Le Convoi des nuages
82 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Convoi des nuages , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
82 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

C'est le jour de l'enterrement de David, le fils Laflamme qui vient de se donner la mort. Il était pourtant le seul enfant investi dans l'avenir de la ferme familiale... Autour des parents éplorés, les autres enfants sont réunis : Louisianne, bergère romantique ; Gaspard, rasta blanc idéaliste ; et Reggie, l'aîné devenu nomade et délinquant, de retour après des années d'absence. Ces retrouvailles font ressurgir les souvenirs, et chaque personnage dévoile sa vision du tableau de famille. En fliligrane, chacun cherche à comprendre la disparition brutale de David.
Entre conflit des générations et liens du sang, Jean Perron nous offre un récit poétique et tout en nuances : une histoire de famille, intemporelle comme la course des nuages.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 juin 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782896990603
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Du même auteur
Page titre
Catalogage - Dépôt légal
L’enterrement
I
II
III
Le dîner
I
II
III
La veillée
I
II
III
IV
V
VI
VII
Crédits - Achevé d'imprimer
Le convoi des nuages
Du même auteur
Pour en savoir davantage : http://jeanperron.blogspot.com/

Chez le même éditeur
Instantanés, poésie, 2006.
D’une noirceur à l’autre, nouvelles, 2004. Un Valentin à la fête des Morts, roman, 2003. Les allées lueurs, poésie, 2002.

Chez d’autres éditeurs
Les fancés du 29 février, roman, Montréal, XYZ Éditeur, 2009.
Courant de l’après-midi, poésie, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004.
Dans le souffe de l’été, roman jeunesse, Québec, Le Loup de gouttière, 2002.
Les sortilèges de la pluie, roman jeunesse, Québec, Le Loup de gouttière, 2001.
Orchestre fugitif, poésie, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1999.
Autoroute du soir, roman, Hull, Vents d’Ouest, 1998.
Des rêves que personne ne peut gérer, poésie, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1996.
Le chantier des étoiles, roman, Hull, Vents d’Ouest, 1996.
Un radeau au soleil, poésie, Trois-Rivières et Le Havre, Écrits des Forges et Le Graal, 1994.
Parfums des rues, poésie, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1993.
Ce qui bat plus fort que la peur, p oésie, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1991.
Un scintillement de guitares, poésie, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1988.
Le chant des sirènes, poésie, Aylmer, autopublication, 1987.
Rock Desperado, poésie et chansons, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1986.
Jean Perron

Le convoi des nuages
Roman

Collection « Vertiges »
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Perron, Jean, 1960 Le convoi des nuages : roman / Jean Perron.
(Collection « Vertiges »)
ISBN 978-2-923274-34-8

I. Titre. II. Collection : Collection « Vertiges »

PS8581.E7465C66 2010 C843’.54 C2010-900880-4
Les Éditions L’Interligne 261, chemin de Montréal, bureau 310 Ottawa (Ontario) K1L 8C7 Tél. : 613-748-0850 / Téléc. : 613-748-0852 Adresse courriel : communication@interligne.ca www.interligne.ca
Distribution : Diffusion Prologue inc.


Papier ISBN : 978-2-923274-34-8
PDF ISBN : 978-2-89699-059-7
ePub ISBN : 978-2-89699-060-3

© Jean Perron et Les Éditions L’Interligne
Dépôt légal : premier trimestre 2010
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits réservés pour tous pays
Nuage de lune ! Noirâtres tombent
De l’arbre, la nuit, des fruits sauvages
Et l’espace devient tombeau
Et ce voyage terrestre, un rêve.
Georg Trakl 1



1 - Georg TRAKL, Œuvres complètes, traduites de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider, Paris, Gallimard, 1972.
L’ENTERREMENT
I

Les cloches de l’église résonnent jusqu’au ciel le long de la rue principale du village. Le convoi avance lentement et péniblement, comme un mille-pattes dans le sable. Lourds habits sombres. Visages convulsés ou fermés. Corbillard d’un noir de cire à chaussure.
Cette procession, le matin lumineux la contredit avec une implacable ironie. Le soleil brille sans partage dans l’immensité bleue et une chaleur de canicule écrase la foule, bien qu’on ne soit encore qu’au printemps. La sueur perle sur les fronts.
Par moments, une goutte descend lentement sur une joue. Difcile de départager, parmi les personnes présentes, celles qui donnent libre cours à leur émotion de celles qui ont simplement trop chaud.
Tout le village est là, sauf quelques êtres diaphanes et fripés, qui se bercent à l’abri de galeries vitrées. Ils saluent tout de même le passage de la foule, les yeux luisants dans un faciès quasi mortuaire.
Même les résidents des chalets sont présents. Ils constituent au moins la moitié de la population, mais ne sont pas des habitants du village aux yeux des gens de la place. Pourtant, aujourd’hui ils ont sacrifé une partie de pêche pour assister aux funérailles d’un fls d’une des familles fondatrices de ce village qui n’existait pas encore une centaine d’années plus tôt.
La vigueur de la forêt montagneuse, dont les conifères embaument l’air autour des habitations, donne une idée des eforts surhumains que les colons ont dû déployer pour défricher ce coin de pays, construire un village et travailler la terre.
Pendant son trajet de l’église au cimetière, le convoi passe sous un grand chêne. Au fl des générations, cet arbre a vu défler bien des gens, d’abord vivants, ensuite dans des cercueils. Vaguement ou de façon frappante, ces gens ressemblaient à ceux qui se dirigent ce matin vers une fosse grande ouverte et toute pâle sous un soleil chaud comme un puissant réfecteur.
Le corbillard s’arrête devant une grille grande ouverte et quatre hommes déchargent le cercueil pour le transporter dans les allées du cimetière.
Trois de ces hommes sont vêtus, comme il se doit en pareilles circonstances, d’un complet-veston sombre avec cravate assortie. Mais le quatrième dépareille le groupe : pantalon kaki coupé au-dessus du genou ; chemise multicolore, ample et à moitié déboutonnée sur un torse glabre et hâve ; baskets poussiéreuses.
Indignée, une octogénaire serre son chapelet entre ses doigts et, ayant sans doute l’habitude de se parler seule, elle s’exclame d’une voix assez forte pour que l’entende le principal intéressé :
« Franchement, Gaspard aurait pu se forcer un peu pour s’habiller mieux que ça !
— Vous ne l’avez jamais aimé, celui-là, hein ! madame Longpré ? » lui lance un homme qui pourrait être son fls, dans une tentative évidente de lui faire cracher son fel.
Madame Longpré, plutôt que d’exploser, se radoucit. Elle replace une mèche de ses cheveux, devenus bleu ciel à force de blanchir, et se défend d’une voix à la fois admirative et navrée :
« Ce n’est pas que je ne l’aime pas ! C’est un bon garçon ! Regardez comme il sourit à ses enfants, comme il est doux avec sa femme ! Ce serait un vrai gentilhomme si seulement il soignait son apparence. »
Gaspard fait mine de n’avoir rien entendu et se penche pour saisir une poignée du cercueil.
En se redressant, d’un mouvement de tête il rejette sur ses épaules les longues mèches de cheveux qui lui couvraient le visage.
Cette tignasse cotonnée sur une tête de rêveur désinvolte lui vaut, depuis l’adolescence, le surnom de « rasta blanc ».
GASPARD

C’est en plein à ce temps-ci de l’année que s’était marié David. Le temps où les arbres deviennent fower power.
C’est moi qui prenais les photos. Sauf bien sûr celles où on était ensemble. Toute la famille.
Lumière parfaite. Des princesses sur des tapis émeraude. Les hommes en cravates de soie. Tout le monde en tenue de gala. Sauf moi. Comme toujours.
Le soleil se mirait dans nos cheveux. Dans nos têtes. Têtes ensoleillées. David et Natasha. Enlacés au bord de l’étang. Unis pour l’éternité. Le petit cœur en or au cou de Natasha. La blancheur de la robe nuptiale, un prolongement des pommiers en feurs.
Trois ans et deux enfants plus tard : divorce.
Mais le mariage était beau. Vraiment beau. Le sourire de David. Je ne me souviens pas de la cérémonie à l’église : l’échange des alliances, tous ces trucs-là. Mais c’était magique quand j’ai pris les photos au bord de l’étang entouré d’arbres en feurs. Des feurs d’un blanc plus pur qu’une première neige, d’un rose plus doux qu’un ciel clair après le coucher de soleil au solstice d’été.
Le mariage de David.... Presque autant de monde qu’aujourd’hui. Le même monde. Quelques rides et cheveux blancs en moins, peut-être. Et encore ! On verrait à peine la diférence entre les photos de mariage et celles des funérailles.
Mais je n’en prendrai pas des funérailles. Surtout pas avec des arbres. Surtout pas.
Pauvre David ! Pourquoi tu as fait ça ?
Tu seras toujours l’homme du printemps. Les feurs, promesses de fruits à venir à ton mariage, sont les mêmes aujourd’hui. À ton enterrement.
Tu voulais renouveler, innover, faire de la ferme ancestr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents