Le Nouveau Règne
130 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Nouveau Règne , livre ebook

-
illustré par

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
130 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Dans un monde qui n’appartient pas encore à la race humaine, N’Hil est en quête d’un antidote pour sauver l’homme qu’elle aime. Elle s’allie ainsi à Aséphyr, serviteur du roi Daran, afin d’obtenir les renseignements qu’elle recherche. En contrepartie, elle doit rejoindre la garde personnelle de la reine Fiona, l’épouse du roi, pour tenter d’assassiner cette dernière. Mais les seigneurs noirs, maîtres du port, sont partout. Et qui sert-elle véritablement ?

Si la toile du complot se referme sur N’Hil, la guerrière n’est pas sans ressource. Une entité, lovée dans ses entrailles et cherchant à prendre le contrôle de son être, lui octroie une résistance hors norme. Mais, sur cet échiquier du pouvoir, ses talents sont sans commune mesure avec le jeu des créatures qui remplacent peu à peu les pions humains par leurs propres pièces.

Récit d’Heroïc Fantasy gothique mariant la cosmogonie Lovecraftienne, Le Nouveau Règne est une plongée dans la psyché de son héroïne. Entre le carnage des affrontements et l’érotisme de son personnage principal, vous découvrirez ce à quoi l’amour d’une femme peut faire face. Jusqu’à vaincre la Mort elle-même.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2017
Nombre de lectures 7
EAN13 9782372270465
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0026€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Nouveau Règne
Roman court de
Grégory Covin
Illustration de couverture de
Pascal Vitte
1 La pluie frappait le sol comme autant de mains sur la peau tannée d’un tambour, écrasant les épines dorsales de feuilles s’étendant le long des sentiers de terre. La lune était voilée par de lourds nuages, qui défilai ent sans grâce, fouettés par l’orage. Les routes et les plaines étaient devenues des maré cages sinueux, emplies de flaques bouillonnantes, martyrisées par ces trombes d’eau p areilles à une armée détruisant tout sur son passage, au gré de son avancée. N’épro uvant nulle pitié pour ses pairs. Au cœur de la tempête, les silhouettes de la demi-d ouzaine d’hommes et de leurs montures qui attendaient, immobiles, s’apparentaien t à un mirage. Le commanditaire du cortège était seul à braver les éléments, pestan t sur cette rencontre qui, à son goût, avait lieu dans un recoin trop reculé des pourtours de la ville, une nuit où seuls les fauves étaient assez vaillants pour sortir de leur tanière. Les soldats qui l’entouraient ressemblaient à des statues, ayant depuis longtemps cessé de croire qu’ils pouvaient fouiller les ténèbres du regard quand il était impo ssible de discerner quoi que ce soit à plus de deux mètres. La main posée sur le manche de leur glaive, ils demeuraient imperturbables. Comme s’ils se savaient déjà morts, et dans l’incapacité de remédier à ce mal. — Mais pourquoi nous faire patienter de la sorte ? rugit Aséphyr, levant un bras devant le rideau cristallin, presque doué de vie, q ui encerclait ses hommes et lui. Il n’eut droit à aucune réponse et n’en attendait d ’ailleurs pas de la part de ses serviteurs. Il cracha au sol, tandis que la tête de son cheval dodelinait de bas en haut. — On vient, fit alors une voix à ses côtés. Aséphyr se tourna vers le soldat, puis vers la noir ceur de la nuit. Il n’y voyait rien, mais ressentait lui aussi une présence. Les monture s s’agitaient, mal à l’aise. Comme percevant l’odeur d’un prédateur. Et le conseiller du roi se demanda si ceux qu’il attendait ne pouvaient être considérés comme tel. — Qui va là ? lança l’un de ses hommes en avançant lentement et calmement. Je vous saurais gré de vous montrer, si vous voulez qu ’il ne vous soit fait aucun mal… Presque une minute s’écoula, et tous écoutèrent la mélodie de la pluie se jouer, y cherchant dans ses instruments à vent celui qui n’a vait rien de naturel. Des bruits de pas, une voix, le cliquetis d’une armure. Puis ils émergèrent. En silence. Ils étaient quatre. Revêtus d’interminables toges qui semblaien t par endroits tachetées d’étranges symboles, les dissimulant presque totalement dans c et environnement chaotique. Aséphyr réalisa que les nouveaux venus se tenaient là depuis bien plus longtemps qu’il ne le croyait, et qu’il ne les découvrait que maintenant. Peut-être même s’étaient-ils toujours trouvés là, bien avant leur arrivée. A ttendant le moment opportun pour leur apparaître. À cette idée, un frisson glacé lui parc ourut l’échine, plus violent encore que ceux des langues de froid qui léchaient sa peau. Il comprit en cet instant, bien qu’il était incapab le de l’admettre vraiment, qu’il pleuvait abondamment depuis que les seigneurs noirs s’étaient fait connaître dans la cité et ses environs. Demandant peu et offrant beau coup, à qui avait du pouvoir. À condition, quelle que soit la transaction, de renco ntrer les chefs de clan, les maîtres de guerre, les princes, voire les rois en personne. Il s ne traitaient aucunement avec les subalternes. Mais ils semblaient avoir fait une exc eption, pour cette fois. Le conseiller du roi pensa à ce rôdeur dont la tête était mise à prix, qui lui aussi s’était fait connaître en même temps que les seigne urs noirs. Les cadavres s’étaient accumulés ces dernières semaines, sans que l’on com prenne qui se tenait derrière tous ces massacres.
Et cette pluie qui n’en finissait pas… — Vous m’avez fait attendre ! rugit Aséphyr, d’une voix qui se perdit dans la tourmente. Voici une première rencontre qui commenc e bien mal ! Il vit briller ce qui devait être une lame, ou une pièce d’armure dans un métal qu’il ne reconnut pas, au cœur des ténèbres de la toge de l’une des silhouettes se tenant non loin de lui. La forme encapuchonnée donnait la sensation de bouger constamment, tant la pluie s’abattait sur elle avec une force sa ns cesse renouvelée, créant l’illusion qu’elle disparaissait pour réapparaître l’instant s uivant, mais jamais véritablement au même endroit. — Vous voulez faire affaire ? tonna l’un des seigne urs noirs après quelques secondes de silence, d’une voix grave et étouffée, parfois sifflante. Que voulez-vous de nous ? Aséphyr se lécha les lèvres. Malgré l’humidité, ell es étaient sèches. — Ne parlez point si vite, rien ne dit que le roi a cceptera ce que vous demanderez pour ce service rendu au royaume. Il avait dû hurler pour se faire entendre, mais dou tait que sa voix ait porté plus loin que ses propres lèvres. — Si vous vous trouvez en ce lieu, c’est que vous a vez déjà accepté ce que nous désirions de vous, lui répondit-on. Il ne savait pas qui lui avait parlé, mais cela n’a vait pas grande importance. Aséphyr s’agita sur sa monture, qui ne tenait pas en place. Le dernier éclair qui avait coupé le ciel en deux en était sans doute la cause, illumina nt cette curieuse scène d’éclats bleutés et d’ombres difformes. La terre semblait se déchirer dans le lointain, tant l’écho du tonnerre emplissait les plaines, redoublant de f orces et d’intensité en parcourant les kilomètres. Telle une bête mystérieuse les pourchas sant, devenant à chaque seconde un peu plus effroyable et affamée. Aséphyr ne put s’empêcher de plisser les yeux pour tenter de découvrir l’emplacement des chevaux qui avaient transporté le s seigneurs noirs à ce curieux point de rendez-vous. Mais le rideau d’eau masquait la plus petite portion de paysage et de vie. Étrangement, il était persuadé que c’éta it la pluie qui avait transporté ces êtres que l’on prétendait capables d’exaucer tous l es vœux. On racontait qu’ils avaient aidé à renverser des empires, à vaincre des armées invincibles. On les disait investis de pouvoirs incroyables, au-delà même de la notion de magie ou de sorcellerie. Rien ne leur était impossible. Les seigneurs noirs étaie nt les faiseurs de miracles que tous les puissants étaient voués, un jour ou un autre, à rencontrer. — Ainsi, je n’ai même pas à tenter de vous persuade r, vous acceptez ce que le roi vous demande ? lança Aséphyr qui avait hâte que cet entretien se termine – même s’il savait que tout empressement, dans ce genre de cond itions, n’amenait jamais rien de bon. Ce sera donc à moi de m’interroger sur ce que nous vous devrons en échange. — En réalité, vous venez en cet instant de remplir votre part du marché. Lorsque la tête de l’un des seigneurs noirs fut déc apitée, s’envolant comme le bouchon d’un quelconque alcool trop agité vers les cieux, Aséphyr la fixa sans comprendre. Malgré la pluie, et ce pour la première fois, il la vit très distinctement tournoyer sur elle-même, toupie révélant un faciès étonnant, parc e que ressemblant à celui d’un visage humain sans toutefois l’être véritablement. Il y avait une erreur dans les formes, dans les angles, mais son esprit était incapable de les identifier avec exactitude. Puis le sang – un geyser fumant – fut vomi du cou sectio nné alors que le corps, dans un tremblement effroyable, partait en arrière. Les tro is seigneurs noirs restants se
tournèrent vers la nuit, faisant face à la froide o bscurité tout en tirant leurs glaives courbés. Aséphyr se pencha quand sa monture recula d’un pas, cherchant à distinguer ce qui était parvenu à occire l’un d’eux sans se fa ire entendre. Il y eut un cri. Puissant et guttural. Puis la lame d’une hache vint percuter celle de l’arme inconnue du premier seigneur noir. Ce dernie r recula sous la violence de l’impact. L’être avait un casque lui masquant entiè rement les traits, mais les ténèbres qui s’en dégageaient formaient comme un œil unique qui ne quittait pas ses proies du regard. Aséphyr sentit ses hommes se mettre en mouv ement plus qu’il ne les vit. Il leva immédiatement une main. — Attendez ! fit-il. Bien que le puzzle qui était en train de prendre fo rme, dans cet endroit reculé du monde, soit des plus abscons, Aséphyr comprenait qu ’on s’était joué de lui. Cette rencontre n’avait pas d’autre raison d’être que d’a ttirer ce qui devait être un ennemi rémanent des seigneurs noirs. Ses soldats et lui av aient servi de proies. Les seigneurs noirs étaient étonnamment agiles. Leu rs sabres mordaient dans les chairs de l’étranger, tailladant dans son habit de suie sans parvenir à le blesser. Une fois, Aséphyr entendit le son caractéristique de la lame raclant la surface d’une armure, mais l’homme avait l’intangibilité d’un spectre. Ou l’immortalité d’un dieu. Néanmoins, malgré sa résistance, il était évident q u’il n’était pas de taille. L’inconnu réalisait à son tour qu’on s’était joué de lui et q u’il n’avait pas affaire aux envoyés habituels. Ces seigneurs noirs étaient des soldats, et non de quelconques émissaires. À un contre trois, bien que détenant d’indéniables qualités, il n’avait aucune chance. Sa cape s’envolait au gré de ses mouvements, de ses attaques, déployant une danse de vie et de mort comme nulle autre pareille. Toute fois, plus les secondes s’écoulaient, plus le nouveau venu reculait, se défendant comme u n beau diable, sans parvenir à blesser, voire simplement à inquiéter, ses adversai res. — C’en est fait de toi, rôdeur ! cracha l’un des se igneurs noirs. Comme si un homme seul pouvait nous nuire plus que de raison ! — Un homme seul ? fit l’étranger dans ce qui ressem bla à un rire. Aséphyr sentit l’incompréhension du trio, qui conti nuait implacablement à prendre l’ascendant sur l’inconnu, et fut le premier à la d istinguer. La lame fila entre les gouttes telle la proue d’un navire sur un océan déchaîné, f ondant sur un vaisseau ennemi toutes voiles dehors. Elle glissa et s’enfonça dans le crâne d’un seigneur noir qui laissa échapper un hurlement inhumain. Puis le glaive se l ibéra d’un mouvement sec de son carcan d’os et, comme un serpent affamé, siffla vers sa nouvelle victime. — Par K’Thul, grogna l’un des deux seigneurs noirs restants, ils sont deux ! Le nouvel arrivant était également de grande taille , mais bien plus agile que le premier. Ses coups, moins puissants, étaient portés avec une justesse qui forçait le respect. Malgré cela, les seigneurs noirs les surpa ssaient encore. Ils attaquaient avec une rapidité qui dépassait l’entendement, évitaient les morsures fatales des lames en se déplaçant, en une saccade, et ne se laissaient t oucher que pour mieux se rapprocher de leurs ennemis. Aséphyr réalisa – enco re une fois sans le comprendre entièrement, mais il avait accepté depuis quelques minutes qu’il ne saisirait jamais ce qui était en train de se jouer ici – qu’ils agissai ent tels des crabes, tournant autour de leurs proies, les encerclant, les épuisant, chercha nt à les frapper mortellement au premier signe d’essoufflement de leur part. Les sei gneurs noirs étaient effectivement infatigables, et il était évident que les deux atta ques-surprises effectuées par les rôdeurs – ou quel que soit leur nom – avaient été l ’unique moyen de blesser, voire de
tuer ces créatures. À présent, tout n’était qu’une question de temps avant que leurs agresseurs ne décèdent. Le premier rôdeur laissa échapper un cri quand la l ame d’un des seigneurs noirs s’enfonça dans son flanc. Il tituba, tout en recula nt, et un second coup vint alors fendre son casque. Aséphyr découvrit le visage d’un barbar e aux longs cheveux de jais, aux traits tirés par l’épuisement, mais également par c e qui devait être un mal qui le rongeait de l’intérieur. L’homme était malade, et s ans doute fou pour se présenter ainsi, dans une telle position de faiblesse, face aux seig neurs noirs. Curieusement, alors que l’homme usait de ses dernières forces, le second rô deur gagnait quant à lui en puissance. Son énergie semblait se renouveler sans cesse, voire s’accentuer au fur et à mesure que le combat s’envenimait. Son adversaire recula, impressionné par un revirement si soudain. L’être se mit ainsi à se pro téger plus que de raison, à se défendre, ne trouvant plus le moyen d’attaquer. Mal gré l’orage et le martèlement de la pluie, Aséphyr entendait ce qui n’était rien d’autr e que le grognement d’une bête sauvage. Et il émanait du second rôdeur. Mais quell e était donc cette chose qui se comportait, chaque seconde un peu plus, comme un an imal ? Alors que l’homme aux cheveux de jais posait un gen ou à terre, à bout de forces, son partenaire leva son glaive au-dessus de sa tête et, dans un cri effroyable, entama la mise à mort de son adversaire. Le seigneur noir parvint à repousser les premières attaques, puis simplement à les parer, avant de cho ir au sol comme un nouveau-né, ne tenant pas sur ses pieds. Il était dépassé par l’én ergie et la rage du rôdeur et, lorsqu’il dressa sa lame pour se protéger une dernière fois, le tonnerre couvrit son hurlement dans un craquement qui illumina le ciel. Le glaive du rôdeur trancha dans les chairs du seigneur noir, ne trouvant aucun obstacle assez rés istant pour freiner sa progression. L’être fut coupé en deux, de la tête jusqu’au bassi n. Sa toge s’ouvrit sur un essaim d’os difformes qui jaillirent de toutes parts, dans un f lot de bile et de sang qui avait l’odeur entêtante du sel marin. Malgré la mort de son ennemi, le rôdeur n’avait tou jours pas cessé de hurler et de grogner, et continuait à s’acharner sur la dépouill e. Visiblement gêné par son heaume, il se saisit de son casque d’une main et le lança d ans les ténèbres aseptisées de la nuit. Aséphyr observa le visage enragé d’une jeune femme, dont les yeux luisaient comme ceux d’un loup. Il entendit l’un de ses homme s prononcer quelques supplications à un dieu, dont il ne reconnut pas le nom, et pria lui aussi pour que ses soldats ne se décident pas, soudain, à entrer dans ce conflit dans lequel ils n’auraient aucune chance de survie. Parce que c’était cette fe mme qui allait sortir victorieuse de ce combat, cela ne faisait aucun doute. Et malheur à ceux qui se dresseraient sur son chemin. — Une élue ? lança le dernier seigneur noir, ébahi. Tu es une élue ? Tu es celle qui s’est échappée de l’île ? Aséphyr observa le rictus de haine se dessiner sur les traits de la femme. Tout se déroula alors très vite. Le seigneur noir tenta de porter un coup malhabile vers le rôdeur invincible, et se rendit à peine compte que son bras venait d’être tranché. Il tressaillit quand son membre gauche rejoignit le dr oit qui s’agitait toujours à terre, les contemplant soudain, sans comprendre que ces morcea ux de chairs lui appartenaient. Puis il observa, sans la moindre peur, la femme qui se tenait face à lui, se préparant à le décapiter tout en prenant plaisir à étirer lente ment cet ultime mouvement qui aurait raison de son adversaire. Elle jubilait. Et cela était, aux yeux d’Aséphyr, plus effroyable encore que de voir cette créature immobile, sans bras, attendre sa mise à mort.
— Tu es à nous, femme ! cracha alors le seigneur no ir d’une voix sifflante. Nous le savons tous les deux. Nous avons de grands projets pour toi. Mais nous ne pouvons pas accepter de tels errements… L’être leva la tête vers le ciel et laissa échapper un cri, quelques secondes avant qu’il ne s’éteigne brutalement, soufflé comme une b ougie par le passage de la lame. Ce n’était pas un hurlement d’effroi, encore moins une quelconque prière aidant une âme déchue à rejoindre un paradis inconnu. C’était un chant, un appel. Aséphyr comprit, par cette peur que ce son avait provoquée au plus profond de son être, que l’homme et la femme avaient perdu le combat, ce soi r. Parce que la dernière des entités qu’ils affrontaient avait prévenu ses consœ urs de leur existence. Toutes les autres savaient désormais. Et à partir de cet insta nt, les rôdeurs redevenaient des proies. Comme ils l’avaient été, autrefois, avant d e tenter de mordre leurs maîtres. Du coin de l’œil, il vit les gardes poser lentement leur main gantée sur le pommeau de leur arme, prêts à se battre si l’ordre leur en était donné, à présent que les seigneurs noirs étaient morts. Rien ne disait que l eur tour ne suivrait pas. L’homme aux cheveux de jais reprenait son souffle, mais il étai t évident qu’il était hors de combat. C’était sans aucun doute le meilleur moment pour te nter sa chance et attaquer tous ensemble la jeune femme, mais Aséphyr préféra atten dre. — Thorn ! lança N’Hil en s’agenouillant à ses côtés , comment te sens-tu ? — Le mal empire, de jour en jour à présent. — Quelle folie as-tu eue de m’accompagner… Il releva lentement la tête et lui sourit. — Je crois que, pour une fois, nous n’avons pas été trop de deux pour venir à bout de ces quatre-là. Leur stratégie a changé, ils sava ient que nous allions intervenir. Ils étaient là pour nous. — Oui, nous avons eu affaire à des guerriers des pr ofondeurs, et non à des parlementaires. Nous allons devoir revoir nos plans . Mais avant cela, il te faut admettre que la maladie qui t’affaiblit depuis ces dernières semaines a pour origine notre rencontre précédente avec ces choses. Et avec cette substance qui se trouvait sur la lame qui t’a blessé. Tu as été empoisonné ! — J’ai juste besoin d’un peu de repos. S’il pouvait seulement s’arrêter de pleuvoir… — Ne dis pas n’importe quoi, c’est un remède qu’il te faut ! N’Hil se releva et s’approcha d’Aséphyr. L’homme l’ observa comme on regarde un animal unique, tout autant extraordinaire qu’incroy ablement dangereux. Les yeux de la jeune femme avaient cessé de luire, mais les traits de son visage – d’une grande beauté, bien que d’une froideur extrême – restaient comme figés. Elle ressemblait à une statue douée de vie. Elle avait ôté sa tunique recouverte de sang, et en partie en lambeaux après le combat, et exposait un corps scul ptural, orné par endroits de tatouages qui n’étaient rien d’autre que les cicatr ices d’anciens affrontements. Ses épaules étaient larges, tout comme ses hanches. Sa peau ruisselait d’eau de pluie, qui semblait prendre plaisir à l’envelopper d’un vêteme nt miroitant et délicat. Aséphyr suivait des...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents