La coureuse des vents
117 pages
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La coureuse des vents , livre ebook

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Description

Le premier roman de Louenas Hassani est une véritable lumière dans le contexte du retour des religions dans l'espace public et plus précisément d'un Islam politique mondialisé qui infiltre les sociétés laïques et séculières, et remet en cause jusqu'à la plus simple des expressions humaines. Louenas Hassani possède une éblouissante écriture à mi-chemin entre la poésie et le roman.
Ce roman s'adresse à un public large qui souhaite comprendre le monde actuel devant des tragédies qui se déroulent sous nos yeux. Cette oeuvre redéfinit les frontières pour mieux les abolir?; elle rappelle la fragilité de la condition humaine?; elle célèbre l'altérité et le bonheur. Vous lirez un ouvrage qui prend ses distances par rapport aux clichés orientalistes.
La coureuse des vents est un roman d'une grande beauté et d'une grande sensibilité. Un livre essentiel qui rappelle que vivre ensemble, dans la paix, est une valeur fondamentale à rechercher. Il nous ramène aussi à l'origine du hidjab.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782896995059
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TABLE DES MATIERES

PRÉAMBULE
I
1
2
3
4
5
6
7
8
II
1
2
3
4
5
6
III
1
2
3
4
5
IV
1
2
3
4
5
6
V
1
2
3
4
5
6
VI
1
2
3
4
5
6
7
VII
1
2
3
4
5
6
VIII
1
2
3
4
5
6
IX
1
2
3
4
5
6
X
1
2
3
4
5
6









Préambule
Même si des dates, des événements, des personnages et des lieux sont vrais, pour le moins puisés dans la réalité et dans des livres d’histoire (ou autres), dans des récits rapportés, transmis à l’oral ou à l’écrit, dans des documents écrits, sonores ou visuels… le roman La coureuse des vents demeure une fiction créée de toutes pièces, une trame romanesque que j’ai essayé d’asseoir sur un espace-temps inventé, lui-même inexorablement trempé dans une quotidienneté, dans un capital symbolique, dans des référents objectifs et subjectifs auxquels on ne peut totalement se soustraire. Je crois que toute peinture puise dans notre je ou a comme humus notre espace affectif. Aussi, je ne puis que solliciter l’indulgence du lecteur quant à une ressemblance avec des faits réels ; ce ne serait que pure coïncidence. J’ai essayé de peindre une tranche de l’Histoire avec un pinceau subjectif ; j’ai tenté de l’ancrer dans des lieux et dans un temps, pour aboutir à un tout plus au moins cohérent, un regard avidement personnel que j’ose espérer enrichissant ou du moins interrogateur.
Si les gens étaient du même côté, la Terre basculerait ! Je crois avoir entendu la première fois ces mots de la bouche d’un cousin poète. J’ignore si je dois lui attribuer la pensée, mais j’en souris chaque fois que j’y songe.
Certes des lecteurs seront d’accord et d’autres en douteront, mais peut-on imaginer un instant, pour récupérer la parabole, un monde beau sans sa pluralité, sans sa différence, sans ses milliards d’empreintes digitales ?
Enfin, je ne puis terminer mon propos sans remercier les Éditions l’Interligne qui ont misé sur mon manuscrit, qui m’ont enrichi d’une expérience si singulière. Merci pour tous ces hommes et femmes épris des livres et de l’universel, pour qui l’altérité est une pratique de tous les jours et qui ont participé à la réalisation de ce rêve d’enfant.
Bien entendu, un merci particulier à Jacques A. Côté, le correcteur et réviseur, ce chirurgien de l’écrit dont la plume est un scalpel de l’exactitude. Merci à toutes et à tous ceux, de près ou de loin, qui ont mis un mot, une phrase, une date, un peu d’encre dans le récit. À bien des égards, La coureuse des vents est un petit lac symbolique originaire de l’enfance, des miens, de vous et moi, de l’Autre, etc. C’est un itinéraire parcouru ensemble durant lequel j’ai compris ceci d’essentiel : tout être humain a besoin de l’Autre et nul ne possède la science infuse.
Merci de me lire !




I
Ma race : la race humaine. Ma religion : la fraternité.

Aimé Césaire, Et les chiens se taisaient


1
Tant de choses prédestinaient Addis à la rencontre. Le parcours du père Gilbert, son père adoptif, un père blanc pétri d’Afrique. Les identités innombrables en elle. Et elle était une passionnée de la mémoire humaine. Tant de choses qui n’avaient de cesse d’établir des ponts en elle. Entre elle et elle-même. Entre elle et le monde.
Berbère, elle le savait depuis le cyprès pour ainsi dire. Dès les premiers livres, elle plongeait dans le monde des hommes libres menacés d’extinction, toujours sevrés, obligés de téter le lait de la marâtre. Elle était bientôt dans le mythe de la fondatrice des tentes, Tin Hinan la reine des peuples amènes, l’égale naturelle de l’homme.
Elle s’enquérait des nomades que l’on interrompait, les hommes affamés, voués à l’errance et à la mendicité à Tamanrasset, Agadez, Djanet, Niamey… Elle connaissait presque tout sur le peuple qui marche : le désert, tous les déserts ; les idéologies naufrageuses ; les servitudes ; les pièges de la sédentarité.
Addis était une fouilleuse de l’Histoire ; elle dévorait les livres sur la colonisation pour comprendre les raisons inavouées de la chosification, l’expropriation au nom des dieux, des idoles et des hommes. Elle voulait tout savoir sur la condition de l’homme, sur ses trajectoires, la littérature, la sociologie, l’anthropologie, la philosophie…
Dans une certaine mesure, parce que le sang noir coulait dans ses veines, elle ne pouvait passer outre à la traite négrière, aux marchés célèbres d’esclaves où l’on vendait comme sel et épices les « visages brûlés » . Française, elle était passionnée par l’histoire de son pays adoptif, de l’Antiquité à nos jours. Amoureuse de poésie, elle était aussi naturellement une fervente des Aimé Césaire, Mahmoud Darwich, Federico García Lorca, Adonis, Arthur Rimbaud, Pablo Neruda, etc., tous ces voleurs de feu qui nous pétrissent d’azur et d’oiseaux . Somme toute, elle était du conte et du mythe comme des choses savantes et de la raison.
Pendant longtemps, elle avait hésité entre des études en lettres et en histoire. Au reste, maintenant qu’elle enseignait, elle savait que c’était une chance qu’on la rétribuât pour raconter la mémoire des hommes. Quand elle avait passé son agrégation de second degré pour devenir enseignante d’histoire, le président du jury, un historien de renom, avait tout de suite deviné en elle la lectrice éprise du Moyen  ge à qui il avait posé, railleur, la question :
–– Qui a dit que « nous sommes plus manipulés et déterminés par les faits, les événements et les pouvoirs que nous ne sommes capables de prendre en main notre destin et celui de la société » ?
–– Jacques Le Goff , répondit la candidate d’emblée .
–– On reconnaît facilement les férus de Jacques Le Goff et de Marc Bloch , ajouta l’historien médiéviste .
Addis était consciente que tôt ou tard elle devrait partir sur les routes, suivre les traces et recueillir les empreintes.
Lorsqu’elle avait reçu ce courrier, elle avait écrit sur l’enveloppe ces phrases significatives :

« Me connais-je ? Combien d’autres en moi ? Et l’Autre n’est-il pas moi ? Je suis moi et l’Autre. Une métaphore de la rencontre. Et de l’Autre à moi, la route. La route symbiotique. La distance à abolir. Y ériger un pont. Pour mieux arriver à moi. Moi quintessencié ! »
Et en bas de la lettre, elle avait rajouté :
« P.-S. Pourquoi les hommes ont-ils de la difficulté à revendiquer les ponts ? »
Le Discours sur le colonialisme et le Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire avaient tôt cristallisé, dans la dualité féconde de l’histoire et de la poésie, la curiosité féroce de la jeune femme. Une curiosité qui exigeait d’elle d’aller au bout de chaque question avec le cœur à la main, mais aussi le scalpel de la chirurgie historique dans l’autre.
Ainsi elle ne comprenait pas que le pays d’Hugo et de Voltaire, de Zola et de Montesquieu, le pays de Jean-Jacques Rousseau ayant écrit Du contrat social et celui de la Révolution, la patrie des Lumières qui avaient hissé l’homme, ait pu tolérer que l’on chosifiât ainsi tant d’hommes et de femmes.
Quand elle avait vu pour la première fois les images d’une série documentaire consacrée à la Shoah (l’extermination) et à la « Solution finale », elle n’avait alors que 13 ans, elle ne pouvait se douter encore que le sang juif coulait en elle, le sang historique s’entend, car elle ne croyait pas au gène juif mais à l’histoire qui construit une appartenance, qui rallie autour d’intérêts communs… Elle était à cent lieues de la Beta Israel 1 en elle, ou de la communauté falasha, « l’exilée » en amharique. Elle ne comprenait pas comment des sociétés modernes bâties sur les ruines de la défaite des fascismes, avec des mémoires collectives pénétrées par l’utopie, par la victoire du meilleur en l’homme, pouvaient maintenant gazer, jeter dans des charniers, mutiler, assassiner des hommes, des femmes et des enfants pour la simple raison qu’ils sont ce qu’ils n’ont pas choisi d’être : des Juifs.
Elle avait ainsi revisité naturellement des pans de l’horreur ; une histoire faite de chiffres, de dates, de récits, de statistiques, de diagrammes, de photos, de documents, de morceaux de tissu, de cheveux, de lettres secrètes, de confessions, de pleurs, de talismans, de soupirs, de poèmes, de m

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