La Grande Muraille sous la Lune
340 pages
Français

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La Grande Muraille sous la Lune , livre ebook

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Description


Ce livre jubilatoire est-il un roman mythologique, un conte philosophique ou bien une fable contemporaine baignant dans un antique « Empire Céleste » de légende ? Il est un peu tout cela à la fois.

C'est une sorte de parabole pleine de sagesse, habillée à l'ancienne, nourrit d'incursions masquées dans notre actualité politique et artistique. Écrite avec tendresse, humour et poésie, fourmillant de scènes drôlatiques et inattendues, elle adresse de nombreux clins d'oeil un peu moqueurs à notre modernité gonflée de sa morgue et de ses certitudes.

Enfin, de la première à la dernière page, règne le sourire. Il nous rappelle que l'auteur est sans aucun doute imprégné de civilisation chinoise, dont le sourire est l'un des symboles traditionnels. Un des personnages ne s'écrie-t-il pas : « Le sourire, c'est le début d'une civilisation ! ».



De son enfance bercée par les promenades avec Agatha Christie ou Paul Morand, Maurice Mamon a conservé une relation littéraire à la vie. De ce rapport constant à l'imaginaire sont nés de nombreuses nouvelles ainsi que ce récit. Véritable Panthéon chinois pétri tout à la fois de tradition et de modernité, il invite le lecteur à pénétrer l'univers de la Chine profonde, peuplé de dieux et de bêtes fantastiques comme de personnages fantasques.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 22
EAN13 9782876231825
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0116€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

_Maurice Mamon La Grande Muraill sous la Lune Roman
MICHEL DEMAULE
LAGRANDEMURAILLE SOUS LALUNE
Maurice Mamon
LAGRANDEMURAILLE SOUS LALUNE
roman
MICHEL DEMAULE
Conception graphique : CHRISIMPENS ET LES3TSTUDIO
Couverture :Officier civil en terre cuite polychrome, Chine, dynastie des Qi Nord (550-577) (collection privée, Paris-Bruxelles). © Photographie de Thierry Malty.
© ÉDITIONSMICHEL DEMAULE, 2006 41,RUE DERICHELIEU– 75001 PARIS.
à Marie, ma petite-fille.
Si tu possèdes les yeux du cœur Tout te deviendra transparent. (Proverbe, sans doute, chinois)
LA CRÉATION DU MONDE
Il était une fois le chaos. C’était il y a fort longtemps. Le Monde n’existait pas encore. Niu-Koua réfléchissait. Elle était même angoissée. C’était la Déesse créatrice du Monde. Elle n’avait pas encore pris son ultime décision. Elle hésitait. Elle en avait gâché des monceaux de papyrus, et jeté des poignées de pinceaux, toujours mécon-tente des plans qu’elle avait conçus ! La Vie, retenant son souffle, attendait. Niu-Koua était une grande perfectionniste. Elle ne voulait pas manquer l’œuvre de sa vie. Plus exactement une partie de celle-ci, puisqu’elle était immortelle. Jusque-là aucun de ses projets ne lui avait donné satisfaction. Elle arrêta enfin son choix sur l’un d’entre eux. Elle déplia alors un gigantesque papyrus sur son immense table céleste pour l’examiner attentivement. Elle décida de commencer la cons-truction de l’Univers par la Terre. Suivant les lignes de son projet 1 elle fit apparaître un immense carré dans le vide. Au centre exact de celui-ci elle dessina les contours d’un autre carré moins 2 important. Elle écrivit à l’intérieur « Empire du Milieu » . Il était couvert d’innombrables petits points jaunes nommés « Fils du Ciel ». Il est aisé de comprendre que la Déesse portait un intérêt
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particulier à cet Empire du Milieu, et une grande tendresse pour ces Fils du Ciel qui peupleraient un jour cet empire. Elle pétrirait elle-même ces êtres humains faits d’argile après avoir terminé la Terre et le Ciel. Ils seraient les enfants privilégiés de ce dernier. En effet, tout ce qui se trouvait à l’intérieur du Grand Carré et à l’extérieur du Petit Carré était particulièrement vague. Un grand vide y figurait, sillonné de quelques traits imprécis. Pour désigner ce vaste ensemble aux contours incertains, un seul mot frappait le regard : « Barbarie ». Visiblement, Niu-Koua s’était particulièrement désintéressée de cette partie du Monde qui n’était pas l’« Empire du Milieu ». Chacune des futures contrées qui la composeraient dessinerait elle-même ses frontières. Elle trouverait aussi son propre nom. Quant aux petits points beau-coup moins nombreux qui les parsemaient, ils étaient de dif-férentes couleurs. Ils portaient le nom générique de Barbares. Après la délimitation de son cher Empire du Milieu, la Déesse se préoccupa de sa configuration. Là, elle éleva des montagnes. Ici, elle déroula des plaines parfois entourées de forêts. Plus loin, elle étendit un désert. Un peu partout, elle étira les lits des fleuves et rivières à venir. Enfin, elle creusa des trous, plus ou moins larges et profonds, pour y loger les futurs lacs et étangs. Elle termina ce premier travail en perforant une partie de la croûte terrestre autour de l’Empire du Milieu afin d’y ouvrir une gigantesque fosse. Un jour, la mer tumultueuse s’y engouffrerait. Elle s’essaya à plusieurs reprises de remplir le lit d’un premier grand fleuve. Manquant encore d’expérience, elle ne parvint pas dès le début à fournir le volume d’eau nécessaire. Enfin, elle réussit à rassembler une masse suffisante de nuages. Elle la pres-sa alors entre ses mains d’un geste sec et puissant, qu’elle répéta plusieurs fois. Il en tomba une colossale sarabande d’eau et de vapeur frisante. En touchant terre, elle se mit à rebondir en immenses gerbes bouillonnantes, qui s’écrasaient avec fracas avant de se transformer magnifiquement en cascades tonnantes. Cette précipitation céleste finit par se calmer. Elle s’engouffra
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dans le lit creusé par Niu-Koua, s’insinuant ensuite dans toutes les fissures des berges. Rongeant et fouillant un peu plus la terre, elle élargissait son lit pour s’y écouler, plus à son aise. Le plus grand et le plus beau fleuve du Monde était né. Il s’appellerait le 3 Yang-Tsé-Kiang. Il était long de dix mille li . Niu-Koua poursuivit sa rude tâche plus aisément. Elle avait compris qu’elle ne devait pas cueillir de nuages trop verts. Elle devait attendre qu’ils arrivent à maturité pour être gorgés d’eau. Elle continua donc à déverser des déluges de liquide afin de remplir l’immense fosse marine, les trous lacustres et les lits des quelques milliers de fleuves et rivières qui irrigueraient les terres de l’Empire du Milieu. Ce premier travail enfin accompli, la Déesse s’arrêta un moment pour souffler. Elle examina avec soin ce qu’elle avait déjà réalisé. Elle ne fut pas entièrement satisfaite du résultat, car elle était d’une grande exigence. Elle tenait à son chef-d’œuvre. Personne ne savait encore que la perfection ne serait pas de ce Monde futur. Elle procéda à quelques retouches. Elle déplaça quelques montagnes et rajouta quelques lacs. Mais, principale-ment, elle creusa les lits de deux mille rivières supplémentaires. Elle serait, ainsi, certaine que les terres de ce bel et vaste empire, bien irriguées, seraient particulièrement riches et généreuses pour ses habitants. Enfin, elle comprit qu’il manquait un autre grand fleuve pour arroser le nord de l’Empire du Milieu , le Yang-Tsé parcourant, lui, le sud. Autrement cela ferait désordre. 4 Elle créa donc le Huang-Ho , presque aussi long que le premier. Niu-Koua se pencha avec attention sur le résultat de ses dernières modifications. Elle hocha alors la tête de satisfaction. Il faut répéter qu’elle fut beaucoup moins attentive pour le reste du Monde. Elle y travailla souvent en pensant à autre chose. Enfin, au moment de ranger ses outils pour prendre un peu de repos, Niu-Koua s’aperçut qu’elle avait laissé à l’abandon d’im-menses étendues glacées, désespérément blanchâtres, aux extrémités de la Terre.
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La Déesse se remit donc à son monumental et délicat ouvrage. Il fallait dorénavant assurer la protection de la Terre tout en meublant l’espace sidéral. Durant sa période de répit, elle avait réalisé plusieurs modèles en réduction d’une couver-ture pour la Terre. Elle se décida, enfin, pour un immense espace vide limité par une voûte en forme d’ogive. Cela lui parut simple, esthétique et certainement efficace. Cette toiture était tellement vaste que la Terre, qu’elle était censée protéger, parais-sait avoir la taille d’une tête d’épingle perdue dans cette immen-sité. Elle appela cette protection la Voûte Céleste. Elle y accrocha pour décor quelques étoiles, planètes, comètes et autres astres. Il lui restait encore beaucoup à faire. Certainement le plus délicat. Et le plus minutieux. Il y avait tous les êtres humains et les animaux à modeler. Et enfin leur donner la vie. Cela lui demanderait une habileté manuelle exceptionnelle. Elle décida d’aller se préparer dans un coin retiré de la Voûte Céleste. Elle s’exercerait en pétrissant des poteries aux formes les plus com-pliquées. Profitons de cette pause pour faire plus ample connaissance avec Niu-Koua, la Déesse Souveraine Suprême et Constructrice du Monde. Il faut tout de suite préciser qu’elle n’avait en réalité pas entièrement l’apparence d’une femme… Il est vrai qu’à ce moment-là, cela ne dérangeait personne, puisqu’il n’y avait aucune comparaison possible. Signalons pour être clairs qu’une partie d’elle-même avait une apparence humaine. Elle possédait une ravissante tête de femme aux magnifiques yeux de jade. Le reste était composé d’un gigantesque corps de serpent, dans le haut duquel étaient accrochées deux affreuses pattes de lézard. À leur extrémité étaient attachées des mains de femme, douces, habiles, aux élégants doigts élancés. En réalité, Niu-Koua était la plus aimable des monstres, le cœur tendre et charitable. Il lui arrivait bien parfois d’être envahie par la colère, mais elle n’avait personne autour d’elle sur qui déverser son exaspération.
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