Le cercle des aînées

Billie Ana

Description

Dans ce village, chaque aînée se voit attribuer un don par Diamandra, le monde de diamant où s'en vont les Aînées trépassées, afin d'assurer le bon fonctionnement du village.

C'est au tour de Milia d'être sacrée par Miwo, le mage, et d'attendre que son don vienne à sa rencontre.

Ainsi, elle rejoindra le cercle des Aînées, comme Jolia, la guérisseuse, Laïka, la chasseuse, ou encore Anahi, la voyante...

Elle pourra compter sur la présence de son petit frère, Joran, qui lui offrira un soutien sans faille dans la découverte de son don. Mais peu à peu, les choses semblent prendre une tournure totalement inattendue. Son petit frère aura un rôle capital, qui aura toute son importance et qui pourrait bien provoquer un bouleversement dans leur histoire...

Sujets

• Fantasy (canción de Mariah Carey)
• Chaman
• Fiction
• Fantasy
• Littérature

Informations

• Publié par: les-editions-legacy
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782492243530
• Langue: Français

Extrait

Le cercle des Aînées
 
 
BILLIE ANA
 
 
 
 
 
 
Le cercle des Aînées
Tome 1: Diamandra
 
 
 
 
 
 
 
 

Crédits
 
Tous droits réservés
 
Corrigé par Ma plume correctrice. Sophie Eloy.
Couverture réalisée par @Belfanti-Gentil Elodie  
Édité par : Les Éditions Legacy
 
 
 
 
 
ISBN : 978-2-492243-53-0
Dépôt légal : juillet 2022
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© Les Éditions Legacy
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
 
 
 
 
 
La saison chaude touche bientôt à sa fin et tend doucement vers la saison des feuilles tombantes. L’air est encore lourd malgré la fraîcheur du soir. Le rituel est sur le point de commencer. J’observe ma grande sœur. Elle se tient au centre du cercle de feu, les yeux fermés, prête à recevoir ce qui revient de droit à toutes femmes premières-nées. Le mage de notre tribu, Miwo, parle d’une voix forte, afin que toute l’assemblée l’entende. Son visage, ridé, mais dont la peau est restée souple, est tourné vers le ciel. Il invoque nos ancêtres pour que sa destinée s’ouvre à elle. C’est ainsi que l’Aînée se verra attribuer un don pour renforcer le village et le soutenir dans son bon fonctionnement.
Tout le monde est plongé dans une profonde méditation. Chacun bouge en rythme, bercé par les paroles du sorcier. Quelques gouttes de sueur perlent de leur front. Leur respiration est rauque et rapide, comme en plein effort, alors qu’ils sont là, assis sur le sol en tailleur, les paupières closes, se balançant de gauche à droite.
Selon les légendes, toutes les Aînées décédées jusque-là descendent de Diamandra, le monde des morts réservé à ces êtres particuliers, pour accompagner le Mage et la nouvelle arrivée dans leur rituel, les encerclant de leur bienveillance. Ma sœur tressaillit et sa peau est parcourue d’un frisson. Les anciens doivent être auprès d’elle.
Milia et Miwo dominent l’assemblée. Je survole la foule du regard, personne ne manque à l’appel et c’est ainsi pour chaque cérémonie, pour chaque femme aînée lorsqu’elle atteint l’âge de raison. Ce qui n’arrive pas si souvent que ça, car la majorité de notre lieu-dit est composé d’hommes et que les filles ne sont pas toujours à la première position dans les fratries.
L’âge de raison varie d’une aînée à une autre, allant en général entre dix-sept et vingt ans, Milia, quant à elle, est dans sa dix-huitième année. Quand je demande à maman pourquoi seules les femmes ont ce privilège, celle-ci me répond : « Parce que la femme est la créature la plus proche de notre dieu, car, tout comme lui, elle a le pouvoir de procréer ».
 
Les dons ne sont pas attribués au hasard, chacun a un but précis : satisfaire les besoins du village. Chaque Aînée se retrouve investie d’une mission qu’elle découvrira au fur et à mesure de son évolution. Certaines voient l’avenir, d’autres soignent les maux ou encore manipulent des plantes.
En général, ces dons sont assez passifs tout en étant très utiles, à l’exception d’une Aînée, Laika. Une toute jeune femme à la peau mate et à la longue chevelure brune, taillée pour la chasse. Ses capacités décuplent ses sens et l’aident à ressentir l’environnement, à le comprendre et ainsi chasser avec facilité n’importe quel animal vivant dans la forêt. Ce don lui est parvenu au moment où la nature n’était pas vraiment de notre côté et où les vivres se faisaient rares. Dès lors que Laika a été sacrée, elle a très vite maîtrisé ses aptitudes pour ravitailler la tribu. C’est un travail de titan, mais elle l’accomplit avec brio.
J’ignore quelles compétences va recevoir Milia, mais je suis sûr que ce sera un don du cœur. Elle a une grande habileté d’écoute, toujours prête à soutenir les autres. Elle se soucie de son prochain et prend très à cœur le bien-être de ses proches. Ce sera sans aucun doute à son image.
Quant à moi, les cérémonies ne me captivent pas plus que ça, surtout en tant qu’homme et second de fratrie ! Je trouve le temps long, j’ai froid et j’ai mal aux genoux à garder les jambes croisées.
Mes pensées se dispersent. Je songe à demain. Laika propose à qui le veut de lui apprendre les rudiments de la chasse. Il lui faut du renfort pour rapporter plus de vivres et qu’elle puisse prendre davantage de repos. Je ne suis pas vraiment taillé pour le combat ni pour défendre le camp et encore moins pour chasser, je le sais, mais papa est fier que je désire m’investir dans le bon fonctionnement du village.
Je sens un regard sur moi. Vime, la doyenne et Aînée. Elle m’observe d’un air sévère. Intimidé, je feins de suivre à nouveau le rituel. Ne pas considérer une cérémonie avec sérieux est très mal venu, surtout que cette fois-ci, il s’agit de ma sœur.
La doyenne s’occupe de l’apprentissage des Aînées. Elle les aide à méditer, à rester calme. Elle leur parle de leurs responsabilités, fait le point sur les compétences et les autres si besoin. Elle leur conte l’histoire des Aînées depuis aussi loin qu’elle s’en souvienne. Il est essentiel de savoir d’où l’on vient et bien sûr, elle les laisse évoluer et trouver seules leur solution face à leur capacité, afin qu’elles prennent en maturité et deviennent autonomes. Milia va maintenant pouvoir les rejoindre et s’atteler à toute cette masse de travail.
Miwo achève la célébration.
— Milia. Bois ce breuvage afin que celui-ci ne fasse qu’un avec ton âme et te permette de rejoindre le cercle sacré des Aînées. Ainsi, tu participeras au bien-être de notre tribu sous l’œil bienveillant de nos ancêtres.
Milia saisit la coupe des mains du mage et la porte à ses lèvres. Je remarque qu’elle a du mal à déglutir à la première gorgée. Je ne sais pas de quoi est fait le précieux liquide, mais il n’a pas l’air des plus savoureux.
Ensuite, Milia se prosterne. Miwo s’agenouille à son tour, lui redresse le visage du bout des doigts et l’embrasse sur la tête.
— Bienvenue dans le cercle, mon enfant. Je te souhaite une belle rencontre avec toi-même.
— Merci, Grand Mage. Merci pour votre amour et votre bienveillance tout au long de cette cérémonie, dit-elle en lui prenant les mains et en posant son front contre celles-ci avant de se relever.
 
Comme après chaque rituel, Miwo se retire dans les bois. Personne ne sait vraiment où il vit. En dehors des rites, nous le voyons très peu. D’après Vime, il doit rester en retrait, au calme, loin des esprits tourmentés des êtres vivants, pour maintenir son état de méditation et réunir la force nécessaire à transmettre aux Aînées.
Les six autres Élues se lèvent pour souhaiter la bienvenue à leur nouvelle alliée.
Vime ne me quitte pas du regard. Je fais semblant de ne pas m’en apercevoir et m’apprête à m’éclipser discrètement dans ma tente afin d’éviter de me faire remonter les bretelles, quand maman m’interpelle.
— Joran ? Tu ne vas pas féliciter ta sœur ?
Je fais aussitôt demi-tour.
— Si si, j’y allais justement.
Je bifurque vers elle et la prends dans mes bras.
— Félicitations, Milia ! Je suis fier de toi et j’ai hâte de voir de quoi tu es capable. Je suis sûr que tu assureras dans ton nouveau rôle.
Je l’embrasse sur la joue et laisse la place à mes parents. Quand je me retourne, je tombe nez à nez avec la doyenne.
— Où vas-tu, Joran ? me demande-t-elle de sa voix rauque et lente.
— Nulle part, bredouillé-je.
— As-tu bien suivi la cérémonie de ta sœur ? interroge-t-elle suspicieuse.
— Bien sûr, Vime ! Comme toutes celles du village jusqu’à aujourd’hui, proclamé-je avec peu d’assurance.
La vieille dame acquiesce et observe Milia. Contraint de rester auprès de la matriarche, je décide de changer de sujet de conversation pour faire diversion.
— Comment ça va se passer maintenant ?
— Quel âge as-tu, Joran ?
— Seize ans.
— Bien. Je pense que tu es assez grand pour comprendre certaines choses. Lorsqu’une femme est sacrée, elle peut reprendre le cours de sa vie normalement, jusqu’au jour où elle découvrira quel don Diamandra lui a octroyé, tout simplement. Mais d’ici là, elle risque de traverser quelques nuits agitées. Un changement va s’opérer en elle et parfois, la transformation ne se réalise pas sans mal. Il faudra que tu aides ta mère à prendre soin d’elle.
Vime a piqué ma curiosité.
— Et ça va prendre combien de temps ? Quelques semaines ?
— Personne ne peut vraiment le savoir.
— Même pas toi ?
De ce que j’en sais, Vime a découvert son don de voyance peu après ses dix-huit ans. Elle est passée par des périodes sombres où il la dominait. Elle a dû faire un travail sur elle pour apprendre à le maîtriser et reprendre le dessus. Milia me narrait que ce devait être un don difficile. Il a fallu qu’elle fasse la part des choses entre ce qui concernait réellement le futur, de ses désirs et ses craintes de l’avenir. Ainsi, une fois, elle avait prédit que des loups s’aventureraient sur nos terres et elle avait mis tout le monde sur le pied de guerre. Finalement, cela n’a jamais eu lieu. Il ne s’agissait que d’une de ses peurs et non d’un véritable événement à venir. Elle avait du mal à gérer cette pression. Cette peur de ne pas voir ce qui devait être vu. Et ce n’était pas tout, ensuite, elle a dû apprendre à interpréter ce qu’elle percevait. Parfois, les visions sont claires et par moments, plus énigmatiques.
Aujourd’hui, du haut de ses quatre-vingts ans, son don n’a plus aucun secret pour elle.
— Moi-même, je ne peux pas le savoir. Sa destinée ne concerne qu’elle.
— Est-ce déjà arrivé qu’une Aînée ne développe aucune capacité ?
Vime se tourne lentement vers moi.
— Tout ceci t’intéresse donc maintena