Le projet Eden : 1 - Traquée
117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le projet Eden : 1 - Traquée , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Hope, jeune médecin, se retrouve contre toute attente catapultée au coeur d’une Traque cruelle, créée par les Voraces, ces morts-vivants ayant retrouvé une conscience. Elle va devoir tout faire pour s’en sortir, ne comptant que sur elle-même, mettant son Humanité en danger.Une semaine où elle tient son destin entre ses mains. Une semaine pour ressortir libre… ou esclave.Hope saura-t-elle survivre au coeur de la Traque ?Et qui est le mystérieux Vorace qui ne cesse de la poursuivre ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782365385893
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE PROJET EDEN
1 – Traquée
C.C. DARCQ
 
www.rebelleeditions.com  
1
La douche tiède fait dispara î tre les dernières traces d’une rude journée de travail. Je ferme les yeux pour ne pas avoir à subir l’horrible vue du carrelage blanc de la douche hospitalière. Je suis seule dans l’espace confiné de la cabine, mes habits et ma serviette sont suspendus à un crochet de la porte. Je relance une dernière fois l’eau, alors que je me sais parfaitement propre, juste pour la sentir encore glisser sur moi. Je me sèche rapidement et j’enfile mes habits civils.
Une fois devant la grande glace embuée, j’entraperçois mon regard vert. J’essuie le miroir pour mieux me rendre compte de mon apparence. Mes yeux semblent plus éteints qu’à l’ordinaire. Normal. Je reviens du Prélèvement. Je n’ose pas regarder mon bras, il me lance depuis plus d’une heure. Je me dévisage encore dans l’immense glace. Mes cheveux dégoulinent sans bruit dans mon dos. J’attrape à deux mains ma chevelure brune et je la relève pour m’en faire un rapide chignon. Je fouille rapidement dans mon sac et j’en sors un vieux rouge à lèvres, je le garde depuis plusieurs années. Il me vient de ma grand-mère. Quand je l’ouvre, un mélange rassurant de rose et de baume s’en exhale. Je pose doucement le bâtonnet rouge sur mes lèvres et l’étale avec précaution. Mon reflet me sourit. J’ai déjà meilleure mine. J’ose enfin affronter mon bras, je remonte ma manche et retire doucement la cellophane qui entoure la plaie encore à vif.
De tout ce qui fait notre monde, le Prélèvement est sans doute la chose la plus tolérable et à la fois, la moins agréable. Après m’avoir prélevé un large rectangle de peau, le médecin chargé de l’opération a injecté dans mon bras un sérum de cicatrisation rapide. On ne sent presque rien sur le coup, ce n’est qu’après que la sensation de brûlure appara î t. Je regarde cette nouvelle peau toute fine qui est en train de se créer sur moi. C’est fascinant et inquiétant. Il para î t que si l’on reste à observer sa plaie après le Prélèvement, en deux heures on peut voir la peau se tisser. Mais je n’ai jamais perdu deux heures de ma vie à regarder de la peau pousser. J’ai bien trop à faire.
Un dernier coup d’œil dans le miroir, puis je saisis mon sac et balance sa bandoulière sur mon épaule, il bat le rythme de mes pas sur mes cuisses. Je jette, en passant devant la poubelle, la cellophane détrempée et sors des douches. Aussitôt, le bruit et les palpitations de l’hôpital m’envahissent. Je garde mon pas pressé et circule entre les gens, j’ai promis à Megumi de passer la voir au labo après ma douche.
Je prends toujours les escaliers, histoire d’éviter la foule massée devant les ascenseurs. Les attroupements, je n’aime pas ça. Cela me rappelle trop les images d’archives que l’on nous rediffuse quelques fois sur nos écrans, pour nous rappeler ce qui s’est passé, le début de notre Nouvelle È re.
Cela date des premiers tests sur Humains du vaccin Gene&X, un sérum censé ralentir les effets du vieillissement. Le Patient Zéro, une femme d’âge mûre, principale investisseuse dans cette recherche de haute pointe, n’a pas bien réagi à l’injection. Et c’est un euphémisme. Cette femme a déclenché un cataclysme qui a ruiné en quelque temps des civilisations entières et des vies. À elle seule et avec l’aide de Gene&X, elle a fait dispara î tre plus de quatre-vingt pour cent de la population mondiale. La bonne nouvelle c’est que la Terre n’est désormais plus en surpopulation, c’est presque l’inverse, nous sommes en voie de disparition.
J’arrive enfin à mon palier, ici les couloirs sont silencieux, je marche plus tranquillement. Je rentre sans frapper dans le bureau, Megumi ne s’y trouve pas, elle doit être dans le laboratoire. Je traverse le couloir et je lui fais signe au travers de la vitre de sécurité. En ce moment, nous travaillons à retrouver le vaccin contre la variole. Depuis que le monde est tombé dans les méandres de la Pandémie V, les infrastructures des OMS ont sombré, perdant ainsi toutes les bases de données sur les maladies et leurs traitements. Depuis des décennies, nous nous efforçons de retrouver tout ce qui a été englouti par les Voraces.
Je chasse cette idée sombre de mon esprit et j’articule un au revoir silencieux à Megumi, elle me sourit à travers son masque et pointe son bras. Elle me demande comment s’est passé le Prélèvement. Je souris à mon tour et je lève un pouce. Elle lève les yeux au ciel.
Megumi sait que je mens, personne ne dit qu’il va bien après le Prélèvement. Elle me salut encore une fois, puis replonge ses yeux noisette dans le microscope. Je quitte le laboratoire, malheureusement le couloir n’est plus silencieux. J’entends un pas souple au bout du croisement entre deux services qui m’annonce l’arrivée imminente d’une personne. Je devine de qui il s’agit avant même de le voir. Son pas, à mon sens, est très identifiable, régulier, souple et puissant. J’aurais préféré ne pas le croiser avant de finir ma garde, cependant aujourd’hui le Chef du Bloc Santé avance droit vers moi. Il est presque toujours suivi par son assistant, mais pas aujourd’hui. Il appara î t à l’angle, comme je l’avais prédit. Monsieur Tornthon surgit avec son impressionnante carrure. À chaque fois que je le vois, j’ai toujours une certaine appréhension, je ne sais jamais s’il va juste passer à côté de moi sans  me dévisager, ou bien s’il va courir dans ma direction, tel un Vorace Pur avec la pulsion primaire de me dévorer.
Il est grand, c’est un homme qui est né en Amérique du Nord, il en a les caractéristiques physiques. Ça je l’ai deviné, il ne me l’a pas dit. D’ailleurs, je crois qu’il ne m’a jamais rien dit depuis le jour où j’ai été présentée dans son service. Jusqu’à présent, il n’a jamais prononcé le moindre mot devant moi, ce qui fait que je ne connais même pas le son de sa voix. Il a les cheveux châtains courts, toujours coiffés de telle sorte que deux mèches lui encadrent le front. Des sourcils épais et flegmatiques, un nez droit, des fossettes aux joues chaque fois qu’il sourit – d’après ce que l’on m’a dit, car je ne l’ai jamais vu sourire – une bouche légèrement charnue et un menton volontaire. Son corps tout entier semble avoir été fait pour pratiquer un sport extrême, comme le faisaient nos ancêtres pour s’amuser. Mais de son allure impressionnante, ce qui me pétrifie le plus, c’est son regard. Comme tous les Voraces, ses yeux sont d’un rouge vermeille, marque sans appel de sa différence. Je baisse mes yeux quand il passe près de moi, pour ne pas changer, il continue son chemin sans s’arrêter et rentre dans une salle attenante.
Je soupire. Je me rends compte que je n’avais pas relâché ma respiration, sans doute mon instinct de survie. Galvanisée par cette rencontre, je dévale les escaliers, et une fois au rez-de-chaussée, je traverse d’un pas alerte le grand hall. Là, se pressent des Humains et des Voraces, tantôt patients, tantôt médecins. Je gagne la rue et monte dans mon bus qui va me reconduire dans mon Quartier H, le quartier des Humains. Dans ce bus-ci, aucun Vorace, ils n’ont pas accès au Quartier H, cela pourrait leur donner trop envie de faire un festin. Il faut dire que dans notre Cité, il existe plus d’Humains que de Voraces, pourtant… nous ne sommes pas égaux, ni prioritaires, bien au contraire. La pression est forte, je vis avec depuis toujours, c’est une sorte de peine de prison permanente. Jamais on ne pourra les surpasser, même si notre nombre est supérieur. Ils sont plus forts, plus rapides, ils ont tous les postes de Dirigeants. Ils contrôlent nos vies, comme si nous n’étions que de vulgaires rats de laboratoires… De toute façon, le message est clair, même les enfants Humains le comprennent : « Essaie de te rebeller et tu finiras dans mon assiette !  » . J’ai déjà assisté, par pur hasard, à des manifestations pour réclamer plus de droits ou de meilleurs traitements, les protagonistes sont alors emportés rapidement et… il n’y a pas de prison chez nous. Ce qu’il advient d’eux n’est pas très compliqué à comprendre. J’évite ces illuminés. Je ne suis pas suffisamment stupide – ou désespérée – pour tenter ce genre de folie. Certes, je ne suis pas d’accord, mais de là à y laisser ma vie ?! Non, merci. Je suis contente de ce que j’ai : un bon travail, une petite maison, quelques amis. Je me contente de ma part et je ne cherche pas à en avoir plus.  
Une fois assise dans mon coin, je me tourne vers la fenêtre, l’eau dans mes cheveux glisse le long de ma nuque, je frissonne, le printemps est encore frais. Je regarde la foule du dehors, les yeux rouges se mêlent aux yeux noisette, bruns, bleus, verts, gris, rien ne les distingue en dehors de leurs yeux rouges. Les Voraces les portent fièrement d’ailleurs, ils refusent de les cacher par des lentilles, cela leur assure la suprématie sur nous,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents