La forêt des Gardiens
302 pages
Français

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Description



Dans la forêt de fin d’automne de la planète PèreMère, Méi, 15 ans, est initiée à la télépathie. Est-elle vraiment assez responsable pour l’assumer ?



Dael s’inquiète que son amie de toujours devienne adulte avant lui. Et si le changement creusait un fossé entre eux, et si elle se moquait des nouveaux sentiments qu’elle provoque en lui ?



À 10 ans, Nori est déjà un excellent forestier. Si les horribles mentaloups ne l’obligeaient pas à rester sous la protection télépathique des adultes, il explorerait la forêt de fond en comble.



Arinou adore Dael et Nori, ses grands frères, et sa grande amie, Méi. Certes, ils exigent souvent qu’elle se lave les cheveux, mais ils la laissent éplucher les pomterres pour la soupe et lui apprennent à naviguer en canoë et à pêcher la truite.



Et puis, tout bascule...



Une maladie inconnue et mortelle se répand de village en village. Ils sont les seuls à ne pas être contaminés. Ils vont affronter l’hiver, les prédateurs mentaux et les renégats humains pour trouver les mythiques félis, Gardiens de la planète, et tenter de sauver leurs familles.




Passionnant roman d’aventure qui emporte le lecteur dans un parcours initiatique, sur fond de forêt sauvage et de communications télépathiques. À partir de 11 ans.







Née en 1965, Marie-Catherine Daniel a longtemps vécu à la Réunion qu’elle a quittée en 2018


pour s’installer en Creuse. Spécialiste en Sciences Cognitives, elle est également fascinée par l’éthologie aussi bien humaine qu’animale. Elle écrit sur le métissage social, la différence, la résilience, le plaisir de courir à perdre haleine, d’explorer une forêt sauvage, ou de survivre à une apocalypse.


Elle publie Les Aériens en 2017 (Sarbacane, Prix des Dévoreurs de Livres 2019), Entre troll et ogre en 2018 (ActuSF), et Rose-thé et gris souris (Gephyre, 2019).

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 38
EAN13 9782374537122
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Dans la forêt de fin d’automne de la planète PèreMè re, Méi, 15 ans, est initiée à la télépathie. Est-elle vraiment assez responsable pou r l’assumer ? Dael s’inquiète que son amie de toujours devienne a dulte avant lui. Et si le changement creusait un fossé entre eux, et si elle se moquait des nouveaux sentiments qu’elle provoque en lui ? À 10 ans, Nori est déjà un excellent forestier. Si les horribles mentaloups ne l’obligeaient pas à rester sous la protection télép athique des adultes, il explorerait la forêt de fond en comble. Arinou adore Dael et Nori, ses grands frères, et sa grande amie, Méi. Certes, ils exigent souvent qu’elle se lave les cheveux, mais i ls la laissent éplucher les pomterres pour la soupe et lui apprennent à navigue r en canoë et à pêcher la truite. Et puis, tout bascule… Une maladie inconnue et mortelle se répand de villa ge en village. Ils sont les seuls à ne pas être contaminés. Ils vont affronter l’hiver, les prédateurs mentaux et les renégats humains pour trouver les mythiques fél is, Gardiens de la planète, et tenter de sauver leurs familles. Née en 1965,Marie-Catherine Daniel a longtemps vécu à la Réunion qu’elle a quittée en 2018 pour s’installer en Creuse. Spécial iste en Sciences Cognitives, elle est également fascinée par l’éthologie aussi bien h umaine qu’animale. Elle écrit sur le métissage social, la différence, la résilience, le plaisir de courir à perdre haleine, d’explorer une forêt sauvage, ou de survivre à une apocalypse. Elle publieLes Aériensen 2017 (Sarbacane, Prix des Dévoreurs de Livres 2 019), Entre troll et ogreen 2018 (ActuSF), etRose-thé et gris souris(Gephyre, 2019).
La forêt des Gardiens
Marie-Catherine DANIEL
COLLECTION DU FOU
Partie 1 La forêt de fin d’automne
Chapitre 1 Imprudence
Le buisson de griffépines s’étale sur plusieurs cen taines de pas. Il a étouffé les arbrisseaux et les autres plantes de sous-bois, mai s de grands arbres en jaillissent, s’élançant vers le ciel. Le soleil de fin d’automne filtre largement à travers les branches dépouillées de leurs feuilles. Il éclabous se de reflets dorés les piquants acérés. Norianin a fait le tour du taillis sans découvrir d e trouée suffisante pour pouvoir s’y glisser. Pourtant, l’enfant sourit de toutes ses de nts : il a trouvé une garenne de rats! La plus importante qu’il ait jamais vue! Aucun doute, tout un réseau de terriers débouche sous le buisson protecteur. Il suffit de r emarquer les nombreuses et minuscules sentes qui s’y enfoncent. Les rongeurs sont réputés pour leur intelligence. M algré leur esprit aussi vulnérable aux prédateurs mentaux que celui des enf ants humains, elle leur permet non seulement de survivre, mais aussi de prospérer. Ils creusent si profondément leurs galeries souterraines que les attaques télépa thiques ne les atteignent pas. Ils savent perdre leurs poursuivants – carnivores ou me ntavores – en se déplaçant en groupe puis en se dispersant brusquement. Ils trace nt de fausses pistes et ne rejoignent leur garenne qu’une fois assurés de ne p as être suivis. Le garçonnet les admire. Il ne chassera pas avant s es quinze ans, mais déjouer les multiples ruses des rats et découvrir leurs terriers prouvent ses talents de pisteur. Norianin est fier de lui. Quand il sera grand, il partira seul en forêt penda nt de longs mois, juste pour le plaisir de montrer qu’il peut y vivre en ne comptan t que sur lui-même. Mais pour l’instant, il n’a que dix ans et ne possè de pas de crête télépathique pour se protéger des dévoreurs d’esprit. Si l’un d’eux l e repère, sa seule défense sera d’invoquer des images de félis, en espérant que l’i llusion fasse fuir l’affamé. Et cette ruse sera vite éventée, si c’est un mentaloup qui a ttaque. Il faut plusieurs esprits de sans-crêtes pour avoir une chance de s’en sortir co ntre l’ennemi héréditaire. D’ailleurs, où est Dael? Norianin cherche son frère du regard. Vainement. Sa fierté s’éteint d’un coup, remplacée par de la c olère contre lui-même. Comment peut-il avoir perdu Dael des yeux? Comment peut-il avoir oublié la règle de survie d e base? Au loin, un gorbeau pousse un cri coléreux. Le garç on prend brutalement conscience du silence qui l’entoure. Il se tend, to us les sens en éveil. La forêt qui se tait signifie un danger important! Tout proche un chasseur de bonne taille menace aussi bien les habitants des arbres que du sol. Un lynx? Un ourchat? Ou pire : un mentaloup? Il pâlit. Où est Dael? Il l’aperçoit enfin à travers les troncs, à une cin quantaine de pas. Trop soulagé pour remarquer que son frère est trans parent, Norianin se précipite.
*
Daelonan repère un noyer sous lequel quelques fruits sont encore bons à récolter. — Nori, appelle-t-il, par ici! Sans vérifier que son petit frère l’a entendu, il s ’accroupit et commence à ramasser les noix d’une main distraite. Un petit vent frais parcourt la forêt. Il apporte d es odeurs d’automne : mousses humides, feuilles mortes, lichens et champignons, e t des effluves de biches qui doivent brouter à quelques centaines de pas. L’adol escent, bercé par la sérénité de l’instant, se laisse aller à la rêverie. Ce soir, Méitalinoé entrera dans l’Antre des Gornou illes. Elle en ressortira dans quatre jours la tête ornée de la petite crête mordo rée qui la rendra télépathe. Dans quatre jours, son amie de toujours ne sera plus une enfant. C’est si étrange de penser que Méi, la petite Méi i mpulsive et enjouée, est désormais assez mûre pour devenir télépathe. Daelon an sait bien que son amie ne lira jamais ses pensées sans y être autorisée. Dès tout petit, on apprend que l’intimité psychique est sacrée. Pourtant, il resse nt une certaine appréhension : si les enfants n’ont pas de crête, c’est qu’il n’est pas t oujours simple de la contrôler, de se contrôler. Une colère de non-télépathe peut impress ionner et pousser à se battre, une colère canalisée et concentrée par une crête pe ut tuer. Avoir envie d’entrer dans la tête de quelqu’un ou de l’obliger à faire quelqu e chose ne prête pas à conséquence quand cela est impossible, mais quand o n en a le pouvoir… Lui-même réussira-t-il à s’en empêcher? Son éducation le prépare aux responsabilités d’un télépathe, mais arrivera-t-il à les assumer? Ses parents et le conseil de Campal l’affirment. Ma is le parrain et la marraine d’initiation qu’il a choisis ne viendront au villag e qu’au printemps. La cérémonie attendra donc la fin des grandes neiges. Méi, elle, a désigné ses parents à lui comme parrai ns, et ils étaient immédiatement disponibles. Les voilà donc tous à la Falaise aux Gornouilles. Lui, qui était plutôt soulagé d’avoir quelques mois pour se préparer à la responsabilité d’une crête, désire maintenant être à la place de son amie. Il s’inquiète pour elle comme il s’inquiète pour lui. Il doit aussi s’avouer qu’il craint que lui, restant enfant, et elle, devenue officiellemen t adulte, ce ne soit plus pareil entre eux. Une branchette cassée par le vent dégringole soudai n sur la tête de Daelonan. Le garçon sursaute et revient à la réalité. Quelque ch ose cloche. Quoi? La forêt bruisse normalement et… Non, il manque un certain son : la voix de Norianin! Voilà longtemps que son petit frère ne s’est pas manifest é. Or, il a constamment quelque chose à lui montrer ou une question à poser. L’adolescent se redresse pour voir ce que fait l’en fant. Il ne le trouve pas. * Le mentaloup n’est plus qu’à quelques pas de Norian in. Sur le crâne du fauve, la
crête est déployée et le pseudopode suceur ondule. L’animal hypnotise le garçonnet. Celui-ci le sait. Il essaie de s’accrocher à la terreur ressentie quand l’apparition de son frère s’est diluée dans un rayon de soleil. En vain. Car le murmure d’un ruisseau chantonne à son oreill e, les senteurs d’une clairière un bel après-midi d’été emplissent ses narines, une fourrure soyeuse lui caresse le flanc. Ces sensations ne sont pas les siennes, pour tant Norianin ne réussit pas à y résister. Son corps se détend, la peur et le besoin de réagir s’écoulent de lui; ils emportent avec eux ce qu’il devrait faire. Il se rend de moins en moins compte qu’il est sous la domination télépathique du fauve, son envie d’y échapper diminue. À quoi bon? Il se souvient vaguement qu’il existe un moyen pour effrayer le prédateur. Pour ne pas mourir. Se le rappeler demande trop d’efforts. Est-ce vraiment utile? L’animal a de si beaux yeux. S’y noyer ne provoquera aucune do uleur, ce sera doux comme s’endormir. — Noooori! Le fauve dresse les oreilles. Par réflexe, la crête se rétracte légèrement, diminuant la puissance de la suggestion. Juste un peu. Juste un instant. Assez cependant pour que sa proie frémisse au second cri : — Norianiiiiiin! Le mentaloup se ramasse pour bondir. Il prépare son esprit à l’ultime décharge psychique . Il est trop tard pour recommencer à affaiblir l’humain, mais en ajoutant la force physique à sa volonté de manger, il l’immobilisera. Il le plaquera au sol av ec ses puissantes pattes griffues, il bloquera la tête avec ses défenses épaisses, les ve ntouses du pseudopode se colleront au crâne. Il aura vite fait de pomper les délicieuses mentalondes énergétiques. Il saute. Il se tord en plein bond et évite la collision de justesse. Un immense félis se dresse devant lui. À la base de la grande crête déployée, le pseudopode raidi vise sa propre tête. Avec un cri de terreur et de rage, le mentaloup détale sans demander son reste. Norianin ne se réjouit même pas d’avoir réussi à in voquer l’image du félis, d’avoir fait fuir le fauve. Agenouillé, il tremble comme un e feuille. Il ferme les yeux, se force à respirer avec le ventre. Il lui faut un long moment pour retrouver assez de calme et de force pour répondre aux appels de son frère.
Chapitre2 La Falaise des Gornouilles
Las hauteurs d’arbre. De sonFalaise des Gornouilles domine la forêt de plusieur sommet broussailleux, Méitalinoé et Arinou observen t le monde. La futaie, aux branches défeuillées par cette fin d ’automne, s’étend à perte de vue, plus ou moins ondulante, plus ou moins brune, plus ou moins tachetée du vert sombre des conifères. Des collines esseulées et des pitons de roche bleutée la parsèment de loin en loin. Aux temps anciens, toute la région a été un plateau. Rongé par des milliers de rivières souterraines, il s’est effondré sur lui-même. Il continue d’ailleurs de s’écrouler petit à petit com me le prouvent les nombreux éboulements au printemps. En temps normal, les considérations géologiques n’i ntéressent guère Méi, mais aujourd’hui PèreMère éveille en elle des échos inti mes et troublants. L’infini des arbres, tous différents et pourtant unis en une toi son compacte, dissimule un sol chaotique. Invisibles, des défilés abrupts de pierre grise et froide crevassent la forêt. L’adolescente se sent comme la forêt. Une et multip le, sombre et claire, énigmatique et accessible, dure et douce, anguleuse et courbe. Sans limites? L’idée l’effraie… et l’attire. Une fois de plus, la brise fait frissonner la bande de peau nue au sommet de son crâne. Première étape de l’initiation de Méi, le rasage de l’emplacement de la future crête a été effectué par Soulinaé, le matin même. Depuis, la jeune fille a l’impression que son esprit absorbe, à grands flots mentaux, les éne rgies du monde, mais aussi qu’il est désormais d’une vulnérabilité extrême. Frayeur et attirance. Appréhension et soif de découvrir enfin les ondes qui engendrent toute c hose. Parmi celles-ci, les fameuses mentalondes, celles de la pensée. — Il y a un homme qui vient! Méi sursaute. Elle baisse les yeux vers la petite f ille qui lui arrive à la taille. Comme d’habitude, quelques instants en forêt ont su ffi pour que la tunique de l’enfant, ses jambières et ses mocassins soient con stellés de taches et de brindilles. De même, ses courtes, mais touffues boucles blondes ressemblent à un nid d’oiseau. Arinou tourne vers Méi son visage rond aux bonnes j oues roses, et plonge ses yeux noisette à l’amande bien marquée dans ceux trè s sombres et à peine bridés de sa grande amie. — Qu’est-ce que tu as? Tu rêves debout? Je te dis que quelqu’un arrive. Et pas de Campal, du nord! — Peu probable, répond l’adolescente. Le rassemblem ent des villages va avoir lieu dans dix jours. S’il y a des nouvelles à trans mettre, elles attendront bien jusque-là. — Mais regarde le piton là-bas, il y a un homme des sus. Méi se décide à scruter le pic rocheux que désigne Ari. — Je ne vois rien qui bouge. Tu as dû te tromper. C ’était un élan ou peut-être une
grande biche. — C’était un homme, affirme Arinou de sa voix flûté e. Il était debout et il nous regardait. — Il ne peut pas nous distinguer à cette distance, bêtassou, nous sommes cachées par les buissons. — Ben moi, je l’ai bien vu. — Oui, parce qu’il se détachait sur le ciel. — Ah, tu vois qu’il était là. J’ai raison, c’était un homme! La jeune fille, ébranlée par la logique de l’enfant , secoue la tête. Les perles colorées qui décorent les petites nattes entourant la bande rasée accrochent un rayon du soleil déclinant. — En plus, tu brilles, argumente Arinou. — Je te dis qu’il était trop loin. Par contre, s’il est monté sur un piton, c’est peut-être qu’il cherchait la Falaise. Enfin, s’il s’agit bien d’un homme… Un mouvement dans la forêt en contrebas attire leur attention. — Là! s’exclame la petite, montrant du doigt une silhou ette à l’orée de la prairie, au pied de la falaise. Méi rit. — C’est ton père, voyonsun! Ton inconnu ne peut pas voler de là-bas à ici en souffle… Hum, son travois est bien chargé de bûches . Il a dû trouver un arbre mort facile à débiter. Nous allons être tranquilles jusq u’au retour à Campal avec la réserve que nous avons déjà. — J’aime bien chercher du bois, moi. C’est plus amu sant que la cueillette. Méi rit. — D’accord, Ari, rentrons. Le temps que nous redesc endions, peut-être que ton apparition aura atteint les grottes.
* Le crépuscule est bien avancé quand Norianin et Dae lonan s’engagent sur le pont de rondins qui enjambe la rivière. L’enfant et l’adolescent marchent d’un pas lent, ma is Arinou, qui les guette, ne le remarque pas. Elle se précipite vers eux. — Où étiez-vous? Elle n’attend pas la réponse : ses frères rentrés, il n’y a plus de raison de s’inquiéter de leur retard. Elle peut enfin leur an noncer la nouvelle. — Il y a une visite! Il s’appelle Paereth, il vient de Village-Saumon. Il dit qu’il n’y aura pas de rassemblement des villages cet automne! Un même soupir de soulagement s’échappe des poitrin es des garçons. Avec un tel événement, les parents accorderont beaucoup moi ns d’importance à l’histoire du mentaloup… et à l’énorme imprudence de ne pas être restés ensemble en forêt. — Vous êtes contents? s’étonne la petite fille. Daelonan réalise alors la portée de ce qu’annonce s a sœur. — Comment ça, pas de rassemblement? Ce n’est pas possible une chose pareille? Et pourquoi?
— Je ne sais pas. Maman a réuni le conseil. On n’a pas le droit de les déranger tant qu’ils n’ont pas terminé. Elle a dit que c’est moi qui commandais aux enfants jusqu’à ce que tu reviennes, Dael. Mais comme j’éta is toute seule, ça veut juste dire que je devais être sage. Pfou. — Où est Méi? demande Norianin. Qu’est-ce qu’elle en dit? — Elle n’a pas vu le visiteur. Elle est allée dans l’Antre des Gornouilles dès que le soleil a touché les arbres. Elle va rester seule to ute la nuit. Elle doit jeûner et veiller. Ça veut dire qu’elle ne mange pas et qu’elle n’a pa s le droit de dormir. — On sait, crâne le garçonnet qui l’a appris quelqu es jours auparavant. Puis il ajoute : — Moi, j’ai faim! Daelonan se met à rire, heureux que son petit frère sorte enfin de l’abattement provoqué par son aventure avec le fauve. — Après le demi-sac de noix que tu as ingurgité tou t à l’heure? s’exclame-t-il. * Des galeries et des grottes de toutes tailles perce nt les parois de la falaise. L’arche imposante de l’Antre des Gornouilles, la gr otte sacrée de l’initiation, surplombe un éboulis herbu et s’aperçoit de loin. E lle se trouve à près de cent pas des cavernes d’habitation. La plupart de ces derniè res disposent d’un sol de sable doux et sec, ramené de la rivière. Dans quelques-un es se trouvent des bassins naturels emplis de l’eau pure d’une multitude de ru isseaux souterrains. Obertin et Soulinaé, les parrains d’initiation de M éi et parents des garçons et d’Ari, se sont installés dans une caverne largement ouverte à la lumière du jour, tandis que les enfants ont emménagé ensemble dans une vaste sa lle à laquelle on accède par un tunnel étroit. Les deux petits rejoignent leur «repaire» en s’éclairant d’une torche. Norianin s’agenouille au bord de l’âtre et s’occupe de raviv er le feu. Arinou entreprend d’allumer quelques lampes à huile. Celles-ci, judic ieusement placées près de concrétions rocheuses d’une blancheur neigeuse et s cintillante, illuminent la salle d’une douce lumière orangée. Puis la petite fille d ispose, près du foyer, les ustensiles de cuisine nécessaires au repas. En atte ndant que revienne leur grand frère parti chercher des provisions, les enfants se déshabillent pour se laver dans le bassin d’eau claire et froide au fond de la grotte. Daelonan se rend à la réserve de nourriture, une gr otte en hauteur, fermée par une palissade et accessible par une échelle. Il vid e dans la grande jarre à noix la récolte de la journée puis glisse dans son sac quel ques pomterres. Il va repartir quand son regard tombe sur le panier de grapain fra is de truite à la myrboise. Marimé, la mère de Méi, l’a préparé en prévision du repas de fête que la nouvelle initiée partagera avec ses parrains et leurs enfants à sa sortie de l’Antre. Daelonan estime soudain qu’entre le mentaloup et l’ annonce qu’il n’y aura pas de rassemblement, les enfants et lui-même ont besoin d ’un réconfort conséquent. De plus, autant bien commencer les trois jours durant lesquels il sera seul responsable de son frère et sa sœur, puisque Soulinaé et Oberti n s’occuperont de l’initiation de
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