La Dernière sorcière d Imria
152 pages
Français

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La Dernière sorcière d'Imria , livre ebook

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Description

Acceptera-t-elle de sauver le monde qui l'a abandonnée ?


Charlie, orpheline ballottée de famille en famille, a survécu tant bien que mal à son enfance chaotique. Aujourd’hui adulte, elle s‘adonne sans remords au vol d’œuvres d’art et de bijoux, activité illicite dans laquelle elle excelle grâce à ses pouvoirs hors du commun. L’espièglerie et la nonchalance qu’elle affiche ne sont néanmoins qu’une facette de sa personnalité, car au fond d’elle se cache une jeune femme seule et blessée qui exprime toute sa rage à travers les sports de combat. Quand un inconnu débarque pour la ramener de toute urgence dans son univers d’origine, celui où la magie existe, elle ne peut lui accorder sa confiance. Au nom de quoi devrait-elle tout risquer, alors que les siens l’ont abandonnée à son sort ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782493087171
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Manoë Paris
La Dernière Sorcière d’Imria
JS Éditions. Tous droits réservés.

Crédits iconographiques : Nelli Valova, Anneke Bieger, faestock, Biletskiy Evgeniy, MiaStendal.

Police des titres : ViaodaLibre (Gydient, Vietanh Nguyen / OFL).

Couverture : Shealynn Royan

ISBN : 978-2-493087-17-1
Chapitre 1
Charlie s’éveilla en s’étirant. Il faisait encore nuit dehors, il lui restait dix minutes avant que son réveil ne sonne. Jusqu’à l’heure fatidique, elle laissa son esprit dériver, contemplant le plafond de sa chambre. Elle en connaissait les fissures par cœur. Lorsqu’elle avait acheté l’appartement trois ans plus tôt, elle les avait déjà remarquées. Depuis, ces petits sillons au-dessus de son lit n’avaient fait que s’agrandir.
Elle se tourna vers sa table de nuit et ouvrit le pot de poudre argentée posé à côté de son réveil. Elle se concentra dessus et une poussière s’éleva dans les airs, prenant la forme d’un visage. Charlie tenta de se souvenir de ses traits, en vain. Elle en rêvait pourtant toutes les nuits. Elle ne se rappelait pas du contour des yeux, ni du pli des lèvres ou de la bosse du nez. En revanche, elle voyait encore la mâchoire carrée, l’ombre de la barbe, les lourds cernes, les cheveux sales, en bataille, la plaie au front et le flot de sang qui s’en échappait. Elle entendait également ses paroles, dites sur un ton pressé et paniqué :
— Ne m’oublie pas Charlie ! Je suis Korma Artarian et je suis ton père. Tu es Charlie Artarian et tu vas devenir la sorcière la plus puissante de notre ère. N’oublie pas tes origines ! Tes pouvoirs représentent ce que tu as de plus précieux ! Ne les renie jamais, utilise-les, fais-les progresser et, un jour, tu seras la fierté de notre peuple.
Le réveil sonna et le visage disparut tandis que la poudre retournait dans le pot. Cependant, les paroles continuèrent à résonner dans la tête de Charlie.
Elle s’assit sur son lit et s’étira de nouveau avant de rester un instant là, le regard dans le vague. Enfin, elle remonta la bretelle de son débardeur, se leva pour enfiler un peignoir et se rendit dans la cuisine. Elle y ouvrit un autre bocal de poudre argentée en se frottant les yeux, une ballerine prit forme avant d’effectuer des arabesques et des jetés. La jeune femme n’avait jamais pratiqué la danse classique, mais l’une des nombreuses familles dans lesquelles elle avait été placée, depuis ses quatre ans, l’avait emmenée voir un ballet une fois. La fillette de l’époque, hypnotisée par la beauté des mouvements et la grâce des danseurs, avait essayé de reproduire leurs pas dans la poussière, continuant ainsi l’apprentissage de ses pouvoirs. Depuis, faire danser des ballerines dans la poudre argentée l’apaisait, même si, pour cette raison, elle avait dû changer de famille si souvent.
Charlie jeta un œil à sa montre et prit la télécommande posée près de son bocal. Elle appuya sur un bouton et le volet du salon se leva. L’appartement, idéalement situé au dernier étage de l’immeuble, donnait plein sud et, les jours où il faisait beau, Charlie profitait d’un panorama assez large pour observer une bonne partie de la ville. Aujourd’hui, à cette heure-ci, le soleil levant nimbait l’horizon de couleurs froides.
La jeune femme mit de l’eau à bouillir et se prépara un thé, puis grimpa sur un tabouret pour atteindre le dessus de l’armoire. Elle tâtonna pendant un instant avant de trouver ce qu’elle cherchait. Elle attrapa enfin la pochette de tissu grossier et redescendit. Prenant sa tasse de thé avec elle, elle se dirigea vers sa grande fenêtre. Là, elle posa sa tasse sur le guéridon près du fauteuil et se laissa tomber dans les coussins moelleux avec un soupir de satisfaction. Charlie aimait de tout son cœur ces petits rituels de jour de repos, après une dure semaine de labeur. Elle ne les aurait abandonnés pour rien au monde. Elle observa un instant l’horizon. Le ciel, dégagé au premier plan, laissait apparaître des nuages qui s’amoncelaient au loin. Avec le froid qui s’annonçait, la neige ne tarderait pas à venir.
Charlie but une gorgée de thé et ouvrit la pochette de tissus pour en sortir une magnifique parure de bijoux en or, sertie de diamants et de rubis. Elle l’admira, l’observa en détail, chercha le poinçon avant de la ranger dans un étui de cuir. Satisfaite, elle posa le tout et termina son thé tranquillement.
Après avoir enfilé sa tenue de sport, elle passa par la salle de bain où elle tenta de discipliner ses boucles rousses, d’abord avec sa main puis une brosse à cheveux, en vain. Elle abandonna vite et les attacha avec un élastique tout en détaillant ses taches de rousseur dans le miroir en fronçant le nez. Ses yeux verts lui retournèrent un regard espiègle lorsqu’elle tira la langue à son reflet avant de quitter la pièce. Une fois dehors, Charlie partit à petites foulées pour s’échauffer. Elle se devait de tenir une forme physique d’enfer pour son travail, alors elle courait aussi souvent que possible.
Une heure plus tard, sur le chemin du retour, elle bifurqua vers le parc et s’arrêta sur un banc le temps de reprendre son souffle. Elle observa les bosquets et les allées désertes autour d’elle. L’avantage en hiver c’était que personne ne venait la déranger. Se voyant seule, elle s’assit à même le sol, sans prêter attention au froid mordant qui traversa son pantalon, et posa ses mains à plat sur l’humus. Si des gens passaient par là, ils la croiraient probablement en train de méditer. Elle ferma les yeux et plongea ses pouvoirs dans les profondeurs de la terre végétale, jusqu’à la roche. Une image de ce que percevaient ses dons se forma aussitôt dans son esprit. Elle ressentait tous les êtres vivants enfouis en sous-sol et toute la nature qui y puisait sa force.
Charlie se balada ainsi dans le sol endormi de l’hiver jusqu’à atteindre les frontières de son pouvoir. Chaque jour, elle venait tenter d’en repousser un peu plus les limites. Lorsqu’elle eut l’impression d’être assise sur des pains de glace et que ses mains furent anesthésiées par le froid, elle se releva. À nouveau, elle se concentra : le givre sur l’herbe et les arbres commença à fondre, des gouttelettes s’élevèrent dans les airs pour former une bulle d’eau de la taille d’un poing qui tournoyait devant Charlie. La jeune sorcière fit jouer son esprit afin de transformer cette bulle en boule de glace, puis elle la travailla jusqu’à façonner une rose. Lorsqu’elle avait débuté ses entrainements, ses esquisses grossières ressemblaient à peine à une fleur. Mais, en persistant, la forme s’était affinée. La jeune femme était désormais capable de sculpter des blocs entiers sans y toucher. Elle parvenait également à modeler le métal en fusion qui, contrairement à la glace, s’avérait très instable. Il lui fallait un temps très long et une énergie considérable afin de l’amener à la bonne température.
Une bourrasque s’infiltra dans ses vêtements, Charlie frissonna et sentit dans cette rafale la promesse des chutes de neige imminentes. Elle laissa tomber sa rose de glace et rentra chez elle en trottinant pour se tenir chaud.
 
Plus tard ce jour-là, Charlie fourra la pochette en cuir dans son sac, fit tournoyer la ballerine une dernière fois avant de renvoyer la poudre argentée dans son bocal, et sortit de chez elle. Dans le couloir, elle croisa son voisin, qui se précipita dans son appartement en la voyant. Jeune père de famille, il avait tenté de la séduire lors de son emménagement. Elle avait alors utilisé ses pouvoirs pour influencer ses pensées et le faire culpabiliser de s’intéresser à une autre femme que la sienne. Il ne se remettait pas de cette rencontre et Charlie prenait un malin plaisir à le voir fuir sa présence ainsi.
Dans le hall d’entrée, elle salua le gardien. Deux ans plus tôt, son chien s’était fait renverser par une voiture et Charlie avait usé de ses dons pour le remettre sur pattes. C’était la première fois qu’elle utilisait ses pouvoirs pour soigner des blessures aussi graves. Comme elle avait refusé que le vieil homme assiste aux soins, prétextant qu’il lui fallait du calme, il ne saurait jamais ce qu’elle avait fait à son chien, mais il lui en serait pour toujours reconnaissant.
Dans la rue, la jeune femme trouva le taxi qu’elle avait commandé. Elle garda son sac serré contre elle tout le long du trajet. Elle avait rendez-vous à la banque un peu plus tard dans la journée, et il serait dommage de ne pas pouvoir s’y rendre, faute de marchandise à écouler.

Monsieur Dupuis attendait Charlie dans son appartement au troisième étage. Il ne connaissait que son prénom, mais savait de source sûre qu’il s’agissait du vrai. Lui-même n’avait pas fait preuve de la même franchise. Son fort accent anglais laissait toutefois peu de doute sur ses origines et la supercherie. Le fait qu’il ne révèle pas son identité posait les bases d’entrée de jeu. De toutes petites bases, signifiant simplement qu’elle ne pourrait pas le retrouver si elle se faisait coffrer. Ses relations avec la jeune femme étant compliquées, il n’avait pas osé mettre en place autant de précautions qu’avec ses autres vendeurs. En effet, si Charlie ne le craignait pas assez pour cacher son identité, cela en disait long… La jeune femme le rendait particulièrement nerveux.
Elle me fout les jetons, pas la peine de se mentir , songea-t-il.
Elle avait ce quelque chose de réellement menaçant. C’était la seule qui lui faisait cet effet-là, et il ne se l’expliquait pas. Dès leur premier échange, elle l’avait averti qu’elle lui réservait un sort pire que la mort s’il tentait de l’arnaquer et il l’avait cru. Malgré tout, elle restait sa meilleure vendeuse, lui rapportant toujours les plus belles pièces.
Il regarda par la fenêtre et constata qu’elle venait d’arriver. Il ne put retenir un frisson. Il ne croyait pas au surnaturel, d’ordinaire, pourtant sa présence suffisait à tout remettre en question.
Il la salua, attrapa son talkie et dit à son homme, en bas, de la laisser passer. Elle ne semblait même pas effrayée par la

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