Le goût du mal : Looking for Sally
137 pages
Français

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Le goût du mal : Looking for Sally , livre ebook

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Description

- Il y a du sang, du sang partout sur tes mains papa.
- Ce ne sont pas tes affaires, Charlie, monte dans cette voiture.
La vie de James prend un tournant tragique quand sa femme Sally disparaît sans laisser de trace et qu’il décide d’embarquer Charlie, sa fille adolescente, dans un roadtrip à la destination incertaine.
Au fil des kilomètres la véritable raison de cette quête se révèle.
Une quête ou une fuite ? Et qui est ce passager qui pousse James à la destruction et au meurtre ?
Ce thriller nous embarque sur des routes sinueuses et dans l’esprit d’un homme tourmenté par le mal.

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312080734
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le goût du mal
Stéphanie Munch
Le goût du mal
Looking for Sally
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08073-4
Wasting love, in a desperate caress,
Rolling shadows of night.
Vers l’est
– Pourquoi par là papa ?
– Les oiseaux reviennent toujours là d’où ils partent. Ne mets pas tes pieds sur le tableau de bord. On devrait atteindre Bismarck dans la soirée.
James parlait sans relier les phrases, les yeux écarquillés sur la route qui semblait ne plus avoir de forme depuis plusieurs kilomètres. Il aurait sans doute du s’arrêter, prendre quelques heures pour dormir et laisser Charlie se reposer, mais quelque chose les poursuivait et il fallait laisser le plus de distance possible entre eux et la maison. Avancer.
– Tu crois qu’elle est vivante ?
James ne détourna pas le regard mais la question de sa fille lui vrilla l’estomac.
– Bien sûr maman est vivante. Elle a juste eu une crise.
Crise, c’était le mot par lequel tous les drames familiaux semblaient devoir être absous depuis que Charlie était en âge de comprendre. Une autre crise. C’est pas grave, la crise va passer. L’adolescente en avait conçu une détestation physique pour ce mot, à tel point qu’il lui refilait la nausée. Et c’était sans doute pour ça qu’elle avait cassé le nez de cette garce de Lorraine le dernier jour de cours avant les vacances d’octobre.
Un air encore étouffant pour la saison avait rempli l’habitacle et l’adolescente fit tourner la manette du break pour faire descendre la vitre, avec juste assez de rage contenue et d’impatience pour que son père s’en aperçoive.
– On va s’arrêter je te le promets.
– Tu dis ça depuis deux-cent kilomètres, papa. Tu le dis depuis Seattle.
James secoua la tête. La petite avait sans doute raison. Depuis qu’ils s’étaient engagés sur l’autoroute ce matin il n’avait eu que cette obsession, avaler l’asphalte et pousser la Ford jusqu’à ce qu’elle crache son moteur. Mais il commençait à ressentir lui aussi l’engourdissement de la fatigue, et les cernes se creusaient sous ses yeux, signe que bientôt il ne maîtriserait plus sa conduite et qu’il fallait au moins s’arrêter sur un parking, dormir quelques heures. Mais Charlie ne se contenterait pas d’un parking, et elle lui mènerait la vie dure jusqu’à ce qu’il trouve un endroit décent.
Il restait à peu près une heure de route encore avant le Dakota , limite qu’il s’était fixée et avant laquelle il refusait de s’arrêter. Sally avait deux jours d’avance et elle pouvait tout aussi bien avoir pris l’avion pour l’Europe ou n’importe où ailleurs où il lui serait impossible de la récupérer. Faire ça quelques jours avant leurs dix-huit ans de mariage, en partant qui plus est avec la moitié de leurs économies, l’avait rendu fou. Ce n’était pas la première fois qu’elle pétait les plombs, mais jusque là elle était restée dans les limites et tout avait fini par rentrer dans l’ordre. Cette fois était différente. Une odeur acre emplit l’habitacle, et Charlie referma en hâte la vitre.
La route vallonnée continuait de défiler, sans doute trop vite, et à plusieurs reprises James dut rattraper des écarts de trajectoire tandis que ses yeux se fermaient de plus en plus régulièrement. Charlie chantonnait à côté de lui, pensant certainement l’excéder au point où il craquerait et prendrait la première bretelle.
Il tint bon jusqu’à quelques kilomètres après avoir dépassé la frontière de l’état, guidé par le néon bleu d’une enseigne en bordure de route qui l’avait attiré comme un papillon égaré dans la nuit. Où est-ce que tout ça était parti en vrille ? James s’extirpa de sa voiture et ouvrit la porte à Charlie, que la fatigue avait fini par mettre KO . Le film des deux derniers jours passait en boucle dans sa tête, les injonctions de sa fille, l’insupportable détachement de l’agent de police tandis qu’il l’exhortait à commencer les recherches. Et puis, à huit heures ce matin, il avait rassemblé tout ce qu’il leur restait, rempli à ras bord la gamelle du chat, et averti la voisine qu’ils s’en allaient pour la côte est, là où Sally avait menacé tant de fois de revenir dans ses épisodes délirants.
– Tu es sérieusement en train de plier tes affaires ? On n’a pas le temps Charlie , jette tout dans un sac.
– Papa !
Tout lui faisait mal au cœur ; laisser la maison, ses gars à l’atelier, forcer sa fille à faire ses valises et à se jeter dans le break avant le petit déjeuner. C’était venu comme une pulsion, et malgré deux nuits sans trouver réellement le sommeil James avait su qu’il fallait partir.
Les yeux brillants de fatigue de Charlie fixaient le néon tandis qu’ils traversaient le parking. Son gilet couvrait à peine ses épaules et elle tremblait.
– C’est un bar ou un hôtel ? geignit-elle.
– Je ne sais pas, on va voir.
Il entra le premier, et la fumée lui piqua les yeux. Charlie toussota et grimaça, se cachant derrière les épaules de son père qui s’avançait vers le zinc.
Long roads, long days of sunrise to sunset … Une musique crachée par des enceintes à bout de souffle emplissait les lieux en laissant comme un écho distordu. Tout du long des affiches de concert tapissaient les murs de ciment nu, des punaises oubliées par endroits trahissaient que certaines avaient déjà lâché l’affaire depuis longtemps.
Un grand gaillard occupé à une partie de billard solitaire s’arrêta un instant pour les zieuter, avant de tirer une bouffée de sa cigarette et de revenir à ses occupations. Charlie sentait son regard, et elle n’aimait pas cette sensation.
L’homme avait des mains calleuses et frappait les boules de billard sans vraiment viser, juste pour se faire entendre.
– Papa je dois aller…
Charlie ne finit pas sa phrase et se jeta vers la porte des toilettes. James n’eut pas le temps de la retenir et lâcha un soupir avant de se diriger vers le serveur, un gars d’à peine une vingtaine d’années qui n’avait pas l’air bien plus éveillé que lui.
– Est-ce que vous connaissez un endroit où dormir ? Nous avons fait beaucoup de route.
James se retint d’en dire plus. Il percevait derrière lui la respiration rauque et courte de l’homme au billard, et aussi son regard posé sur lui.
– Vous faites deux kilomètres de plus et vous avez un motel.
Le serveur ne lui accorda qu’un regard un peu fuyant, comme s’il était pressé qu’ils déguerpissent.
– Vous allez boire ou pas ?
Une volute de fumée monta juste derrière sa nuque, et James se retint de se retourner. Il était fatigué, sans doute sur les nerfs. Pas le moment de céder à l’irritation et de risquer d’engager la conversation avec un gars qui cherchait sans doute un peu d’animation.
– Non, merci. On va repartir.
Mais un bruit de régurgitation violente se fit entendre depuis les toilettes, et la tension monta d’un coup dans la poitrine de James.
– Charlie ?
Inquiet , il se pressa contre la porte pour entendre le souffle court de sa fille et une vague protestation.
– Ça va, ça va, papa.
– Le motel est à deux kilomètres. Tu vas tenir ?
Charlie ne répondit pas. Le robinet coula de longues minutes puis le loquet de la porte finit par tourner et l’adolescente s’extirpa des toilettes, pâle comme la mort.
– Ne me regarde pas comme ça.
– Je suis désolé ma chérie.
Charlie maugréa encore et il la fit passer devant lui marquant la direction de la sortie, mais quelque chose l’enjoignait de rester sur ses gardes. Une intuition.
– Hey, ta fille peut passer chez moi si elle n’a pas envie de rester avec son ringard de père. Je saurais quoi en faire !
Le barman s’arrêta de lustrer ses verres, donnant l’impression de vouloir disparaître sous le zinc. James se figea un instant, incrédule. Charlie écarquilla les yeux et se tourna vers son père, appréhendant sa réaction.
– Allez, viens, papa, chuchota t-elle, une pointe d’inquiétude dans la voix.
Mais James ne parut pas entendre sa supplique et son regard se planta dans celui du type au billard avec une telle détermination que Charlie s’écarta de lui instinctivement.
– Je pense que j’ai mal entendu.
Un rictus provocateur souleva la commissure des lèvres du gaillard.
– Elle est

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