Le crépuscule des profanateurs
142 pages
Français

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Le crépuscule des profanateurs , livre ebook

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Description

Science-fiction - 270 pages



Que seriez-vous prêt à faire pour vivre ?



Survivre, tout simplement ?



Vervaine le sait, aujourd’hui. Elle pensait son existence paisible. Presque ennuyeuse. Un jour d’été, ils sont arrivés ! Des dieux, des aliens, autre chose ?



Et le crépuscule s’abattit sur Terre. Le crépuscule des profanateurs... Et plus jamais Vervaine ne connut l’ennui.


Plus jamais...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mai 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782379614330
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Crépuscule des Profanateurs


JEAN VIGNE
JEAN VIGNE




Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-250-3
Corrections : Nord Correction
Concept de couverture : Didier de Vaujany
Illustrations : Evgenii Ivanov & Camille Kuo
À mon père, un homme qui a toujours su s’émerveiller des mystères offerts par l’imaginaire, tout comme par la vie.
Ne crois pas trop en l’avenir. Les rares cadeaux qu’il t’accordera, il te les reprendra.
Jean Vigne
CHAPITRE 1



2028, quelque part

Il fait chaud, trop, brûlure vorace sur sa peau cuivrée pour lui rappeler sa condition des plus précaires. Pourtant, l’enfant ne se plaint pas. Nul mot ne sort de sa bouche desséchée. Aucune lamentation, pas le moindre son. À quoi bon ? Elle est née dans cet univers. Elle ne connaît rien d’autre que cet immense désert de sable blond baigné d’une lumière vive. La caresse d’un soleil ardent. Le synonyme de vie devenu porteur de mort en cet instant. Assise en position du lotus au sommet de cette dune dominant le paysage, Sylvine patiente, les yeux fermés. Son crâne est camouflé par un long turban de couleur noire. Un tissu volé sur un cadavre. Pourquoi parler de vol ? Ici, tout n’est qu’emprunt pour survivre. Son vêtement rêche et épais est le meilleur témoignage de l’époque rude. Un véritable livre d’histoire, son livre d’histoire, chaque morceau cousu pour rappeler ses nombreuses rencontres avec la mort. Une barrière synthétique indispensable afin de se protéger des ultra-violets agressifs. Lentement, elle mâche ce chewing-gum trouvé dans un paquet sans âge. Son goût est, paraît-il, à la menthe. Est-ce que la menthe avait cette saveur pourrie, dans l’ancien monde ? Qu’importe, c’est toujours mieux que de mastiquer l’air surchauffé. Ce bout de plastique lui permettra d’attendre son prochain repas. Ce soir, demain, ou dans deux jours, va savoir.
Les rares anciens parlent de dîners exubérants, gargantuesques, de la viande, des légumes, des plats sucrés, salés, poivrés. Tant de choses qui n’existent plus, sinon dans les images des livres trouvés dans les débris d’une civilisation antique. Sylvine se demande si, parfois, ces adultes n’affabulent pas, juste pour l’impressionner. Une pitance sans saveur, voilà ce à quoi elle aura droit. Elle soulève doucement ses paupières devenues lourdes sous cette chaleur de plomb.
Rien n’a changé, le panorama reste désespérément égal à lui-même. Depuis combien de temps n’a-t-il pas plu ? Sylvine, du haut de ses douze ans, ne saurait le dire, elle n’a jamais vu la moindre goutte d’eau tomber du ciel. Les rares fois où le soleil s’efface sous une épaisse couche nuageuse noirâtre, le vent se lève en furieuses bourrasques. L’annonce d’une mauvaise tempête. Le temps devient alors fou, gagné d’une rage propre à dévaster cette terre aride pour la rendre pire encore. Une masse sombre roule sur le sol, soulève le sable en colonnes tourbillonnantes. La poussière vous arrache la peau si vous n’y prenez garde. Et pas une parcelle d’eau. De quoi vous achever. Heureusement, les hommes ont depuis longtemps pris l’habitude de vivre dans des souterrains. De se terrer, tels des chiens, plutôt. Une poignée de survivants dont la misère n’est pas le plus grand de leurs soucis. Misère, ce mot devenu caduc tant il est commun. Ici, les puissants campés sur leur richesse passée ont disparu. Sylvine a entendu parler de larges places boursières, d’immeubles dressés orgueilleusement au-dessus de cités plus vastes encore. Des mensonges tout ça, mais elle aime à les écouter, le soir venu. Au moins peut-elle s’imaginer un autre monde que le sien. Et dire que tout cela fut balayé par l’arrivée des profanateurs. Ils n’ont rien laissé, sinon ce vide sablonneux et ce soleil cuisant. Les anciens parlent d’un cataclysme dont la fulgurance n’eut d’égale que la violence. Les anciens causent beaucoup, trop sans doute. C’est là leur seule liberté. Sylvine se méfie d’eux. Vieux, ils n’en sont pas moins fourbes, tout aussi impitoyables avec les plus faibles. À douze ans, n’est-on pas justement une proie facile à leurs yeux ?
Il suffit de sortir une fable à dormir debout. Celle que l’on sert habituellement aux enfants, au seuil du lit. Malheureusement, Sylvine a depuis longtemps perdu son innocence. Son premier meurtre, elle l’a commis à huit ans. Huit ans, l’aveu même de la barbarie de ce monde. Elle pourrait plaider la légitime défense, elle pourrait… Une fois que l’on a du sang sur les mains, plus rien d’autre ne compte.
La jeune fille se souvient de ce sale jour. Les trackers étaient là. Ils ont tué ses parents sans l’ombre d’une hésitation. Ils sont apparus à la tombée de la nuit. Sa famille venait de s’installer dans une petite cité, à six jours d’ici. Orléans-la-Brune, une métropole souterraine bâtie sous les cendres de sa grande sœur. Ses parents désiraient gagner le nord lointain. La promesse d’un climat plus clément, disaient-ils. Oslo ou Saint-Pétersbourg, des endroits mythiques dont ne cessaient de parler les adultes. Un autre mensonge, un de plus. Sylvine n’y comprenait pas grand-chose à toutes ces histoires. Son corps, fourbu de tant marcher, ne répondait plus.
Résignés, ses parents ont alors accepté cette courte étape. Ce bon lit, composé d’une vieille couverture trouée, était le plus beau cadeau offert par sa mère. Une femme pétillante, Sylvine s’en souvient encore. Plus vraiment, pour dire vrai. Son visage s’efface comme l’effet du vent sur le sable. Lui reste en mémoire son sourire, radieux, un acte de foi malgré les premières rides sur son front. L’homme qui les accueillit à Orléans était surnommé « le passeur ». Il était roublard, profiteur, comportement classique finalement en cette trouble époque. Sylvine ne l’aimait pas, ses parents pas plus, visiblement. Pourtant, ils cédèrent à son chantage en lui offrant la moitié de l’eau qu’ils possédaient encore. C’était cela, le prix à payer pour stationner quelques jours à Orléans.
L’eau, la monnaie de tout échange. L’une des denrées les plus chères, sinon la plus coûteuse. De l’eau, il n’en reste pratiquement plus, si ce n’est dans de profondes sources, comme celles au cœur d’Orléans. Est-ce pour cette raison que les trackers ont débarqué ce soir-là ? Sylvine ne saurait le dire. Ce dont elle se souvient, c’est de la violence de l’assaut. L’explosion tout d’abord de l’unique porte d’entrée, bientôt suivie des cris. Les personnes affolées couraient pour se terrer dans les profondeurs de la cité. La maigre protection fournie par les forces locales ne tint pas plus de dix minutes devant la sauvagerie des agresseurs. Des monstres dépourvus d’humanité, animés uniquement par leur instinct. Munis de pics, d’épées de fortune, de masses et de quelques armes à feu pour les plus gradés, les trackers dévastèrent tout sur leur passage, tuant chaque mâle, violant chaque femme, les plus jeunes y compris. Leurs trackdogs, triste évolution de chiens autrefois pacifiques, profitaient des victimes pour se nourrir de leurs entrailles. Sans même achever leur pitance, ils repartaient en quête d’une nouvelle proie à dévorer. Son père s’empara d’une arme de fortune, un pauvre gourdin de bois. Sa mère, devant l’imminence du danger, agrippa sèchement Sylvine par le bras. Celle-ci ne put retenir un cri de douleur.
— Maman, tu me fais mal !
— Désolée, poussinette, rétorqua-t-elle en lançant un regard désespéré du côté des hurlements toujours plus proches.
Une vague de cruauté dont l’écho ne laissait nulle place au doute. Une fumée piquante gagna le complexe. Les premières flammes se répandaient déjà. Sans attendre, elle attrapa les épaules de Sylvine dans une vaine tentative de la rassurer. Son empressement ne pouvait convaincre personne, pas plus que son expression défaite, pour ne pas dire terrorisée. Qu’importe, elle n’en restait pas moins une mère.
— Chérie, tu vas te cacher sous cette étagère, d’accord ?
Elle montra un empilement de planches où logeait un beau bazar. Dessous, un trou unique offrait son œil noir en guise d’appel à l’enfant.
— Mais, toi et papa ? demanda Sylvine de sa petite voix.
— Nous ? Ne t’inquiète pas, nous allons trouver un endroit où nous cacher.
Sa mère lança un regard angoissé à son mari qui, les mains serrées sur son manche de bois, grogna.
— Chérie, fais vite. Ils arrivent.
Elle fit mine de se détacher de sa fille. Aussitôt, celle-ci s’accrocha à ses jambes.
— Non, ne me laisse pas seule. Je veux venir avec vous !
Les pleurs, les premières larmes, la peur, tout ce mal envahissait Sylvine trop rapidement. Sa mère grimaça. Elle s’agenouilla puis, dans un effort visible pour ne pas sombrer, mentit, comme toutes les mères en pareilles circonstances.
— Ma puce, nous allons nous mettre en sécurité et nous reviendrons te chercher, mais si tu nous suis, nous ne serons pas assez rapides pour leur échapper. Tu me fais confiance ?
L’enfant ravala son inquiétude et prononça, à contrecœur :
— Oui.
Mensonge !
— Dans ce cas, va te cacher, vite.
Sylvine hésita. Face à l’insistance de ses parents, elle finit par céder. Elle se précipita dans ce trou noir. Depuis toujours, elle éprouvait une peur bleue des endroits sombres. Que pouvait bien camoufler la nuit sinon le pire ? Pourtant, elle ne tergiversa guère devant le danger bien réel que représentaient les trackers lancés à leur poursuite. L’aboiement rauque des trackdogs l’aida dans cette décision. La poussière gagna ses poumons, provoquant une brève série d’éternuements. Un bruit masqué par les hurlements alentour, des cris de terreur, l’hystérie, la folie. Allongée dans cet espace réduit et dissimulée par la pénombre, Sylvine ne perdait rien du triste spectacle. Ainsi pouvait-elle voir les jambes de ses parents, toujours debout dans ce maudit couloir. Pourquoi ne bougeaient-ils pas ? Ne devaient-ils pas s’enfuir pour échapper à ces monstres ? Inquiète, Sylvine s’apprêtait à abandonner son abri spartiate, mais l’arrivé

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