Le droit de se taire
105 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le droit de se taire , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
105 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Un homme s’accuse d’un crime mais refuse de s’expliquer. Un doute plane : cet aveu est-il sincère ?
Comment restituer la vérité dans ce procès ? L’avocate ne peut contester la sincérité de son client, le juge d’instruction souhaite éclaircir cette situation, tandis qu’aux yeux du substitut l’aveu constitue la preuve ultime.
Après une instruction tumultueuse et des débats passionnés, que décidera la Cour ?
Ce roman judiciaire vous plonge dans les profondeurs et la complexité du milieu judiciaire. Loin d’un simple jeu de rôles, chacun y joue pourtant le sien.

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2017
Nombre de lectures 9
EAN13 9782304046830
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0025€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le droit de se taire


Paul Héger

Editions Le Manuscrit 2017
ISBN:9782304046830
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Ça c’est le passé
 

 
Madeleine y pense à nouveau. Grégoire, avocat comme elle, est mort par hasard. Mais le hasard n’agit jamais seul. À l’audience de la Cour d’assises, il était sur la trajectoire de la balle et il ne s’était pas couché comme tous les autres. Sans cela, il ne serait pas mort. Au sein du cabinet, elle l’avait vu se transformer, se battre pour lui-même et surtout pour les autres, généreux, enthousiaste, vrai et formidablement vivant. Il y a cinq ans de cela mais la tristesse et la révolte l’habitent encore.
Le décès de Tévinac, c’était autre chose. Il avait été un merveilleux patron de stage. Il avait surtout exercé sur elle une attraction indéfinissable. Elle ne l’oublierait jamais. Mais il était mort normalement sans la méchanceté de la vie habillée de hasard. Elle pensait à lui aussi, ce soir de mélancolie. Cette attraction, oserait-elle aujourd’hui tenter de l’identifier ? Était-ce une forme d’amour, inexprimée, pudique ou un sentiment à la frontière entre l’amitié et l’amour balançant de l’un à l’autre sans choisir ? Peut-être était-ce même, si la chose est possible – et la complexité des hommes s’en accommoderait – un mélange des deux ? Elle en avait tiré, en tout cas, deux états, bonheur et remords, qui ne s’étaient pas exclus.
Il y avait eu Mona, sa veuve, hantée par son mari, s’interrogeant jusqu’à l’obsession sur leur vie commune, laissée au bord du chemin par sa mort et déprimée. Elle seule avait pu l’aider et la sauver. À cause de cela, il restait en outre de cette attraction un souvenir heureux.
Depuis deux ans, une jolie stagiaire, une nièce d’Étienne Tévinac, égaie le cabinet. Elle est célibataire et joyeuse de l’être. Au Palais de Justice, les dragueurs, magistrats et avocats, sont nombreux. Il est vrai qu’ils sont là sans leurs épouses ou compagnes, que la camaraderie est de règle et que les attentes dans les couloirs des salles d’audiences ou au bar sont fréquentes et favorisent les contacts. C’est un dangereux endroit de séduction et de tentation. Elle aime beaucoup jouer avec le feu mais elle en maîtrise admirablement les limites. C’est devenu une amie pour Madeleine seule autre femme du cabinet mais elle n’est cependant pas sa stagiaire. Jamais celle-ci ne lui a parlé de l’attraction qu’elle avait eue pour son oncle.
En attendant le retour de Jacques, son mari, chercheur infatigable, scientifique passionné qui rentre tard chaque soir, l’esprit de Madeleine vagabonde et elle le laisse faire. C’est sa manière de se reposer. Elle ne remplace pas son activité du jour par une autre mais laisse alors libre cours à ce qui l’habite, le fond d’elle-même, le cœur, l’âme et leurs petites musiques qui vont s’y promener et qui meublent son silence.
Il rentre enfin souriant et tendre.
L’accident
 

 
Bientôt, il sera minuit. Sur la grand-route qui quitte la ville, une Peugeot bleue roule vite ; tout à coup, elle part à droite, vers la pile d’un pont, s’y encastre, s’y enroule et s’arrête quelques mètres plus loin. La police arrive sur place, hurlante et baignée de bleu, prévenue sans doute par le portable d’un automobiliste de passage. Des voitures s’arrêtent sur les accotements – Qu’est-ce donc que ce voyeurisme sadique qui fait aimer le sang des autres ? – phares allumés, moteurs tournants. Elles sont de plus en plus nombreuses malgré l’heure tardive. Une ambulance arrive. Dans les voitures, on regarde sans bouger. Quelques minutes plus tard, celle-ci repart baignée de bleu comme la police, emportant dans la nuit, deux corps. Le son de la sirène s’estompe au loin, s’estompe encore et disparaît. Un renfort de police amène sur place le matériel de signalisation et en entoure la voiture accidentée. Tout est fait. L’incident, comme s’il ne s’agissait que de cela, est clos. La nuit s’achève. À hauteur du pont, des automobiles ralentissent encore mais repartent sans s’arrêter.
Trois jours plus tard, Georges Lallement, expert judiciaire mais aussi officier du Génie à la retraite – le sobriquet qui l’affuble au Palais de justice car on l’y apprécie peu, est évidemment « officier de génie » – descend sur les lieux. Il a été désigné pour établir un rapport. La passagère est morte dans l’ambulance. Alors, tout s’est déclenché, la police a transmis le dossier au Parquet qui l’a transmis à un de ses experts. C’était le tour de Monsieur Lallement d’être désigné. Il prend immédiatement des mesures et photographie lieux et traces et tout ce qui lui permettra de reconstituer l’accident. D’habitude, il prend tout son temps, six mois ou un an avant de rédiger et de déposer son rapport. Il paralyse la justice qu’il devrait servir mais n’a aucun remords car elle le paye chichement et avec beaucoup de retard. Il est à la retraite et les tribunaux sont encombrés. Dans ce cas-ci, cependant, tout lui paraît si simple : il n’y a qu’un automobiliste en cause, le pont n’a évidemment pas souffert, il y a des traces de freinage, la voiture était en ordre de marche. Il en conclut sans réserve que le conducteur a été distrait, a perdu le contrôle de son véhicule et a tenté en vain de se rattraper – son coup de frein – mais il était trop tard. Le rapport est vite fait et il le dépose sans attendre.
Huit jours se passent. Les policiers se rendent au chevet du conducteur à l’hôpital Sainte-Anne où il a été opéré d’urgence. C’est une démarche habituelle mais le choc de l’accident, les blessures et le traumatisme psychologique du conducteur, l’opération subie et le décès de l’épouse les invitent à aborder celui-ci avec précaution. Ils lui présentent leurs condoléances, s’inquiètent de savoir s’il souffre, lui communiquent les conclusions de l’expert et cherchant à atténuer ses remords lui disent que les distractions au volant sont très fréquentes. Le conducteur les écoute silencieusement, son regard est distrait, lointain et son visage impassible. Le voyant ainsi les policiers éprouvent une certaine gêne mais ils poursuivent leur mission sans s’y arrêter ; ils doivent entendre le conducteur et acter sa déposition. Comme d’habitude, avant même que celui-ci ait dit un mot, ils commencent à dire et à écrire : « Je circulais au volant de ma voiture de marque Peugeot, immatriculée. ». À ce moment, le conducteur lève la main. « Je l’ai fait exprès », dit-il sur un ton las. La situation dépasse la compétence des policiers. Surpris, ils actent au plus vite ce qu’ils viennent d’entendre, font signer leur procès-verbal et quittent les lieux. Ainsi c’est d’un meurtre qu’il s’agirait, même si l’arme, ce qui est inhabituel, est une voiture. Un meurtre avec tentative de suicide, alors que le rapport de l’expert concluait à une distraction et que les traces de freinage contredisent la version qu’ils viennent d’entendre. Ils sont perplexes. On ne freine pas si on veut se tuer. Malheureusement, la passagère n’est plus là pour dire ce qui s’est réellement passé et il n’y a pas de témoin. Ils avisent immédiatement leur chef qui téléphone au substitut de service et demande ses instructions.
Du sang et des larmes
 

 
Madeleine est arrivée un peu tard au cabinet ce matin du jeudi 7 janvier. Elle a salué les secrétaires et ses confrères et a gagné son bureau où elle s’est immédiatement plongée dans le dossier qu’elle plaidera cet après-midi.
Quelques minutes plus tard, Jérôme entre en courant : « A la radio, on vient d’annoncer que Charlie hebdo est attaqué par deux hommes cagoulés armés de kalachnikovs. » Ensemble, ils se précipitent dans le bureau de Jérôme puis se ravisant, vont à la petite cafétéria du personnel où il y a la télévision et où ils rejoignent les autres qui ont eu la même réaction. Les comptes rendus, les commentaires et les interventions s’enchaînent. Ce sont des islamistes radicaux qui ont attaqué l’hebdomadaire. Ils ont tué douze personnes au nom d’Allah. Est-ce pour laver le blasphème des douze cari

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents