-parleurs arracha une grimace angoissée à l’homme de l’ordre.
– Madame Garner ? Madame Garner ? Vous m’entendez ?
La voix de la suppliante se fit presque inaudible.
– Roman… Roman Dormoy.
– Le chirurgien ?
Un très léger murmure monosyllabique, à peine articulé, servit de réponse :
– Oui.
Le Lieutenant, observant les nouveaux arrivés, commenta surtout pour lui-même.
– Putain ! Il a opéré ma femme l’an dernier.
Le timbre étouffé de Mona l’extirpa de sa brève pensée.
– Il est dans la chambre de Sarah… Je vais sortir…
– Allez-y doucement ! Quittez la maison si c’est possible.
La panique de l’agressée s’invitait ouvertement dans l’échange.
– Il revient… il revient… Pitié ! Aidez-moi !
– Je suis avec vous, Madame Garner. Il ne vous arrivera rien.
Comme s’ils distordaient le temps, certains silences peuvent sembler interminables. Celui qui obscurcit le commissariat se prolongeait longuement, infiniment.
Un immense cri de douleur le transperça.
– Madame Garner ? Madame Garner ?
L’absence de tout son se fit à nouveau entendre.
Despand caressa machinalement sa barbe mal rasée. Le bruit crayeux de ses ongles dans le poil dur et dru emplissait l’espace laissé vacant par une sourde terreur, jusqu’à ce

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents