Le Miroir du Sage
149 pages
Français

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Le Miroir du Sage , livre ebook

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Description



Le masque de l’Ennemi est enfin tombé ! Almus se lance à la poursuite de celui qui l’a trahi et remonte sa piste jusqu’à une ville souterraine désertée. Le silence règne. Autour de lui, les ombres s’épaississent. L’endroit est-il aussi abandonné qu’il y paraît ? Et si Almus n’était pas le chasseur, mais la proie ?


L’heure de l’ultime confrontation approche. L’Élu est-il prêt ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374534398
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Élu de Milnor
Tome 5 Le Miroir du Sage
Sophie Moulay
Collection Les ados du Fou Les Éditions du 38
La prophétie
Lorsque la constellation de la Salamandre entra dans la maison du Juge, nous, les sept Sages, gardiens de la magie de Milnor, sûmes que de tragiques événements se tramaient et que notre Élu n’y était pas étranger. Son extrême jeunesse l’avait rendu vulnérable aux attaques de l’Ennemi aussi la mort de sa sœur cadette l’affecta-t-elle plus que de raison. Tout cela l’incita à prendre une décision inconsidérée : il choisit de se rendre au pays des morts afin d’en ramener l’âme de sa jeune parente. S’il avait étudié à Obélane, ainsi qu’il l’aurait dû, nous aurions su le détourner de cette entreprise vouée à l’échec ! Mais l’Élu n’était pas encore rentré de son voyage en pays hargor. Il avait gagné Milguen pour circonvenir l’Intouchable, figure de proue de la foi sytale, et la convaincre de lui servir d’ambassadrice au pays des morts. À l’aide de la puissante magie que nous lui avions enseignée, il ouvrit un passage vers le monde des défunts.
Là, son inexpérience et son impulsivité le trahirent à plusieurs reprises. Seules la discipline et la maîtrise du necrum que nous lui avions inculquées lui permirent de redresser la situation. Par un concours de circonstances inespéré, il persuada les maîtres de la mort de ressusciter sa sœur et s’en revint à Obélane, la bouche farcie d’accusations insensées à notre encontre. Nous poussâmes des hauts cris, mais dûmes nous rendre à l’évidence : nous, les sept garants de l’avenir de Milnor, réchauffions l’Ennemi en notre sein. Comme nous voulûmes croire à une méprise ! À la stupéfaction générale, l’Élu nous enjoignit de cesser de contempler le monde avec tant de bonté. Nous nous lamentâmes mais, le cœur lourd, convînmes que chacun abritait une part de ténèbres.
Dans sa perfidie, le Sage Khuta nous avait fait croire qu’il était le plus dévoué d’entre nous à la cause de l’Élu. En réalité, il œuvrait dans l’ombre pour détruire la magie telle que nous la connaissions et étendre sa tyrannie sur l’ensemble des contrées.
Alors que nous étions encore sous le choc de l’horrible nouvelle, l’Élu se lança à la poursuite de son mentor déchu.

Extrait des Chroniques de l’Élu, par le Sage Santos.
1. Les Terres Gâchées
Tapi derrière un rocher, Almus guettait sa proie. La bouche ouverte, il respirait lentement, afin d’éviter tout bruit susceptible de le trahir. La fraîcheur de la brise lui rappelait à chaque assaut que l’été était très court dans les Terres Gâchées. Cela faisait près d’une heure qu’il rampait dans l’herbe mouillée à la suite de son gibier et veillait à assourdir les sons.
Le moment était venu. L’adolescent se concentra, rassembla les bribes d’énergie des brins d’herbe et lia le tout avec le vent.
Almus se redressa soudain. Prise au dépourvu, la proie tressaillit. Alors que l’Élu s’apprêtait à relâcher son pouvoir, une flèche fendit l’air en sifflant. Elle se ficha dans le flanc du lapin. Il convulsa une fois, deux fois. Une pierre ronde fusa, le frappa à la tête. L’animal s’immobilisa définitivement.
Le souffle coupé par l’indignation, Almus se retourna vers ses amis.
J’allais l’avoir ! s’écria-t-il. Pourquoi avez-vous fait ça ?
Pil eut le bon goût de s’empourprer. Pas Mira. Elle rangea tranquillement sa fronde.
Depuis que nous sommes dans les Terres Gâchées, nous n’avons vu que deux lapins. Dois-je te rappeler ce qui est arrivé au premier ?
Ce fut au tour de l’Élu de rougir. Quelques jours plus tôt, au détour d’un amas de rochers érodés par le vent, ils avaient repéré un lapin. Dans sa hâte à manger un bon civet, Almus avait déchaîné un peu trop de magie sur l’animal. Lorsqu’ils s’étaient approchés des lieux du drame, une épouvantable odeur de poils carbonisés montait d’un gros trou fumant dans la plaine.
D’accord, reconnut-il, j’ai fait flamber ce malheureux lapin. Mais je n’allais pas recommencer, je prenais mes précautions.
La voyante soutint son regard avec aplomb.
Nous aussi !
Pil fut soudain à leurs côtés, sans que l’un ou l’autre ait entendu le moindre bruissement. Il avait accroché le gibier à sa ceinture et nettoyé la flèche dans l’herbe.
On y va ? J’ai hâte de cuisiner ce lascar à la sauce Pilostronitos.
Allons rejoindre les autres, acquiesça Almus.
Il se mit en route. Rattrapé par une pensée, il lâcha par-dessus son épaule :
Je suis sûr que j’aurais pu l’avoir.
Si c’est ça qui te chagrine tant, tu pourras toujours le dépecer.
Almus grimaça. Sans aucun doute, Mira savait trouver les mots propices au réconfort.

Bien avant que les trois adolescents aient aperçu la lueur du foyer de leur campement, Farceur se laissa choir des cieux. Il rasa le sol, frôla Almus de son aile et se posa non loin. Puis il trottina vers son maître et réserva un accueil chaleureux à Pil. L’écuyer s’esclaffa.
Me ferais-tu autant la fête si je n’avais pas ce lapin ?
Il doit en avoir assez des lanières séchées, comme nous tous, le taquina Almus.
Hélas, vois-tu, Farceur, ce n’est pas mon lapin, mais peut-être le seul et unique de toutes les Terres Gâchées. Il est donc juste que chacun en ait une part, tu ne crois pas ?
Écœuré, le griffon se détourna.

Le soleil déclinait. Une certaine fraîcheur imprégnait l’air ambiant quand les jeunes gens regagnèrent leur campement. Le reste de leurs compagnons s’affairait. Noir-Cœur enseignait le tir à l’arc à Tynia. À peine ressuscitée, la sœur d’Almus avait trépigné, tempêté et exigé qu’on lui montre le maniement des armes. L’Élu avait soupesé toutes les options avec soin, rejetant celles qui impliquaient un corps-à-corps. Que dirait sa mère si elle apprenait que sa fille s’était fait tuer une deuxième fois, au cœur d’une mêlée sanglante ? En revanche, la jeune fille de douze ans présentait d’excellentes dispositions à l’arc. Était-ce pour cette raison que Pil s’était brusquement découvert un amour immodéré pour le tir à l’arc, alors qu’à Obélane, il n’appréciait guère cette activité ? Depuis trois lunes qu’ils voyageaient incessamment, certains coups d’œil ne passaient pas inaperçus. Almus ne parvenait pas à déterminer si Tynia avait conscience de l’attirance de Pil à son égard. En tout cas, il souhaitait à son ami de réussir dans son projet. Il le méritait. Et puis, l’Élu était curieux de connaître la réaction de son père, le duc de Varsh, si un jour, Tynia annonçait avoir choisi comme époux un ancien voleur issu du Continent du Bleu.
Et le petit ruisseau que nous avons traversé ce matin, le mettons-nous ici ou là ?
Sytal et Maître Perkin annotaient une carte des Terres Gâchées. Le document était presque vierge tant l’inhospitalité de ce continent dissuadait les explorateurs.
Un peu plus à l’est, je dirais, répondit Sytal.
L’Élu ne cessait de s’étonner que le Sage les ait rejoints. Au début de l’été, lorsque Almus avait fui Obélane en compagnie de ses amis, il était parti à l’aveuglette. Mais à Haguir, il n’avait trouvé aucune trace de Khuta, l’Ennemi. Les jeunes gens s’étaient alors résignés à descendre vers le sud, jusqu’à Pralto. Ils posaient des questions dans tous les ports. Chaque jour, la piste refroidissait. À croire que l’Ennemi savait voler ! Il n’avait accosté nulle part, personne ne l’avait vu, ne s’en souvenait.
Découragés, les six adolescents s’étaient réfugiés dans une taverne de Pralto. Ils y avaient découvert Maître Perkin, vêtu de son éternelle robe bleue. Les mains serrées autour d’un gobelet de vin chaud, il irradiait de fureur.

Que faites-vous là ? s’exclama Almus.
Trop tard pour faire machine arrière ! Le Sage les avait vus. L’adolescent choisit la seule option intelligente : s’asseoir à la table du magicien.
Vous en avez mis du temps ! s’insurgea Perkin. Deux semaines que je suis là ! Vous êtes venus à pied depuis Obélane ?
Eh bien, oui. Nous avons longé la côte…
Dans l’espoir idiot que quelqu’un se souvienne d’un homme barbu un peu bedonnant ?
Les adolescents grimacèrent. À l’époque, n’importe quelle solution leur avait paru préférable à une longue attente au palais des Sages.
Comment avez-vous su que nous viendrions ici ? demanda Pil, ses yeux noisette pétillants de curiosité. Nous n’en avons parlé à personne.
Le Sage se rengorgea et sa physionomie s’éclaira brièvement.
Si vous n’avez pas deviné, vous n’êtes pas aussi malins que vous le croyez.
Piqués, les jeunes gens se triturèrent les méninges. L’espace d’un instant, Almus se crut revenu à Obélane, dans la pièce glaciale qu’affectionnait Maître Perkin, à tourner en tous sens les données d’un exercice. Il cligna des paupières et réintégra l’étouffante salle commune de l’auberge. La première partie de l’énigme se résolvait facilement, mais il lui manquait encore un élément. Puis son regard tomba sur Mira. Elle fronçait son petit nez café au lait, dérangée par les odeurs corporelles des hommes en sueur de la table voisine. Il entrevit alors l’intégralité de la solution.
Il n’était pas trop difficile de prévoir que nous allions suivre la côte, de port en port, vers le sud. Nous prendre de vitesse par voie maritime et nous attendre à Pralto relevait à mon avis de l’enfance de l’art.
Les yeux du Sage lancèrent des éclairs. Toutefois, il se contenta de hausser un sourcil interrogateur.
Comment a-t-il su dans quelle auberge nous guetter ? insista Mira.
Évident ! Il lui a suffi de demander, comme tu l’as fait tout à l’heure, celle avec les meilleurs bains. Maître Perkin savait que tu n’exigerais pas moins.
Tandis que les joues de Mira se coloraient, l’approbation se peignit sur le visage du Sage. Almus n’espéra pas de compliment. Il porta le premier coup.
Pourquoi êtes-vous là ?
J’ai des informations, répondit Maître Perkin. Vous avez visité chaque port d’ici à Haguir pour savoir si Khuta avait débarqué. Nous avons envoyé des magiciens un peu partout pour savoir s’il avait embarqué . Après des jours de collecte de renseignements et des semaines d’analyse, nous avons retenu trois navires suspects.

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