L Enfer est complet en cette saison
119 pages
Français

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L'Enfer est complet en cette saison , livre ebook

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Description

« Entendant le doux nom des Caraïbes, vous vous projetez sûrement des images en trois dimensions de plages de sable fin et d’eau turquoise. Le tableau aurait pu être idyllique.


Malheureusement, considérant la situation dans laquelle je me trouvais, la seule eau dont je pouvais vous faire miroiter les reflets était celle d’une mangrove pullulante de vie, et en lieu et place d’une plage j’eus droit à un vicieux piège végétal. Et c’était sans compter “la chose” qui en avait après moi... »


Jusqu’à récemment, Sacha était persuadé de mener une vie tranquille et solitaire en venant s’exiler sur cette île quelques années plus tôt. C’était là son utilme essai de se rapprocher de parents qu’il avait à peine connus, avant que ces derniers, toujours en voyage, ne disparaissent complètement de sa vie lors d’une tempête en pleine mer.


Habitué à une certaine marginalité et une apathie certaine, c’est sans aucun doute ce qui lui permit de garder un recul tout relatif à la série d’événements insolites qui débuta un soir de novembre.
Dès lors, c’est tout un autre monde qui se dévoila à lui, avec autant d’effet qu’un changement de saisons... ou presque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 octobre 2017
Nombre de lectures 12
EAN13 9782375742020
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Solade



L'enfer est complet en cette saison





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Le piratage prive l'auteur ainsi que les personnes ayant travaillé sur ce livre de leurs droits.
MxM Bookmark © 2017, Tous droits résérvés
Relecture © Laura Delizee
Correction © Emmanuelle Lefray
Illustration de couverture © Miesis


ISBN : 9782375742020
Prologue


XVIII e siècle, au large des côtes africaines

— Ce ciel est trop clair, ça sent l’orage. Ekmul, passe-moi la gnôle !
— T’as raison p’tit, que’q’chose s’en vient, baragouina le vieux pirate.
— Nom d’un foie jaune… t’es rendu sourd, l’ancien   ? Le rhum, je me déshydrate.
— Hey morveux, va plutôt ranimer le cap’tain…
— Que j’réveille le capitaine pour un peu d’flotte   ?
— Nan gamin, j’ai une démangeaison au p’tit orteil gauche, continua-t-il en crachant une chose visqueuse par-dessus bord.
Moran leva prestement son cul douloureux des cordages où il s’était affalé après son tour de vaisselle, avant même que le crachat n’atterrisse dans la mer.
Grognant contre ce forban qui les obligeait à garder le navire brillant dans tous les recoins, il fit craquer quelques articulations en chemin. Dire qu’il pensait avoir échappé aux corvées en quittant sa mère pour mener une vie de brigandage, voilà qu’il se retrouvait sous les ordres d’un capitaine pirate avec des manières. Certes, il devait tout de même admettre que ne pas dormir dans la crasse et manger dans une écuelle qui ne sentait pas le rance avait de bons côtés. Mais que dire de toutes ces règles et de cette chasse-partie à signer avant chaque pillage…
Malheureusement, l’heure n’était pas aux doléances. Si l’amorce d’une tempête relevait de la routine dans la vie de marin, le jeune pirate avait appris assez tôt que, pour le reste, il valait mieux se fier aux prédictions de l’appendice manquant d’Ekmul Sans-Orteil.
Il traversa donc rapidement le pont principal jusqu’au gaillard arrière afin de rejoindre la cabine supérieure, jurant dans sa barbe quand il rata une marche. Il connaissait le navire comme sa poche droite trouée à la septième couture, et pouvait s’y mouvoir les yeux fermés. Toutefois, il n’avait pas encore eu sa dose de rhum de la journée. À jeun, c’était comme se retrouver sur la terre ferme : il perdait ses repères.
Quand Moran atteignit enfin la porte de bois sculpté, il eut un moment d’hésitation. Malgré tout ce temps passé sur le navire, il n’avait jamais eu l’occasion de pénétrer dans l’antre du capitaine.

Quelques années plus tôt, rêvant de richesses et de nouveaux horizons, il avait embarqué comme mousse dans un bâtiment marchand faisant cap vers les côtes de la Nouvelle-Espagne. À peine les pieds posés sur le sol des Caraïbes que se faire une place sur un bateau pirate était devenu une obsession. Paraissant trop jeune et inexpérimenté, les boucaniers qu’il avait approchés alors lui avaient, au mieux, craché au visage. Mais ce qui avait achevé de le déprimer fut la remarque de la tenancière d’un tripot, qui l’avait pris sous son aile. D’après la diablesse, il avait un physique qui ne collait pas au poste, mais plutôt à la porcelaine et au salon de thé.
Il essuyait les tables dans cette gargote depuis une éternité, lui semblait-il, quand une rumeur avait ébranlé l’île. La célèbre – et surtout crainte – flotte du redouté écumeur, communément appelé le Baronnet Noir, mouillait dans la crique. Moran ne se faisait pas d’illusions, néanmoins la curiosité était devenue plus forte à chaque client qui se présentait au bar en narrant les exploits de ce flibustier hors norme.
La première fois qu’il le vit, Moran n’aurait jamais imaginé que cet homme rasé de près et portant des habits propres était le plus recherché et le plus dangereux pirate ravageant les mers chaudes. Sa tenue et ses bonnes manières étaient aussi peu communes qu’une soirée sans bagarre dans ce coupe-jarret. Pourtant, alors qu’il pensait que cet homme bien mis, assis silencieusement dans un coin sombre à boire une tasse de thé, allait se faire tuer, c’est d’un coup de pistolet et d’un lancer de lame précis qu’il sauva Moran de deux charognards déterminés à le malmener,   avant de quitter les lieux sans un mot.
Quelques nuits après cet incident, Moran avait reçu de la tenancière une note manuscrite d’une écriture élégante qui lui demandait d’embarquer sur le Royal Fortune à la première heure. C’est ainsi qu’il fut engagé par le capitaine lui-même, se voyant même offrir une place à ses côtés dans le mess à chaque repas. Toutefois, jamais il n’avait osé lui adresser la parole, sa présence beaucoup trop intimidante l’en dissuadant. Il se contentait d’observer de loin celui que l’on nommait le Baronnet, surprenant parfois ses yeux sombres et intenses posés sur lui.
Le temps passé en mer l’avait épaissi, les boucles blondes qui lui donnaient un air juvénile s’étaient éclaircies avec le soleil, lui arrivant au milieu du dos. Le jeune pirate s’était attelé à la tâche et faisait ce qu’on attendait de lui   ; jusqu’à parvenir à gagner le respect de l’équipage à force de ténacité.

Voilà quelques jours qu’ils avaient raflé un petit pactole en ralliant les côtes du continent africain, suite à une traversée en mer qu’il avait crue interminable. L’heure était à la célébration. Toutefois, après avoir fait du troc avec une tribu dans les terres, un malaise étrange planait sur l’équipage. Plus de la moitié de ces traînes-cul s’était laissé entraîner dans des rites mystiques par des femmes à moitié dénudées, à la peau couleur café et aux poitrines rebondies. Pratiques dont ils ne se souvenaient pas le lendemain, tant ils buvaient comme des bois-sans-soif à longueur de journée.
Le Royal Fortune mouillait au large depuis lors, l’équipage trop saoul pour naviguer, ou même rejoindre le bateau pour certains. Du jamais vu. Quant au capitaine, son comportement inquiétait Moran. Il ne quittait pratiquement plus sa cabine et arborait une mine sombre… enfin, plus sombre qu’à l’accoutumée, pour qui l’avait observé depuis un long moment.
Se secouant mentalement, le jeune pirate leva une main moite et tremblante, et frappa deux coups secs à la porte. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’un bruit étouffé ne lui parvienne de la cabine, le faisant bêtement sursauter. Jurant une énième fois, il tenta sa chance en ouvrant l’huis. Une autre des règles du navire stipulant qu’aucune lampe ou chandelle ne devait être allumée après huit heures du soir, rien n’éclairait la pièce, hormis un rayon de lune provenant du hublot, nimbant les lieux d’une lueur sinistre. Ses yeux s’accoutumèrent à la pénombre, suffisamment pour qu’il évite les objets qui décideraient de se mettre en travers de son chemin. Alors qu’il essayait de trouver une solution quant à la manière de réveiller l’homme endormi, un gémissement bas alerta ses sens et le dirigea droit vers la couchette au fond de la pièce.
Le capitaine paraissait en proie au délire, sa main crispée sur une breloque suspendue à son cou. Sa respiration saccadée soulevait son torse nu à un rythme presque effréné, comme si le souffle lui manquait. Ce qui fut le cas de Moran dès l’instant où ses yeux s’étaient posés sur la forme allongée. Il déglutit et se mit à genoux près de la couchette, tout en lançant une prière au hasard afin que son corps ne le trahisse pas comme à son habitude. Par chance, il était devenu un maître en dissimulation grâce à ses frusques amples, et il avait découvert que boire suffisamment de rhum aidait également, parfois. S’il était bien incapable de s’expliquer pourquoi la vue du capitaine d’un navire pirate lui faisait le même effet qu’une montée d’adrénaline lors d’un abordage, Moran se doutait en revanche que c’était lié au fait qu’il n’avait jamais eu envie de débarquer dans les ports comme les autres. Ses paumes moites pressées sur ses cuisses témoignaient qu’il était sur le point de commettre un acte irréfléchi. Il aurait pu se contenter de secouer l’homme ou de crier, mais à la place il tendit ses doigts fébriles vers les lourdes mèches noires et prit un soin délicat à les écarter des traits tourmentés. Une main jaillit soudain et captura son poignet avant qu’il ne se retrouve plaqué au sol sans pouvoir réagir. Le souffle coupé, Moran fut suffisamment conscient du poids du corps sur lui. Son visage si proche de celui du capitaine qu’il pouvait sentir son haleine chargée de l’effluve particulier du thé corsé qu’il aimait boire   ; il put ainsi apprécier le contour de la mâchoire volontaire recouverte d’un d

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