L île aux poupées
157 pages
Français

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L'île aux poupées , livre ebook

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Description

Fantastique Horrifique - 300 pages



Le voyage au Mexique de Claire et Léa aurait-il tourné au cauchemar ? Alors qu’elles flânaient aux abords des jardins flottants, elles ont disparu sans laisser de traces... Que s’est-il passé là-bas ? Subsiste-t-il la moindre chance de les retrouver vivantes ? Pour le savoir, Carlos et Laure ne vont pas hésiter à se rendre sur place, prêts à braver tous les dangers !



Mais ils sont loin d’imaginer ce qui les attend sur l’île aux poupées !




Et si la terrible légende locale prenait vie sous leurs yeux ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782379614675
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’île aux poupées

Gab Stael
Gab Stael

Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-467-5
Photo de couverture : Lonely
24 août 2014
Un groupe de touristes retrouvés morts au Mexique

C’est à Xochimilco, sur une île perdue dans les marécages du lac Teshuilo, au sud de Mexico, qu’un batelier de trajineras {1} a fait la macabre découverte. Il quittait sa demeure pour se rendre au départ des jardins flottants afin d’accueillir ses clients de la journée, lorsqu’il a remarqué l’embarcation en pleine dérive, abandonnée par son capitaine. À l’intérieur, plusieurs cadavres mutilés étaient entassés. Après recherches, il s’avère que le Valentina n’est pas rentré hier soir de son excursion sur l’île aux poupées, un endroit étrangement décoré par un homme singulier, décédé en 2001 à l’âge de quatre-vingts ans.
Durant cinquante ans, Julian Santana aurait glané des poupons de toutes sortes, récupérés par le courant et dans les poubelles de la ville, dans le but d’apaiser l’esprit d’une fillette noyée dans le lac en 1951.
La légende, alimentée par les insulaires, offre une attraction morbide aux touristes avides de frissons…
1
Affalé dans son canapé, Thomas zappait les chaînes de télévision à la recherche d’informations supplémentaires, car les médias survolaient le sujet. Les corps étaient en cours d’identification, point. Aucun renseignement avéré n’expliquait les événements. Tout n’était que supposition des journalistes les plus ambitieux afin de conserver le suspens. La presse avait d’autres chats à fouetter : la guerre dans le Donbass, celle de Gaza, le tremblement de terre californien qui réveillait la crainte du fameux big one , sans parler de la décapitation de James Foley par l’État islamique en Syrie, et de la coupe du monde de football féminin qui s’achevait. Restait à Thomas d’imposer l’attente à son caractère impatient, alors que son inquiétude enflait telle une piqûre de moustique sur laquelle on gratterait.
La peur accompagnant toujours le manque, il se mordit les lèvres à sang lorsqu’il tenta de joindre Claire pour la dixième fois sans succès. Les filles étaient au Mexique depuis trois jours, autant dire que la séparation, d’ordinaire bénéfique, promettait d’être douloureuse. Thomas tenait son téléphone fermement dans ses mains. L’agacement marquait son front d’une ligne horizontale, la fatigue creusait des cernes sombres sous ses yeux bleus. En vérité, il n’avait pas fermé l’œil depuis qu’ils avaient annoncé à la télévision qu’un truc pas net se déroulait dans la zone où se trouvaient Claire et Léa durant leur séjour au Mexique.
Si l’angoisse vrillait l’estomac de Thomas, il tentait de se rassurer. Claire n’était probablement pas au courant des événements. Après tout, elle ne lisait jamais les journaux et la télévision était sûrement le cadet de ses soucis à l’heure de ses visites. Quant à Léa, elle était tout aussi distraite que sa meilleure amie.
Le silence radio coulait de source, mais cela n’empêchait pas le stress de s’établir en lui. Ses paumes devenaient moites, il transpirait anormalement. Du florilège de sentiments désagréables qui le traversait, le pire était celui de l’impuissance. Donc, lorsque l’appareil vrombit enfin sous ses longs doigts de pianiste, son cœur bondit dans sa poitrine. Malheureusement, l’adrénaline retomba aussi sec. Le prénom de sa belle-mère en gras sur l’écran. Que voulait cette vieille bique acariâtre ?
— Tu as vu les infos, Thomas ? claironna-t-elle sans même le saluer.
— Bonjour ! Pas de nouvelle non plus, c’est ça ?
— Tu as le numéro du voyagiste ?
Non. Il n’avait rien du tout, mais quoiqu’il argumente pour donner le change, Mireille ne l’écouterait pas. Comme toujours, son égoïsme battait des records d’impolitesse. Mme Prout-prout appelait uniquement pour recevoir des réponses à ses doléances, et se fichait éperdument d’avoir une conversation cordiale avec lui. Elle sonnait, ordonnait, raccrocherait d’ici quelques instants, après avoir craché deux ou trois piques.
Thomas grimaçait. Il n’était pas d’humeur à supporter les caprices de cette horrible bonne femme, mais savait qu’elle n’hésiterait pas à l’informer en crânant de ce qu’il pourrait ignorer.
C’était leur façon de communiquer. Une sorte de concours stupide où le gagnant est celui qui pisse le plus loin.
— Aucun numéro, dit-il, chantant d’ironie, en décapsulant une canette dans la cuisine pour faire mine de désintérêt. Claire ne donne jamais de détail lorsqu’elle réserve un séjour quelque part, tu le sais bien, Mireille.
La bombe était lancée, il savait qu’elle frapperait là où ça fait mal, n’hésiterait pas à l’achever au sol comme un cafard dans une cuisine. Depuis le premier jour, elle pensait qu’il cherchait à éloigner Claire du nid familial. Répétait à qui voulait l’entendre que sa fille avait changé, qu’il lui montait forcément la tête en modifiant ses goûts et ses désirs. Mireille refusait de voir la vérité, niait en bloc leur souhait de vivre en adultes responsables sans avoir à subir ses sempiternelles leçons de morale pathétiques.
— Tu ne lui poses jamais de question non plus ! assena-t-elle hargneusement.
À cette heure, le jeu devenait cruel, heureusement, Thomas en maîtrisait toutes les règles.
— D’évidence, pas plus que toi !
Il parvenait toujours à égaliser le score une fois la joute verbale démarrée.
— Quand même, Thomas ! Ta femme s’envole à l’autre bout du monde, tu n’es pas curieux ?
Le mariage des parents de Claire était ennuyeux à mourir. Ils n’avaient jamais quitté leur quartier résidentiel et leurs vacances se résumaient à de simples allers-retours dans le même camping depuis quarante ans. Mireille ne comprenait pas le besoin d’évasion de Claire. Elle dénigrait sans cesse le côté baroudeur de sa fille, mais l’enviait secrètement à la fois.
— Bien sûr que si, mais je n’ai pas besoin de détails…
La jalousie la rongeait comme de l’acide. Son comportement était parfaitement injuste.
— Tu confonds amour et indifférence, ma parole !
La mayonnaise avait tourné en deux secondes. Indifférent, lui ? Quelle connasse ! Bien sûr qu’il savait comment Claire était partie, mais il refusait de tout servir sur un plateau qu’elle lui claquerait certainement à la figure !
— Il n’y a pas d’amour sans confiance.
Les filles avaient réservé leurs billets trois jours avant de décoller, point barre. À la dernière minute, pour le meilleur prix possible. Elles partaient toujours ainsi et si cela la faisait bouillir de l’intérieur, Thomas ne connaissait ni Claire ni Léa lorsqu’elles avaient chopé le virus du voyage.
— Il n’y en a pas plus quand chacun est libre de papillonner à droite et à gauche !
— Certes, mais je te rappelle que je suis son petit ami, pas son chaperon !
Quand Claire franchissait les portes d’un aéroport, c’était la catastrophe. Cette peau de vache possessive crachait son venin acerbe sur son gendre chaque fois qu’elle n’avait pas accès à l’agenda détaillé de sa fille.
— Un jour, des cornes te pousseront au-dessus de la tête, tu regretteras de ne pas avoir joué les chaperons !
— Si c’est le cas, tu m’apprendras à les lustrer…
Claire refusait toujours de jouer l’arbitre, faisait l’autruche, en riait presque, en profitait surtout ! Pendant qu’il s’en prenait plein la tronche, madame était libre comme l’air !
— Tu ne veux pas que je te prête un foulard pour les cacher tant qu’on y est ?
— Visiblement, je ne suis plus à ça près…
Thomas serrait les dents, parvenait à se contenir, seulement, en ce jour de macabres découvertes, l’hostilité de Mireille couplée à son inquiétude risquait fort de le faire sortir de ses gonds. Le silence de Claire envenimait dangereusement la situation, aucun des deux ne pouvait avancer ses pions sur l’échiquier de la fierté. Il décida de couper court à la conversation.
— Écoute, je vais appeler Carlos, avec un peu de chance, il aura la réponse à ta question, s’étrangla-t-il avant de lui raccrocher au nez.



Nerveux et tremblant, il engloutit sa bière tiède, puis s’essuya la bouche du revers de la manche. Si Mireille possédait bien un don, c’était celui de le mettre dans un état de stress intense. Ne pas recevoir d’appel de Claire, c’était dur ; supporter sa mère, un véritable enfer. Il se demanda s’il devait continuer ou non à décrocher pour éviter les critiques amères, après tout, Claire ne s’en privait pas ! Lorsque sa mère dépassait les bornes, elle coupait simplement son téléphone quitte à ignorer le reste de la planète, juste pour avoir la paix. Peut-être était-ce d’ailleurs la raison de son silence depuis trois jours ?
Il composa le numéro de son meilleur ami.
— Carlos ? C’est Tom ! Ça roule, man ?
— Ouais, ça ne va pas trop mal ! Et toi ?
— Je n’ai pas de nouvelle des filles, t’en as, toi ?
— J’ai eu un SMS de Léa l’autre jour, elles devaient visiter une île avec des poupées, j’crois.
— Merde !
— Quoi ?
— Mets les infos ! Ils ont retrouvé un tas de gens mutilés sur une pirogue qui en revenait !
Un silence crispé s’installa brièvement entre les deux compères, Thomas enchaîna :
— Elles sont parties avec quelle agence ?
— Aucune, elles ont réservé un billet à l’arrache et se sont démerdées sur place pour l’hôtel comme d’hab. Claire ne t’a rien dit ?
— Si, vaguement, le billet, l’aéroport, Mexico, mais on s’est pris le bec la veille du décollage. Du coup, elle m’a zappé.
— Je vois.
— J’espère qu’elles ne sont pas montées dans cette barque à la noix !
— Ne t’inquiète pas. Il y a des milliers de bateaux là-bas ! Ça serait un sacré manque de bol, non ?
— Je ne sais pas, trois jours sans décrocher, ça fait long.
— Claire donnera de ses nouvelles quand elle l’aura décidé, comme d’habitude ! Au pire, on aura des infos par Léa. Elle m’enverra certainement un message d’ici ce soir, va.
— T’as raison, je ne devrais pas m’en faire autant, c’est sûrement ce qu’elle veut, de toute façon !
— Elle te connaît par cœur, Tom !

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