L’ Etonnante destinee de pierre boucher
125 pages
Français

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L’ Etonnante destinee de pierre boucher , livre ebook

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Description

Nouvelle-France, 1635. Rien ne va dans la jeune colonie. L’immigration se fait au compte-gouttes, les familles vivent dans la peur constante des attaques iroquoises, il manque de soldats et de filles à marier, les prêtres ont du mal à évangéliser les Hurons et les sévices qu’ils subissent lorsqu’ils tombent aux mains de l’ennemi font frémir toute la population.
C’est dans ce contexte qu’arrive Pierre Boucher avec sa famille. Aux côtés des Jésuites en Huronie, le jeune homme apprend les langues autochtones et, quatre ans plus tard, devient soldat, menant aussi une quête amoureuse ardue dans l’espoir de trouver enfin une épouse. Son talent en fait vite un caporal, interprète et négociateur officiel auprès des nations ennemies, puis capitaine de Trois-Rivières, où il s’établit.
Sur ordre du gouverneur de la Nouvelle-France, il doit pourtant tout délaisser à l’automne 1661 pour aller plaider la cause de la colonie en détresse auprès de Louis XIV et lui demander des secours. Introduit à la Cour du roi, Pierre découvre une vie mondaine et frivole à souhait, une vie d’apparat à mille lieues de celles des habitants de la Nouvelle-France, mais aussi du peuple français réduit à la misère. Cet homme humble et digne réussira-t-il à sauver son pays?
Voici l’histoire incroyable du fondateur de Boucherville, à la fois récit et roman historique, où l’on brosse le tableau foisonnant de la Nouvelle-France à l’époque où elle était laissée à elle-même, de même que celui du théâtre burlesque de la Cour du plus grand roi de France.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2021
Nombre de lectures 15
EAN13 9782764443187
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure
Les Noces rouges , VLB éditeur, 1999.
Moscou la nuit , Les Intouchables, 1998.
Un train pour Vancouver , Les Éditions du Boréal, 1994.
Le Grand rêve de madame Wagner , Quinze éditeur, 1984 ; Paris, Jean Picollec, 1985.
Sous le pseudonyme de Anne Laurier
Le crime inachevé , L’Hexagone, 2002.


Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice

Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Marquis Interscript
Révision linguistique : Sabrina Raymond
En couverture : Montage à partir de l’œuvre Champlain dans la baie Georgienne , M993.154.314, Musée McCord et d’une image de goldhafen / istock.com
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : L’étonnante destinée de Pierre Boucher / Nicole Lavigne.
Noms : Lavigne, Nicole, auteur.
Collections : Tous continents.
Description : Mention de collection : Tous continents
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 2020009663X | Canadiana (livre numérique) 20200096648 | ISBN 9782764443163 | ISBN 9782764443170 (PDF) | ISBN 9782764443187 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM : Boucher, Pierre, 1622-1717—Romans, nouvelles, etc.
Classification : LCC PS8573.A8558 E86 2021 | CDD C843/.54—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2021

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2021.
quebec-amerique.com



Compagnon des Amériques Québec ma terre amère ma terre amande Ma patrie d’haleine dans la touffe des vents J’ai de toi la difficile et poignante présence
Gaston Miron


PREMIÈRE PARTIE
Les années barbares
Qui n’a pas conscience de son histoire en est forcément dépossédé.
Shashi Deshpande


CHAPITRE UN
Juillet 1635
J’ai treize ans lorsque je rencontre mon premier cadavre. Je ne le connais pas. Ni le deuxième, ni le troisième, ni aucun autre croisé par la suite. Sur le navire, nous formons un groupe homogène, unis par une destination commune, mais certains sont plus malchanceux que d’autres. Ou plus à risque. Comme une série de cartes tombant les unes après les autres, les hommes et les femmes deviennent tout à coup ces corps inertes, inutiles, vidés de leur substance. On s’en débarrasse en les jetant à la mer, qui les engloutit sans les recracher. Les corps enfermés dans des sacs auxquels on attache une grosse pierre pour les empêcher de flotter, car l’époque est superstitieuse, chutent dans un bruit mat au contact de l’eau, un plouc à peine audible qui me donne froid dans le dos. Ensuite, on rassemble les effets personnels des disparus et, s’ils n’ont aucune famille, on tire au sort pour les partager. Après quoi ils tombent dans l’oubli. On n’y pense plus.
Mais j’y songe, moi, à ces cadavres. Atteindront-ils le fond ? Si oui, en combien de temps ? Seront-ils dévorés par les requins ou autres monstres marins ? La chair humaine se décompose-t-elle plus vite dans l’eau ? Est-ce que les os des cadavres se disloquent ou s’effritent une fois privés de la matière molle qui les retient ? Ces questions me hantent, j’imagine le fond de la mer tapissé de centaines de squelettes à travers lesquels poissons et autres bestioles aquatiques vont et viennent avec leur impassibilité habituelle. Ces morts ne surprennent personne, même si chacun prie pour ne pas devenir la prochaine victime. L’époque est insalubre ; on se doute bien que vivre entassés à cent, cent cinquante, sur un navire ne mesurant pas plus de soixante mètres de long par dix de large, pendant deux ou trois mois, comporte des risques. La maladie frappe autant les faibles que les bien portants. Le typhus, la dysenterie, la rougeole, le scorbut, ces noms pour la plupart méconnus avant le départ sont devenus pour moi aussi familiers que « poule », « cheval » ou « porc ».
Je tente avec les autres l’aventure du Nouveau Monde sans trop savoir ce qui m’attend. Mon père a vendu notre fermette en Normandie pour suivre un ami dans cette partie reculée du monde, où l’avenir, dit-on, appartient à ceux qui s’en emparent, entendons par là qu’il profite à ceux qui y croient. Croire ne nuit pas non plus, au sens religieux du verbe. L’époque est ecclésiastique et il n’y a pas de raison pour que Dieu nous abandonne une fois débarqués sur les immenses terres sauvages d’Amérique alors qu’Il nous a guidés jusque-là.
Beaucoup plus tard, lorsque j’atteindrais le vieil âge, malgré le temps qui déboulerait comme une horloge dont le mécanisme se serait emballé, cette traversée resterait vive à ma mémoire.
Mon frère Nicolas et mes jeunes sœurs Marie et Marguerite courent sur le tillac avec des enfants de leur âge, criant, riant, bousculant la relative tranquillité des passagers sur le pont supérieur. Parfois, des gamins échappent à l’attention des parents et, juchés sur des caisses en bois, parient à qui pissera le plus haut et le plus longtemps dans la mer. C’est plus pratique et surtout plus amusant que de se rendre sur la poulaine à l’avant du bateau et d’attendre son tour pour uriner à travers le treillis. Le temps s’écoule au compte-gouttes, découpé en tranches inégales, au rythme des fades repas. La nuit, la cloche annonçant les changements de quart de l’équipage aux quatre heures réveille les plus endurcis. Entassés sur l’entrepont, nous mangeons mal, nous décrassons rarement, portons toujours le même linge. Le sel charrié par l’eau et le vent s’incruste dans nos habits, les transforme en une croûte râpeuse. Les poux envahissent nos cheveux d’étoupe, les punaises et les tiques colonisent nos corps. De jour comme de nuit, nous nous grattons beaucoup.
De la mer, je ne connaissais que la Manche, entre ma Normandie natale et l’Angleterre. Celle qui déroule ses flots autour du navire a le reflet des miroirs et l’opacité de la pierre dure. Je l’étudie, j’essaie de prévoir ses sautes d’humeur, ses lubies, ses fureurs. Elle me semble trop vaste, trop imprévisible pour nous conduire à bon port. Plus je la sonde, plus je prends conscience de la fragilité de notre bâtiment comparé à la puissance des lames et des courants. L’inégalité des forces en présence, l’immensité de l’océan par rapport à la petitesse du navire me glacent le sang. Je détourne alors les yeux, m’intéressant aux manœuvres d’un marin sur le pont supérieur, aux ordres du capitaine, au matelot grimpé dans les cordages pour graisser les vergues ou vérifier l’état de la grande voile. La peur m’étreint, mais j’enfouis mes craintes comme on cache un objet précieux au fond d’une grange, ne pouvant me confier ni aux plus jeunes ni aux parents. J’expérimente l’âge ingrat et ne me sens que très vaguement adulte.

Après deux mois et demi de ce régime, les terres d’Amérique apparaissent au large comme des bêtes aux contours flous ; à mesure que nous approchons, nous découvrons des hauteurs mal dégrossies envahies par la forêt. À Québec, sur les berges, un colosse âgé au visage vanné nous attend. Champlain dépasse tout le monde d’une bonne tête. Malgré ses soixante-cinq ans et sa petite santé, il a tenu à nous recevoir lui-même au sortir des chaloupes. Lui qui a marché le continent de long en large et connaît la Nouvelle-France comme le fond de sa poche s’aventure rarement hors de Québec à présent. On le dit fatigué, avec des forces déclinantes. Pour ma part, je ne remarque rien d’alarmant chez lui ce jour-là, trop content d’avoir quitté le navire et de pouvoir enfin fouler le sol. Ou peut-être suis-je trop impatient d’explo rer ces terres lointaines dont j’ai entendu parler pour m’intéresser

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