La Romance des ogres
307 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Romance des ogres , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
307 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Lors d’un congrès médical à Tokyo, Samuel Fontaine, un homme marié et père de famille, rencontre Naomi, une jeune Montréalaise fort attirante. Cette dernière est en pleine lecture d’Un théâtre de marionnettes, un roman autobiographique d’Ellen Cleary. À la lecture de certains extraits du livre, de nombreux souvenirs ressurgissent chez Samuel : à l’âge de 16 ans, il a vécu une histoire d’amour avec Ellen, alors connue sous le nom d’Hélène et âgée d’une quarantaine d’années. Cette dernière, parfois douce, parfois monstrueuse, aura laissé des marques indélébiles sur la vie de Samuel.
Le récit est brillamment entrecoupé d’extraits de toutes sortes : romans et nouvelles d’horreur d’Ellen, récit autobiographique de l’auteure, ancienne correspondance entre Hélène et l’adolescent, point de vue de Samuel sur son enfance, etc. Entre le passé, le présent, la fiction, l’autofiction et la réalité, se joue un jeu de miroirs tout à fait impressionnant. Jeux de pouvoir, de séduction et tromperies sont monnaie courante chez les ogres...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 avril 2012
Nombre de lectures 4
EAN13 9782764421826
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection dirigée par Isabelle Longpré

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Choquette, Stéphane
La Romance des ogres
(Tous continents)
ISBN 978-2-7644-1305-0 (version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2174-1 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2182-6 (EPUB)

I. Titre. II. Collection : Tous continents.

PS8605.H663R65 2012 C843’.6 C2011-942813-X
PS9605.H663R65 2012



Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres Gestion SODEC.

Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 2 e trimestre 2012
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Projet dirigé par Anne-Marie Fortin en collaboration avec Isabelle Longpré
Mise en pages : André Vallée Atelier typo Jane
Conversion au format ePub : Studio C1C4
Pour toute question technique au sujet de ce ePub : service@studioc1c4.com
Révision linguistique : Andrée Michaud et Diane-Monique Daviau
Conception graphique : Célia Provencher-Galarneau
Illustration en couverture : Larissa Kulik (AnnMei)

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© 2012 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
STÉPHANE CHOQUETTE
UN
1
J ’ouvre les yeux. Autour de moi, des Japonais se soûlent à toute vitesse, lancent de grands éclats de rire, puis se traînent en reniflant jusqu’aux ascenseurs. Personne ne semble avoir ressenti la sourde vibration qui a fait tressauter le dôme du Pinacle , à la cime d’une tour vitrée de quarante étages, comme un disque rayé sur une platine. Un murmure à peine, une rumeur, un frisson.
Dans la vitre noire, mon reflet se superpose au panorama de gratte-ciel et d’enseignes qui illuminent Tokyo de blanc, de rouge, de bleu, de jaune et de rose. Chevelure hirsute, cernes profonds, yeux injectés de sang, joues rongées par la barbe… Mon visage est presque aussi chiffonné que ma chemise.
Les talons posés sur mes vieilles sandales, j’observe mes pieds enflés, lacérés, bariolés de pansements ; je remue les orteils en grimaçant. Au bout d’un moment, je prends conscience qu’on m’observe ou plutôt qu’on observe mes pieds et j’aperçois à ma droite, vautrée dans un fauteuil identique au mien, une Occidentale qui rougit en croisant mon regard dans la vitre ; elle me fait un petit isshh empathique et se replonge dans un livre.
Cette femme est la première Blanche que je croise depuis l’aéroport de Narita. Elle n’était pas là à mon arrivée je l’aurais remarquée. Le bar est loin d’être plein. Elle a donc choisi de s’asseoir près de moi.
Une seconde après son isshh , je lui dis en anglais de ne pas s’en faire.
Okay , répond-elle. I won’t.
Une table basse nous sépare, sur laquelle repose une lampe jaune, suffisant tout juste à dissiper la pénombre.
What can you possibly read like this in the dark ?
A book , soupire-t-elle sans quitter la page des yeux.
J’enfonce la tête entre les épaules, me laisse glisser dans le fauteuil et retrouve mon air renfrogné, en reflet dans la vitre. Mais la jeune femme étire le bras et touche mon genou avec son livre.
I was only kidding, you know .
Les sourcils froncés, elle observe la couverture.
It’s a French book. It’s called Un théâtre de marionnettes . In English, you would s…
Mais elle ne termine pas sa phrase. Je me suis étouffé avec ma salive.
Are you okay ?
La main devant la bouche, je réponds : « Oui… oui… Ça va… » Je tousse encore un peu avant d’ajouter : « Vous parlez français ? »
Son visage s’illumine. « Mon Dieu ! C’est quand même un peu fort… »
Vous êtes Québécoise en plus ?
Elle pose la main sur sa poitrine et ajoute : « Je vais m’étouffer moi aussi si ça continue… »
On se croirait dans un roman Harlequin. C’est ce que vous lisiez ?
La jeune femme rougit et, glissant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle dit : « Je ne suis pas spécialiste, mais d’après le peu que je sais des livres Harlequin, il y a de drôles de sous-entendus dans tout ça… »
Embarrassé, j’agite la main.
Non non, excusez-moi. Je ne l’avais pas vu comme ça.
Je lui montre mon jonc.
N’ayez pas peur de moi.
Votre femme est ici avec vous ?
Je secoue la tête. « Elle est restée à Montréal. »
Alors votre jonc n’a rien de rassurant.
S’il vous plaît. Je suis juste très heureux de rencontrer quelqu’un qui parle français…
Un silence timide s’immisce entre nous, que je comble en buvant la dernière gorgée de ma bière. La jeune femme pose son livre sur la table et s’incline pour mieux scruter mes pieds, non sans un certain amusement.
Mais qu’est-ce que vous avez bien pu faire ?
Oh. Ça va. Ils vont s’infecter et je les couperai d’ici un jour ou deux. Je devrais avoir réussi à mettre la main sur un sabre de samouraï d’ici là. Tout va bien.
C’est souffrant ?
Moins que le mariage. Au fait, je m’appelle Samuel.
Samuel, répète-t-elle en serrant ma main. Vos pieds sont en lambeaux, Samuel. J’espère que vous n’êtes pas ici pour le tourisme…
Non. Plutôt pour l’alcool. Ce soir, en tout cas.
Elle a un petit rire qui me remplit de joie.
Et le reste du temps ? dit-elle.
Hum… Les avis sont partagés à ce sujet. Officiellement, je suis là pour le travail. Mais selon ma femme, je suis en vacances.
Comme c’est intéressant…
Moins que vous croyez…
Vous avez de la chance si votre métier se confond avec des vacances…
Machinalement, je tente de boire à mon verre, mais ne récolte qu’un peu de m ousse tiède.
Ce n’est pas le cas. Mais je suis un homme. Passablement vieux qui plus est. Et à mon âge tout ressemble à une tentative d’évasion.
Vous vivez en prison ?
Je m’arrête pour réfléchir, ouvre la bouche, mais la referme sans prononcer un mot.
Oh là là ! ricane-t-elle.
Terrain glissant. D’ailleurs j’ai la tête qui tourne. Je ne devrais pas regarder par la fenêtre.
C’est tout l’intérêt de ce bar. C’est pour ça qu’on accepte de payer vingt-cinq dollars pour un verre de piquette…
Sans doute, mais j’ai le vertige.
Ou bien vous avez un peu trop bu.
Vous avez l’habitude d’insulter tous les gens qui ont le malheur de vous aborder, mademoiselle ?
Hé… C’est vous qui avez commencé… Vous avez dit que vos pieds qui font peur à voir, soit dit en passant étaient moins souffrants que le mariage. Et que vous aviez l’impression de vivre en prison.
Ça va. J’abandonne. Vous êtes psychologue ?
Non. Comptable.
Alors là, je ne comprends plus rien.
Elle pivote un peu plus vers moi, les yeux plissés.
Vous me permettez de parler franchement ?
Surtout pas, dis-je.
Admettez au moins que votre épouse pourrait ne pas avoir complètement tort…
Je soulève mon verre et le considère, sceptique.
Tout ce que je suis disposé à admettre, c’est qu’il nous faut un autre verre. Après, je téléphone à mon avocat pour voir si je peux continuer de parler avec vous. Je ne suis pas sûr de vous croire.
À quel sujet ?
Vous êtes trop jolie pour être comptable.
Je fais signe au garçon.
Allez. Quel est votre poison ? Encore du vin ?
Non, je ne devrais pas.
Moi non plus, rassurez-vous.
Au serveur, je précise : « And no cheap wine please. Bring her at least a beaujolais or… Hold on a minute… Vous avez une préférence ? »
Non, pitié. J’ai trop bu déjà…
Allons donc… Ne serait-ce que pour m’accompagner.
Seulement un Perrier, alors.
Mais je fais la sourde oreille et commande un beaujolais au garçon qui s’en retourne prestement vers le bar.
Accordez-moi ce verre. Après je vous laisse lire en paix.
Vous ne me dérangez pas du tout. Je peux lire n’importe quand.
Ne vous fatiguez pas. Ce n’est pas la peine.
Vous avez un sacré caractère, Samuel.
Encore une présomption de votre part. Vous les collectionnez, on dirait.
Comment ça ?
Vous avez aussi donné raison à ma femme au sujet des vacances. Sans rien savoir de moi. Dois-je conclure que vous êt

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents