La Croix du Nord
242 pages
Français

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La Croix du Nord , livre ebook

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242 pages
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Description

En avril 2020, Roman Marsky, adolescent surdoué, grâce à une mutation intracérébrale fortuite, meurt brutalement. Pendant sa courte vie, il s'était beaucoup interrogé sur les conséquences sociales de la "modernité" qui ne sait pas où elle va, mais nous y entraîne. Elle bouscule violemment nos traditions, et fait preuve d'une complexité normative. Les peuples se sentent trahis par des élites converties à un mondialisme utopique et autoritaire, pseudo libéral et peu social, appuyé sur un humanisme nébuleux. Après une adolescence oisive à Abidjan, Jean-Pierre Bex devient chirurgien cardio-vasculaire à Paris. Allergique au prêt-à-penser "correct", il a voulu, pour son premier roman, être prédatif et subjectif, avec une pointe de dérision et d'humour décapant !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 164
EAN13 9782296264304
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La croix du Nord
Jean-Pierre BEX


La croix du Nord

Roman futuriste
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmatta1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12648-0
EAN: 9782296126480

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A mon clan.


« Dans une procession, il y a ceux qui chantent et ceux qui portent
la croix. »
Dicton italien.


« Ne pas prévoir, c’est déjà gémir. »

Léonard de Vinci


« Celui qui ne s’attend pas à l’inattendu ne trouvera pas la vérité. »

Blaise Pascal


« Ces réflexions ont exercé sur moi une profonde action
alors que je les écrivais et elles l’exercent encore quand je les relis ».

Confessions. Saint Augustin
CHAPITRE I CEREMONIE FUNERAIRE
L’aurore grelottante en robe rose et verte
S’avançait lentement sur la Seine déserte,
Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,
Empoignait ses outils, vieillard laborieux.

Baudelaire.
Les fleurs du mal. « Le crépuscule du matin ».


En ce vendredi 10 avril 2020, vers 8 heures 30 du matin, une petite foule hétéroclite et colorée se forme, s’agite lentement et s’organise sans bruit, dans le petit jardin public, situé quai de la Rapée, à Paris, devant l’Institut Médico-Légal. Le silence qui en émane est lourd, profond et même impressionnant, contrastant avec les mille bruits d’une ville qui s’éveille.
Les bulletins météorologiques des chaînes de la télévision interactive avaient annoncé la veille, cartes isobares à l’appui et photos satellitaires comme preuves, du beau temps pour l’Europe de l’Ouest avec une température encore fraîche le matin, 4° C sous abri à Paris, atteignant 15° C vers midi avec un léger vent de Nord-Ouest. Ciel clair malgré la petite brume de pollution, qui estompe comme toujours la vision lointaine dans les grandes villes. Les météomaniaques étaient donc assez tranquilles, bien que des tornades aient été annoncées dans la région de Shanghaï. Mondialisme oblige ! Peu d’Européens y avaient prêté attention ! En fait, il suffisait de lever les yeux, ce matin, pour savoir que le temps de la journée serait agréable et qu’il n’y avait pas lieu de se munir d’un parapluie. Mais, en 2020, les yeux du citadin moderne sont plus souvent fixés sur un écran cathodique que sur le ciel. Les Parisiens vivent encore dans une des plus belles villes du monde, mais ne le savent pas ou l’ont oublié. Allant à leur travail, en citadins bien dressés, ils ne lèvent plus la tête, depuis belle lurette, pour voir ce qui les entoure. Ils sont dans leur cocon, plongés dans leur petit monde, concentrés sur leur entourage immédiat et ne remarquent même pas le soleil levant, légèrement voilé, qui commence à réchauffer les rues. Pourtant les oisifs sont nombreux dans les villes : retraités, chômeurs de longue durée, invalides, assistés divers, flâneurs mais aussi beaucoup de touristes et quelques actifs profitant de leurs loisirs professionnels…
Autour du petit square Albert Tournaire, une vingtaine de badauds, intrigués par ce rassemblement matinal insolite, sont déjà appuyés contre la balustrade de fer forgé, devant le jardin. En effet, notre attroupement est inhabituel : il y a très peu d’agitation, pas de cris, pas d’éclats de rire. On ne perçoit ni convivialité, ni ambiance festive ou chaleureuse, pour parodier le style journalistique de notre époque. Ce n’est pas non plus une manifestation : il n’y a pas de drapeaux rouges, pas de banderoles chargées de slogans, pas de casquettes bariolées de sigles syndicaux, pas de badges ou d’étiquettes adhésives sur les habits, pas de mégaphone, pas de bruit… D’ailleurs, les manifestations politiques, syndicales ou autres, de plus de cinquante personnes, sont interdites dans Paris depuis quelques années. Le déploiement d’importantes forces de sécurité publique pour les contrôler nuisait à l’image de Paris, qui se veut agréable, frivole, primesautière, pour mériter encore son titre de première ville touristique du monde. Et pourtant notre rassemblement augmente… on dépasse déjà la cinquantaine !
Sur les allées de fin gravier du parc, une sérénité diffuse baigne l’assemblée peut-être à cause du recueillement et de l’impassibilité des participants ; leurs gestes sont rares et lents, comme s’ils étaient filmés au ralenti et, par mimétisme, par imbibition, les mouvements du petit groupe de spectateurs sont devenus mesurés et se sont réduits au minimum.

Les platanes, en feuillage de printemps, dominent ce petit jardin biscornu, qui semble mordu par la voie ferrée de la ligne 5 du métro, plongeant sous terre ici-même. Quelques buissons essaient de masquer l’entaille métallique qu’impose la technique industrielle humaine à cet îlot de verdure urbaine. Au fond de l’allée asphaltée, l’entrée principale de l’Institut Médico-Légal, soulignée par deux colonnes latérales, est surmontée d’un drapeau européen flanqué de l’emblème national tricolore bleu, blanc, rouge et du pavillon blanc fleurdelisé de la Région Européenne Ile-de-France. Quelques marches de pierre donnent accès à ce bâtiment, parallélépipédique, austère et peu engageant. Il est consacré à une spécialité de la médecine administrative qui n’a jamais soulevé l’enthousiasme des foules : la médecine des morts. De l’extérieur, on remarque sur cet immeuble la superposition de trois niveaux disparates : en bas, un soubassement de pierres grises salies par la pollution de la voie rapide, qui le longe et le sépare de la Seine. « Voie rapide » est un terme ancien consacré par l’usage, mais il est inadapté car les engins motorisés ne peuvent maintenant y dépasser le 30 km/h légal ! Au dessus, un étage dans le style habituel des hôpitaux parisiens construits au XIX° siècle : brique ocre- rouge avec de petites fenêtres blanches et, pour coiffer le tout, une superstructure préfabriquée, d’un blanc délavé, probablement rajoutée à moindres frais au cours du XX° siècle. De nombreuses bouches d’aération sur le toit le font ressembler au pont d’un navire.

Un groupe d’une vingtaine de moines s’est formé. Leurs longues silhouettes, immobiles, sont tassées dans un recoin du parc qui n’est pas encore éclairé par le soleil et forment un bloc sombre. Ils attendent patiemment, immobiles, dans un silence absolu. Humilité et obéissance. Toutes les mains sont enfouies dans les replis de leur robe de bure et leur aspect est remarquablement homogène. Drapés de noir jusqu’aux pieds avec seulement une cordelette beige à la ceinture et leurs chapelets, seules leurs têtes apparaissent au-dessus des coules noires, dont toutes les capuches sont rejetées en arrière. Ils manifestent tous une très grande concentration. Emergeant de cette tenue antique et simple, des faciès émaciés, des visages absorbés, des crânes rasés sauf sur une fine bande horizontale de cheveux qui leur entoure la tête comme une auréole. L’absence de barbe souligne leurs traits juvéniles. Physiquement, la tendance générale est à la haute taille et à la sveltesse. Ils appartiennent à la Communauté Bénédictine du Monastère du Barroux, près de Carpentras.

Plus visibles à cause des couleurs de leurs uniformes de parade et de leurs mouvements synchronisés, presque mécanisés, quelques soldats de la Légion Etrangère s’affairent. L’escouade appartient au 2° Régiment Etranger de Parachutistes (2° REP) qui tient d’habitude garnison à Calvi, en Corse, mais que la Gouvernance Européenne Démocratique de Bruxelles a rapproché de Paris, car la situation sociale reste tendue depuis le début de l’année dans cette importante région européenne, qui a tenu à garder son nom d’Ile-de-France. La police a de plus en plus de mal à contenir les affrontements souvent violents entre différents groupes communautaires, entre bandes ethniques, clans religieux ou tout simplement entre jeunes pillards, sans foi ni loi, qui terrorisent de temps à autre le bon peuple pour la « dépouille » ou pour régler leurs comptes selon la vieille loi de la jungle. Des partis politiques, des associations, des organisations non g

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