Le Mange-Mystère
58 pages
Français

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Le Mange-Mystère , livre ebook

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Description

Un petit village est frappé par l’attaque d’un monstre dévoreur de secrets, se matérialisant sous la forme de coquelicots. Un shérif, un adolescent et une centenaire s’unissent pour en venir à bout.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782491938000
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JULIETTE DEZUARI LE MANGE-MYSTÈRE
NOUVELLE
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. © BeetleBooks Publishing, 2020 pour la présente édition Tous droits réservés ISBN : 9782491938000Dépôt légal Mars 2020
À Maman et PapaMerci d’être les meilleurs parents du monde
I. ADELINE
1 Un premier coquelicot perça la neige. Il était seul. L’unique touche de couleur dans ce d ésert immaculé. En plein jour, il aurait été immanquable. Il aurait agressé l’œil et fait peur aux corbeaux. En plein jour, on se serait méfié de lui, on l’aurait évité, tué peut-être. En plein jour, il aurait été un paria. Mais le jour était encore bien loin. Alors, dans ce tte nuit où ne brillait nulle étoile et que n’éclairait pas la Lune, il lui fut fait bon ac cueil. La nuit ne renie jamais ses enfants. Et elle aime les secrets. Le vent se leva silencieusement et fit courir ses d oigts froids sur la plaine, soulevant sur son passage des volutes de glace. Le coquelicot frissonna. Il était encore seul, pour l’instant. Mais déjà, quelque part sous ses racines , couvait un ricanement. * Dans le village qui se dressait non loin, une jeune fille se réveilla, convaincue d’avoir entendu quelque chose. Elle sonda un instant l’obsc urité de sa chambre et se recoucha. Quarante minutes plus tard, elle se relev a en soupirant. Il n’y avait rien à faire, elle n’arrivait pas à dormir. Elle jeta un c oup d’œil à sa montre. Une heure du matin ! Le jour était encore si loin, personne n’était cens é se réveiller aussi tôt! Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle av ait pourtant tellement sommeil... Elle se laissa retomber sur son lit, mais l’instant d’ap rès, elle se redressait déjà pour ôter sa montre. Le tic-tac incessant, qui ne l’avait jusqu’ alors jamais dérangée, lui était désormais insupportable. Il lui semblait résonner a ussi fort que les cloches de l’église. L’enfant ne put retenir ses larmes et éclata en san glots. Ses nerfs étaient à vif, ses sens n’avaient jamais été aussi affûtés. Elle voulait juste dormir, pourquoi n’y parvenait-e lle pas? Un hurlement aussi puissant qu’irrépressible enfla dans sa gorge, et elle dut se mordre la main pour ne pas le laisser s’échapper. E lle ne voulait pas risquer de réveiller son frère. Elle ne desserra les dents qu’en sentant le goût du sang dans sa bouche. À présent, elle pouvait même distinguer la respiratio n de son cadet, dans la chambre d’à côté. Sa tête lui faisait mal. Sa peau ne tolérait plus le contact de son pyjama. Ses oreilles sifflaient. Ses yeux brûlaient. Sa respiration se fit plus rapide, de plus en plus rapide, à mesure que les murs se rapprochaient. Il lui semblait que tous les atomes présents dans la chambre s’étaient alliés pour la torturer. Alors, elle s’enfuit. Ignorant la morsure du froid, elle sortit en trombe de la maison et se mit à courir pieds nus dans la neige, sa main me urtrie semant sur ses pas de petites fleurs rouges. Elle dépassa la boulangerie et l’égl ise. Elle dépassa l’auberge puis la mairie. Et sans s’en apercevoir, elle franchit les limites du village. Elle finit par s’arrêter à bout de souffle devant la prairie que les locaux surnommaient l’Emmerdeuse. L’Emmerdeuse avait jadis appartenu au vieux Paul Em merson, un homme si riche qu’il n’en avait jamais fait l’usage. Le vieux Paul s’était montré... facétieux. Suffisamment facétieux pour faire en sorte que pers onne ne puisse hériter de l’Emmerdeuse à sa mort. Si bien que plusieurs année s après sa disparition, elle demeurait toujours à l’abandon, sans jamais avoir p u être exploitée par quiconque. Cette nuit, le champ était blanc et vide, à l’excep tion d’une petite tache rouge. La jeune fille s’en approcha, intriguée. C’était un co quelicot. Elle s’assit face à lui, comme hypnotisée. Elle passa lentement sa main au-dessus, et s’amusa de voir la fleur boire les gouttes de sang qui tombaient sur ses pétales. L’enfant finit par s’endormir paisiblement. Et dans son sommeil, elle raconta tout.
Elle dormait encore lorsque la neige se remit à tom ber. Elle ne se réveilla pas non plus lorsque le deuxièm e coquelicot lui poussa sur la tête. Elle ne se réveillerait plus.
2 Les parents pleuraient. Ils avaient absolument tenu à voir le corps, et à comprendre pourquoi il était impossible de le déplacer. Ils av aient donc été confrontés au spectacle à la fois magnifique et horrible que représentait l e cadavre de leur fille. De loin, c’était splendide, tous ces coquelicots ra ssemblés en un cercle parfait au centre de l’Emmerdeuse. Mais, en s’approchant un pe u, on pouvait s’apercevoir qu’au centre du cercle, presque invisible tellement elle était recouverte de coquelicots, se trouvait une petite fille endormie. Si l’on avait l’audace de s’avancer encore, on pren ait conscience que les fleurs lui poussaient dessus, voire à travers, et l’on compren ait brutalement que la jeune fille ne dormait pas. Carl soupira. Ils avaient bien tenté d’arracher les fleurs, mais maintenant qu’elles avaient goûté au sang… Il fit signe à un de ses hommes. — Oui, Monsieur? répondit l’intéressé. — Allez chercher la vieille Amélie, voulez-vous? — Bien, Monsieur. Amélie était la doyenne du village. Elle allait sur ses cent six ans, et était la plus à même de confirmer les soupçons du shérif. Carl poussa un nouveau soupir et sortit du champ de fleurs naissant pour attendre l’arrivée du fauteuil roulant d’Amélie, qui s’annon çait comme toujours tonitruante. La vieille femme avait, malgré son âge avancé, l’ha bitude de débouler sur son engin de mort comme si le diable lui-même lui collait au cul. Cette fois ne fit pas exception. Moins de dix minutes après qu’il ait envoyé son col lègue la chercher, Carl perçut les clameurs de joie caractéristiques qui accompagnaien t chacun des déplacements d’Amélie. La vieille freina dans un crissement de roues et se tourna vers lui. — Qu’est-ce que je peux faire pour toi, fils ? dem anda-t-elle avec un grand sourire. Carl le lui rendit faiblement et extirpa de sa poch e quelques photographies froissées. — Jette un œil là-dessus et dis-moi ce que tu en p enses, tu veux bien? Amélie s’empara des clichés d’un air amusé et Carl vit se jouer devant lui un spectacle auquel il n’aurait jamais cru assister un jour : l’éternel sourire de la vieille femme se figea brusquement avant de s’évanouir. — C’est lui, lâcha-t-elle d’une voix blanche. Il e st revenu. — Le Mange-Mystère. Amélie hocha la tête. — Mais, pourquoi Adeline? Quel secret pouvait bien avoir cette petite fille? — Elle devait être amoureuse. Il commence toujours par une histoire d’amour. Carl se pencha vers la vieille dame. — Tu veux dire qu’il choisit? Il a un mode opératoire? Dans ce cas, peut-être… — Non, le coupa-t-elle, seul le premier crime est toujours identique. Il n’y a aucun moyen. Je suis désolée. Amélie secoua tristement la tête et reprit le chemi n de la ville. Jamais elle n’avait autant paru son âge. Le Mange-Mystère était revenu, caché dans l’ombre d es coquelicots. Il allait manger, se nourrir de tous les secrets, du moindre mystère de la ville, jusqu’à qu’elle soit vidée de la plus petite de ses énigmes. Carl Carlton avait peur. Chaque ville possède ses secrets, son lot de légend es. Des histoires plus ou moins cachées, que l’on ne raconte qu’à voix basse, ou pa s du tout. Des histoires qui deviennent peu à peu la structure de la communauté, la charpente qui lui permet de tenir debout. La ville était capable de se relever après la mort de ses secrets, elle l’avait prouvé la dernière fois. Mais les gens, eux, ne s’e n remettaient jamais. Il se passa lentement la main dans les cheveux. À l’aube, toute la ville serait au courant. C’était la deuxième étape. Contrairement à la vieille Amélie, il n’avait jamai s vécu en personne une des attaques
du dévoreur. Mais le Mange-Mystère était le secret le mieux gard é de la ville, alors, autant dire que tout le monde était au courant. Bien sûr, certains détails n’étaient connus que de la vieille, mais les grandes lignes, personne ne les i gnorait. Tout le monde savait que le monstre ne gardait pas les secrets. Il les partageait. Il infiltrait les rêves et transmettait son savoir mal acquis. Dès le lendemain, les habitants pourraient conter u ne nouvelle histoire d’amour.
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