277
pages
Français
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2015
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Ebook
2015
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Publié par
Date de parution
23 août 2015
Nombre de lectures
3
EAN13
9782895711797
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
23 août 2015
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3
EAN13
9782895711797
Langue
Français
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1 Mo
Le Pays de la
Terre perdue
Tome VI - EMMANUEL
Suzie Pelletier
Le Pays de la
Terre perdue
Tome VI - EMMANUEL
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Pelletier, Suzie, 1954-
Le pays de la Terre perdue
Sommaire : t. 6. Emmanuel.
ISBN 978-2-89571-178-0 (v. 6)
I. Titre. II. Titre: Emmanuel.
PS8631.E466P39 2013 C843’.6
C2012-942845-0
PS9631.E466P39 2013
Révision : Sébastien Finance et François Germain
Infographie : Marie-Eve Guillot
Photographie de l’auteure : Sylvie Poirier Éditeurs : Les Éditions Véritas Québec 2555, avenue Havre-des-Îles, suite 315 Laval (QC) H7W 4R4 450 687-3826 www.leseditionsveritasquebec.com www.enlibrairie-aqei.com
© Copyright : Suzie Pelletier (2015) Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada ISBN : 978-2-89571-178-0 version imprimée 978-2-89571-179-7 version numérique
À Jocelyne, ma sœur, et Benoît, mon frère, qui ont toujours cru en mes rêves les plus fous.
Apprécier ce que je suis
Accepter mon passé
Envisager mon avenir avec sérénité
Savourer intensément le moment présent
Trouver la paix de l’âme
Vivre !
Chapitre 1
Sherbrooke – 20 août 2013
L es notes de l’Agnus Dei s’élèvent sous le dôme et se répercutent sur les murs de pierre de l’imposante église. Nadine réalise que la messe de Requiem en ré mineur de Mozart tire à sa fin. Pour mieux savourer la finale si émouvante, elle ferme les yeux. « Emmanuel aimait tellement cette musique… il fallait absolument qu’on l’écoute au moment de lui dire au revoir une dernière fois… »
Nadine est assise dans l’église Saint-Jean-Baptiste, sur la rue du Conseil à Sherbrooke. Emmanuel est mort il y a quelques jours. Aujourd’hui, jour de ses funérailles, sa famille et ses amis célèbrent sa vie et l’accompagnent à son repos éternel. L’homme, dont on souligne le décès à 88 ans, a vécu 70 ans à faire rire de lui pour son aventure au Pays de la Terre perdue, au point qu’il a fini par ne plus y croire.
Les notes de musique provenant d’un judicieux mélange d’instruments à cordes et à vent s’harmonisent avec les magnifiques voix du chœur classique de Vienne. Tantôt, un ténor s’impose, suivi de la fougue des trompettes aussitôt remplacée par un chant de mezzo-soprano soutenu par les violoncelles. Soudain, l’intensité monte d’un cran, dans une harmonie digne des plus grands chefs d’orchestre du monde. Duel d’instruments, puis tuba et baryton cherchent la paix. Un arrêt brusque. Un silence passager. Puis la musique repart, entraînant l’auditoire dans une valse d’émotions.
Nadine ressent un grand bonheur malgré la peine qui inonde ses yeux. Alex est assis à ses côtés. Elle apprécie sa présence apaisante. L’instant de quelques semaines, Emmanuel a incarné le père qu’il aurait aimé connaître. Les yeux de l’homme brillent de larmes et il se crispe pour éviter les sanglots. Nadine glisse sa main dans celle de son époux. Ensemble, ils écoutent les dernières notes de musique s’égrener dans le temple rempli d’une grande sérénité.
Le petit-fils d’Emmanuel est assis à la droite de Nadine. Aujourd’hui, Sébastien affiche un air plutôt calme. Son grand-père a pu démontrer, sinon au monde entier, du moins à ses proches qu’il n’était ni fou ni hurluberlu. Cette certitude le rend heureux. Par contre, sous cette attitude paisible, ce jeune homme cache un bouillon d’émotions. Sa famille vient de s’éteindre. Ce vieillard qu’il a aimé sans réserve l’a élevé depuis sa naissance et il est resté son seul parent à la mort de son père et de sa mère, quand il avait 8 ans. Il le perd après dix-neuf ans de vie commune. Celui qui est décédé le 16 août dernier a façonné l’adulte qu’il est devenu et il en éprouve de la reconnaissance.
Dans l’autre rangée de bancs, Nadine aperçoit Marie et son mari Alain. La rouquine pleure également sans retenue. La grande générosité d’Emmanuel l’a profondément touchée. Pendant des heures, alors qu’elle prenait soin du vieillard malade, la femme a écouté avec étonnement ses péripéties au Pays de la Terre perdue. De son côté, Marie n’y est restée que quelques semaines, mais son voyage l’a profondément marquée. Cette dernière ressent toujours un inconfort face à l’effet de la distorsion de temps, même après toutes ces années. Les circonstances de son retour avant Nadine l’ont forcée à garder le secret sur son périple pendant 25 ans afin d’être certaine que son amie survive à sa propre aventure. Déracinée à 30 ans, Marie a rencontré la sorcière, comme elle appelait son amie là-bas, âgée de 57 ans. Or, 15 ans suivant son retour, la rouquine a retrouvé Nadine alors qu’elles avaient toutes les deux 45 ans. Marie a dû attendre 10 ans avant la disparition de la femme aux cheveux blancs. Sachant ce qui allait se passer, Marie a donc dû taire son aventure jusqu’à ce que son amie subisse l’exil à son tour pour croiser son alter ego de 30 ans. Cette torsade temporelle qui se mélangeait à leurs deux existences lui donnait des vertiges. Comme si ce n’était pas assez compliqué, la rouquine devait aussi assimiler le fait que le vieillard de 88 ans avait visité ce lieu fantastique après elle… lui-même à l’âge de 18 ans… il y a 70 ans de cela…
Elle se souvient qu’Emmanuel a éprouvé beaucoup de difficulté à comprendre le paradoxe de la distorsion du temps. Il remettait en question l’idée que Nadine et Marie, plus jeunes que lui, furent exilées avant lui dans ce monde étrange qui ressemble au Québec; pourtant, il s’y est retrouvé avant même qu’elles soient nées.
Assis à côté de Marie, Alain réalise le bouleversement que vit sa femme; il lui tient la main pour la rassurer. Il s’en veut toujours d’avoir interprété la disparition de Marie, en 1986, pour une escapade de quelques heures avec un autre compagnon. « J’aurais dû lui faire confiance… Bon ! Ruminer le passé n’apporte rien de positif. Il faut aller de l’avant… comme dit si souvent Nadine. » L’homme a mis 25 ans avant d’accepter l’exil de Marie dans un univers étonnant et fort étrange. Il se souvient que, quelques mois plus tard, la suggestion de son épouse de choisir l’équitation comme sport de famille l’avait profondément touché. Il la croyait enfin guérie de ce besoin maladif de mettre au monde un deuxième enfant. « Si une simple escapade avec un autre homme a pu la soulager de ce désir en apparence irréalisable et qu’elle me revient, je suis prêt à passer l’éponge », avait-il pensé à l’époque. L’activité équestre avait sauvé leur ménage.
Dans l’église, Alain passe son bras autour du corps de sa femme et appuie la tête rousse sur son épaule. « Maintenant, je sais que je dois notre bonheur renouvelé à cet étrange pays qu’ont visité Nadine, Marie et Emmanuel. » Il approche son visage et, de sa main, fait tourner un peu la tête de Marie pour déposer un doux baiser sur le front de celle qu’il aime de tout son cœur.
Le retour de Nadine n’a laissé aucune équivoque quant à leurs péripéties. Ceux qui la connaissaient bien admettaient que les changements profonds sur son corps, son comportement et sa philosophie provenaient sans aucun doute de ce long exil rempli d’épreuves difficiles, marquantes et subies en solitaire sur un territoire hostile. Acceptant la validité du récit de cette dame au courage immense, Alain a finalement compris que son épouse avait vécu une étrange aventure de 37 jours durant les 48 heures de sa disparition. Tout cela apportait certainement une explication irréfutable concernant l’amitié qui liait les deux femmes.
Un peu plus loin, Nadine aperçoit ses camarades de trekking : Claude, Martine, Bernard et Claudine. Elle ressent un grand bonheur de pouvoir compter sur leur appui aujourd’hui. Avec Alain et Marie, ils furent longtemps les seuls en dehors de sa famille à croire à ses tribulations. À côté d’eux, elle voit Gilles et Léon, deux Amérindiens malécites originaires de la région de Madawaska au Nouveau-Brunswick. Les deux gardes forestiers du parc de la Gaspésie sont devenus les amis de la bande de trekkeurs à la suite d’un sauvetage en montagne. Le souvenir fait remonter dans le cœur de Nadine toutes sortes d’émotions. Sans son exil dans cet autre monde complexe où elle s’acharnait tous les jours à survivre, aurait-elle pu, en compagnie d’Alex et de Gilles, secourir Natasha, la petite Française de 3 ans ? Les deux frères comprennent maintenant que les aventures de Pascale, l’héroïne de ses romans, relatent en réalité l’odyssée incroyable de Nadine au Pays de la Terre perdue.
Avant le début de la cér