Le miroir de l esprit
173 pages
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Le miroir de l'esprit , livre ebook

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Description

Lovita !
On ne sait plus si ce prénom désigne la jumelle d’Émilie ou un personnage fantasmatique qui envahit ses rêves éveillés ou nocturnes. Après la mort de ses parents au Nicaragua, la petite Émilie se retrouve donc orpheline. Un jour, elle se réveille dans la maison d’un chaman, nommé Don Alberto. À travers le récit de son existence, nous entrons en contact intime avec la culture et les croyances religieuses d’un peuple aborigène, les Miskitos.
Un matin, elle revoit le visage de sa mère, Maria, dans la grotte du Diable. Cette dernière y a trouvé la mort dans des circonstances nébuleuses. Par l’occulte, après un voyage dans la folie et les hallucinations, elle entrera en communication avec la défunte et en arrivera à éclaircir le mystère qui entoure sa mort, ainsi qu’à résoudre l’énigme de son histoire personnelle et des liens bizarres qui l’unissent à Lovita.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 juin 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782897261641
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La vie spirituelle du grand chaman aztèque Don Alberto Martinez Guerrero a inspiré ce roman. Pendant des années, j'ai habité la Floride et j'y ai rencontré de nombreux personnages originaires d'Amérique Centrale qui ont vécu des expériences insolites, similaires à celles rapportées dans cet ouvrage.
PROLOGUE

U n voile sombre s’étend sur la côte du Nicaragua. Un monstre masqué dont on attend une violente colère. Le temps semble s’être arrêté. Néanmoins, sous un ciel que zèbrent les éclairs, évolue un petit aéronef qui décrit un grand cercle, cap vers les hautes terres.
Le Cessna 310 a perdu de l’altitude et longé la côte tailladée par la redoutable mer des Caraïbes. Il n’existera aucun passage vers sa destination aussi longtemps que ce nuage d’une irréelle et affolante beauté barrera la voie.
— Le temps n’a pas l’air de se calmer, murmure Acide Sanchez, ancien pilote de la compagnie aérienne Nica.
Les cieux se déchirent. Une ombre de mort s’abat sur la région de Yablis. La pluie frappe en trombes le paysage en furie. À la faveur d’une trouée, le pilote aperçoit la forêt, la vallée et la montagne que domine la masse imposante et enveloppée de brouillard d’un pic.
— Sacrée pluie ! grommelle Robert Mitchell.
Cloué à son siège, il n’ose plus bouger.
— En cette saison, il pleut tout le temps, reprit Acide. Mais cette fois, ça ressemble plutôt à une vraie tempête.
La nuit en plein jour.
Un bruit sauvage éclate. Des masses d’eau frappent la vieille carcasse. Le vent furieux secoue frénétiquement les ailes; à l’intérieur, les objets volent dans tous les sens. Puis un heurt violent, un grondement, un craquement sourd contre la carlingue… L’appareil dans lequel prenaient place le célèbre archéologue, sa fille Emily et un pilote s’enfonce dans les eaux froides du Río Grande de Matagalpa.
Dans un fracas, les vagues bouillonnantes recouvrent la cabine. Les deux moteurs s’arrêtent dans un grognement de bêtes féroces.
Éjecté de l’avion, le corps meurtri, Emily flotte dans son gilet de sauvetage sur les eaux déchaînées. Autour d’elle, des débris de la carlingue. Dans son cauchemar, elle croit voir des corps se déchirer contre les rochers aigus du rivage. Elle entend comme des bêtes qui se plaignent, un mugissement violent, des hurlements de dieux en colère. La panique s’empare d’elle. L’enfer sur les eaux glacées.
Pourquoi vouloir tant de mal à une petite fille de dix ans ? Il lui semble être la proie de ces forces écarlates qui hantent les ténèbres. Même si, à ce moment, un souffle lui murmure avec tendresse qu’un bel ange veille sur elle. Comme dans un rêve, une lumière irréelle l’aveugle, puis s’éloigne lentement.
Elle tourne ses yeux effarés vers la haute colonne de fumée qui s’élève plus haut que la montagne. Les eaux semblent avoir avalé l’avion.
Des étincelles tournoient autour d’elle et s’éteignent avant d’atteindre l’eau agitée. Et le vent souffle en rafales entre les grondements de l’orage.
Emily frémit de peur et de froid. Elle hurle ; personne ne répond à sa détresse. Mais où est donc son père ? Elle mord sa lèvre inférieure. « Pauvre papa ! Il n’a pas survécu », sanglote-t-elle.
En une année, Emily a tout perdu. Sa sœur Lovita s’est noyée, sa mère apparemment suicidée. Et voilà que son père vient de la quitter. « Papa, papa ! », sanglote-t-elle, secouée par les vagues.
Orpheline à dix ans. Va-t-elle survivre dans les eaux froides du Río Grande ?
Emily a l’impression de traverser un long tunnel, de remonter malgré elle le cours du temps, de sa très brève existence.

Jadis, elle vivait à Miami Beach en Floride. Dans une famille unie, heureuse. La mère, María Vasquez, était beaucoup plus petite que sa sœur Lleana qui avait une silhouette de mannequin. Comme gouvernante bien rémunérée, Lleana vivait sous le même toit que les Mitchell et partageait le raffinement de leur existence. Le père, Robert Mitchell, aimait les chevaux, les voitures anciennes et les vastes maisons dans les quartiers élégants de la Floride. Pour une raison que sa femme ne comprit jamais, il avait abandonné le nord de cet état pour accepter un travail au Nicaragua. La petite Emily se sentait très aimée par ce père ironique et sombre.
Devant son regard intérieur, que voilait déjà la mort, défilait une succession d’images : sa mère, son père, la villa, des scènes de la vie familiale.
CHAPITRE 1

T out avait commencé le 30 avril 1968, au petit matin, dans la région de Yablis au Nicaragua. Cette région a toujours paru un lieu fantomatique, silencieux, désert. Au pied de la montagne s’élevaient de vastes villas que soutenaient des pilotis de béton. Par la fenêtre, on n’apercevait rien d’autre que du vert, des feuilles larges et dentelées qui se pressaient contre les vitres. Le visage encore ensommeillé d’Emily souriait à son père qui lui avait posé un baiser sur le front.
— Je suis désolé, Emily, dit-il en la regardant de ses yeux sombres. Mais j’ai une triste nouvelle. On n’a pas retrouvé le corps de ta mère au fond de la grotte.
— Elle est morte !
Emily se laissa retomber sur le lit. Sa souffrance la tenaillait ; elle pensa vomir. Elle savait qu’une chose épouvantable était survenue hier dans cette grotte. Elle avait vu sa mère courir et tomber dans la cheminée du Diable. Elle pressait son oreiller et tremblait, inconsolable.
Le lendemain, la fièvre l’avait terrassée. Elle se sentait faible, vidée. Comme elle aurait voulu que les bras de sa mère entourent son corps perclus. À peine pleurait-elle. Elle avait versé toutes ses larmes. Elle se revoyait marchant dans la grotte, près de sa mère, robuste, dont une petite laine recouvrait les épaules. Sa mère lui souriait. Ses bottes raclaient les cailloux, et ce bruit s’entremêlait à celui des godasses de la fillette fatiguée qui tenait sa main. La tête haute, l’enfant pouvait rester des heures à l’écouter, à la regarder, sans mot dire.
Finalement, Emily s’était endormie.
Le jour suivant, elle se réveilla dans un état d’agitation. Enfermée dans sa chambre, la porte fermée à double tour. Dans le couloir, elle entendait le cliquetis du trousseau de clés de la tante Lleana. « Cette tante a vraiment ensorcelé mon père. Elle se croit la maîtresse de maison maintenant ! », songea-t-elle. Une lumière pâle tremblotait sous la porte. Longtemps, les yeux fixés sur la poignée, elle perçut le craquement des marches de l’escalier, les pas dans le couloir, le grincement de la porte voisine.
— Emily ! Emily !, fit la voix de la tante.
Interdite, Emily retenait son souffle et tendait l’oreille. Puis, elle tira les couvertures sur sa tête et se mit à réfléchir. « Elle va certainement être plus attentive, plus charmante qu’à l’habitude pour gagner mon affection. Tout pour convaincre mon père qu’elle s’occupe de moi comme une véritable mère. Quelle hypocrite ! »
Elle avait toujours trouvé ridicule l’effort que la tante Lleana faisait pour charmer son père.
La porte grinça, et l’ombre de la tante apparut. Elle tenait un plat de service qui emplit la pièce d’odeurs appétissantes.
— Bonjour, ma petite ! Une bonne omelette aux asperges, comme tu l’aimes.
Emily resta figée, boite à musique à la main.
— Je vous en suis reconnaissante, tante Lleana, répondit-elle avec gentillesse.
Mais elle ressentait une répugnance, un dégoût.
« Pouah ! Cette cicatrice ! », pensa-t-elle. Elle ne pouvait s’empêcher de fixer la joue droite de Lleana
La tante lut dans ses pensées. Elle recula et porta la main à une lésion mineure sur sa joue, qui lui était parfois douloureuse. Elle fixa Emily de ses yeux apeurés et s’appuya contre la commode. Le visage pâle, elle replaça son chignon noir qui chutait sur son cou, resserra sur ses épaules sa veste de laine et sortit.
Emily avala une bouchée, se bourra les joues de pain, puis courut vers le miroir où se refléta sa figure joufflue.
— Moi, je n’ai pas de cicatrice comme cette sorcière idiote et envieuse, murmura-t-elle. Seules les femmes méchantes portent de vilaines cicatrices.
Elle revint vers le lit. Devant la fenêtre, elle lança un regard noir à un lézard apeuré. « Pourquoi tu te sauves ? dit-elle de sa voix tendre, mais ferme. Tu ne veux pas jou

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