La forêt des bannis
49 pages
Français

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La forêt des bannis , livre ebook

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Description

Xavier fait la connaissance de Nina, une adolescente que les gens du village ont surnommée « la fille des bois ». Elle vit avec ses parents dans un manoir à la lisière de la forêt. Cette demeure avait appartenu il y a de nombreux siècles, à une soi-disant sorcière qui passait le plus clair de son temps cloîtrée dans son sous-sol. Chassée du village, elle était partie se cacher dans la forêt en jurant de se venger des villageois... Les cauchemars atroces dont Nina est victime depuis son enfance s’intensifient, et son comportement se modifie de jour en jour. Est-elle possédée, comme le laissent entendre les mauvaises langues du village ? Ou est-elle atteinte d’un des maux de ce siècle : la schizophrénie ? Pour répondre à cette question, Xavier devra prendre un billet pour l’enfer...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 janvier 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312007205
Langue Français

Extrait

La forêt des bannis
Stéphane Yela
La forêt des bannis
















Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
À ma femme Caroline, qui m’a soutenue sans concession, du début à la fin.

































© Les Éditions du Net, 2013
ISBN : 978-2-312-00720-5
Chapitre N° 1 La fermette abandonnée
Située au bout d’un chemin étroit, dissimulée parmi une végétation dense qui donnait le pouvoir aux ombres, se dressait une fermette que des années d’abandon avaient convertie en ruine. Dans la partie anciennement habitée, seule une lueur froide pénétrait à présent les brèches et les rares fenêtres, enduisant les parois et s’engouffrant dans les interstices du sol craquelé. On raconte que les fermiers y devenaient fous, les nuits de pleine lune du bétail disparaissait.
Avant d’y pénétrer, Nina et Xavier déposaient leurs bicyclettes parmi les herbes hautes. Comme des archéologues en quête de traces du passé, à l’aide de lampes de poche ils exploraient les pièces sans vie et les murs noircis par le temps.
Ce jour-là, premier jour du mois de décembre, Nina portait un blouson de cuir noir et la robe rouge que Xavier aimait tant – elle collait parfaitement avec ses yeux noirs, sa peau cuivrée et ses interminables boucles brunes. Lui portait une veste foncée, une grosse chemise à carreaux bleus et blancs sur un Tee-shirt gris.
Malgré l’air glacial circulant entre les cavités recouvertes par la moisissure, les mains sur les hanches, Nina secouait la tête et riait comme si c’était le plus beau jour de sa vie. Ils commencèrent par déposer un tas de brindilles et de papier froissé dans la cheminée afin d’amorcer un feu. Après s’être débarrassée de ses chaussures, Nina alluma une cigarette, tira une lente bouffée en fermant les yeux. Xavier déposa un baiser sur son front et serra ses bras autour de son cou.
À la tombée de la nuit, au moment où le soleil disparaissait derrière les arbres, Nina, le regard pétillant et les pommettes ardentes, détacha son regard des flammes et le dirigea vers les branches qui s’agitaient à travers les carreaux brisés. Une lune livide ne tarda pas à s’y frayer un chemin et se diffusa à l’endroit où elle se trouvait. Tout bruit cessa, hormis celui de la vieille pancarte : « À Vendre » de l’entrée qui se tortillait sur un fil de fer. Nina ondula sa silhouette comme une vague légère. Un souffle intense se déroba de sa bouche, elle se racla la gorge, et se mis à chanter : « Heaven beside you », sans battre un cil. Le vent devint colérique, il gémit, secoua les volets, s’engouffra à travers les murs fissurés, amplifia la taille du feu. Derrière l’éclat des flammes, Xavier aperçu les mains de Nina se crisper, ses yeux se brouiller, son teint devenir blafard comme celui d’un cadavre. Il s’avança vers elle et entrelaça ses mains dans les siennes. Elles exhibaient les écorchures fraiches causées par les épines et les branchages qu’ils avaient traversés pour parvenir jusqu’ici.
Tout à coup, Nina entendit en provenance du couloir des frottements, comme si quelqu’un marchait en trainant les pieds. Elle regarda avec affolement par-dessus l’épaule de Xavier.
– Tu as entendu ? Dit-elle en lui clouant ses doigts dans le cou.
– C’est normal d’entendre des bruits dans une vieille ferme comme celle-ci, bredouilla-t-il.
– Oui mais pas des bruits de pas. Quelqu’un s’est peut-être introduit en franchissant la porte qui donne sur l’arrière-cour.
Ils suspendirent leur respiration dans l’attente de voir quelqu’un surgir du couloir, mais les frottements cessèrent, cédant la place à un silence encore plus effrayant. Malgré la peur intense qu’ils ressentaient, ils décidèrent quand même d’aller voir.
Nina avançait lentement en pressant ses bras sur sa poitrine, Xavier la devançait en tenant la lampe de poche à bout de bras. Les épaules courbées, ils s’engouffrèrent dans le couloir. Une fois traversé, ils s’assurèrent que l’accès au sous-sol était toujours cadenassé, que ce qui avait jadis été la cuisine n’était pas occupée. Ils sortirent par la porte qui donnait sur l’arrière-cour, firent quelques pas maladroits dans la brume naissante, puis se figèrent. Des feuilles mortes s’engouffrèrent par la porte entrebâillée et tournoyèrent sur le carrelage. La neige avait tout à fait disparu depuis deux jours, remplacée par un vent glacial et violent. Les champs n’étaient plus qu’un espace désolé où régnait le gel aussi loin que portait la vue.
Ils regagnèrent la pièce principale d’une démarche précipitée. Nina frictionna auprès du feu ses pieds engourdis par le froid. Elle semblait égarée, ses membres blanchâtres et décharnés frémissaient sur le sol encore froid. Une espèce d’assoupissement l’envahissait, une léthargie qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se baissa pour ramasser une feuille de papier journal, la chiffonna et la jeta dans le foyer. Les flammes mélangèrent l’ombre et la lumière sur son visage, un léger rictus déforma ses lèvres en dévoilant une expression d’angoisse. Elle semblait sur le point de sangloter. Comme si elle était à l’agonie, Xavier la fit assoir, déposa délicatement sa tête sur ses cuisses en lui caressant les cheveux, puis ôta sa veste pour lui recouvrir les épaules. Elle s’endormit aussitôt.
L’aube se dévoilait quand Nina découvrit ses paupières en tremblant. Le jour reprenait ses droits, illuminant timidement le centre de la pièce. Elle s’étira en baillant, alluma une vieille cigarette toute desséchée. Cette dernière se mit à crépiter légèrement, libérant une épaisse fumée grise. Avec un air lointain, Nina détailla à Xavier l’étrange cauchemar qu’elle avait fait :
« Sous une averse d’hémoglobine, je courais nus pieds en me balançant d’une jambe sur l’autre sur un chemin de terre, en évitant les flaques de sang. La soif intense que je ressentais, m’obligeais à lécher les gouttes qui coulaient sur mes lèvres. La cloche d’une église résonnait au loin, mais au lieu de me rassurer elle me terrifiait. Mon chemin se poursuivit en pénétrant une sombre forêt. Après une marche interminable, j’accédai à une vaste clairière. En son centre, il y avait une maison étrange à l’architecture irrégulière. Elle semblait avoir été amputée à plusieurs endroits, toutes les fenêtres étaient opaques. Malgré la crainte que m’inspirait cette maison, je décidai d’entrer. C’est alors que je discernai un vaste couloir à peine éclairé par quelques torches. Le cou dégoulinant et les mains humides, je me mis à avancer lentement avec la démarche d’une somnambule. Une forte odeur d’humidité me cingla les narines et je me retins de vomir.
Au fur et à mesure que j’avançai, l’air devenait de plus en plus putride et quasiment irrespirable. À chaque pas, des rats aux yeux brillants détalaient dans les coins envahis par l’obscurité. Les conduits dévorés par la corrosion n’étaient plus étanches, d’énormes gouttes s’écrasaient sur le sol en formant des petites flaques fétides. Tout au bout du couloir, un rai de lumière filtrait sous une autre petite porte en fer qui semblait rouillée. Derrière on entendait une sorte de plainte étouffée. J’avais très peur, mais la curiosité prit le dessus. Pour éviter de trop faire grincer la porte, je l’ouvris doucement. Un petit escalier en pierre descendait en colimaçon.
Arrivée en bas des marches, un relent d’urine et de vomissure me donna un haut-le-cœur. En franchissant le seuil d’un caveau à peine éclairé, j’aperçus en son centre une silhouette féminine tremblante et gémissante qui se débattait sur un matelas crasseux. Les restes de sa robe lacérée se mêlaient à des années de saleté et de sang séché qui recouvraient le sol. Une cohue de mouches excitées volait tout autour. La pièce ne contenait qu’une armoire vide et un fauteuil étouffés par la poussière. Par-contre, tous les murs étaient recouverts d’une étrange calligraphie, co

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